Une Vie pour une Autre
140 pages
Français

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Une Vie pour une Autre , livre ebook

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Description

“Double jeu dangereux...”



« Je n’ai pas de famille... Et la seule femme que j’ai aimée est morte depuis longtemps. Je m'appelle Simon Lafontaine, j'ai trente ans, je suis chauffeur routier dans l'entreprise Lavialle à Montpellier, enfin je l'étais... Je l'étais jusqu'à ce que je tombe sur une vilaine affaire et, maintenant, il ne me reste plus qu'à choisir entre me laisser tuer ou disparaître définitivement. »



Ainsi pourrait se résumer la situation où se trouve Simon lorsqu’il reprend conscience dans une chambre de l’hôpital de Cahors. Jouer les amnésiques et laisser les autres régler son sort ne peut représenter qu’une issue provisoire. Mais que faire et où se réfugier quand on a tout perdu, y compris son identité ?



Et si la solution était de se glisser dans la peau d’un autre ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782368323717
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNEVIE POUR
UNEAUTRE
LaSAS 2C4L — NOMBRE 7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ilsproduisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Florence LEVET



UNEVIE POUR
UNE AUTRE
Les deux hommes se tenaient debout, immobiles, au bord de la petiteroute, et regardaient brûler la camionnette au bas de la pente.Dans l'obscurité, les flammes se reflétaient sur lasurface noire du lac de barrage qui comblait le fond de l'étroitevallée encaissée, mais les flancs escarpés decelle-ci en masquaient la lueur de toutes parts en ces lieux isolés.Derrière eux, le moteur de leur voiture tournait au ralenti,le chauffeur s'était accoudé au volant et fumait ensilence.
« — Il aurait quand même mieux valu que cettesaloperie aille à l'eau », remarqua l'un des deuxobservateurs, une haute silhouette maigre dans un blouson de cuir,avec une voix jeune dont les accents saccadés trahissaient lacontrariété. « Ce n'est pas vraiment discret...
— Au contraire », coupa son compagnon, dont le corpstrapu s'épaississait encore d'un ample manteau, « cen'est pas plus mal, avec le feu il n'y aura pas de traces et çane lui laisse aucune chance de s'en tirer.
— De toute façon,dans l'eau glacée, à cette saison... Tu crois qu'il vaencore neiger ?
— Pas impossible... On ferait bien de se dépêcherde rentrer si on veut être de retour avant que le jour ne selève ».
Ils jetèrent avec ensemble un dernier regard sur le ravin oùle brasier continuait à flamber en crépitant tandisqu'une épaisse fumée noire s'élevait jusqu'auciel, se perdant dans la nuit. Les phares, en veilleuse, éclairaientsous leurs pieds le chemin caillouteux sans talus ni rambarde, d'oùl'on plongeait directement dans le vide.
« — Etvoilà comment finit un voleur de voitures imprudent ! »,ironisa l'homme au blouson de cuir. « Mais, si on le trouve, onva sans doute bien se demander ce qu'il venait faire par ici ?
— Quelque traficlouche, peut-être, qui sait ? »
L'écho de leurs rires se répercuta dans le silencetandis qu'ils revenaient sur leurs pas. Ils montèrent dans laCitroën noire qui les attendait, le véhicule s'ébranlaprudemment sur la piste étroite permettant de faire le tour dulac à la saison touristique, parfaitement déserte encette sombre et glaciale nuit de février, et s'éloignadu sinistre.
La lune reparut entre deux nuages, lançant un éclairmétallique sur la surface des eaux, la camionnette àdemi consumée brûlait doucement. Demain, dans quelquesjours, quelques semaines, voire plus tard encore, on découvriraitla carcasse calcinée, un accident parmi tant d'autres...
I

« — Non, il n’a toujours pas repris connaissanceje n’ai pas d’autres renseignements à vouscommuniquer... Oui, je vous appelle dès qu’on pourral’interroger, mais je ne sais pas... Oui, bien sûr. Aurevoir, capitaine. »
Le docteur Agathe Lelandierraccrocha le téléphone et redressa les épaules,refermant le dossier ouvert devant elle. Que pouvait-elle dire deplus, en effet, à ce policier qui l’appelait matin etsoir depuis quarante-huit heures, très exactement depuis quel’ambulance des pompiers avait déposé au servicedes urgences l’inconnu de la chambre 324 ? L’hommedemeurait dans le coma, aussi immobile qu’un gisant sur sonlit, entouré des appareils qui contrôlaient sarespiration et son cœur et des perfusions qui assuraient sasurvie, un beau visage de statue privé de l’étincelledu regard, aux traits réguliers et finement dessinés, àla peau mate et au teint si pâle...
Que savait-elle de lui ?Un agriculteur l’avait découvert au petit matin en serendant à l’un de ses champs, sur un chemin isolé,couché dans le fossé, épuisé, àbout de forces, sans connaissance, souffrant d’hypothermie,déjà à demi mort. Des examens approfondisavaient révélé une vilaine plaie derrièrela tête, des ecchymoses et meurtrissures sur tout le corps,deux doigts brisés à la main droite et le poignetfracturé, quelques brûlures aussi, diverses blessuresqui, toutes, semblaient dater déjà de quelques jours,mais n’avaient entraîné aucune lésioninterne grave. Avait-il été victime d’unaccident, d’une agression, d’une tentative de meurtre ?Il n’avait aucun papier sur lui, aucun objet personnel, pas demontre ni d’alliance, pas même un mouchoir ou une piècede monnaie ; ses vêtements, ordinaires, ne portaientaucune marque, rien qui pût donner quelque indication sur sonidentité, sa provenance ou ce qui lui était arrivé.Bien sûr, cette aura de mystère qui l’entourait etles suppositions et hypothèses qu’elle suscitait nemanquaient pas d’alimenter les conversations àl’intérieur du service, mais aucun élémentde certitude n’apparaissait et tout le monde attendait avecimpatience que le malade sans nom reprenne pied dans le monde desvivants pour conter les tenants et les aboutissants de son aventure.
La police, de son côté, avait bien mené uneenquête de routine, questionnant l’agriculteur qui avaittrouvé la victime et les gens des alentours, passant les lieuxau peigne fin, se renseignant sur l’éventualitéd’un accident, bagarre ou incident quelconque dans les environsau cours de la semaine écoulée, mais sans succès.Personne n’avait aperçu l’homme avant cet instantoù son sauveteur l’avait découvert, recroquevilléen chien de fusil dans le fossé, sans doute dans un ultimeréflexe pour se protéger des rigueurs de la températurenocturne, inconscient, dans l’incapacité totale delivrer quelque chose de lui-même. Personne n’avait vu nientendu quoi que ce fût, aucune voiture étrangèren’avait été remarquée, aucune figureinconnue. Le blessé n’avait laissé aucune tracede son passage dans les hôtels et cafés, aucun véhiculen’avait été volé ni abandonné, lavictime aurait pu avoir été déposée làpar quelque créature extraterrestre, elle n’aurait paslaissé moins d’indices derrière elle. Pourtant,l’aspect de ses chaussures de sport, déforméesd’humidité et couvertes de boue, pouvait laissersupposer qu’il avait longuement marché et qu’ilétait arrivé à pied là où onl’avait ramassé, allant jusqu’à la limitede ses forces.
Pas de nom, donc, récapitulait le docteur Lelandier en lissantmachinalement du plat de la main le dossier médical de sonpatient, pas d’identité, pas de famille, pas de repères,pas d’existence en somme... Malgré son étatd’extrême faiblesse, le garçon étaitpourtant solidement bâti, un beau corps d’athlètebien proportionné avec de larges épaules. Il avait descheveux noirs frisés coupés très court, un fronthaut, une belle bouche au dessin sensible malgré les gerçuresqui lui avaient entaillé les lèvres. Il pouvait avoirentre vingt-cinq et trente ans, peut-être un peu plus, c’étaitdifficile à dire. Il avait les paumes calleuses mais la peaufine et douce, les doigts de sa main intacte étaient longs etminces, ses ongles bien taillés, la barbe qui avait envahi sesjoues maigres ne datait que de quelques jours. En lui-même, lepersonnage semblait présenter ses propres contradictions etexcitait la curiosité, indépendamment de l’énigmeque constituait son apparition inopinée sur un chemin decampagne à une époque qui n’attire ni touristesni ouvriers saisonniers.
Rouvrant le dossier dumalade de la chambre 324, la praticienne le feuilleta encorerapidement. Malgré elle, au-delà d’une perplexitésomme toute naturelle, elle ne pouvait négliger certainesinterrogations plus graves, qui lui laissaient une impression demalaise. Pour l’instant, se réservant de chercher desexplications satisfaisantes, elle n’en avait pas fait étatdevant le capitaine Morand, mais elle gardait en elle depuis cesquarante-huit heures, par-delà les termes techniques de sesobservations cliniques, l’image du corps dénudédu jeune homme sur sa table d’examen, les nombreuses traces decoups qui marquaient son torse, ses bras, son ventre, ses jambes,cette profonde brûlure sur sa cuisse droite et d’autres,plus petites et régulières, comme infligées parle bout incandescent d’une cigarette, et cette longue lignerouge qui lui coupait tout le poignet, comme la trace d’uneentrave trop serrée. Avait-il été frappé,battu, torturé ? Ou son imagination lui jouait-elle destours à partir des marques capricieuses laissées par unaccident dont on ignorait les circonstances ? Chaque foisqu’elle avait eu en ligne le capitaine Morand, elle avait ététentée de lui communiquer ses soupçons et sesincertitudes et au dernier moment elle s’était retenue,craignant à la fois de voir le policier sourire de sesélucubrations ou bien, au contraire, de s’apercevoirqu’il ne prenait que trop au sérieux ses alarmes ets’intéressait d’un peu trop près àun malade qui ne méritait pas de susciter méfiance etsuspicion. L’homme n’avait apriori le profil ni d’unmalfaiteur ni d’un aventurier, ni même d’un de cesvagabonds qu’on a l’habitude de voir traîner surles routes à toute époque de l’année,vivant de charité et de rapines, et dont quelqu’und’entre eux se retrouvait parfois dans le service des urgencesoù il venait échouer dans une périoded’intempéries ou de froid intense. Agathe Lelandieravait maintenant rencontré, au cours de sa carrièremédicale, suffisamment de représentants de l’espècehumaine pour être capable de porter une appréciationrelativement exacte sur chacun, elle avait donc su discerner sur sonactuel patient les signes qui lui permettaient de fonder son opinion,elle distinguait sur lui les dégâts infligés parquelques jours d’errances de ceux qu’aurait causésune vie de misère, elle devinait sous l’épreuvepassagère le garçon accoutumé à prendresoin de son apparence; le corps mince et robuste, les muscles durslui avaient montré le travailleur, l’homme actif; lehâle que ne pouvait masquer la pâleur indiquait uneoccupation à l’extérieur. Ainsi, peu àpeu, au fil des remarques, la praticienne s’é

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