Villa Australia
200 pages
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Villa Australia , livre ebook

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Description

La villa Australia survit dans un environnementhérissé d’immeubles à l’architecture affligeante. Lieu de mémoire ou belle opportunité foncière, l’auteur s’en saisit pour fustiger les travers d’uneélite inféodée à l’Avoir. Nous sommes dans lesannées quatre-vingt-dix, une décennie marquéepar des procès interminables, une fièvre del’immobilier et une alternance politique porteused’espoir. A son échelle, Australia évoque un paysen proie à une modernité sans cesse contrariée, avec en toile de fond, vengeance, corruption, sexe, mariage d’argent...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9789954214541
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Villa Australia
Roman© Editions Marsam - 2016
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé - 2016
Dépôt légal : 2016MO2312
I.S.B.N. : 978-9954-21-454-1Habib Mazini
Villa Australia
RomanDu même auteur
Roman-Essai
Le Patriote irrévérencieux (La Croisée des chemins ) 2015
La Mère Promise (Marsam) 2011
La Grande Menace (Afrique-Orient) 2009
Le Jardinier du désert (Afrique Orient) 2007
Le Complexe du hérisson (Paris méditerranée -Tarik) 2004
La Faillite des sentiments (Afrique Orient) 2000
La Vie en laisse (L’harmattan) 1992
La Basse-cour des miracles (Oyoun al makalat) 1988
Roman Junior
La vieille sorcière et l’enfant (Marsam) 2014
Qui a tué le caniche ? (Marsam) 2006
Littérature jeunesse
Bladi mon Amérique (Yanboua al kitab, nominé au prix Saint Exupéry)
La guerre des poubelles (Yanboau al Kitab)
La Colère de Ptinuage (Marsam, traduit récemment en Allemand)
L’œuf de Noé (Marsam)
La Révolte du 30 février (Yomad Prix Grand Atlas)
Le Règne de Poussin 1er (Yomad)
Couverture
Cité
Oeuvre de Abdellah Sadouk
Acrylique sur toile (détail) Villa Australia 5
L’inquiétude ronge durement Mourad Dousri. Sa rencontre avec
Rachid Bahti, un fonctionnaire de la Conservation Foncière, le
préoccupe jusqu’à assombrir son humeur. L’homme est opportuniste,
corrompu, malfaisant, autant dire un infâme individu capable des pires
bassesses. Veut-il lui soutirer de l’argent ? Le faire chanter ? Mourad
Dousri s’interroge douloureusement, et se console en pensant à leur
dernière douteuse transaction, généreusement rétribuée. En route pour
son rendez-vous, sa tête bourdonne de déplaisantes supputations, et il
enrage de se savoir désarmé devant l’éventuel regain de cupidité de
Rachid Bahti. Par moments, Dousri s’offre un répit à l’évocation du
professionnalisme de ce dernier, accoutumé à tenir ses engagements.
Certes, l’homme n’est pas un modèle de vertu, mais, soucieux de ses
intérêts, il est capable de discernement. Les viles compromissions
qu’autorise sa fonction lui permettent de tordre le cou aux contraintes
matérielles qui empoisonnent la vie des honnêtes gens. Son rôle
d’intermédiaire véreux dans le trafc du patrimoine des étrangers ayant
quitté le Maroc lui rapporte de confortables revenus. Les propriétés en
question occupent des emplacements centraux, sur des boulevards à
haute valeur marchande, et sont l’objet d’appétits féroces. Noyées dans
la broussaille ou malmenées par les intempéries, les villas abandonnées
sont convoitées par des prédateurs endimanchés rivalisant de moyens et
d’ingéniosité. D’aucuns s’affairent dans les couloirs du cadastre et les
bureaux des notaires pour donner à leur trafc les apparences de légalité.
Comme Dousri croise rarement Bahti, et uniquement à l’occasion
d’affaires prometteuses de profts substantiels, le rendez-vous nourrit
son appréhension. S’il se manifeste, pense Dousri, c’est qu’il a de
sérieuses raisons de le faire. Peut-être a-t-il exhumé une opportunité
juteuse et, comme à son habitude, il prospecte auprès des intéressés
pour dénicher le plus offrant. Ce constat tempère, pour quelques
instants, l’inquiétude de Dousri. 6 Villa Australia
Au bar la Lune, à Mers Sultan, il commande un whisky-Oulmès. Le
lieu, qu’il découvre pour la première fois, est bien tenu, et l’apparence
de sa clientèle le rassure. Les bars du centre–ville, auréolés d’une
mauvaise image, n’attirent que des indigents en quête d’ivresse pour
oublier un quotidien hérissé de déceptions. Il le jauge et, de loin, inspecte
les coins et le dessous des tables pour convenir de son caractère soigné.
Son comptoir en bois, son sol en vieille mosaïque, la hauteur de son
plafond, autant d’éléments qui attestent d’une certaine authenticité que
bien des commerces locaux troquent allègrement contre des matériaux
de mauvais goût. La voix d’Oum Keltoum, comme pour confrmer
l’originalité du lieu, fredonne ses couplets de légende qui glorifent la
passion amoureuse.
— J’espère ne pas être porteur de mauvaise nouvelle, dit Rachid
Bahti après le salut d’usage. J’ai reçu un coup de fl de France, à propos
d’Australia, la villa habitée par les Halfaoui. La personne se dit le
propriétaire de la dite villa.
— Qu’est-ce qu’il veut ?
L’homme se saisit de la bière servie par le barman et poursuit :
— Gilbert Teissaire, c'est son nom, a pris rendez-vous avec moi pour
le 25 du mois prochain à dix heures.
— Il est précis, ironise Mourad Dousri.
— Le type a beaucoup insisté sur la date ! Ces occidentaux et leur
organisation, je ne sais s’il faut les admirer ou les moquer…
Dousri, faussement naturel, fait tourner les glaçons perlant au fond
de son verre et s’interroge :
— Veut-il un supplément ? Pourtant il a touché une coquette somme
d’argent. L’impression qu’il m’avait laissée, c’est qu’il était très content
du prix offert. Il a même insisté pour régler l’addition au restaurant lors
de notre dîner d’adieu.
— Je t’informe pour que tu sois au courant. Maintenant que c’est
fait, je vais te laisser.
L’homme fait semblant de payer, mais Mourad Dousri lui brûle la
politesse et règle le serveur.
Dehors, Rachid Bahti affche une mine songeuse qui intrigue son
interlocuteur.
— Y a-t-il autre chose ? Villa Australia 7
— Je commence à vieillir, je dois tout noter pour éviter d’oublier. Je
sais qu’il y a autre chose, mais je n’arrive pas à m’en souvenir.
L’homme se gratte la tête, cependant que Dousri, sur des charbons
ardents, s’impatiente. Il met sa main à la poche et sort quelques billets
dont la vue féconde la mémoire de son informateur. Obséquieux,
celuici se confond en remerciements tout en s’emparant de l’argent.
— Un certain Saïssi s’est lui aussi renseigné sur Australia.
— Je ne le connais pas…
— C’est un traqueur de villas appartenant aux étrangers.
La rencontre inquiète Mourad Dousri et le plonge dans une profonde
réfexion. L’étranger cité par le fonctionnaire de la Conservation
Foncière n’est autre que Gilbert Teissaire, un nom gravé dans sa tête.
Ne s’est-il pas, pour les besoins de sa fâcheuse cause, renseigné sur la
famille Teissaire, sur son arrivée au Maroc et son départ, les conditions
de construction d’Australia ? Son enquête n’a ni la précision des
Services Secrets ni leur exhaustivité, mais les informations amassées
ont nourri sa diabolique entreprise d’usurpation. La venue du Français
à Casablanca risque au mieux de compromettre ses ambitieux desseins,
au pire de l’envoyer moisir dans les geôles casablancaises pour des
années. Australia, le bien pour lequel se déplace Teissaire, conditionne
la viabilité des autres projets immobiliers de Dousri, notamment son lot
de villas de luxe à Marrakech, sur la route menant à Ouarzazate. Si son
cas se médiatise, le complexe en question risque de ne jamais voir le jour.
La banque pourrait suspendre son fnancement si le titre foncier qu’elle
détient comme garantie faisait l’objet d’une contestation. Mourad
Dousri est si absorbé dans ses sinistres pensées qu’il ne fait même pas
attention au chat traversant le boulevard Ziraoui. Quand il l’écrase, son
miaulement perçant d’effroi alerte les passants. En quelques secondes,
les badauds s’agglutinent autour du félin qui exhale son dernier souffe.
La vue du cadavre sanguinolent attise sa superstition. Dousri contient
son malaise et rassure la foule.
— Je suis vétérinaire, je m’en occupe.
Il se saisit de sa victime et l’installe dans son 4x4. Le geste le
valorise aux yeux d’une foule au regard soudain indulgent. Aussitôt, il
démarre en direction de son cabinet qu’il gagne en quelques minutes.
Sa secrétaire, Rahma, s’apprête à verrouiller la porte quand il déboule. 8 Villa Australia
— Le pauvre, il est encore vivant, s’attendrit-elle.
Elle se hâte de recueillir dans ses mains le chat sanguinolent, les
poils maculés de sang et la respiration à peine perceptible. La jeune flle
a retardé son départ dans l’espoir d’intéresser son employeur, peut-être
se rappellerait-il à son souvenir et l’inviterait-il comme autrefois ?
— Il agonise, je vais le piquer pour le soulager.
— Il vit encore, tu peux le sauver…
— Tu peux partir, ordonne-t-il.
— A propos de chat, Kenza Halfaoui m’a fait parvenir les résultats
des analyses du sien. Ils sont sur ton bureau.
Rahma, avec son physique de sirène léchée voluptueusement par
des vagues s’apprêtant à échouer sur la plage, peut s’enorgueillir d’une
palpitante féminité. Habits et cosmétiques, deux univers auxquels elle
consacre temps et argent, l’auréolent d’une apparence endiablée à
laquelle peu d’hommes résistent. Avec Dousri, marié et père de deux
enfants, elle campe son rôle de maîtresse avec la lucidité du marin
examinant une carte météo. Or ces deniers temps, les gestes délicats
de son patron se font rares et la laissent dans un état de frustration.
Elle se sent fouée, voire insultée par la volte-face de son employeur,
devenu brusque et expéditif. Ses relents de parfum raffné et ses tenues
moulantes indiffèrent Mourad Dousri, plutôt accablé par sa rencontre
avec le fonctionnaire de la Conservation Foncière. Son comportement
taraude le cœur de Rahma qui broie une colère noire.
Dans sa salle d’examen, le vétérinaire s’attarde à regarder le chat
après l’avoir euthanasié. Il le sait mort et se résout, comme à son
habitude, à alerter les services d’hygiène pour l’en débarrasser. Il s’en
abstient par aversion pour toute action tant son cœur résonne encore
au son de la nouvelle distillée par Rachid Bahti. L’envie de s’occuper
se fait insistante. Soudain l’image de son vieil incinérateur hérité de
son prédécesseur fulgure dans sa tête. Le vieil engin croupit dans une
pièce en compagnie de vieux bidules. Aussitôt fulgurent dans sa tête ses
premiers pas de vétérinaire quand

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