Yarilo
326 pages
Français

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Description

Deux enfants martyrs se rencontrent, le tsar Ivan le Terrible, veuf inconsolable cruel, fascinant et blessé, et le tout jeune guerrier Fédia Basmanov, dont l’âme instinctive et païenne fut saccagée par son père. Compagnons de débauche nostalgiques de la pureté, ils deviennent les proies d’un égrégore politique fatal, dans lequel l’un s’enfonce sans retour, tandis que l’autre, marié de force à une jeune fille touchante et simple, amorce une difficile et dangereuse rédemption.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312129754
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yarilo
Laurence Guillon
Yarilo
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Parthène le Fou (épilogue de Yarilo ). Aux Éditions du Net .
Épitaphe . Aux éditions du Net .
Lueurs à la dérive , aux éditions Rod .
Albums pour enfants :
Cœur d’or aux éditions Gautier Languereau Hachette .
Le Balai de Luciole , éditions Gautier Languereau .
Léon le Caméléon , éditions Gautier Languereau .
Ivan l’Idiot , éditions Gallimard Jeunesse .
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-12975-4
« Ne mettez pas votre confiance dans les princes, dans les fils des hommes, qui ne peuvent sauver » (Ps. 145)

Le tsar vu par l’auteur.
Je dédie ce livre à ceux qui en ont partagé la genèse et à ceux qui l’ont nourrie, Anne , Dany , Mano , Hélène , au Cercle Cosaque , à Vladimir Skountsev et à « oncle Micha » qui se reconnaîtra. À tous ceux qui m’ont fait entrer dans la mémoire vivante de la sainte Russie .
Préface
J’ai décidé d’écrire une préface à ce roman qui m’a hantée toute ma vie, parce que je m’aperçois qu’il peut prêter le flanc à des malentendus : Ivan le Terrible , qui en est un des héros principaux, est devenu, en Russie , une figure litigieuse que détestent les uns ou adulent les autres, d’une manière, à mon avis, excessive dans les deux cas. On l’assimile à Staline , dictateur typiquement contemporain et athée, on y voit le symbole de tous les défauts des Russes , ou bien encore on le sanctifie et on en fait des icônes. Pour aggraver mon cas, j’ai pris comme héros principal son favori qui fut très probablement son amant occasionnel, le jeune Fédka Basmanov , « très beau de figure mais affreux d’âme », sans me douter, à l’époque où j’ai commencé à être hantée par cette histoire, de ce que l’homosexualité pouvait avoir pour certains de scabreux, d’autant plus que formée par la littérature des anciens Grecs , j’en avais l’habitude. Je serais tout à fait consternée que ce fut là la seule chose qu’on vit dans mon livre. En réalité, cela ne serait pas un problème, si je m’adressais exclusivement à un certain public, soit homosexuel, soit simplement dépourvu de préoccupations spirituelles, j’ai eu l’occasion de voir sur Internet que la fameuse relation avait été décrite de toutes les façons imaginables, et aussi dessinée, que Fédka était devenu le sex symbol des homosexuels russes. Quand au tsar lui-même et ses nombreuses femmes, il est lui aussi le héros de toutes sortes de fantasmes.
Si je m’étais inscrite dans ce courant, j’aurais touché le même public, il n’est pas sûr d’ailleurs que je ne le touche pas aussi, mais il peut être déçu ou choqué, car justement, si cet aspect des choses fait forcément partie de mon récit, il n’en est pas l’objet. Ce qui m’intéresse c’est l’évolution psychologique et spirituelle, des protagonistes. En effet, Fédka, dans mon livre, connaît une évolution humaine et spirituelle. Le propos de mon livre, c’est la chute et la rédemption, le pouvoir et la sainteté, le paganisme et le christianisme, et plus généralement, la Russie… C’est aussi l’enfance, le regard de l’enfance sur les adultes et des adultes sur les enfants. À tel point que si je devais le schématiser à l’extrême, je dirais qu’il s’agit d’un Peter Pan sombre, dans la Russie du XVI° siècle, qui aime sa Wendy tout en conservant une amitié passionnée avec le capitaine Crochet.
***
À l’âge de 15 ans, après un engouement de six ans pour la Grèce antique, ses épopées, sa mythologie et son théâtre, les frères Karamazov de Dostoïevski me firent découvrir le christianisme orthodoxe. J’avais vu à la télé un extrait du film d’Eisenstein Ivan le Terrible et rêvait de le voir en entier, mais à l’époque, en province, il n’était pas souvent ni partout diffusé. En attendant, j’avais lu une biographie anglaise du tsar où on le présentait comme une sorte de Dracula, c’était un catalogue d’atrocités fantasmagoriques totalement dépourvu de sympathie pour les Russes, pour leur tsar, cette époque et leur religion, et cependant, en soi, Dracula, pour une jeune fille romanesque imbibée d’épopée grecque, présentait un certain intérêt d’autant plus que ce Dracula russe avait beaucoup aimé sa femme. Enfin, quand j’eus 16 ans, on passa Ivan le Terrible à la cinémathèque du lycée, et après avoir tant rêvé du chef d’œuvre, non seulement je ne fus pas déçue, mais complètement ensorcelée, et pour longtemps, en fait, probablement pour le reste de mon existence. L’aspect propagande du film m’échappait complètement, il ne m’intéressait pas. Je n’établissais pas de parallèles entre Staline et le tsar, car à mes yeux, il était le tsar, le tsar orthodoxe légitime, une personne puissante et adorable entièrement dévouée à sa sainte mission, c’est-à-dire le contraire d’un dictateur, d’un aventurier arrivé au pouvoir par effraction et amené à s’y maintenir par la terreur. Que l’aspect propagande m’ait échappé, à l’époque, n’est pas si naïf que cela de ma part, ou plutôt, il faut parfois regarder les choses avec naïveté pour les comprendre profondément. Naturellement, plus tard, il m’est apparu que le métropolite Philippe et tous les personnages religieux du film étaient terriblement caricaturés. Eisenstein ne comprenait rien à l’orthodoxie, et n’allait pas en faire l’apologie. Cependant, sa première partie est une apologie du tsarisme, involontaire, mais réelle. Pour une adolescente de 16 ans, ce qu’on voit là, c’est le tsar, couronné, légitime, orthodoxe, dans une magnifique église, avec de superbes chants, de somptueux costumes, bref rien à voir avec une affiche de réalisme soviétique ou un président de la République, qui ne font pas rêver les enfants autant que les rois et les reines des contes. On sait bien que même un roi ou un tsar couronné et légitime est soumis à de grandes tentations quand il est au sommet de l’état, mais sa vie n’en est pas moins au service de cet état, dans une perspective mystique, et dans une profonde communion avec son peuple, et c’était cela qui m’apparaissait, comme si la sainte Russie était remontée, à travers l’œuvre du cinéaste athée et communiste, pour toucher mon âme archaïque, en mal de gravité, de ferveur et de sens. Les œuvres précédentes d’Eisenstein ayant un contenu terriblement simpliste, j’en ai tiré la conclusion qu’avec Ivan le Terrible, il avait, comme tous les génies, été possédé et dépassé par son sujet et qu’il était tout à coup devenu presque vrai, presque complètement honnête.
Subjuguée par la Russie et par Ivan le Terrible, je me mis à apprendre le russe toute seule, après l’école, car en plus de tout le reste, la langue du film me ravissait par son expressivité, ses intonations musicales, tantôt caressantes et tantôt sonores et cinglantes, incantatoires. Je me mis aussi à me raconter des histoires, et à en raconter à ma sœur, et plus tard à ma jeune cousine, des histoires qui se passaient toutes auprès d’Ivan le Terrible. Quand j’arrivais à Paris, je me convertis à l’Orthodoxie, et je jetais les premières ébauches d’un roman qui avait pour héros Féodor, Fédka, Fédia Basmanov. Car avec ma personnalité de garçon manqué rêveur, je m’identifiais peut-être plus à ce jeune homme qu’à la tsarine Anastassia que j’enviais quand même beaucoup, la veinarde, mais dont je n’avais peut-être pas toutes les qualités féminines, il fallait bien le reconnaître…
Je fus ensuite prise par la vie, par mes drames familiaux, par de maladroites tentatives pour m’adapter à un monde occidental contemporain qui m’avait toujours été, en fin de compte, profondément étranger, et vers la trentaine, je décidai de justifier mon existence chaotique en concrétisant ses aspirations créatrices, je ressortis mon roman du placard. Je fus aussitôt envoûtée comme au premier jour par cet univers et retournai, à cette occasion, vers l’Orthodoxie , que j’avais délaissée pour toutes sortes de raisons. Ma situation était difficile, je ne savais plus trop comment vivre, je n’avais plus d’argent, je n’avais pas de mari. Je n’avais pas envie d’entrer dans le monde du travail régulier et normal, qui me semblait un esclavage tarifé absurde, et dans lequel je tombais occasionnellement. Bref j’étais ce qu’on appelait une paumée ou un exemplaire de ce qu’Alexandre Panarine caractérisait comme les parias de la modernité, parce que j’avais été fabriquée sur le modèle du moyen âge, et que rien ne correspondait à ce que j’étais profondément, dans tout ce qui m’entourait et qui m’était proposé. Je me jetais donc dans ce roman et dans une transe créatrice médiumnique dont je ressortis épuisée : j’avais pondu mon livre, je pouvais mourir tranquille. Malheureusement , je l’avais pondu trop vite, et même si je le corrigeais et le surcorrigeais, il me manquait l’expérience de la Russie , l’expérience tout court, et la documentation qui pouvaient approfondir les choses. J’avais fait un livre sincère, poétique et bien écrit. Je n’avais rien voulu censurer, par principe, et j’aurais dû, car je me laissai aller à des scènes d’amour certes sans vulgarité, mais trop explicites, cela compromettait le message du livre qui parlait quand même au premier chef de la perdition et de la rédemption. Pour mon plus grand malheur, ce livre fut publié, et grâce à Dieu , il passa inaperçu, malgré un petit prix littéraire, le prix Fénéon , et je me rendis compte en écrivant la suite, que j’aurais dû attendre, car la suite imposait la réécriture du premier livre, la suite était beaucoup plus spirituelle et beaucoup plus russe, et on me la refusa d’ailleurs partout.
Mon premier livre ne m’ayant attiré que déceptions et problèmes, j’avais fini par le prendre presque en haine, comme le Maître le sien, dans le roman de Boulgakov. J’espérais trouver un travail para littéraire qui me permettrait de continuer à écrire, je publiai quelques livres pour enfants, puis je dus entrer dans l’éducation nationale, ce qui fut pour moi, au moins les quatre premières années, une vraie descente aux enfers. Il était hors de question d’écrire quoi que ce soit, à part un journa

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