A l ombre perdue de la grande guerre
98 pages
Français

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A l'ombre perdue de la grande guerre , livre ebook

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Description

On reprochait à Mademoiselle Voss ses trop rares apparitions en France, et son silence même. C’est qu’elle chantait ailleurs, à Berlin ou Nairobi, sous le ciel de Damas et dans les jardins du Caire, ses chansons et celles des poètes de la chanson française, que son public fredonnait avec elle. Dans son ouvrage À l’ombre perdue de la grande guerre, recueil de sept carnets, rédigés à Paris, de 2007 à 2014, elle poursuit sa quête indiscrète des héritages oubliés, les nôtres, qu’elle dévoile à sa manière, facétieuse souvent, érudite toujours. Ainsi revient-elle sur les origines de l’Occident chrétien, peuplé des dangereux barbares, qui, baptisés, ne seraient plus jamais barbares, ni dangereux, d’ailleurs. Disparus, ces barbares ? Décadent, cet Empire ? Que de la défaite française de Sedan, en 1870, aient surgies les deux guerres mondiales, dévastatrices pour cet Occident chrétien, pose de terribles questions : mais qui les a voulues, ces guerres, pouvait-on les éviter, qui les a encouragées ? Enfin, les conditions difficiles de la christianisation de l’Empire romain, en Afrique et au Levant, aux iiie et ive siècles de notre ère, n’ont-elles pas été sources de conflits, dont Mahomet reconnaissait avoir saisi les fruits ? N’en voit-on pas ressurgir les feux, aujourd’hui en France, l’ancienne métropole d’un Empire méditerranéen disparu ? Disparu quand, au fait, pourquoi, et au profit de qui ?

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029002755
Langue Français

Extrait

A l’ombre perdue de la grande guerre
Adriana Voss
A l’ombre perdue
de la grande guerre










Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2015
ISBN : 979-10-290-0275-5
Carnet 1 : A l’ombre perdue de la grande guerre
Les images contrefaites des soldats invalides et des mutilés de la première guerre mondiale, qui revinrent du conflit en 1919, pas tout à fait sûrs d’avoir gagné la guerre, revenus comme ils l’étaient, pas tout à fait accueillis non plus, passée la joie du retour, comme ils auraient voulu l’être, nous ont conduits, à la lumière d’une expérience faite au service de leurs successeurs pour la loi française, devenus les « handicapés », que la loi, en 1987, comme en 1924, obligeait toujours à employer, à mener une enquête, personnelle et vagabonde, autour de cette expérience-là, vécue dans un groupe industriel français, soucieux, comme on le disait alors, de « l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le milieu ordinaire de travail », conscient aussi du montant des « pénalités » encourues pour le non-respect de cette obligation d’emploi, imposée aux employeurs, par la loi du 10 juillet 1987.
Car toutes ces « pénalités » formaient un vrai petit trésor et bien des entreprises, aussi généreuses soient-elles, tentaient d’en éviter ou d’en récupérer la charge, en menant des actions au profit de ces insertions, et prévues par la loi pour les en exonérer. Des intervenants extérieurs se chargeaient de les aider, souvent devenus prospères en ce temps-là, sans que le législateur ne s’y oppose ; était-ce parce qu’il en cap tait aussi les bénéfices ?
Quant aux invalides, aussi courageux, aussi intelligents, aussi déterminés soient-ils, ces héritiers des « gueules cassées », qu’enfant, j’avais vus proposer dans les rues, sur leurs guérites posées à même le trottoir, les billets de tombola qui assuraient leur subsistance, et dont la Française des Jeux a repris le fructueux monopole, j’ai pu constater qu’ils n’étaient pas mieux traités, aujourd’hui, qu’ils ne l’avaient été, alors.
J’ai voulu comprendre pourquoi, saisie qu’une loi de la République, votée en leur faveur, ne leur en ait pas mieux réservé le privilège.
C’est ainsi que j’entamais, en 2007, une enquête surprise, laquelle en succédèrent six autres, selon les rencontres, les hasards, et les histoires fausses, dont je souhaitais me défaire, et dont je clos maintenant l’aventureux périple.
Je dédie les sept silencieux carnets de cet ouvrage aux combattants foudroyés de la Grande Guerre, à leurs descendants, en espérant qu’ils parleront d’eux-mêmes aux oreilles et aux cœurs des lecteurs d’aujourd’hui, invités à en partager les secrets.

Adriana Voss, mars 2015
V ARIATIONS AUTOUR D ’ UNE COÛTEUSE PÉNALITÉ {1}
On peut se demander pourquoi les 90 000 {2} entreprises françaises de plus de 20 salariés assujetties à l’obligation d’emploi de 6 % d’handicapés acceptent de payer, sous forme de pénalités, pour le non-respect de cette obligation, la somme coquette de 424 millions d’euros à l’Agefiph {3} , prise sur leurs bénéfices, afin de « faciliter l’insertion en milieu ordinaire de travail » des 130 000 demandeurs d’emplois handicapés à la recherche d’un emploi, à plein temps et à durée indéterminée, chiffre bien limité, si on le compare aux 2 millions de chômeurs de catégorie équivalente {4} .
Il s’agit bien ici de « faciliter leur insertion », tâche dévolue encore en 2007, à l’ANPE {5} , financée par le contribuable et qui y trouve là sa raison d’être, au bénéfice de tous les demandeurs d’emploi.
La faible qualification de cette catégorie de demandeurs d’emploi (beaucoup d’ouvriers et d’employés, peu de cadres et techniciens), conjuguée avec leur handicap, les rend difficilement « employables », alors que la règle observée dans les entreprises en France, depuis le début des années 1980, est, pour accroître leur rentabilité, de se défausser de leurs vieux, de leurs malades, et de leurs indésirables, en les plaçant à la charge des systèmes collectifs de protection sociale - santé, famille, retraite - mis en place en France en 1945 à la Libération {6} , car c’est sur les employeurs que repose le système de protection sociale français, financé par les cotisations prélevées sur les salaires qu’ils versent à leurs salariés.
La présence des syndicats de salariés dans la gestion paritaire de ces systèmes ne peut qu’à la marge contrer cette puissante lame de fond : les syndicats ne disposant pas d’arme pour créer de l’activité, et offrir une alternative au chômage de masse, leur position, défensive, ne peut être que de l’aménager ou d’en différer les effets : c’est la raison essentielle pour laquelle la CFDT, qui s’en accommoda {7} , accéda au pouvoir syndical, quand la CGT, syndicat de travailleurs, refusa longtemps de s’y résoudre et persista à utiliser l’arme historique de la grève, qui, quoi qu’on en dise, est difficile à exercer quand on a peur de perdre son travail et de ne pas en retrouver.
Nous fûmes témoins de cette émergence, qui date de la crise de la sidérurgie de 1979, et dont la facture fut intégralement payée par les contribuables et les organismes de protection sociale (chômage, et retraite). La famille S., ainsi régénérée, se délesta d’une partie de l’héritage industriel qui avait fait la fortune du Comité des Forges et se consacra aux fonds d’investissements, dont la majeure partie placée en LBO {8} , l’eldorado - qui ne l’est plus mais qui a récemment multiplié la fortune de la famille par trois {9} - fait d’elle une partenaire active de la désindustrialisation française.
L’interlocuteur syndical privilégié devint la CFDT et les problématiques de reconversion et de ressources humaines prirent le pas sur l’héritage communiste du rapport de force et de la grève, permettant d’assurer, dans une relative et triste paix sociale, les vagues de licenciements massifs qui débutèrent à l’orée des années 80, scellant un héritage ouvrier centenaire, avec sa dignité et ses excès, ce qui facilita le retour de l’extrême droite en France, que l’on avait oubliée, mais qui ne cessa plus de progresser, comme s’aggravait le chômage.
Un contre-feu face au chômage, bien installé en France depuis près de 30 ans, aurait pu être mené, avec l’arme perdue du Fonds de Réserve des Retraites, créé par le gouvernement Jospin en 1994.
Utilement abondé, comme il était prévu, par les recettes des privatisations et par la participation des assureurs, les deux ayant fait défaut (seulement 1,6 milliards reçus des privatisations, qui ont rapporté au total 40 milliards d’euros, et 1 à 2 milliards promis et non reçus encore en octobre 2007, au titre des encours d’assurance-vie restés en déshérence (actuellement repris dans les bénéfices), instrument, qui, en Suède, est devenu le premier investisseur et le plus actif défenseur des intérêts suédois à l’étranger, a manqué à la France.
Il faut souligner qu’avec un taux de syndicalisation de 7 %, la France fait pâle figure auprès de la Suède, dont le taux est de 83 %, car en Suède, pour bénéficier des assurances chômage, il est nécessaire d’adhérer à un syndicat qui en assure la gestion.
Le mouvement ouvrier français refusa cette gestion directe, comme la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 lui en offrait l’opportunité, pour pouvoir ainsi financer les syndicats au titre de « missions d’intérêt général » et les détourner de la tentation révolutionnaire {10} . Mais on préféra le Grand Soir et la grève générale, à l’appel impérieux du Parti Ouvrier de Jules Guesde {11} , et c’est ainsi que les syndicats perdirent, à la fois, des adhérents et des moyens d’actions, conséquences que peu d’entre eux auraient alors pu imaginer.
Le fonds de réserve des retraites, passé sous le contrôle de la Caisse des dépôts, c’est-à-dire de l’Etat, aux investissements parfois hasardeux (affaire EADS) a de plus été régulièrement ponctionné par le gouvernement pour financer les 35 heures, puis la nouvelle prestation dépendance (APA {12} ). Il ne disposait en juin 2007 que de 33,4 milliards d’euros, et ce chiffre est à comparer aux 200 milliards d’euros de retraite distribués chaque année en France.
Les abondants discours sur l’emploi et les imaginatives mesures préconisées depuis 30 ans par les pouvoirs politiques pour combattre le chômage ne peuvent empêcher de constater, in fine, que ce n’est pas la créa

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