Confession d un Juge
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Confession d'un Juge , livre ebook

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Description

Le Juge Robin, allait-il perdre son intégrité, son honorabilité, ses valeurs morales et peut-être sa vie ? Ou laisser mourir une douloureuse vérité, une honte, au plus profond de sa mémoire. Un scénario étrange, machiavélique, orchestré par sa folie, sa passion obsessionnelle, son désir absolu pour une femme. Cette histoire est-elle issue du fruit de mon imagination fertile ? Ou proche d’une possible vérité qui intrigue, dérange, mais ne peut en aucun cas nous laisser indifférents… Ce roman nous embarque avec la machine à remonter le temps, au Maroc, à Marrakech précisément sous le protectorat français en date du 3O mars 1912 signé à Fès. Marrakech, ville connue sous le nom de Perle du sud au pied de l’Atlas de ce beau pays.
« Homme, tu ne jugeras point »

Informations

Publié par
Date de parution 21 mars 2012
Nombre de lectures 9
EAN13 9782312006383
Langue Français

Extrait

Confession d’un juge
Victor Daniel
Confession d’un juge











LES ÉDITIONS DU NET 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00638-3
Preambule
Le Juge Robin, allait-il perdre son intégrité, son honorabilité, ses valeurs morales et peut-être sa vie ? Ou laisser mourir une douloureuse vérité, une honte, au plus profond de sa mémoire. Un scénario étrange, machiavélique, orchestré par sa folie, sa passion obsessionnelle, son désir absolu pour une femme. Cette histoire est-elle issue du fruit de mon imagination fertile ? Ou proche d’une possible vérité qui intrigue, dérange, mais ne peut en aucun cas nous laisser indifférents… Ce roman nous embarque avec la machine à remonter le temps, au Maroc, à Marrakech précisément sous le protectorat français en date du 30 mars 1912 signé à Fès. Marrakech, ville connue sous le nom de Perle du sud au pied de l’Atlas de ce beau pays.

« Homme, tu ne jugeras point »
Victor Daniel

Monsieur le Commissaire,

Lorsque, un assez bienveillant vous remettra ce mémoire que je poserai bien en évidence, sur le rebord du grand bassin de la Menara*, il n’y aura plus qu’à rechercher mon corps flottant sur l’eau.
J’ai décidé ou à peu prés décidé, d’en finir avec une existence qui paraît sans doute pour certains pleine de dignité mais qui, en réalité, n’est faite que de bassesses et d’ignominies ;
Je dis j’ai à peu prés décidé, en effet, il se peut car je suis foncièrement lâche, qu’au dernier moment je me raccroche à la vie et que je fasse disparaître tout ce que je vais écrire.
C’est pour cela aussi que j’ai choisi l’eau, ce mode d’exécution me permettra, si en dernière analyse, je recule et préfère vivre avec ma honte, de me débattre et de regagner le bord, mais j’avoue que mes chances sont minces car je nage très mal.
Il est donc à peu- prés certain qu’une fois le plongeon effectué, malgré les efforts que je ferai peut-être et les regrets que j’éprouverai certainement, je coulerai à fond et que ces pages vous parviendront.
Si je m’adresse à vous dans ces circonstances toutes particulières, ce n’est pas que j’éprouve pour votre personnalité une attirance marquée. Vous êtes ce que les rapports administratifs appellent, un bon fonctionnaire, c'est-à-dire un monsieur sans beaucoup d’initiative et obséquieux avec ses supérieurs. Quand vous avez eu affaire à moi, vous avez toujours manifesté à l’égard de la magistrature que je représentais, ce respect déférent et servile qui doit certainement vous faire noter par vos chefs comme « auxiliaire précieux de la justice » ce qui veut dire aussi que vous en exécutez scrupuleusement les sentences sans essayer de les comprendre. Il vaut mieux d’ailleurs ainsi, pour vous, votre conscience en a certainement plus de repos.
Enfin, si c’est à vous que j’écris, ce n’est pas croyez-le dans un désir de vengeance posthume pour empoisonner votre vie de fonctionnaire minutieux. Je tiens à vous dire que vous ne m’avez rien fait et que par conséquent je n’ai aucune animosité personnelle contre vous. Non, ce mémoire vous est adressé simplement parce qu’il est de règle, quand on met fin à ses jours, d’écrire quelque chose, de laisser une trace par les règles étroites d’une routine atavique. Je pourrais de toute évidence m’arrêter là et sans approfondir vous concluriez avec vos chefs que mon geste est du à un chagrin intime. Non, ce serait trop simple et pour vous et pour moi. Je veux que l’on sache pourquoi j’en suis arrivé à cette extrémité. C’est une analyse un peu longue ; tant mieux, elle retardera d’autant mon échéance.

Marrakech le… 19…
Le Juge Robin
Dans ma famille, il a été de tradition depuis des siècles d’appartenir de près ou de loin, mais toujours d’appartenir à ce qu’il soit de bon ton d’appeler la grande famille judiciaire. Si l’on feuillette nos vieux papiers, on n’y trouve que conseillers, procureurs, substituts, avoués, avocats, greffiers, présidents, quelques huissiers même, mais ceux-ci font figure de parents pauvres et chez moi on en parlait que pour mémoire. Dans ma ligne directe, l’ascendance est des plus honorables.
Mon arrière grand-père était conseiller à la cour de Toulouse ; il habitait un appartement glacial et sévère dans le fameux hôtel de pierre ; il était mort avant ma naissance ; il eut de magnifiques funérailles avec des quantités de collets d’hermine car il était encore en exercice à ce moment là. Ma mère en voyant son portrait en pied dans le salon m’a souvent raconté avec fierté ces splendides obsèques. J’écoutais avec déférence et je l’avoue un certain orgueil l’énumération de ce cortège et les discours qui furent prononcés à cette occasion : vieille famille… Tradition… Noblesse de robe… Intégrité… Valeur morale… Justice… Et j’imaginais pour moi, mais pour beaucoup plus tard bien entendu une cérémonie pareille, des robes rouges, des robes noires, des discours et la foule se découvrant, respectueuse, en disant à voix basse : « c’est l’enterrement du premier président, ce fut un grand magistrat ». Quand je pense maintenant à ma mort prochaine et à l’enterrement honteux que l’on me fera je ne puis m’empêcher de sourire en songeant que mon premier goût pour la magistrature m’a été inspiré par celui d’une belle cérémonie funèbre dont l’évocation anticipée me donnait tout enfant des larmes aux yeux.
En remontant vers le présent dans l’examen de mon ascendance on trouve ensuite mon grand-père paternel. Ce fut un avocat de grand talent, spécialiste du droit civil, il ne se complaisait, paraît-il, que dans les nullités les plus ardues des testaments les plus compliqués, les successions les plus embrouillées que l’on avait oublié de liquider depuis trois générations et les interprétations subtiles des plus obscures conventions. Mon père enfin, fut un magistrat à moustache du modèle moderne d’avant guerre. Très calme, suivant scrupuleusement les audiences, je le vois encore traverser les pas perdus du palais répondant dignement aux saluts respectueux des avocats et des avoués. Il mourut assez jeune de ce que l’on appelle bourgeoisement un épaississement du sang par manque d’exercice et plus scientifiquement de l’urémie. Cette maladie a fait avant guerre en France de cruels ravages dans la magistrature, on peut même dire qu’elle était le gros écueil, le risque professionnel du métier. Il fallait en effet pour embrasser cette carrière, jouir d’une fortune assise, la déférence des gens du peuple et même celle des petits bourgeois isolait les magistrats, les empêchait de se mêler à des quantités d’événements sociaux qui auraient pu les intéresser. Ces joies ordinaires de la vie, ils les remplaçaient par celles de la table, du bien-manger quotidien. Ils la complétaient, la prolongeaient par la douce somnolence de l’audience, dans la chaleur de la robe, le corps affaissé dans un fauteuil profond. A ce régime il fallait une robuste constitution pour passer le cap dangereux de la cinquantaine sans être atteint d’un de ces accidents habituels, rançon de la trop bonne chaire. Malgré tout, cette vieille magistrature de province était polie et quelques fois aimable. Les juges semblaient écouter les avocats plaider leurs causes et pour ne point leur faire de peine, prenaient, comme pour penser fortement, leur tête à deux mains, de façon à pouvoir fermer les yeux sans qu’ils s’en aperçoivent. C’est dans ce milieu que je fus élevé et je n’en serais certainement jamais sorti si le cataclysme de 1914 n’était venu m’enlever à l’école de droit pour faire la guerre.
Lorsque j’en revins, je passais le concours de la magistrature pour lequel mon nom me fut beaucoup plus utile que ma science et je débutais bientôt comme juge à Foix. La société s’était déjà un peu modifiée, je rêvais d’horizons plus larges et ce goût de l’indépendance que j’avais acquis dans la servitude militaire m’incita à demander un poste aux colonies. On venait de créer le Tribunal de Marrakech, je fus facilement nommé. C’est ainsi que je vins ici ou il aurait mieux valu que je ne vienne jamais.
Je peux dire que je fus tout de suite conquis par le pa

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