Des causes qui ont influé sur la marche de la civilisation - Dans les diverses contrées du globe
35 pages
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Des causes qui ont influé sur la marche de la civilisation - Dans les diverses contrées du globe , livre ebook

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Description

DANS LES DIVERSES CONTRÉES DU GLOBE ; PAR M. PASSY ; Lu dans les séances des 21 octobre 1843, 30 mars et 6 avril 1844. (EXTRAIT DU TOME Ve DES MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.)Les sociétés humaines ont rencontré des fortunes très-diverses. S’il en est qui sont arrivées à un haut degré de civilisation, les autres, en plus grand nombre, ont marché d’un pas moins rapide, et quelques-unes même végètent encore sous le poids des misères de l’état sauvage.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346126750
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Hippolyte Passy
Des causes qui ont influé sur la marche de la civilisation
Dans les diverses contrées du globe
INSTITUT ROYAL DE FRANCE
DES CAUSES QUI ONT INFLUÉ SUR LA MARCHE DE LA CIVILISATION
DANS LES DIVERSES CONTRÉES DU GLOBE ; PAR M. PASSY ; Lu dans les séances des 21 octobre 1843, 30 mars et 6 avril 1844. (EXTRAIT DU TOME V e DES MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.)
 
 
Les sociétés humaines ont rencontré des fortunes très-diverses. S’il en est qui sont arrivées à un haut degré de civilisation, les autres, en plus grand nombre, ont marché d’un pas moins rapide, et quelques-unes même végètent encore sous le poids des misères de l’état sauvage.
D’où viennent de telles différences dans le sort des diverses fractions de l’humanité ? Pourquoi n’ont-elles pas toutes acquis les mêmes lumières, déployé la même industrie, recueilli les mêmes prospérités ? Ces questions ont été fréquemment agitées ; mais quelque attention qu’elles aient obtenue, elles sont loin d’être suffisamment éclaircies, et des doutes continuent à planer sur leur véritable solution.
Ainsi, la plupart des écrivains du siècle dernier n’ont vu, dans la diversité des conditions sociales, que l’effet du jeu même de la liberté humaine. Aux nations, affirment-ils, a été laissé le soin de régler leur avenir. C’était à elles à rester fidèles à la raison, à ne s’imposer que des lois conformes à la sagesse et à l’équité ; or, toutes n’ont pas été également bien inspirées ; celles qui se sont trompées en ont porté la peine, et des obstacles de leur propre création sont venus troubler, ralentir ou suspendre le cours de leurs progrès.
D’autres, au contraire, n’ont tenu aucun compte du hasard des déterminations législatives. A leur avis, tout, dans la destinée des peuples, a dépendu de conjonctures sur lesquelles les volontés sociales n’ont que peu ou point de prise. Les degrés de latitude et de chaleur, les positions géographiques, les qualités et la configuration du sol, voilà les faits dont le concours a décidé du caractère, des formes, du développement plus ou moins rapide des civilisations.
De nos jours, une troisième opinion a été vivement soutenue. Au dire de ceux qui la professent, l’espèce humaine n’est pas identique dans toutes ses parties. Elle se compose de branches distinctes, parmi lesquelles il en est de mieux douées que les autres ; et si les sociétés n’ont pas atteint le même point de savoir et de puissance, c’est que chacune d’elles n’a pu avancer que dans la mesure des facultés départies à la race dont elle est issue.
Ce sont ces opinions que nous allons examiner. Constater ce qu’elles peuvent contenir d’erreur ou de vérité, voilà le but que nous nous proposons, et peut-être nos investigations jetteront-elles un peu de jour sur un sujet dont les complications ont été si fécondes en incertitudes.
Et d’abord, existe-t-il entre les races humaines des inégalités natives d’intelligence et de raison ? Telle est la première question à résoudre ; car, si elle était décidée affirmativement, toute recherche ultérieure deviendrait superflue. Qu’importerait, en effet, de savoir à quel point les circonstances physiques ou les arrangements sociaux ont pu influer sur le sort des peuples, s’il est démontré que ces peuples ne sont pas également capables de progrès. A côté d’un fait aussi considérable, tous les autres ne seraient que secondaires : il y aurait des nations condamnées à une infériorité dont il leur serait interdit de se relever, et les distances qui séparent aujourd’hui les différentes sociétés trouveraient leur principale explication dans la diversité des origines et des filiations.
Mais il s’en faut de beaucoup que le fait ait la réalité qu’on lui prête, et de bonnes raisons autorisent à ne le tenir ni pour, vrai ni même pour possible.
Ce qui distingue l’homme entre toutes les autres créatures, c’est la raison et perfectibilité. Sous l’enveloppe mortelle qui le couvre, réside un principe spirituel, une âme impérissable, dont la nature, une et simple, comme sa source divine, ne saurait être passible de différences constitutives. Aussi, attribuer aux races humaines des degrés particuliers d’intelligence et de moralité, est-ce supposer ou que, chez toutes, le principe spirituel n’est pas de même essence et de même origine, ou que, chez toutes, les organes à l’aide desquels il entre en communication avec le monde extérieur ne lui transmettent pas avec la même rectitude, ou dans la même étendue, les notions qui déterminent son activité. La première de ces suppositions est inadmissible ; la seconde, plus spécieuse au premier aspect, ne résiste pas non plus à l’examen. En effet, il n’en est pas des agrégations sociales comme des individus qui les composent. Si ceux-ci diffèrent en qualités intellectuelles ou physiques, c’est que l’œuvre collective à laquelle tous sont destinés à concourir ne s’accomplit que grâce à l’inégalité des aptitudes individuelles, et que les plus faibles trouvent, dans la puissance et les lumières publiques, la direction et l’appui dont ils ont besoin. Dans cette inégalité même a été placée la source de la prospérité commune. C’est elle qui, en amenant dans les occupations la séparation la plus favorable au perfectionnement du travail, a permis à la richesse de croître et de s’amasser au profit de tous ; c’est elle qui, en élevant le petit nombre au-dessus des masses, l’a mis en possession des connaissances sans lesquelles il n’eût pu les éclairer et les entraîner dans les voies de la civilisation. Ordre civil et politique, sûreté des biens et des personnes, science, bien-être, tous les avantages dont jouit l’humanité en sont le fruit et ne pouvaient provenir d’une autre source. Les sociétés, au contraire, ont leur vie et leur indépendance propres. Chacune d’elles forme un ensemble souverain et complet ; toutes ont la même tâche à poursuivre, les mêmes fins à atteindre, et de là, la nécessité que toutes soient capables de saisir et de comprendre des vérités dont la pratique est indispensable, non-seulement à l’accomplissement de leur destinée, mais à leur conservation.
On ne s’explique pas même, en y regardant de près, comment du sein de races frappées d’infériorité originelle auraient pu sortir des sociétés viables. C’est la distinction du bien et du mal, qui, en imposant aux hommes des devoirs respectifs, leur a permis de se rapprocher et de s’entendre ; et cette distinction a sa mesure dans l’étendue des facultés de l’esprit. Supposez des populations privées de quelques-unes des forces de l’intelligence, elles n’auraient pas été en état de discerner assez complétement les conséquences de leurs actes pour en tirer les règles dont l’existence sociale exige l’observation, et, dénué des lumières qui affermissent son empire, le sens moral, chez elles, n’eût pas suffi à l’établissement de l’ordre et des lois. Voyez combien d’erreurs ont commises, dans leur enfance, les nations maintenant les plus prospères ! N’est-ce pas là une preuve convaincante qu’il ne leur a pas fallu moins que la dose de raison dont elles étaient douées, pour échapper à la barbarie primitive et parvenir à se constituer sous des règles qui obtinssent l’assentiment commun.
Au surplus, ce qui lève tous les doutes, c’est qu’il n’est pas de race, pas de peuple, pas de communauté qui ne soit perfectible. Or, la perfectibilité n’est pas une de ces forces

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