Einarr le chanceux

Geb Hankson

Description

En avril 911, Einarr et son oncle Hrόlfr quittent la terre des Norva pour une expédition guerrière sur le territoire des Francs.

Les Northmannii négocient avec le comte de Paris qui leur propose christianisation et tribut foncier.

Cependant, un triple meurtre jette une ombre suspicieuse sur les tractations entre les différents peuples. Philippe Markvarrt, évêque de Crozon, frère Martin et Einarr sont désignés pour enquêter. De l’abbaye à la cité de Vernum, le trio accumule des indices pour confondre le coupable.

Pendant ce temps, Víkingar et Francs s’engagent à la paix sous les auspices de Saint Clair où s’exprime le talent d’Einarr, surnommé par son oncle, non sans raison, le chanceux.

Sujets

• Historical
• Fiction historique
• Roman historique
• Fiction
• Littérature

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 14 mai 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782414336586
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Geb Hankson

Einarr le chanceux

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Informations : Les Víkingar avaient plusieurs types de bateaux à leur disposition pour des activités commerciales ou pour des raids « militaires ». Le plus utilisé fut le knörr, (au pluriel, knörrir), un classement se trouve à la fin de l’ouvrage.

Les Francs ne faisaient pas la différence entre les différents peuples du nord, ils les appelaient les Northmannii.

Les personnages sont indiqués en tête de chapitre et en fin d’ouvrage. Les anciens noms des villes et rivières ont été conservés, traces de notre passé commun.

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1 Funérailles d’Ingvaldr, clan des Rögnvaldr Jarl du Møre et du Romsdal 1 Avril 911

Clan des Rögnvaldr : Einarr le chanceux fils de Thorleif – guerrier Sighild et Randi, esclaves et frilla d’Ingvaldr. Ragnhildr, femme d’Ingvaldr, mère d’Hrόlfr Thorleif, fils d’Ingvaldr – guerrier et père d’Einarr le chanceux Thôre, fils ainé d’Ingvaldr – guerrier Ivarr, fils d’Ingvaldr – guerrier Ada, mère d’Einarr, frilla de Thorleif, devineresse Hrόlfr, fils d’Ingvaldr – guerrier

Au fond du fjord, surplombant le village Einarr, fils de Thorleif du clan des Rögnvaldr, huma l’air chaud et sec de ce début de printemps. Le foehn secouait à peine les feuilles des arbres au-dessus de la falaise. Debout dans la lumière déclinante du jour, il observait les derniers préparatifs du rite des adieux. L’épaule appuyée

1 – Nord-ouest de la Norvège.

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2 sur le tronc d’un bouleau, il observait le knörr d’Ingvaldr, être amené sur la terre ferme. Majestueuse, la nef avait glissé sur des rondins de bois. Désormais, le fier vaisseau de son grand-père était maintenu par de puissants étaies, comme s’il affrontait encore les lames de l’océan. Le corps de l’imposant guerrier reposait sur le banc du charpentier. Les rameurs, compagnons de guerre et de fête avait revêtu le mort de ses plus beaux habits : son bonnet de brocart et sa cape de marte. Thôre, le fils aîné avait déposé des tonneaux d’hydromel, des victuailles et les armes à côté du Jarl. Les chiens du chef et ses deux chevaux avaient été tués sous les yeux de la famille. Ivarr le taciturne, prononça les paroles rituelles pour qu’Ingvaldr enfant de Thor puisse le rejoindre dans son voyage. Ensuite, les guerriers frappèrent leur bouclier pour accompagner la marche de deux esclaves vers leur future liberté. En se joignant à leur maître, elles seraient libres dans la mort. Dans une robe simple, sans ceinture Ada grimpa avec elles sur le bateau. La devineresse les aida à s’allonger. Dans l’enceinte sacrée, les hommes partageaient de la bière, d’autres déposaient des morceaux de bois contre les flancs du bateau. Ada, la mère d’Einarr lui avait confié qu’elle donnerait un poison aux femmes pour éviter les souffrances des brûlures. Un secret entre la mère et le fils. Quand la torche portée par Thôre attaqua le bois, les chants s’élevèrent. Il aperçut sa mère jeter les bâtons runiques au sol, elle les interprétait. Dans les volutes de la fumée, elle regarda droit vers lui, elle savait où il était. À son

2 – Bateau à tout faire, utilisé par les víkingar, pluriel knörrir.

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attitude, il comprit que les Dieux lui avaient révélés une énième énigme à interpréter. – La fête va être des plus bruyantes. Einarr pivota vers son oncle et leva la tête vers un homme, tout en muscle, les cheveux blonds courts surmontaient un visage à la mâchoire carrée. Les yeux noirs vifs brillaient d’une lueur ironique. – Sans toi, le banni. – Je ne sais pas si Sighild et Randi ont fait le bon choix, devenir libre par leur mariage posthume. – Thôre a passé la nuit avec elle pour épouser les deux esclaves et leur donner la force vitale qu’Ingvaldr ne pouvait plus leur donner. – Houai ! répondit sceptique le géant caché par l’ombre des fenaisons pour éviter l’opprobre à son neveu en cas de regards délateurs. – Ton frère s’est montré digne du clan des Møre, il 3 devient le chef, responsable de la région devant Harald . – Depuis le temps qu’il en rêvait ! répondit sarcastique Hrόlfr. – Tu devrais lui être reconnaissant, il a ajourné ton bannissement pour assister à la cérémonie du grand voyage de ton père ! – Je n’ai rien demandé et puis… ici, je ne possède rien, pas de bétail, pas d’esclave malgré mes nombreux faits de guerre, il ne me reste rien à force de rembourser les frais du bateau. Einarr hocha la tête. Il était du même avis. Souvent, il regardait vers l’ouest, vers l’océan, seule chance de pouvoir

3 – Vraisemblablement Harald Hârfagr, premier roi à unifier le secteur de la Norvège actuelle.

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s’établir comme un homme libre de toute entrave. – Pourquoi avoir effectué ce raid ? demanda le jeune guerrier. – La peau douce de Vigdis était bien tentante et pourquoi serait-ce une autre épouse destinée à mon frère ? – C’est une femme du clan des Hladir ! Il y a des dizaines de femmes prêtes à succomber à tes besoins et tu choisis l’impossible. En plus, elle te déteste. Personnellement, je ne la trouve pas appétissante. – Tu ne comprends rien aux femmes, je te soupçonne d’être un peu coincé ! – Je ne mettrais jamais mon destin dans ce genre de folie. – Justement ! Je voulais te parler. – À propos de parler. Vilfrid, l’avocat, fils d’affranchi, ne t’a pas épargné, il est déjà brillant comme chicaneur. Là, il n’a eu aucun mal, à faire de toi un homme déshumanisé. La Loi et le droit sont sacrés et tu avais une interdiction de monter une expédition. – Chaque jour, on restreint un peu plus notre liberté. Il se pencha vers son neveu : Tu es le seul à ne pas m’avoir demandé si je lui avais écarté les cuisses. – Aucun intérêt, j’aime bien ta face de rebelle et Sigurdr le Danois veut te rencontrer dans un endroit discret. – Pourquoi ? 4 – Il apprécie tes strandhögg et puisque tu es banni, il te propose de l’accompagner, il est sur la grève de cailloux. – Qu’en penses-tu ?

4  – Expédition, coup de poing, ce que l’on appellerait aujourd’hui des opérations commandos : interventions en territoire hostile et replis rapides.

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– Tu dois partir, il n’y a pas de compensation. Le chef a insisté, l’offense est trop grave. Ragnhildr a été suppliée ta cause auprès de cette nouvelle institution « royale », répondit-il d’un air préoccupé. – Je n’ai rien demandé à ma mère, ajouta Hrόlfr fièrement. Que penses-tu du Danois ? – Il cherche un pilote et tu connais les côtes et fleuves de leur objectif. Il reconnait ton talent et tu possèdes des informateurs sur la terre des Francs dont ils ignorent tout. Il veut accaparer le maximum d’or et d’esclaves. – Je vais aller le voir, il n’a pas peur qu’on nous voit ensemble ? 5 – Il est indifférent au skótangr . Officiellement, il ignore ton statut, il était venu échanger des peaux contre du fer. – Et toi ? – J’ai pris garde à ce qu’on ne nous voit pas ensemble. Méfie-toi de tes frères, ils ont désormais le droit de tuer. – Qu’ils essayent ! Einarr sourit et observa la carrure imposante de son oncle et soupira : – Pour l’instant, chacun est assommé par la perte de notre chef et par le verdict de bannissement. – Ecoute attentivement… J’ai noué des contacts avec des Francs en Neustrie, je veux m’y établir depuis longtemps. – Les Danois veulent, eux, s’enrichir en les attaquant, toi tu recherches une terre d’accueil. C’est contradictoire. – Je vais les utiliser, chacun aura son dû… Viens avec

5 – Sanction de proscription la plus forte, pas le droit de porter assistance et l’on pouvait tuer ce « non humain » comme du bétail.

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moi, il s’agit d’une opportunité à ne pas négliger. Tu as toujours été de bons conseils. En Neustrie, il y a déjà des hommes libres de différents clans installés avec leur famille. Il hésita, inspira et bloqua sa respiration, Einarr croisa le regard de son oncle : – Que veux-tu me confier ? – J’ai une femme là-bas et un fils. Viens avec moi, tu n’as rien à attendre de notre clan. – Je vais réfléchir à ta proposition, mais je reste libre de mes décisions. Hrόlfr hocha la tête et retourna dans l’épaisseur des buissons. Einarr reprit sa hache et grimpa jusqu’à l’habitation pour y rencontrer sa mère. Thorleif, son père était en mer. Ils pourraient discuter sans la présence des membres du clan, présents à la fête du départ. Fille d’esclave affranchie, Ada était considérée avec 6 respect, la frilla savait interpréter les runes. Elle se trompait rarement. Einarr ne fut pas surpris du regard qu’elle lui adressa. – Tu étais avec Hrόlfr au-dessus de la falaise. – Il assistait de loin à la cérémonie. Je t’ai vue jeter les runes… – Le destin est mouvant et dépend des vents et des volontés des Hommes. Elle releva la tête et fixa les yeux bleus de son fils. Tu vas partir, tu dois partir avant le retour de ton père. – Je dispose de combien de temps ? – Il est à l’ouest. Vilfrid et Thôre te détestent pour avoir témoigné en faveur de ton oncle, ils te jalousent depuis trop

6 – concubine

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