État politique de l Inde en 1777
89 pages
Français

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Description

Février 1777 La lettre timbrée politique, que M. de Bellecombe a écrite au ministre le 24 janvier, est un précis de la politique actuelle de l’Inde. Mais la prompte expédition du vaisseau le Gange n’a pu permettre d’entrer dans bien des détails qu’il est nécessaire d’expliquer.La puissance la plus formidable dans l’Inde, pour le présent, est celle de la nation anglaise, tant par sa marine que par ses troupes de terre, dont le nombre est prodigieusement augmenté par les moyens qu’elle a pris de se naturaliser, pour ainsi dire, les sujets indiens parmi lesquels elle trouve un fond inépuisable de recrues.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346127825
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jacques-François Law de Lauriston
État politique de l'Inde en 1777
INTRODUCTION

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* *
Les documents que nous publions émanent de M. Law de Lauriston qui fut gouverneur des Etablissements français dans l’Inde, depuis le 11 avril 1765 jusqu’au 9 janvier 1777 ; ils furent écrits pour son successeur, le marquis de Bellecombe et, dans le manuscrit, portent le titre général de : Observations sur l’état politique actuel de l’Inde, remises à M. de Bellecombe, ainsi que les additions et suppléments qui s’y trouvent joints ; lequel titre indique suffisamment l’objet et les subdivisions de l’ouvrage.
Ces documents ne sont pas des originaux.
Remises à M. de Bellecombe, qui, suivant l’usage administratif, dut conserver la minute et envoyer la copie en France, les observations de M. Law devraient se trouver en original aux archives de Pondichéry, or elles ne s’y trouvent qu’en copie. Il ne faut point s’en étonner. Aux colonies, tout concourt à la disparition des vieux papiers : l’indifférence des hommes, les termites et le temps. Et Pondichéry connut par surcroit la domination étrangère, qui n’a pas toujours pour la tradition des égards particuliers ; après la seconde perte de l’Inde, en 1779, une partie de nos archives fut transportée à Maurice.
Les observations de Law peuvent parfaitement se trouver dans quelque palais de Madras ou de Calcutta, comme elles peuvent aussi avoir disparu complètement ou se trouver, par une singularité de transmission, dans un de nos dépôts d’archives, où nous les avons vainement cherchées.
Avec l’attention qui commence à se porter sur les études historiques coloniales, il est possible qu’un chercheur, plus heureux que nous, les découvre en Europe ou en Asie et nous le souhaitons bien sincèrement ; nos regrets sont toutefois fort atténués par la certitude où nous sommes que nous avons sous les yeux une copie qui, si elle peut ne pas reproduire très exactement la ponctuation et l’orthographe du texte original, ne nous laisse aucun doute sur la manifestation même des pensées de l’auteur, et, en matière historique, c’est ce qui importe le plus.
La copie sur laquelle cet ouvrage est édité, se trouve, avons nous dit, à Pondichéry ; une autre copie partielle se trouve aux archives du Ministère des Colonies dans un registre coté C 2 142, p. 159 à 165 ; ces deux copies sont identiques. On peut donc accorder toute créance au texte que nous publions.
Ce texte forme, dans le manuscrit de Pondichéry, un fascicule d’une centaine de pages, non coté ni paraphé, et se divise en trois parties :
La première a pour titre : Observations sur l’Etat politique actuel de l’Inde, par Law de Lauriston et a été composée en février 1777 ;
La seconde est intitulée : Réflexions sur la proposition de faire passer 4.000 hommes à Delhi et sur la province de Tatta, et est du 4 juin ;
La troisième enfin est un supplément aux observations sur l’état politique actuel de l’Inde et est également du 4 juin.
Dans le manuscrit de Pondichéry, ces trois parties se suivent sans autre interruption que celle de leur titre particulier ; c’est la troisième qui se trouve aussi au registre C 2 142 des archives du Ministère des Colonies.
La première est de beaucoup la plus importante et la plus longue. Il semble qu’elle ait été écrite par M. Law sur la demande de son successeur et pour servir à ce dernier d’indication générale sur la politique qu’il convenait de pratiquer dans l’Inde.
 
Nul n’était plus qualifié pour donner ces indications. Jacques-François Law de Lauriston, comte de. Tancarville, né le 20 janvier 1724, petit neveu du célèbre financier de la Régence 1 , servait au Bengale, lorsque Clive et l’amiral Watson s’emparèrent de Chandernagor le 14 mars 1757. Après la prise de ce comptoir, il se réfugia avec d’autres officiers français à Cassimbazar, où l’ambition inquiète de Clive les poursuivit.
Cassimbazar n’était qu’à cinq ou six kilomètres de Mourchidahad, la capitale de Souradja-doula, nabab du Bengale. Clive manifesta au nabab l’intention de chasser les Français. Souradja songea, dit-on, en guise de réponse, à faire exécuter l’agent anglais qui se trouvait auprès de lui ; mais à la réflexion, il n’osa résister et pria les Français de se retirer dans le Bahar ou province de Patna. Au moment de leur départ, Souradja dit à Law : « S’il arrive quelque chose de nouveau, je vous enverrai chercher. — M’envoyer chercher ! répondit ce dernier, que votre Altesse soit assurée que nous nous voyons pour la dernière fois 2 . »
Law quitta Cassimbazar le 16 avril avec 100 Européens, 60 cipayes, 30 chariots et 4 éléphants ; et nous perdîmes Cassimbazar puis Patna, comme Souradja perdit lui-même peu de temps après son empire et la vie.
Après la perte de nos établissements du Bengale, Law fit comme beaucoup d’autres Français de cette époque ; il alla offrir son épée aux princes indiens. Agréé par Ali-Gohor, fils aîné du Grand Mogol, Alemguir II, que son père avait investi de la soubabie du Bengale, du Bahar et d’Orissa, Law s’employa en vain à organiser des forces régulières ; la discipline ne peut être où n’est pas le commandement effectif et tous les officiers français qui servirent dans l’Inde, se virent toujours paralysés par les ordres supérieurs et le plus souvent intempestifs des nababs et des rajas. Ali-Gohor échoua devant Patna contre le nabab du Bengale soutenu par les Anglais.
Devenu empereur sous le nom de Chah-Alem, le 30 octobre 1759 par la mort tragique de son père, il échoua encore devant la même ville et fut battu deux fois en rase campagne, moins par les forces de l’ennemi que par la défection de ses généraux ou l’indiscipline de ses troupes. Law, qui commandait l’artillerie de l’empereur, fut fait prisonnier dans le dernier de ces combats, celui d’Elsa, le 15 janvier 1761, par le major anglais, Carnac 3 .
Après sa captivité, il rentra en France. Lorsque la paix fut rétablie avec l’Angleterre en 1763, le roi songea naturellement à lui pour effectuer la reprise de possession de nos établissements et en conserver ensuite le gouvernement 4 . Les instructions du roi sont du 18 mars 1764. Law s’embarqua à Lorient le 1 er avril, arriva à Bourbon le 19 septembre et débarqua le 29 janvier 1765 à Madras pour s’aboucher sans perte de temps avec les autorités anglaises. Il reprit lui-même possession de Karikal le 18 février et de Pondichéry le 11 avril. Le 25 mai, il conclut à Sadras avec Mahmet-Ali, nabab du Carnatic, un traité de reconnaissance officielle des pouvoirs de ce nabab. Enfin, le 30 mai, il s’embarqua pour le Bengale et reprit possession de Chandernagor le 15 juin 5 .
Law ne revint à Pondichéry que le 12 février 1767 ; il devait y rester dix ans sans retourner en France. Lorsque, le 8 janvier 1777, M. de Bellecombe arriva pour lui succéder, Law avait de toutes les affaires de l’Inde une expérience personnelle et approfondie.
Ses jugements et ses avis étaient donc particulièrement précieux pour le nouveau gouverneur, et comme après son retour du Bengale, Law dut rester six mois encore à Pondichéry, pour attendre le départ d’un bateau qui le ramènerait en France, on peut croire que ce ne fut du temps perdu ni pour lui ni pour M. de Bellecombe pour étudier d’un commun accord ce qui convenait le mieux aux intérêts français. Déjà, le 24 janvier, c’est-à-dire quinze jours après sa prise de possession du gouvernement, M. de Bellecombe avait envoyé au ministre un premier rapport sur la politique de l’Inde 6 . La prompte expédition du bateau avait empêché tout à la fois M. Law de partir et M. de Bellecombe d’entrer dans tous les détails nécessaires.
 
Ce sont ces détai

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