Évasion d un prisonnier français en Allemagne
90 pages
Français

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Évasion d'un prisonnier français en Allemagne , livre ebook

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Description

CONNAISSEZ-VOUS Sierck ?C’est une charmante petite ville sur les bords de la Moselle, au pied d’une colline que dominent. es restes d’un château fort. La rue principale s’étend en courbe gracieuse le long de la rivière, et l’on peut des fenêtres pêcher à la ligne dans les eaux bleues. Vis-à-vis. de la ville, sur l’autre rive, s’élèvent de hautes montagnes couronnées de forêts qui donnent au pays l’aspect d’un coin de la Suisse. Rien de plus gracieux que cette vallée de la Moselle où l’on découvre à chaque pas des sites pittoresques et des restes imposants de l’antiquité.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782346134427
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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L’Évasion.
Charles Guyon
Évasion d'un prisonnier français en Allemagne
Evasion d’un Prisonnier Français
C ONNAISSEZ-VOUS Sierck ?
C’est une charmante petite ville sur les bords de la Moselle, au pied d’une colline que dominent. es restes d’un château fort. La rue principale s’étend en courbe gracieuse le long de la rivière, et l’on peut des fenêtres pêcher à la ligne dans les eaux bleues. Vis-à-vis. de la ville, sur l’autre rive, s’élèvent de hautes montagnes couronnées de forêts qui donnent au pays l’aspect d’un coin de la Suisse. Rien de plus gracieux que cette vallée de la Moselle où l’on découvre à chaque pas des sites pittoresques et des restes imposants de l’antiquité.
Sierck a toujours été française ; et comme la petite cité n’était pas loin de la frontière allemande, les enfants allaient souvent, avant 1870, provoquer leurs jeunes voisins de Perl, village prussien situé à trois kilomètres de notre ville. C’étaient alors des batailles bruyantes. des luttes homériques, où le bâton, la fronde, les sabres de bois jouaient un rôle important. Les blessés étaient nombreux ; mais il n’y avait jamais de morts, et chacun fièrement rentrait dans ses quartiers en s’attribuant la victoire.
Les vieilles gens regardaient en tremblant ces luttes enfantines et en tiraient un mauvais augure pour l’avenir.
Grand vent, grande guerre ! dit un proverbe lorrain ; et les anciens ajoutent :
« Quand les enfants jouent au soldat, l’ennemi n’est pas loin. »
En effet, on vit un beau jour, au commencement du mois d’août 1870, arriver devant la mairie un escadron de uhlans qui venaient prendre possession de la ville. Qui eût pu songer à résister ? Il ne restait plus à Sierck que les femmes, les enfants et les vieillards. Tous les jeunes gens et les hommes valides étaient partis pour Thionville ou pour Metz, afin d’offrir leurs services à la patrie en danger.
Pour moi, j’avais quitté Sierck dès les premiers bruits de guerre, quoique je fusse dispensé du service militaire comme fils aîné de veuve et parce que deux de mes frères servaient déjà dans l’armée.
Ma pauvre mère avait bien pleuré lorsqu’elle m’avait vu prêt à quitter notre petite maison si joyeuse jusque-là et où elle allait rester seule pendant que ses trois enfants seraient exposés à des périls continuels.
Mais notre mère aimait la France, et elle savait que pour la patrie on doit faire tous les sacrifices : aussi, elle m’avait dit en m’embrassant :  — Va, mon cher Christian, fais bravement ton devoir et n’oublie pas ta mère.
Je m’étais engagé à Metz dans un régiment d’infanterie, et j’avais mis tant d’ardeur à apprendre l’exercice que j’étais prêt, lorsque les armées allemandes arrivèrent devant la vieille citadelle, à suivre mes camarades sur le champ de bataille.
Ai-je besoin de vous raconter les combats gigantesques qui se livrèrent autour de Metz ? Tout le monde connaît les efforts héroïques tentés par l’armée française à Borny, à Gravelotte, à Rezonville, à Saint-Privat. Les Allemands peuvent revendiquer ces batailles comme autant de victoires : elles n’en resteront pas moins glorieuses pour les Français qui ont résisté un contre dix.
C’est à Saint-Privat-la-Montagne que je fus fait prisonnier. Nous avions déjà combattu les jours précédents et nous étions exténués de fatigue.
C’était au matin, le 17 août ; un soleil brillant éclairait joyeusement les fertiles campagnes qui entourent Saint-Privat ; les oiseaux chantaient gaiement dans les arbres des vergers ; la nature semblait en fête, tandis que se préparait une nouvelle journée de carnage. Notre régiment était placé sur la lisière d’un bois, au sommet d’un plateau couvert de prairies ; nous attendions le signal du combat.
Déjà les trompettes et les clairons se répondaient au loin ; le canon faisait de temps à autre entendre sa grosse voix et annonçait que les armées se mettaient en mouvement.
Notre colonel, à cheval sur le front du régiment, regardait au loin, impassible, immobile comme une statue de bronze ; les officiers, le sabre au poing, piquaient la terre avec impatience.
Nous autres, soldats, le sac au dos, nous reposions ou nous bavardions. Beaucoup s’étaient assis à terre et mangeaient du biscuit ou du pain de munition.
Le canon retentissait plus fréquemment : il semblait se rapprocher.
Une fusillade bien nourrie venait d’ailleurs d’éclater dans un ravin qui conduisait jusqu’au bois où nous nous trouvions.  — Il paraît que ça va chauffer, dit un vieux caporal, en ajustant son ceinturon.  — Tant mieux, dit un soldat : qu’on en finisse avec ces Tarteuffes... J’espère bien que nous dînerons aujourd’hui à Verdun.  — Cela nous remettra un peu du biscuit.  — A moins que nous ne dînions chez Pluton, dit un grand pâle, un savant engagé volontaire.  — Inconnu au régiment, ce Monsieur ! dit le caporal ; mais s’il paie à dîner, il sera bien vu.
Chacun se mit à rire.
En ce moment, un obus vint tomber à quelques pas de nous, brisa un arbre et fit voler sur nos têtes une grande quantité de branches et de terre. D’autres obus arrivèrent ensuite, plusieurs soldats furent blessés. On devint sérieux, les causeries cessèrent.
Bientôt la place ne fut plus tenable ; une artillerie habile faisait pleuvoir sur nous un nombre inquiétant de projectiles.
Cependant les hommes restaient fermes, aucun ne songeait à reculer, tous attendaient l’ordre de marcher en avant.
Un officier à cheval vint donner des ordres au colonel, qui se tourna vers nous en criant d’une voix formidable : En avant !
Ce fut un élan admirable : nous nous élançâmes vers le bas du plateau où apparaissaient des masses ennemies ; nous courions rapidement, tout en conservant un grand ordre. Je suivais les rangs, placé vers le centre du régiment, ne sachant ce qui allait arriver, pressentant une situation capitale, mais résolu à combattre de mon mieux.
Tout à coup un fracas terrible d’armes, de chevaux, de cris sauvages, retentit près de moi ; je me trouvais au milieu d’un ouragan de cuirassiers prussiens qui venaient de fondre sur mon bataillon. Je me défendais à droite, à gauche, repoussant les sabres avec ma baïonnette, cherchant à atteindre les hommes, lorsqu’un coup terrible me fut asséné sur la tête et je ne vis plus rien.
Quand je revins à moi, j’étais étendu sur un matelas, dans une vaste grange, où se trouvaient un grand nombre d’autres blessés ; des chirurgiens allemands allaient d’un homme à l’autre, donnant à chacun les soins que réclamait son état. J’avais la tête enveloppée d’un mouchoir de toile, et je sentais une douleur assez vive derrière l’oreille droite : c’est là que j’avais été frappé, comme je m’en rendis compte dès que je pus rassembler mes idées. J’étais assez faible à cause du sang que j’avais perdu ; cependant je ne me sentais pas trop malade, et mon plus grand chagrin fut de penser que j’étais entre les mains des Allemands.
Nous avions donc perdu la bataille ; du moins les Français avaient dû ou reculer ou marcher en avant, puisque le champ du combat était resté en la possession de l’ennemi.
Près de moi était un artilleur dont les deux bras étaient en écharpe ; il se tenait assis sur son lit, immobile, les yeux à demi fermés. Je lui demandai ce qui s’était passé depuis le matin. Il tressaillit comme réveillé en sursaut.  — Que veux-tu que je te raconte ! dit-il d’une voi

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