L Épopée de Thomas Hairaux - Tome 2
326 pages
Français

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L'Épopée de Thomas Hairaux - Tome 2 , livre ebook

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Description

La révolution enfin achevée, Thomas est monté sur le trône de l'Antarion, prêt à affronter ses responsabilités. Pourtant, les ombres qui planaient sur son passé et celui de sa famille ne tardent pas à resurgir, plus troublantes que jamais. Chassé du château, le jeune homme va devoir faire face à un culte obscur dans une lointaine forêt, aux fouets des esclavagistes, à une relique maudite et au soleil cuisant de l'Aurore... Mais que masquent ces dunes de sable ? Pourquoi attisent-elles tant d’intérêt ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414336074
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucas Plé
L’Épopée de
Tomas Hairaux

----------------------------INFORMATION---------------------------Couverture : Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages : 326 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 26

---------------------------------------------------------------------------L’Épopée de Tomas Hairaux - Tome 2
Le Voyage
Lucas Plé Tome 2
Le Voyage
26 964194
2
I
Hésitations
Il faisait nuit. Le silence régnait en maître sur toute la
région au point que les arbres n’osaient frémir dans le vent
muet. La lande était figée jusqu’à l’horizon, pétrifiée dans le
froid et la peur. Les oiseaux avaient disparu derrière l’épais
branchage avec les derniers rayons du jour. Aucune étoile
ne décorait les cieux dégagés où des nuages avaient siégé un
peu plus tôt, si bien que l’astre lunaire, qui se dressait,
solitaire, comme l’œil d’un cyclope, baignait la nuit dans un
halo bleuté apaisant. Une vieille montagne, plus ancienne
encore que les arbres qui l’entouraient, émergeait de cet
environnement plat avec la puissance que l’on doit aux
paysages millénaires. Un sentier arpentait ses flancs
tortueux, aussi dangereux qu’imprévisible. Des rocs en
jaillissaient par dizaines, des arbres desséchés s’y
accrochaient dans l’espoir de ne pas tomber, mais la vie y
était aussi absente qu’en plein désert. Même les insectes les
plus coriaces n’avaient pas le courage de longer ces blocs de
pierre froide ni de s’y tapir dans l’obscurité.
Or, en cet instant, quelqu’un s’avançait sur ce chemin-
3 même, bravant l’ombre et le péril, et sa cape laissait
entrevoir à chaque pas des bottes noires qui disparaissaient
entre les obstacles et les crevasses. Il libérait derrière lui des
nuages de poussière et des torrents de gravillons, que sa
pèlerine agitait lorsqu’elle claquait dans le vent. L’étroit
passage bifurqua soudainement vers la droite, et ce versant
exposé à la lune éclairait ses longs cheveux blonds. De ce
côté, les rocs paraissaient moins grands, sans doute parce
que leurs contours se dessinaient dans la lumière ; le
personnage put ainsi mieux distinguer sa route, qui se
renfonçait si bien dans la montagne qu’il y était abrité du
souffle glacial prodigué par la bise incessante. Ainsi, il
parvint plus vite au sommet de la montagne, toujours plus
haut. Celui-ci était formé d’un promontoire circulaire
naturel duquel on pouvait observer les horizons lointains, là
où le ciel lugubre venait épouser la cime des arbres. En son
centre, là où les pierres venaient se rejoindre pour former
une dalle ornée de motifs, un unique et frêle pommier se
dressait de guingois. La couleur rouge de ses fruits les
rendait attrayants, mais l’heure était loin d’être au plaisir. La
silhouette s’approcha du ravin prudemment. Des dizaines de
mètres en contrebas, un lac bleuté miroitait paisiblement. Il
se pencha vers l’avant, en équilibre précaire sur le plus haut
pic, les mains jointes en une prière muette. Dans chaque
scintillement que l’eau reflétait, il croyait y voir un fragment
de sa vie lumineuse, bien plus éblouissante dans la nuit.
Il s’apprêta à plonger. Ses mains tremblaient comme les
arbres qui recouvraient la lande autour de lui. L’heure
approchait. Mais à chaque fois qu’il se penchait un peu plus,
c’était pour reculer davantage. Il y renonça, et lorsque la lune
vint darder ses rayons sur le visage torturé de l’homme
hésitant, sa peau devint aussi pâle que l’astre lui-même. Ses
4 cheveux se graissèrent de mèche en mèche au point de virer
au noir aussi obscur que les sous-bois, ses pores transpirèrent
et se couvrirent de poisse, ses doigts se boursouflèrent et la
peau se rompit sous l’excédent de chair. Ses ongles éclatèrent,
ses os gémirent, et son menton gonfla horriblement.
Lustofase se redressa lentement, savourant encore une
fois la transformation qui le rendait libre, chaque soir une
fois minuit passé. Ses genoux étaient solides comme les
pierres qui l’encerclaient. Il s’approcha de l’abîme et scruta
le lac silencieux. Il ne put se retenir de rire en constatant que
Falestane avait, à nouveau, échoué à se sacrifier pour les
autres. L’homme dépassait aisément le maigre pommier qui
se tenait devant lui, chétif et seul. De ses doigts attaqués, il
effleura l’écorce, qui semblait se briser en mille copeaux
sous les phalanges ensanglantées qui laissaient une longue
traînée rouge comme les fruits. Alors, ils se mirent à tomber
l’un après l’autre dans un bruit sourd. Ils s’écorchaient sur
les rocs et s’ouvraient en deux pour laisser place aux
moisissures qui apparurent à vue d’œil avec des vers
répugnants, suçant la pourriture avec vigueur.

5
6
II
Une journée chargée
Thomas jaillit des larges portes en demi-lune qui
avaient été ouvertes avec force. Leur grincement était
semblable à la pire plainte qu’un animal agonisant puisse
produire, et elles vinrent buter les murs dans un claquement
sec et retentissant. Son pas était rapide, ses gestes nerveux et
son regard trahissait une grande agitation. A l’évidence,
toute cette colère ne résultait que d’un événement,
l’assassinat de son frère, ayant eu lieu quelques jours plus
tôt. Maintes personnes avaient été appréhendées, mais sans
succès. Du mystérieux individu, Thomas n’avait retenu
qu’un hideux sourire de satisfaction, ombragé par une
épaisse capuche grise, ainsi que l’arme qui avait ôté la vie,
une lame acérée, éclaboussée de sang. Il avait pu quitter la
salle du jugement avant même que quelqu’un ne puisse
réagir ; de plus, aucun garde n’avait déjà été réhabilité, donc
personne n’avait protégé les sorties du château. Ce qui
taraudait le plus Thomas, c’était sans doute qu’il y avait une
multitude de suspects, allant de la plus petite vermine
d’Essems jusqu’aux hauts aristocrates de la cour. Et après
7 quatre jours de cavale, l’héritier n’avait plus beaucoup
d’espoir. Une fois hors de l’enceinte, l’agresseur avait pu
monter dans une calèche qui l’attendait ou bien rejoindre
Essems à pied, pour ensuite prendre le bateau ou se tapir au
fond de la cave obscure d’une maison oubliée.
Dans le patio, une petite douzaine de nobles l’attendait,
tous vêtus de noir, et pour la plupart munis de parapluies
soigneusement brodés. Ils parlaient en silence par petits
groupes, abrités dans les encoignures des larges fenêtres de
la façade. Il reconnut en un instant Sire Camily Marlow, le
trésorier, qui n’avait pu se retenir d’arborer une couleur
extravagante, ici représentée par une plume violette ridicule
placée en travers de son chapeau. Ils le saluèrent gravement
en se tenant à distance, sa colère semblant toujours palpable.
Par une discrète porte renfoncée dans le mur de droite, deux
hommes émergèrent de l’ombre, portant une large boite
d’ébène. Une tête de tigre ornée d’ailes blanches marquait son
couvercle. L’un d’entre eux, avec sa barbe soigneusement
entretenue et ses cheveux gris, ne pouvait être qu’Hoswalde.
On aurait pu croire d’après son visage que ce qu’il soutenait
était bien plus lourd que le cercueil aux quatre poignées
d’argent. Les deux autres porteurs sortirent, et ils furent
bientôt une petite procession qui avançait dans l’intimité des
jardins royaux, entre les allées d’hortensias bleus et les haies
arrondies de cyclamens rose bonbon, qui se dressaient sous
un ciel uniformément gris et maussade. Ils parcoururent la
Balade des Égarés, qui serpentait entre les carrés d’herbe verte
et longeait le bord de mer. Celle-ci était d’un bleu éclatant par
tous les temps, et aujourd’hui encore, par-delà le long
gardecorps de pierre ocre, Thomas pouvait constater qu’elle ne
trahissait pas sa règle. Malheureusement, ils n’empruntèrent
pas le petit escalier qui descendait vers les eaux déchaînées
8 pour effectuer une excursion dans les vagues, ni même le
sentier qui conduisait à une merveilleuse placette ornée de
bancs accueillants et de fontaines clapotantes.
Au contraire, ils continuèrent leur chemin encore un
long moment, les porteurs de la bière en tête, suivi de près par
Thomas et les aristocrates, qui s’étaient tus. La pluie se mit à
tomber juste avant qu’ils ne pénètrent dans les bosquets. Les
branches des grands arbres noueux étaient si nombreuses
qu’elles formaient un plafond de verdure qui les protégea de
cette météo défavorable. Autour d’eux, les arbres étaient si
serrés qu’on ne pouvait voir que leurs troncs, vieux et
malades, parmi un enchevêtrement de mousse et de boue qui
avait été repoussé en tas humides le long du sentier. Un
oiseau piaillait, quelque part au-dessus d’eux, et un autre lui
répondait aussitôt. Tout était tranquille comme à son
habitude, dans cette forêt où le temps semblait s’arrêter.
Ils atteignirent bientôt une vaste clairière qui laissa
réapparaître le ciel et la pluie. En son centre, une promenade
de cinq rotondes en grès encadrait un très vieil édifice, au
toit dégradé par les intempéries et aux murs effrités. Les
vitres encrassées ne laissaient rien deviner de l’intérieur.
Thomas respira une grande goulée d’air humide avant de
s’élancer à la suite du cortège. Au bout de quelques pas sur
l’herbe mouillée, il se rendit compte que les nobles l’avaient
délaissé et s’abritaient à l’orée des hauts chênes. Il était seul.
On ouvrit les portes du caveau familial, qui grincèrent
horriblement dans la crypte vide. Une vague de souvenirs le
submergea lorsqu’il plongea une nouvelle fois dans cet
univers lugubre, qui l’avait tant terrorisé dix ans plus tôt. A
son grand désarroi, rien n’avait changé depuis ce maudit
jour où il avait perdu un proche ; il avait fait beau, comme
si le ciel s’était éperdument moqué de leur tristesse.
9 Trois dalles de marbre reposaient en arc-de-cercle
contre le mur du fond, et Thomas se sentit défaillir quand
il passa devant elles, l’une après l’autre. La première était
rouge, aux veines dorées, et avait pour épitaphe : « Emma
Hairaux » en lettres capitales. Sur la deuxième, le gris

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