La chanterelle
218 pages
Français

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La chanterelle , livre ebook

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Description

Dans les années trente, Sacha, jeune polonais de dix-sept ans, refuse l'avenir qui se présente à lui dans un pays où règne la misère, le chômage et le racisme. Prenant tous les risques, il décide de s'exiler en Allemagne. Mais avec la montée du nazisme, il doit très vite quitter Berlin, direction la Belgique. Sa famille réunie, il peut enfin être heureux.
Soudain la guerre éclate et c’est l'exode tragique ! En quarante-deux, il doit fuir à nouveau pour ne pas subir les persécutions hitlériennes. Il prend la responsabilité d'emmener à travers la France, un groupe de juifs avec l'espoir d'atteindre la Suisse.
Une lutte interminable pour sortir des griffes de la Gestapo.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 septembre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332609021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-60900-7

© Edilivre, 2014
Dédicace


À mes chers parents.
La chanterelle
 
 
– Léa, veux-tu rentrer il va bientôt faire nuit.
– J’attends Sacha, il ne va pas tarder.
– Tu sais qu’il travaille on ne peut pas prévoir exactement l’heure de son retour.
Léa, penaude, traînant les pieds, obéit instantanément à sa mère et regagna la maison.
De petite taille, toute menue, de longs cheveux châtains clairs torsadés en deux grosses nattes, encadraient un visage enfantin, éclairé de grands yeux bleus, où se reflétait une infinie sensibilité.
Elle venait d’avoir quatorze ans.
En l’apercevant, un sourire naquit sur les lèvres de sa mère :
– Ma pauvre chérie, tu vas prendre froid ainsi vêtue, l’automne est proche et les fins de journées déjà bien fraîches. Veux-tu un verre de thé ?
– Avec plaisir Mamouchka.
Dégustant à petites gorgées la boisson chaude et sucrée, entourant délicatement de ses mains le récipient, elle se réchauffait doucement.
– Franchement tu n’es pas sérieuse, chaque soir c’est la même histoire, tu dois comprendre que Sacha doit gagner sa vie et qu’il n’a pas assez de temps pour s’occuper uniquement de toi.
– Je sais, mais j’ai tellement besoin de sa présence !
– Pourtant avec tes frères et ta sœur aînée, tu ne devrais pas être en manque d’affection, étant la dernière née, tu es également la plus gâtée.
– Ce n’est pas pareil, tu ne peux pas comprendre.
Mamouchka, naturellement, comprenait aisément ses sentiments, car dès sa plus tendre enfance elle avait grandi auprès de Sacha.
Celui-ci représentait davantage qu’un grand frère, elle avait tant d’admiration pour lui, il existait entre eux une réelle connivence, c’était son confident et son complice, il avait juste trois ans de plus.
Sacha appartenait pour ainsi dire à la famille, Mamouchka l’avait presque adopté quand à l’âge de huit ans il s’était retrouvé à demi orphelin, sa pauvre maman, morte en accouchant de jumelles. Les bébés avaient survécu au drame et aussitôt emmenés par une sœur de sa mère en Amérique. Depuis, il était sans nouvelle des petites.
Son père pourtant affectueux, n’éprouvait nullement le besoin de le ménager. Bel homme, il avait tendance à tomber trop souvent amoureux de différentes femmes à la fois. Réciproquement elles ne restaient pas insensibles à son charme, sa vie n’était faite que de liaisons brèves et passagères, ce qui déprimait complètement Sacha. Ce climat incertain l’empêchait de surmonter difficilement son chagrin.
C’est alors que dans ses moments de solitude, il prit l’habitude de se rendre à l’épicerie minuscule que tenait Mamouchka. Devant la détresse du petit garçon, elle fit le maximum pour le consoler, l’entourant de tendresse, sentiment dont il manquait affreusement.
Surmontant personnellement des difficultés financières importantes, elle s’efforçait malgré tout, de partager les quelques douceurs qu’elle gardait précieusement pour ses propres enfants.
Touché par tant de gentillesses, Sacha n’eut plus qu’un seul désir ; l’aider à son tour en se débrouillant pour dénicher de petits boulots et gagner ainsi quelques « zlotys ».
Fier de ses gains et heureux de les offrir ensuite à Mamouchka, qui automatiquement refusait cet argent, mais devant son insistance et son entêtement, par peur de le vexer, elle finissait par accepter la petite somme. C’était sa manière à lui de montrer sa gratitude.
Elle l’appréciait énormément, un gamin attachant, aimable et sérieux, toute la famille l’aimait.
En mille neuf cent trente la Pologne vivait une crise épouvantable, à Varsovie, la plupart des gens se retrouvaient sans travail. Les premiers à en pâtir furent les juifs, traditionnellement condamnés au petit commerce. La misère et la précarité matérielle devinrent pour eux incommensurables. Un homme sur dix était chômeur ou sans métier précis.
Ambiance aussi délicate pour les enfants, devant une telle crise, très peu eurent la possibilité de poursuivre des études, ils durent très vite abandonner l’école et aider leurs parents à faire face à la réalité de la vie et à l’apprentissage de petits travaux manuels.
Mamouchka, veuve depuis de nombreuses années, grâce à sa boutique située dans la rue Nalewki, non loin du centre ville et à son immense ingéniosité, parvenait à subvenir aux besoins de chacun et à nourrir sa nombreuse famille. Sacha fut donc accueilli chaleureusement comme l’un des leurs.
Cette preuve d’amour était vitale pour lui, privé de la chaleur maternelle, perte irrémédiable ce manque total d’affection. De ce fait, il reporta tous ses sentiments sur Mamouchka qu’il adorait, elle compensait tellement par sa présence, l’absence de cette maman partie trop tôt.
Une immense complicité s’était aussitôt nouée entre la petite Léa et Sacha, devenu indispensable à son existence.
La nuit était maintenant entièrement tombée, seules les bûches dans la cheminée illuminaient la pièce.
Léa sirotait tranquillement son verre de thé, le regard rivé sur la porte, quand celle-ci s’ouvrit brusquement livrant passage à un grand gaillard, le sourire aux lèvres.
A sa vue, d’un bond elle se jeta dans ses bras, il eut juste le temps de la prendre par la taille, de la soulever tout en la faisant tournoyer follement.
Radieuse, riant à gorge déployée, ce fut sa mère, faisant mine de se fâcher, qui fit cesser le jeu :
– Arrête Sacha, elle va avoir mal au cœur.
Délicatement il la déposa sur le sol et dans un grand mouvement enlaça à son tour Mamouchka et lui plaqua deux gros baisers sur chaque joue :
– Ce que je peux vous aimer toutes les deux ! Vous représentez ce que j’ai de plus cher.
Mamouchka, le regard admiratif, dut admettre qu’il avait bien grandi ces derniers temps, presque un homme ! Il est vrai qu’il venait d’avoir dix sept ans !
De belle taille, la silhouette mince, des cheveux bruns légèrement ondulés, des yeux gris verts d’une grande douceur, d’où émanait une extrême intelligence.
Elle était fière de lui et le considérait de plus en plus comme son propre fils.
Revenant subitement à la réalité :
– Tu dois avoir faim ? Nous allions justement nous mettre à table, j’ai fait du bortsch ce matin, je sais que tu adores ce plat.
– Mon potage préféré ! Je vais même avoir droit à une double ration, car aujourd’hui j’ai gagné beaucoup de « zlotys », je vais donc pouvoir vous gâter !
La personne qui m’a fait venir cet après-midi pour vérifier son compteur électrique, a été si satisfait de mon travail, qu’il m’a payé plus que prévu.
D’un geste il retira de sa poche une petite liasse de billets qu’il jeta sur la table.
– Combien de fois, devrais-je te dire que je n’en veux pas ! tu dois garder précieusement ce petit pécule, tu en auras certainement l’utilité bientôt.
Puis s’adressant à sa fille :
– Léa, finis ta soupe, je crois qu’il serait temps d’aller te coucher puisque te voilà rassurée sur la présence de Sacha, demain tu dois te lever tôt pour aller à l’école.
La jeune fille était légèrement contrariée mais pour ne pas irriter sa mère, préféra obéir. Se levant de table, subrepticement elle alla déposer un baiser sur son front, puis se retournant vivement vers Sacha, l’entourant de ses bras, elle murmura :
– Bonne nuit, j’espère que demain tu ne rentreras pas trop tard…
D’un pas léger elle quitta la pièce.
Mamouchka observait le jeune homme, il paraissait soucieux, comportement assez inhabituel chez lui. Au bout d’un moment elle ne put s’empêcher de lui demander :
– Tu as l’air d’avoir des ennuis ? Que se passe-t-il ?
Jusqu’ici, il n’avait pas voulu l’inquiéter, elle était si précieuse à ses yeux, depuis son enfance il l’avait surnommée sa Bouba, n’osant pas l’appeler Mamouchka, comme le faisait ses enfants, jugeant préférable de marquer cette petite différence avec les autres membres de la famille.
– Non Bouba, tout va bien, je me fais simplement du souci car j’ai entendu dire que l’armée Russe engageait de force de jeunes Polonais, sous prétexte du service militaire obligatoire, service comme tu le sais qui peut durer de nombreuses années. Je ne me fais aucune illusion, ils n’ont qu’une seule idée, nous envoyer sur différents fronts.
C’est cela qui me préoccupe, car j’ai exactement l’âge d’être intégré et pour rien au monde je ne voudrais appartenir à l’armée Russe, moi je suis Polonais !
– Comment pourrais-tu échapper à cet appel ? Si tu refuses d’y aller, ils vont t’arrêter comme déserteur et ce sera la prison où d’autres sévices bien plus graves.
– Je sais, c’est pourquoi je désire quitter Varsovie rapidement, je ne supporte plus l’antisémitisme qui se propage partout. Pour l’instant nous avons la chance d’avoir le Maréchal Joseph Pilsudski, qui nous protège un peu. Il faut admettre que nous n’avons plus aucun avenir dans ce pays, avec un tel chômage, il sera impossible de trouver le moindre travail, je suis jeune, je rêve d’une autre vie mais loin d’ici !
– C’est invraisemblable, où pourrais-tu aller ? Tu n’as pas de relation, ni d’argent. Et si en cas de malheur tu te faisais prendre, je n’ose même pas imaginer à quoi tu t’exposerais.
– Je réalise que ce projet est dangereux, pourtant je dois l’entreprendre avant qu’il ne soit trop tard. Une fois engagé dans l’armée je ne pourrai plus faire marche arrière. Crois-moi, je n’agis jamais à la légère, je vais y réfléchir longuement et je finirai bien par trouver une solution. Même enfant, je me suis toujours débrouillé, cette fois le risque est trop réel, je ne puis accepter de me soumettre et de m’abaisser devant les Russes, mais je tiens à te rassurer, je ne ferai pas de bêtises.
– Ton père est-il au courant de tes intentions ?
– Oh ! Tu sais, il ne s’est jamais réel

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