La Défense nationale en 1792
69 pages
Français

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La Défense nationale en 1792 , livre ebook

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Description

Au 1er janvier 1792, la France et l’Europe étaient à la veille d’une guerre générale. En France, depuis dix-huit ans régnait Louis XVI, prince animé d’intentions excellentes, mais trop au-dessous des circonstances. Mal entouré, mal conseillé, il était alors en lutte secrète avec l’Assemblée législative, qui partageait avec lui le pouvoir. Trois partis divisaient l’Assemblée : Le premier, la Droite, composé non plus de royalistes, mais de constitutionnels, les Feuillants, comme on les nommait, était sincèrement dévoué à la Constitution élaborée et votée par l’Assemblée Constituante ; mais la cour ne le soutenait pas, et il était en minorité.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782346125159
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Paul Gaffarel
La Défense nationale en 1792
PREFACE
On affectait, il y a quelques années encore, de tourner en ridicule ce qu’on nommait l’ histoire-bataille. On accablait de plaisanteries plus ou moins spirituelles, soit au théâtre, soit dans les salons, soit même dans les journaux et les livres, les instincts belliqueux et l’amour des choses militaires, qui étaient comme le trait dominant du caractère français. Quelle fut la conséquence de ces dénigrements intempestifs et de ces railleries malsaines, nous ne la connaissons que trop, et nous ne voulons pas raviver des plaies qui saignent encore ; mais nous croyons sincèrement remplir un devoir patriotique en appelant de nouveau l’attention sur cette histoire trop systématiquement délaissée.
De toutes les guerres que nous avons soutenues contre les divers Etats européens, il en est peu d’aussi mal connues que les guerres de la première République. Les historiens de la Révolution en effet ont raconté de préférence les évènements qui se déroulaient à Paris ou en France : ils ont négligé ceux dont la frontière était le théâtre. Sans doute les grands noms et les principaux épisodes sont restés dans la mémoire de tous, mais l’ensemble des opérations et la succession des faits militaires sont à peine indiqués, même dans les ouvrages les plus autorisés. Nous n’avons certes pas eu la prétention de faire mieux que tant d’autres ; nous avons simplement cherché à présenter un tableau de ces campagnes fameuses, et nous avons commencé par là première en date, celle que l’on pourrait intituler la campagne de la défense nationale en 1 792.
CHAPITRE PREMIER
LA DÉCLARATION DE GUERRE
Au 1 er janvier 1792, la France et l’Europe étaient à la veille d’une guerre générale. En France, depuis dix-huit ans régnait Louis XVI, prince animé d’intentions excellentes, mais trop au-dessous des circonstances. Mal entouré, mal conseillé, il était alors en lutte secrète avec l’Assemblée législative, qui partageait avec lui le pouvoir. Trois partis divisaient l’Assemblée : Le premier, la Droite, composé non plus de royalistes, mais de constitutionnels, les Feuillants, comme on les nommait, était sincèrement dévoué à la Constitution élaborée et votée par l’Assemblée Constituante ; mais la cour ne le soutenait pas, et il était en minorité. Le second parti, la Plaine ou le Centre, était formé par des hommes modérés, mais, entraîné par le courant de l’opinion, il votait presque toujours avec le troisième parti, la Gauche. A la Gauche appartenaient des députés jeunes pour la plupart, ardents, enthousiastes, et qui penchaient résolument vers les idées nouvelles. Les uns, les Girondins, consentaient à conserver la royauté, mais à condition que le roi se résignât sans arrière-pensée à ses récentes attributions ; les autres, les Montagnards, demandaient ouvertement la République. Ainsi la royauté, méconnaissant ses véritables amis, ceux de la Droite, se défiant du Centre, était attaquée par la Gauche, indirectement par les Girondins, directement par les Montagnards. Le roi, menacé dans ses prérogatives, froissé dans ses préjugés, attaqué dans sa famille, blessé dans ses convictions religieuses, se considérait comme la victime de la situation et n’attendait plus qu’une occasion favorable pour rompre ses engagements et revenir à l’ancien régime. Il avait même le tort d’entretenir à l’étranger des agents secrets, tels que le baron de Breteuil ou Mallet-Dupan, qui avaient reçu pour mission de prier les souverains européens de ne pas mal interpréter sa conduite officielle, car son secret désir était d’anéantir ou tout au moins de retarder la Révolution. Aussi bien on se défiait en France de ces projets réactionnaires ; on s’en défiait d’autant plus que d’imprudents amis se faisaient l’écho des plaintes royales, et qu’au dehors des Français égarés, coupables, les émigrés, se rassemblaient en armes sur les bords du Rhin ou sur les Alpes, et cherchaient à travers l’Europe des ennemis à la France nouvelle. La situation était donc très tendue : à l’intérieur, guerre civile imminente ; à l’extérieur, menaces à la frontière et tentatives de coalition contre la France.
Tous les souverains en effet se sentaient menacés dans la personne de Louis XVI. Ils comprenaient très bien que, s’ils toléraient en France l’expansion des idées révolutionnaires, leurs trônes seraient ébranlés par la chute de la dynastie des Bourbons. Aussi étaient-ils intéressés au maintien de Louis XVI et presque tous disposés à le soutenir par les armes. Sans parler du roi d’Espagne, du roi de Naples et du duc de Parme, tous Bourbons et que des liens de famille rattachaient directement à la cause de Louis XVI, et qui prendraient les armes pour le salut du chef de leur maison, l’idée d’une guerre avec la France ne répugnait pas aux autres souverains, surtout à l’empereur d’Allemagne, Léopold II, archiduc d’Autriche et roi de Hongrie, qui s’était ouvertement posé comme le champion de l’ancien régime. Il avait déjà durement comprimé les récentes velléités d’insurrection de quelques-unes des provinces qui composent la vaste monarchie autrichienne. Il venait d’enlever à la Hongrie ses dernières libertés, et le maréchal Bender foulait sous le talon de sa botte — l’expression est du temps — la Belgique vaincue. L’empereur Léopold II soutenait donc résolument son beau-frère Louis XVI, et il encourageait sa sœur, Marie-Antoinette, à le fortifier dans sa résistance à ce qu’il appelait les empiétements de l’Assemblée. Déjà même il cherchait des prétextes contre la France. Il avait autorisé, contre le droit des gens, les électeurs de Trèves et de Mayence à donner asile dans leurs Etats aux émigrés français, et il ne se cachait pas pour prodiguer à ces derniers des armes et de l’argent. Enfin il soutenait les réclamations de certains princes allemands, privés par la Constituante de leurs droits féodaux en Alsace, mais à qui pourtant on avait promis des indemnités pécuniaires.
Quelques explications sont ici nécessaires : Le traité de Westphalie, qui donna l’Alsace à la France, en 1648, avait formellement cédé au roi de France la pleine et entière souveraineté ; mais il avait en même temps réservé les droits des villes impériales ou des princes allemands qui possédaient des domaines dans la province : c’étaient les électeurs de Mayence et de Cologne, les évêques de Strasbourg, Spire, Bâle, le duc de Wurtemberg, les princes de Nassau, Hesse-Darmstadt, Linange, etc. Afin de faire cesser cette apparente contradiction, Louis XIV et son successeur avaient cherché, par une suite de traités et de négociations très explicites, à faire prédominer leur autorité, à l’exclusion de toute autre. Ils y avaient réussi en partie ; néanmoins, quand éclata la Révolution française et que furent appliquées ses réformes ; quand furent supprimés les droits féodaux, les corvées, les douanes intérieures, les péages, les monopoles, le servage, les droits de chasse, de garenne, de justice ; quand furent ouvertes les portes des couvents et remaniées les circonscriptions épiscopales ; quand en un mot les Alsaciens furent déclarés égaux et libres, comme l’étaient les autres Français, il y eut comme une explosion de fureur parmi tous ces tyranneaux allemands, atteints dans leurs prérogatives et menacés dans leurs privilèges. Ils se plaignirent bruyamment et saisirent de leurs griefs la diète impériale. Quelques-uns d’entre eux se montrèrent même très violents. L’archevêque de Mayence ne

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