La Grande Saga des Tavernois-Jackson - 2ème époque
270 pages
Français

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La Grande Saga des Tavernois-Jackson - 2ème époque , livre ebook

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Description

Paris, 1848. Alors que les émeutes sourdent dans la capitale, Eugène Tavernois n’a d’autre choix que d’accepter l’offre du redoutable usurier Bourguoin qui l’enjoint de partir aux Amériques afin de mettre à profit sa fameuse invention dotée d’un système « d’amalgation ». Là-bas, en Californie, l’or se ramasse à la pelle – paraît-il – et son procédé hydraulique pourrait faire merveille dans les concessions achetées par Bourguoin. S’embarquent également à bord du Guillaume Tell le vicomte Georges Henri de Mallarmé dont la Révolution a eu raison de sa lignée et de sa fortune, ainsi que les deux amies Lorette – plus connue sous le nom de « La Roussette » dans certains milieux − et Julie qui fait le voyage avec sa troupe de théâtre. Mais la famille Tavernois n’en est pas à ses premières armes avec ce Nouveau Monde si riche et si plein de promesses, car en effet Marc et Philippe, les cousins d’Eugène, installées depuis de nombreuses années en Louisiane, n’ont pas tardé à prospérer dans le commerce du coton. Pour tous ces hommes et ces femmes, l’avenir reste à écrire, sur fond d’abolition de l’esclavage et de familles qui s’agrandissent, de plus en plus métissées ; en somme les aïeux des Américains d’aujourd’hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414267606
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-26761-3

© Edilivre, 2018
Chapitre I Paris, février 1848 La ruée vers l’or
E ugène, surpris par le froid sec du petit matin, releva machinalement le col de sa veste, élimée et trouée par endroits.
Les mains dans les poches, les épaules rentrées, le jeune homme rejoignait ses camarades de lutte, d’un pas vif et empressé.
La veille, rassemblés place du Panthéon, les insurgés, bravant toutes les interdictions de la Garde nationale, avaient rejoint une centaine d’ouvriers, artisans, femmes et même enfants, tous prêts à en découdre avec le gouvernement et son monarque à l’appétit financier « gargantuesque ».
Tous les journaux de la capitale, effarés par l’avarice du Roi Louis-Philippe concernant le peuple, le caricaturaient avec une grosse bedaine, le visage remplacé par une poire, affublé de ridicules rouflaquettes.
Paris gronde, s’enflamme, essoré et désespéré par tant de misère.
C’était décidé, une fois de plus les pavés de la ville se soulèveraient avec violence, scandant un air de révolte. Qui sait, peut-être même celui d’une autre « Révolution ».
En quelques heures, la capitale s’était transformée en un immense champ de bataille.
Sans grande résistance, les uns après les autres, la plupart des quartiers tombaient aux mains des Parisiens.
Rochechouart, Belleville, même les faubourgs répondaient maintenant à l’appel du peuple.
Il avait suffi de quelques heures pour que, du Canal Saint-Martin au faubourg Poissonnière, s’élèvent des centaines de barricades de fortune.
Pavés, poutrelles, charrettes, meubles, tout était bon, pourvu que cela fasse barrage aux gardes nationaux payés pour en découdre et « casser » de l’insurgé.
Même des gamins, quelquefois pas plus hauts que trois pommes, Gavroches perchés en haut de ces monceaux d’infortune, barricades improvisées, encouragés par des mères inconscientes, bravant la poudre, singeant la mort, chantaient, hurlaient au nom de tous les souvenirs républicains si souvent contés par leurs grands-parents : « A mort le Roi », « Vive la réforme ».
Eugène Tavernois avait quitté, depuis cinq longues années déjà, le giron familial nantais, pour monter à Paris, étudier les sciences mécaniques.
Cadet d’une fratrie de cinq enfants, le jeune homme avait très vite renoncé aux avantages tout tracés de l’entreprise familiale, pour s’adonner à ses passions : la géométrie, l’algèbre, la science des mécaniques et les systèmes hydrauliques.
Très jeune, Eugène montra des prédispositions toutes particulières pour les mathématiques, faisant la fierté de son directeur de collège, qui avait alors très fortement encouragé ses parents à inscrire le jeune prodige à la prestigieuse École Royale des Ponts-et-Chaussées, à Paris.
Eugène ne serait donc pas tonnelier, mais « ingénieur ».
Après tout, cela n’était pas si mal. Un fils ingénieur, cela sonnait bien dans les conversations du « Petit soldat », l’auberge où les Tavernois avaient leurs habitudes.
Si bien que ses parents, et plus particulièrement son père, avaient fini par céder à cette passion dévorante de leur fils cadet pour les mécaniques.
Ainsi, avec pour tout bagage une lettre de solides recommandations en poche, Eugène, élève méthodique et appliqué, avait, au fil de cinq années d’apprentissage rigoureux, de visites de chantiers, acquis, haut la main, son diplôme d’ingénieur du génie civil.
Mais pour l’heure, l’avenir du pays dépendait du sacrifice de chacun, par conséquent du sien.
Très engagé, Eugène avait depuis longtemps succombé aux chants des sirènes « Romantiques, Socialistes et Patriotiques ».
Interdites par le roi Louis-Philippe, les réunions politiques, auxquelles Eugène avait pris pour habitude d’assister, prenaient alors des allures de banquets festifs, quoique clandestins, où l’on débattait « énergiquement » jusqu’à des heures tardives, sur les conséquences dramatiques de l’effet monarchique, et de son florilège d’attaques contre les idéaux républicains. Eugène avait même eu le rare privilège d’écouter Lamartine défendre ses belles thèses romantiques, s’écharpant alors violemment avec Louis Blanc, trop progressiste et contestataire à son goût.
Après tout, le peuple français n’avait-il pas lutté, cinquante ans auparavant, pour sa liberté ?
Mais aujourd’hui, qu’en restait-il ?
Des milliers de têtes « d’aristos » n’avaient-elles pas roulé sur la paille ?
N’avait-on pas brûlé, dans les campagnes, dans les villes, des centaines de châteaux, au nom de la liberté, de l’égalité pour tous les Français ?
Quant à la fraternité, les dirigeants l’avaient perdue en route.
Aujourd’hui les monarques avaient repris le pouvoir.
De nouveau, les droits les plus élémentaires des Français étaient bafoués.
Et surtout cette misère, poisseuse, collante et meurtrière, enflait dans les ruelles étroites et sombres des villes.
Les campagnes ne nourrissaient plus, le blé manquait, les prix s’envolaient.
Rien, ou trop peu de choses avaient changé.
De nouveau, il fallait réagir, au nom du peuple français, de sa liberté et de son avenir.
Eugène y croyait, il se sentait prêt à mourir pour ses convictions, du moins, c’est ce qu’il pensait.
* * *
À dix-sept ans à peine, Lorette, dit la Roussette était d’un caractère « gouailleur ».
Belle-de-nuit des faubourgs parisiens, tous les soirs, à sept heures, descendant vers la Seine jusqu’aux jardins du Palais Royal, Lorette s’offrait alors sans retenue, moyennant quelques écus, aux bourgeois provinciaux venus s’encanailler à la capitale, le temps de conclure une affaire, ou bien encore déniaisait de jeunes nobliaux juste avant leurs noces.
La Roussette n’avait jamais connu ses parents. Très tôt échappée d’un orphelinat crasseux du quartier Picpus, tenue par des religieuses vicieuses et méchantes, la belle n’avait eu, comme unique issue, que la rue et son cortège de misères.
Lorette était plutôt jolie, et avait, par conséquent très vite tiré partie de sa fringante frimousse.
Ses formes rondes et généreuses lui valaient toujours de finir la nuit bien au chaud dans quelques élégants hôtels particuliers, où s’organisaient de torrides parties fines avec des habitués, de plus en plus nombreux et sensibles aux charmes de la catin.
Sa crinière d’un roux flamboyant descendait en cascade jusqu’au creux de ses reins, dessinant de belles boucles rebelles d’une incroyable épaisseur.
Lorette avait une grande amie, de ces amitiés que ni les années ni l’éloignement ne flétrissent.
Les deux gamines avaient grandi toutes les deux dans cet orphelinat maudit de la rue Picpus, dirigé par les sœurs de la Sainte-Fraternité.
Ensemble, les quinze premières années de leur triste vie, les mômes avaient dû affronter le sadisme des religieuses, aigries par leur condition bien trop souvent imposée, loin de tout idéal religieux.
Les bonnes sœurs se prétendaient petites fiancées du Christ, en se gardant bien d’en appliquer les saints principes, même les plus élémentaires.
Derrière les hauts murs de cet orphelinat, point d’amour, de gentillesse ou de compassion.
Bien au contraire, haine, méchanceté et sadisme étaient l’ordinaire de ces petites orphelines, exposées à la jalousie quotidienne de ces femmes oubliées, en mal d’extase physique, statut imposé par la solitude de leurs corps en manque d’homme, désespérément délaissés, devenus trop vite flasques et informes.
Bref, Lorette et Julie avaient grandi là, se protégeant comme elles pouvaient des brimades, quelquefois même des coups, et du venin quotidiennement distillé par ces femmes de religion aigries par le temps.
Face à tant de haine, et pour se donner du courage, Lorette et Julie s’étaient juré fidélité, se déclarant sœurs d’infortune pour la vie.
Leurs destins seraient éternellement liés.
Julie, ni laide, ni belle, avait développé, dès son enfance, une véritable passion pour la danse.
Là où Lorette, par facilité, usait le pavé des trottoirs de la capitale, Julie préférait les planches des théâtres obscurs ainsi que les salles enfumées des cafés parisiens.
Seize ans à peine, et notre danseuse en herbe avait déjà rejoint une petite troupe sans grand talent, mais dont le meneur, imprésario dans l’âme, avait un don tout particulier pour trouver des salles où la compagnie pouvait se produire.
Opérettes de quatre sous, pantomimes, Julie, en artiste complète, savait chanter, danser et ne rêvait que d’enflammer les scènes des théâtres mondains des grands boulevards.
La gamine savait parfaitement lire et écrire, ce qui lui apportait un certain avantage sur sa sœur de misère. Lorette, écorchée vive, en réponse à la haine des religieuses, s’était fermée effrontément à l’enseignement de ses geôlières en collerettes blanches.
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque les deux jeunes femmes, joyeuses et insouciantes, se dirigeaient d’un pas franc et léger vers le café, où la joyeuse petite troupe théâtrale les attendait pour un déjeuner dominical.
Le calme semblait être revenu dans la capitale.
Çà et là, il restait bien quelques monceaux épars de débris, vestiges d’une défunte barricade mais, comme toujours, la force militaire et la police secrète avaient eu raison des plus coriaces.
Peu à peu, les rêves de véritables changements révolutionnaires s’étaient envolés, faisant place à l’inévitable quotidien.
Curieusement, ce midi-là, l’ambiance de la petite salle à l’étage était électrique.
Une agitation fébrile régnait parmi les convives.
Gustave Minet, l’imprésario, brandissait au-dessus de sa tête une curieuse affichette décollée d’un mur à trois rues de là.
Cette affichette annonçait, à grand renfort d’effets publicitaires, l’organisation d’un prochain tirage au sort populair

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