La peste à Madagascar. 1898-1931
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Description

« Rien de plus désolant que l’histoire de la peste à Madagascar ! » L’expression ouvre un article de L’Aurore malgache en... 1931. Son auteur néglige pourtant de faire remonter la présence de la maladie à ses débuts, en 1898, et se limite à commenter dix années pendant lesquelles l’administration coloniale n’a pas réussi à éradiquer le mal.


On lit ce dossier en 2017 ou en 2018, à un moment où la peste frappe une nouvelle fois Madagascar et où des communiqués quotidiens font le compte des décès, des cas avérés ou douteux, des guérisons. Venue du fond des temps (une manière bien peu scientifique de s’exprimer, certes), la peste est aujourd’hui encore une grande peur de l’humanité. Alexandre Yersin avait isolé le bacille de la peste en 1894, prolongeant immédiatement ses recherches par la mise au point d’un vaccin et d’un sérum. L’année suivante, il est envoyé à Madagascar pour y étudier des cas de fièvre bilieuse. Il ne croisera pas la peste sur la Grande Île, le bacille qui portera son nom attend qu’il n’y soit plus pour débarquer...


La chronologie est implacable.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782373630671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La peste à Madagascar
1898-1931
Bibliothèque malgache
Présentation
Sa mission à Madagascar est davantage politique que scientifique et Yersin n’est pas dupe. C’est la gra nde histoire de la colonisation. C’est l’image de la France qu’on l ’envoie répandre, comme on enverra Lyautey la répandre au M aroc. Dans les gardes à vue au commissariat, se succèdent le dur et le gentil. Si la présence de Yersin ne suffit pas à convaincre les Malgaches on enverra Gallieni. Et comme le Malgache fait sa mauvaise tête on envoi e Gallieni. Patrick Deville,Peste & choléra.
« Rien de plus désolant que l’histoire de la peste à Madagascar ! » L’expression ouvre un article deL’Aurore malgacheen… 1931. Son auteur néglige pourtant de faire remonter la présence de la maladie à ses débuts, en 1898, et se limite à commenter dix années pendant lesquelles l’administration colo niale n’a pas réussi à éradiquer le mal. On lit ce dossier en 2017, à un moment où la peste frappe une nouvelle fois Madagascar et où des communiqués quotidiens font le compte des décès, des cas avérés ou douteux, des guérisons. Venue du fond des temps (une manière bien peu scientifique de s’exprimer, certes), la peste est a ujourd’hui encore une grande peur de l’humanité. Alexandre Yersin avait isolé le bacille de la peste en 1894, prolongeant immédiatement ses recherches par la mise au point d ’un vaccin et d’un sérum. L’année suivante, il est envoyé à Madagascar pour y étudier des cas de fièvre bilieuse. Il ne croisera pas la peste sur la Grande Île, le bacille qui portera son nom attend qu’il n’y soit plus pour débarquer… La chronologie est implacable. Pendant trois années consécutives, la peste s’insta lle à Toamasina, ou Tamatave comme se nommait la ville côtière et portuaire pend ant la colonisation : 206 décès en 1898, une quarantaine l’année suivante, huit seulem ent en 1900. La ville s’assainit, on brûle les maisons contaminées, il est possible d’es pérer la fin de l’épidémie. Mais, surveillée à l’est, elle surgit à l’ouest en 1902 : 141 morts à Mahajanga (Majunga). Le Supplément commercial (Tamatave et Côte Est) duJournal officiel de Madagascar et dépendances etLa Revue de Madagascar nous racontent les premiers épisodes, le Docteur Fontoynont, qui avait lui-même séjourné au lazaret d’Ivondro en 1899, donne un aperçu général des quatre contaminations presque consécutives. En 1907, un hebdomadaire de Mahajanga,L’Action à Madagascar, est en première ligne pour décrire la nouvelle épidémie qui frappe la ville. Ses lecteurs ne doivent d’abord pas s’inquiéter outre mesure :« La population européenne et bourbonnaise n’a pas été atteinte jusqu’à ce jour : le fléau choisit ses victimes dans les quartiers où la malpropreté règne en souveraine maîtresse. »Mais les répits sont brefs et les craintes seront longues. La prudence s’installe ensuite, la présence de la p este à Maurice crée une proximité désagréable qui annonce peut-être le pire. Mais, bo n, le pire viendra de la grippe espagnole en 1919, c’est une tout autre histoire. L’histoire de la peste recommence à Toamasina en 19 21. L’épidémie est bubonique. Quand elle atteindra Antananarivo (Tananarive), ell e se transformera en peste
pulmonaire. Le journalLe Tamataveles événements, les Docteurs Goyon et relate Gouzien les analyseront avec le recul scientifique dans leBulletin de la Société de Pathologie exotique. En 1930, lors d’une nouvelle poussée de la maladie, un nouveau titre de presse est né, d’où venait la première phrase de cette présent ation. Il s’appelle doncL’Aurore malgache, il est farouchement anticolonialiste et met en év idence les différences de traitement subies par les Malgaches non naturalisés français : elles s’apparentent à des brimades, les exemples abondent. Ce dossier, qu’il fallait bien clore, ne nous condu ira pas au-delà de 1931 avec, en guise de conclusion, des communications faites à la deuxième Conférence internationale et congrès colonial du rat et de la peste. L’histoire ne s’arrête pas pour autant, on le sait. L’affaire est sérieuse, toutes les sources l’attest ent. Le passé fournit-il des leçons pour notre temps ? Ce n’est pas certain : la scienc e a évolué, heureusement. Mais la mémoire de la peste est inscrite aussi profondément dans les esprits que le « fléau » lui-même dans les organismes. En voici quelques tém oignages.
1898-1902, Tamatave et Majunga
Samedi 3 décembre 1898
La peste bubonique à Tamatave
Les renseignements fournis par le service médical d e Tamatave paraissent établir que les décès survenus dans la population indigène de Tamatave depuis plusieurs jours sont dus à la peste bubonique qui règne sous la forme endémique dans l’Inde. Voici en effet le texte du télégramme adressé à M. le directeur du service de santé par le médecin chargé du service sanitaire à Tamatave : « ai été avisé hier soir par administrateur que médecin civil avait constaté plu sieurs décès indigènes et soignant quelques malades atteints de fièvre infectieuse à f orme suspecte, avons constaté ce matin plusieurs cas présentant des symptômes non do uteux de fièvre à bubons, recherches microscopiques faites par le docteur Clo uard dénotent dans ganglions bacilles courts à bouts renflés ne se colorant pas par la liqueur de Gram offrant tous caractères de bacilles yersin, allons prendre toute s mesures possibles pour limiter contagion. » Dès la réception de cette nouvelle, M. le Gouverneu r Général a prescrit de faire les recherches les plus minutieuses en vue de découvrir l’origine de la contamination, mais les individus atteints appartenant presque tou s à la race indigène il n’a pas été possible, jusqu’à présent du moins, de déterminer e xactement la provenance de l’épidémie. Complétant les indications qui avaient été transmis es la veille, M. l’Administrateur de Tamatave télégraphiait le 25 novembre ce qui suit : « Depuis hier un nouveau cas un décès et ce matin un cas à Tanambao qui n’a pas enc ore été constaté, deux suivis de décès et six autres décès qui peuvent être attribué s à la même cause. Il est impossible jusqu’à présent de retrouver le point de départ de la contamination. » Le 26 un nouveau décès et trois nouveaux cas étaien t signalés soit au total seize cas dont treize indigènes et trois créoles parmi le squels treize ayant été suivis de décès dont un de créole. Dès que ces informations s ont parvenues à Tananarive, M. le Gouverneur Général a pris les mesures les plus rigo ureuses en vue de localiser le fléau, s’il est réellement confirmé que l’on se tro uve en présence de la peste bubonique et d’empêcher autant que possible sa dissémination dans l’île. Le comité d’hygiène de la colonie à Tananarive et l e conseil sanitaire à Tamatave se sont réunis dans la journée du 26 novembre pour exa miner la situation et proposer au chef de la colonie tous les moyens propres à étouff er l’épidémie. À l’issue de la séance du comité d’hygiène, M. le Gouverneur Général a pri s un arrêté dont le texte a été affiché simultanément à Tananarive et à Tamatave et dans tous les postes de la ligne d’étapes aux termes duquel les villes de Tamatave e t d’Andévorante ainsi que la région qui les sépare ont été mises en quarantaine. Les convois montants de personnels et de marchandis es seront arrêtés à Andévorante et les convois descendants ne pourront pas dépasser Mahatsara. Toutefois cette mesure ne s’applique qu’aux porteur s constituant ces convois afin que ceux d’entre eux qui auraient pu être contaminés pe ndant leur séjour à Tamatave ne puissent ni regagner l’Imérina ni communiquer avec les bourjanes provenant du plateau central. D’autre part, des ordres ont été a dressés à M. l’Administrateur en chef à Majunga pour que le courrier ainsi que les offici ers et fonctionnaires arrivant de France par le paquebot du 2 décembre soient débarqu és dans ce port à l’exception du personnel appelé à servir à Nossi-Bé et à Diégo-Sua rez. Le courrier et les agents à destination de Tananarive seront dirigés directemen t sur cette ville, la route de
Majunga sera du reste, en raison des circonstances, utilisée le plus possible pour le transport du personnel et du matériel civil et mili taire. À cet effet une grande partir des porteurs de l’Administration employés sur la route de Tamatave seront envoyés à Majunga et il serait avantageux que le commerce de la capitale, dans son propre intérêt aussi bien que dans l’intérêt général, aban donnât la route de Tamatave pendant toute la durée de la quarantaine qui isole désormai s ce dernier port du reste de l’île. Les mesures prises à Tamatave pour combattre les premières atteintes du fléau sont des plus rigoureuses mais elles se justifient par l ’intérêt supérieur du salut public et par l’impérieuse nécessité d’employer tous les moyens p our sauvegarder les autres régions de la colonie contre toute contamination. C ’est ainsi que sur l’avis du conseil sanitaire de Tamatave, il a été décidé qu’en raison de l’absence de tout autre moyen efficace de désinfection, les locaux, les objets de literie et les vêtements des personnes atteintes par le mal seraient brûlés. En outre l’Administration se préoccupe d’installer sur l’île aux Prunes, en rade de Tamata ve, un ou deux pavillons d’isolement pour y faire séjourner en observation pendant un ce rtain temps les colons, les officiers et fonctionnaires qui désireraient rentrer en Franc e. L’ensemble des dispositions qui ont été prises aussi rapidement que possible, l’act ivité et le dévouement qu’a déployés le corps médical de Tamatave dès que les premiers c as suspects ont été constatés permettent d’espérer que l’épidémie pourra être enrayée et circonscrite. M. le docteur Lidin, Directeur du service de santé, a quitté, le 28, Tananarive, se rendant à Tamatave pour examiner la situation sur p lace et se rendre compte du caractère réel de l’épidémie. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
Samedi10 décembre 1898
Marche de l’épidémie à Tamatave
2 décembre 1898 : 6 cas dont 2 décès. 4 décembre : 3 cas confirmés, 4 suspects et 4 décès . 5 décembre : 1 cas, 3 décès. 6 décembre : 6 cas confirmés, 1 décès. 7 décembre : 4 cas confirmés, 5 décès dont un Chino is et 4 indigènes. 8 décembre : 6 cas, 5 décès. L eJournal officiel de à . lesla Colonie du 6 décembre donne des instructions Commandants de Cercle et Administrateurs au sujet d e l’épidémie actuelle. Le aire de Tananarive a, par une décision locale, prescrit les mesures suivantes en ce qui concerne le Chef-lieu : Propreté et aération des habitations, cabinets, dés infection à la chaux ; création d’un service médical permettant de s’assurer de l’état d e propreté des différentes parties de la ville ; obligations aux habitants de déclarer sa ns délai les cas d’épidémie de leur connaissance ; les malades seront transportés au Fo rt Duchesne et leurs habitations seront désinfectées ou incendiées, s’il s’agit de c ases en paille, les effets et la literie seront brûlés. Les règles d’hygiène à observer sont les suivantes : Ablutions corporelles le plus souvent possible, dés infection des habits et de la literie. Éviter les excès de toutes sortes. Description des symptômes de la maladie : abattemen t du malade, mal de tête, frissons, fièvre, selles et vomissements fétides, a gitation, délire, du 2e au 4e jour apparition des bubons. Les rats et les souris étant propagateurs de la pes te il faut les détruire par tous les moyens possibles ; il est recommandé de les incinér er sur place en ayant soin de ne pas toucher aux cadavres. Les autorités locales sont chargées de l’exécution de cette prescription dans tous les centres de l’île et les habitants devront les aider par tous les moyens en leur pouvoir. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
Nécrologie
. de la Haye Duponsel est décédé le 3 de ce mois, victime de la maladie épidémique qui sévit en ce moment. . Duponsel, originaire de l’Île aurice, habitait adagascar depuis 8 ans ; associé de . Trouchet, il était une notabilité commerciale de Tamatave, très connu et très aimé, sa mort a causé dans notre ville une légitime émotion. . Duponsel était allié aux familles Baretty et Che vreau. Il laisse une veuve et deux jeunes enfants. Nous leur adressons nos plus sincères condoléances. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
Cordon sanitaire
Mercredi 8 février 1899
Conformément aux instructions de M. le Gouverneur G énéral et sur avis de la Commission d’hygiène, le cordon sanitaire sera, à p artir du samedi 11 février, reporté aux limites suivantes : Au Sud la limite reste à Ivondro, suit la rive droi te du bras du fleuve sur lequel se trouvent les propriétés Chantepie, Bucquet, Clarenb ach jusqu’à la propriété Dupuy appelée Androhovola. À l’Ouest et à partir de cette propriété, la limite suivra la crête des montagnes jusqu’à Soanierana et Vohitrambato, se dirigera de ce derni er village sur Mahanoro en deçà de l’Ivoloina pour s’infléchir ensuite vers l’Ouest du côté de la propriété l’Avenir. Au Nord la limite sera la rive gauche de l’Ivoloina de façon à englober dans son enceinte Vohidotra, le Jardin d’essais et la propri été l’Avenir. Aucune personne ni aucune marchandise ne pourront f ranchir le nouveau cordon pour sortir de Tamatave. Les contraventions seront poursuivies conformément aux dispositions de la loi du 3 mars 1822 et du décret du 31 mars 1897. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
Un cas de peste
Un seul cas de peste à signaler : un indigène habit ant le Tanambao a été atteint par la maladie et a succombé de 3 février. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
L’épidémie s’achève
Mercredi1ermars 1899
Le dernier cas de peste a été constaté le 3 février et la guérison du dernier cas remonte au 13 du même mois. Du 31 janvier à ce jour, des indemnités, partie en à compte, et partie en totalité, représentant une somme de 5 730 francs ont été payé es à 75 personnes nécessiteuses, pour la plupart, propriétaires d’imm eubles contaminés et détruits. Journal officiel de Madagascar et dépendances Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)
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