La Providence et les Révolutions modernes
65 pages
Français

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La Providence et les Révolutions modernes , livre ebook

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Description

Nous sommes arrivés à un des moments les plus solennels de l’existence du monde. Tous les esprits qui réfléchissent aperçoivent dans un avenir qui nous touche, une ère nouvelle pour l’humanité. Quelque chose d’inconnu se remue dans les airs et au fond des âmes. Une attente universelle tient le monde comme en suspens. L’âge qui s’avance et dont nous commençons à entendre les pas, sera un des plus merveilleux des annales de l’univers.Il suffit, pour se rendre compte de cet état des esprits, de jeter un regard, même superficiel sur l’ensemble des choses, et de prêter l’oreille aux bruits qui s’élèvent de tous les points du monde.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346132447
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Abbé Desorges
La Providence et les Révolutions modernes
CHAPITRE PREMIER
IDÉE ET RAISON DE CET ÉCRIT
Nous sommes arrivés à un des moments les plus solennels de l’existence du monde. Tous les esprits qui réfléchissent aperçoivent dans un avenir qui nous touche, une ère nouvelle pour l’humanité. Quelque chose d’inconnu se remue dans les airs et au fond des âmes. Une attente universelle tient le monde comme en suspens. L’âge qui s’avance et dont nous commençons à entendre les pas, sera un des plus merveilleux des annales de l’univers.
Il suffit, pour se rendre compte de cet état des esprits, de jeter un regard, même superficiel sur l’ensemble des choses, et de prêter l’oreille aux bruits qui s’élèvent de tous les points du monde.
L’Europe est, sans contestation, le principal théâtre politique et religieux de la Providence, et son instrument le plus actif et le plus puissant dans l’accomplissement de ses desseins. Or elle présente aujourd’hui au regard un spectacle singulièrement remarquable et bien fait pour donner à penser. Deux principes y sont en présence : le principe du droit des peuples et des nationalités, sous ses formes et ses applications diverses ; et le principe du droit des couronnes, des empires et des traités. Chacun d’eux a une puissance naturelle d’attraction qui lui est propre, et lui donne des adhérents. Le premier a pour lui tous les révolutionnaires, et tous ceux qui sans l’être croient trouver à le défendre l’intérêt de leur couronne ou de leur patrie. Le second rallie autour de son drapeau les conservateurs et toutes les intelligences fidèles aux doctrines éprouvées par le temps. L’un et l’autre ont à leur disposition une puissance formidable, des armées nombreuses et des moyens de destruction effrayants. Or, on ne saurait le nier, les deux principes, non-seulement sont en présence, mais ils sont en lutte ; la guerre est déclarée, elle est commencée ; non pas une guerre d’intérêts passagers et restreints, mais une guerre de principe, qui a des aliments dans toute l’Europe, et tend conséquemment de sa nature à devenir universelle.
Cette question terrible et brûlante, cette lutte des deux principes, qui suffirait et au-delà pour occuper la sagesse et la puissance de l’Europe, n’est cependant pas la seule. Il y a à ses portes un empire immense et magnifique qui est dans les convulsions de l’agonie. La Turquie d’Europe et d’Asie est arrivée au moment fatal de la dislocation des empires, et l’on entend déjà ses craquements formidables. Or, évidemment, c’est à l’Europe à recueillir cette succession et à en disposer. Mais qui oserait nier que cette question, elle aussi, ne soit grosse de tempêtes ? Est-il possible qu’elle se termine sans lutte et dans la paix ? Qui le croira ?
Si nous étendons nos regards jusqu’à l’extrême Orient, des perspectives nouvelles s’ouvrent devant nous. La Chine ébranlée par une révolution qui ne peut ni vaincre, ni être vaincue, humiliée jusque dans Pékin par les puissances occidentales, va enfin s’ouvrir réellement à la liberté du commerce et de l’Evangile. L’Asie tout entière entrera dans cette voie. Des moyens de communication d’une rapidité merveilleuse, mettent l’Europe en relations faciles avec toutes les parties du globe, et préparent la grande fusion des idées et des peuples, entrevue par le génie.
En face de ces événements immenses qui nous touchent ou nous apparaissent, à la vue du Pontife suprême des chrétiens, du vicaire de Dieu sur la terre, laissé comme en proie à la révolution, devant la défaillance des uns et la connivence des autres, les âmes les moins timides s’inquiètent et s’épouvantent, et l’on a besoin de chercher au ciel une étoile qui éclaire dans la nuit et une force qui rassure.
Dieu tient en effet, du sommet des cieux, les rênes des mondes, et tout se remue sous sa main souveraine. Créé par sa parole féconde, l’univers ne continue d’exister que parce que l’acte qui l’a produit le maintient à l’existence, et si cet acte cessait un instant, les mondes s’enfuiraient dans le néant. Participant, chacun selon sa nature, à cette source infinie de l’être et de la vie, tous les êtres ne sont et n’agissent que par lui et sous son impulsion suprême. Sa puissante volonté circule de monde en monde, les enchaîne l’un à l’autre et produit l’ordre universel. Le monde matériel docile obéit à ses lois, et les globes des cieux enchaînés dans leurs orbites et suivant dans l’espace la route que son doigt leur traça, y écrivent son nom en lettres de feu. Le monde des intelligences et des volontés, soumis aux lois sublimes de la vérité et du bien, et doué de liberté, n’en est pas moins sous son empire. L’homme, il est vrai, peut apporter des obstacles à l’action divine, et gêner dans ses manœuvres le Pilote éternel. Il a pu même au commencement des jours, sublime criminel, briser d’un seul acte les plans du Tout-Puissant. Mais l’homme n’a pu être armé qu’une fois de cette terrible puissance ; bornée dans sa sphère, son action ne peut déranger les plans généraux ; et bien que Dieu n’agisse habituellement que par les causes secondes, et que l’homme soit instrument libre dans ses mains, il est, presque toujours, quant au but général, instrument aveugle. Au-dessus du flux et du reflux des événements humains, des ébranlements, des déplacements des peuples, des révolutions des empires, il est une immobile action qui dirige à son gré toutes ces vagues humaines. C’est faute d’entendre le tout et de pouvoir, d’une seule vue de l’esprit, lier les temps à de grandes distances que nous trouvons des irrégularités dans le plan divin, et si nous pouvions embrasser d’un regard l’ensemble des choses, nous verrions les révolutions et les désordres venir, sous la direction du grand Être, se ranger dans l’ordre universel.
La Providence, tel est donc le phare qui doit nous éclairer, et la colonne qui doit appuyer nos espérances.
Deux classes d’hommes, au point de vue qui nous occupe, pensent, parlent et agissent comme si Dieu ne se mêlait en aucune façon des choses de ce monde, et comme si, relégué dans son éternité, oisif sur son trône, il voyait avec indifférence couler à ses pieds le fleuve tantôt troublé et tantôt calme des hommes et des choses. Les révolutionnaires de toutes sortes, et ceux qui tiennent une plume, et ceux qui manient la parole ou l’épée, tout entiers à leur œuvre de bouleversement et de destruction, travaillent avec une sorte de fureur et une énergie digne d’une meilleure cause, à la réalisation de leurs projets. Enivrés par le succès, ils oublient qu’il y a au-dessus de leurs têtes une Providence qui fixe au flot révolutionnaire sa limite, brise quand il lui plaît ceux qui ont été les instruments de sa colère et les ministres de ses vengeances, puis renverse en un instant l’œuvre de leur perversité et de leur insolence. De là leur audace insensée et leur confiance sans bornes en eux-mêmes et dans la perpétuité-de leur œuvre d’un jour.
Parmi les conservateurs sans nombre qui n’aiment pas les révolutions, la plupart se contentent de regarder d’un œil étonné les événements qui s’accomplissent. Semblables aux malheureux de la caverne de Platon, ils tournent le dos à la lumière du soleil de la Providence ; ils oublient que les révolutions ne sont souvent qu’un juste retour de sa part contre l’abus de leur position ; ils oublient qu’elles sont la conséquence naturelle des doctrines anti religieuses qu’ils professent ou laissent professer. Contents de voir ou de mettre en sûreté, ils le croient du moins, leur personne, leurs richesses et leur position, ils se gardent bien de rien changer à leurs doctrines et &

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