La Saga des filles du roy- tome 1
169 pages
Français

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La Saga des filles du roy- tome 1 , livre ebook

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Description

Les Filles du Roy étaient filles de rien, sans protection ni avenir. Suite à la volonté du Roi et de Colbert, elles ont traversé l’océan, débarqué dans un pays étranger, inconnu et sauvage, pour trouver un mari et aboutir quelque part sur une terre le long du fleuve Saint-Laurent qui n’était même pas défriché. Près de la moitié d’entre elles sont tombées enceintes durant la première année de leur périple et ont dû accoucher dans des conditions inimaginables. Les «indiens» rôdaient et il faudrait survivre à l’hiver. Cette aventure rocambolesque a eu véritablement lieu. Cette histoire, c’est la nôtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2022
Nombre de lectures 10
EAN13 9782898312014
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos
C’est en 1534 que Jacques Cartier a « découvert » le Canada. Mandaté par le roi François 1 er pour aller explorer les nouvelles terres découvertes au-delà de l’océan, il était parti à la recherche d’or et d’un passage vers la Chine. Le petit détail que représente l’Amérique allait l’empêcher de trouver la route de l’Orient. En explorant les côtes du nord-est de l’Amérique, il finirait par découvrir l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. À défaut de trouver la fortune, il avait ouvert la voie à la découverte d’un immense territoire. Un jour, un pays merveilleux allait naître sur cet espace.
Il faut avouer que la découverte de Jacques Cartier n’en était pas vraiment une. D’abord, quelques milliers d’années avant lui, des gens arrivés d’Asie par le détroit de Béring ont été les premiers à explorer les Amériques. Ils ont réussi à s’installer du nord au sud, et de l’ouest à l’est. Ils ont constitué des peuples, créé des cultures et des civilisations. Certaines régions plus au sud sont devenues prospères et les habitants y étaient nombreux. Ils ont fondé des civilisations remarquablement complexes et évoluées. D’autres se sont établis sur les terres le long du Saint-Laurent bien avant que Jacques Cartier arrive de France. Une demi-douzaine de nations vivaient dans l’est du Canada avec leur culture, leur histoire, leurs bonheurs et leurs malheurs. On ne sait pas exactement combien ils étaient, mais l’endroit grouillait de vie.
Quelque part vers la fin de l’Antiquité ou le début du Moyen-âge, les peuples du nord de l’Europe, Gaéliques ou Vikings, sont devenus de très habiles navigateurs. Comme ils habitaient un territoire hostile, ils ont eu l’envie d’explorer les mers autour d’eux. Ils ont visité presque toutes les côtes de l’Europe. Certains, plus téméraires ou moins chanceux, ont fait voile vers l’ouest. Après avoir rencontré l’Islande et le Groenland, ils ont fini par aboutir eux aussi en Amérique. Pendant près de mille ans, au gré des hasards et des lubies des chefs, des expéditions et de brèves colonisations ont été effectuées sur les terres de l’est de l’Amérique. Il y a eu des contacts et des échanges entre ces grands blonds et les habitants des régions côtières. De part et d’autre, des légendes sont nées de ces rencontres.
Toujours est-il que, en bon Français de la Renaissance, Jacques Cartier soutenait officiellement qu’il avait découvert le Canada. Il allait pouvoir s’approprier le territoire, y puiser les richesses qu’il convoiterait, et bien sûr, convertir les Sauvages à la bonne et unique religion catholique, apostolique et romaine. Pour le service et la gloire de François 1 er , il avait conquis le Canada, planté sa croix et il projetait de coloniser le pays. L’aventure s’avérerait très ardue.
Entre 1534 et 1660, l’Amérique s’est beaucoup transformée. Les Espagnols et les Portugais se sont installés vers le sud et ils ont entamé un processus de colonisation extrêmement brutal. Ils ont commis d’innombrables actes de barbarie. Au sud du Canada, le peuplement des colonies britanniques allait aussi bon train. Quelque 100 000 personnes étaient établies à l’est des États-Unis actuels avant la fin du 17e siècle.
Plus au nord, les affaires étaient beaucoup plus laborieuses. En raison des rigueurs du climat, des maladies et du manque de volonté de la métropole, les efforts pour installer des colonies au Canada n’avaient pas donné de bons résultats. La colonie n’était composée que de quelques fragiles installations vulnérables aux intempéries et aux attaques des Sauvages. Le peuplement était famélique.
Des richesses étaient exploitées. Beaucoup de poisson était pêché le long des côtes. Jusqu’à mille navires venaient y mouiller chaque année, rapportant vers l’Europe autant de cales pleines à craquer de morues salées. L’exploitation des animaux à fourrure allait aussi bon train. 25 millions de peaux de castors sont parties vers l’Europe entre 1535 et 1660 pour la confection de chapeaux feutrés. Le castor était le produit vedette du Canada et des efforts considérables étaient déployés pour acquérir le plus de peaux possible des Indigènes qui en faisaient la chasse.
En dehors de la traite des fourrures, et malgré les efforts héroïques de Samuel de Champlain, la colonisation du Canada végétait. En 1660, plus d’un siècle après l’exploration du fleuve Saint-Laurent et de ses exceptionnels territoires, on ne comptait guère que quelque 3000 personnes réparties à Québec, Trois-Rivières, Montréal ou errant dans les forêts. Les colons français faisaient face à trois problèmes. Premièrement, ils n’étaient pas encore très habiles à composer avec le climat canadien. Pendant longtemps, affronter l’hiver avait été une épreuve mal maîtrisée. Bien des colons sont morts de froid et de faim. Deuxièmement, on ne maîtrisait pas bien non plus l’art de faire des réserves alimentaires qui permettraient de traverser l’hiver sans tomber malade. Pendant très longtemps, le scorbut a fait des ravages. Troisièmement, les Français avaient l’esprit conquérant et ils étaient sûrs d’eux. Mais ils étaient médiocres en diplomatie. À force de maladresses et de provocations, ils étaient devenus les ennemis de la féroce nation iroquoise. Celle-ci était bien déterminée à leur rendre la vie impossible et elle y arriverait avec des succès constants. Certains traits de la culture guerrière des Iroquois donnaient froid dans le dos même aux plus courageux. La torture jouait un rôle important dans leurs conflits.
C’est donc surtout à partir des années 1660 que les colonies françaises ont vraiment réussi à prendre racine le long du fleuve Saint-Laurent grâce à la volonté, aux moyens déployés par la métropole et aux connaissances acquises. C’est à cette époque que l’histoire des Canadiens français a vraiment pris son essor et que les bases de ce qui allait devenir un des plus merveilleux pays au monde ont été jetées.
Vers 1660, il y avait surtout des hommes dans la colonie. Il y avait peu de familles, et surtout, très peu de jeunes femmes célibataires. Pour peupler un territoire, c’était peu pratique. C’est pour cette raison que Louis XIV, guidé par les conseils judicieux de M. Jean-Baptiste Colbert, a choisi d’envoyer des filles à marier vers le Canada. Elles seraient 774 recrutées en France aux frais du roi pour venir trouver mari au Canada et se reproduire. Le succès de cette opération aura dépassé les espoirs les plus fous. Ce qui était une colonie moribonde allait rapidement devenir un grand pays prospère, une nation fabuleuse.
L’histoire qui suit est celle de quelques femmes qui ont été Filles du Roy et des hommes qu’elles ont épousés. Elle est très fidèle à ce qui est arrivé pour vrai, mais elle met en scène des personnages fictifs pour ne pas trahir la généalogie des habitants actuels du Québec et du Canada. Les gens qui habitent ici aujourd’hui ont tous ceci en commun : avoir parmi leurs ancêtres ces femmes qui sont passées à l’Histoire comme « Les Filles du Roy ».
Avant de commencer, il faut savoir qu’écrire en 2021 une histoire qui se déroule en 1667 entraîne des problèmes de vocabulaire. Certains mots du passé ont acquis un bagage délétère. Je n’ai pas toujours pu contourner ce problème. Après avoir longuement pesé le pour et le contre, j’ai gardé certains termes qui ne sont plus en usage aujourd’hui. Occulter les travers du passé n’aiderait pas à résoudre les problèmes du présent, bien au contraire. Il faut essayer de comprendre qui étaient nos ancêtres le mieux possible pour éclairer notre présent et découvrir comment construire un avenir meilleur.


La Salpêtrière
Noyon
C’est le 10 septembre 1666 que Dame chance porta enfin son attention sur Anne Leloup. C’est en effet ce jour où il lui fut proposé de traverser l’océan Atlantique vers les Amériques afin d’aller y fonder une famille. Pour la première fois, elle sut que son existence aurait un sens. Elle eut le pressentiment que son destin pourrait s’accomplir autrement que dans la totale insignifiance qu’elle avait connue jusque-là. Elle ne se trompait pas. Elle prendrait mari et pays et, mieux encore, elle serait parmi les quelques centaines de femmes ordinaires et héroïques à l’origine de tout un pays. Elle ne pouvait pas le savoir, mais sa descendance serait plus nombreuse au fil des siècles que ce que ses rêves les plus fous pouvaient imaginer. Une bouffée de chaleur joyeuse et d’espoir envahit tout son corps. Elle s’empressa d’accepter sur-le-champ l’offre que la providence lui faisait enfin.
Elle était un peu inquiète et elle allait devoir négocier les conditions de son passage, mais elle était certaine de sa décision. Son avenir était en Nouvelle-France. Il faut dire que jusque-là, la vie n’avait pas été commode avec elle.
Anne Leloup était une fille ordinaire dans une France qui comptait déjà 20 millions d’habitants à cette époque. Et si le 17e siècle était un grand siècle pour la France en général, pour la plupart des Français, la vie en réalité était difficile.
Anne est née le 15 juin 1644 à Noyon, bourgade située à quelques milles au nord de Paris. Sa mère Gabrielle était domestique et son père, Jean, était l’assistant d’un maître tonnelier honnête et réputé pour la solidité et l’étanchéité de ses récipients. Les chênaies de la région fournissaient un bois magnifique et facile à travailler. Le bois était encore abondant malgré les constructions navales de plus en plus ambitieuses de la royauté. La famille comptait quatre bouches à nourrir : le père, la mère, le frère aîné et Anne. Ils logeaient dans une dépendance attenante à l’atelier somme toute assez confortable. Le feu était chaud et l’eau facile d’accès. Les parents avaient même l’espace d’une chambre à peu près fermée, équipée d’un lit rembourré de paille, de plumes et d’étoffes.
Malheureusement pour la famille, il s’est trouvé que, en 1650, quelques nobles de la région de Bordeaux ont voulu chercher noise à la Couronne française, obligea

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