La vie nomade, le bateau
140 pages
Français

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La vie nomade, le bateau , livre ebook

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Description

La vie nomade, le bateau raconte l'histoire d'une famille bédouine de la tribu des Ouled Nail, qui vivaient au début du XXe siècle.

À l'époque, les hommes luttaient contre une nature féroce, pour maintenir en vie famille, bêtes et blés.

Le pays traversait une période critique (guerre mondiale, colonisation et mouvement de libération nationale en gestation).
Vinrent s'ajouter la sécheresse et la faim.

Alors, en 1946, pour les hommes encore valides, l'émigration vers la France s'imposa...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332867940
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-86792-6

© Edilivre, 2015
Présentation
C’est l’histoire d’une famille bédouine, nomade, des tribus du peuple des Ouled Nail, ces gens qui vivent depuis fort longtemps dans les Hauts Plateaux du Centre algérien.
L’auteur, alors âgé de dix ans en 1948, né sous la tente, raconte aujourd’hui cette période cruciale : la vie jadis florissante, pittoresque dans les territoires immenses, la nature, la vie au quotidien, les traditions, les mœurs, la vie en communauté… le tout greffé sur toile de fond de la guerre mondiale, la colonisation, le vent de libération nationale… la sécheresse… et tout qui fout le camp pour ouvrir les portes de l’émigration.
Abdelkader Khaldi
Dédicace
Je lui dois tout, à mon père je dédie cet écrit, à mes enfants, de la plus grande au plus petit.
Et à tous les hommes qui se sacrifient pour la liberté.
La Vallée du Vent
En plein milieu des Hauts Plateaux, les chaînes de Djebel Ouled Nail, Haouas, Rocher de Sel et Djebel Arour, s’allongent d’Ouest en Est, elles sont parallèles aux vierges dunes de sable qui dorment depuis des années, malgré les vents qui soufflent ; ces remparts naturels sont distants d’un galop de cheval, ils constituent les limites d’une steppe plus longue que large appelée Sédara ; terre arable et généreuse, à laquelle s’accrochent, depuis fort longtemps, quelques tribus bédouines qui, bon an, mal an, résistent à une nature capricieuse et essayent de maintenir en vie les hommes, les bêtes et les blés. C’est là, au lieu-dit « Dhaiat Essafi » (Vallée du Vent) que ma douce mère, par une soirée d’hiver, m’a mis au monde, sans hôpital et sans infirmière, une corde pour s’accrocher et pour hurler sa douleur, jusqu’aux premiers cris de l’enfant, reçu sur quelques brindilles d’alfa et la terre. Alors, la grand-mère pousse des youyous de joie, le grand-père sourit dans ses moustaches, fier de sa progéniture, le père « honteux », troublé, se tient à l’écart. Le café au chih (artémis) dégage son odeur bien-aimée et le mardoud (sorte de couscous) commence à le jalouser.
Cheikh (le grand-père) ordonne qu’on égorge le mouton ; la grand-mère (elazouje) commence à fébrilement ouvrir son sandouk (caisse de bois cadenassée) pour y « puiser » les précieuses denrées nécessaires au couscous. Mon oncle, qui attendait l’événement avec impatience, annonce le prénom du nouveau né : Abdelkader. El Djilali ! renchérit ma mère ; mon autre oncle, pour ne pas rester en solo, prend son fusil, tire des coups de feu comme baroud d’honneur. Mon père (Elhadj) saute sur son cheval, le pousse dans une course folle et va annoncer la nouvelle aux voisins (jiranes) et à la djemaa (l’assemblée), qui représente les notables et les anciens de la tribu ; tous viendront pour le grand couscous (taam) garni de viande de mouton, comme de coutume. Du côté des femmes, dans la tente, les jeunes filles, déjà, faisaient résonner le bendir, sorte de tambour fait avec une peau de mouton et qu’on fait vibrer avec les mains, les plus jeunes entraient dans la danse (raguasse), ce fut une véritable fête (fichta) ; tous mangent bien, s’amusent bien et même les hommes, pourtant habitués à la retenue, se laissent emporter par l’ambiance ; ils imitent les guerriers touaregs, sautent avec leurs fusils, les plus âgés font quelques pas de danse pour égayer les tout-petits, épater tout le monde et garder une certaine souveraineté en toutes circonstances.
La tente, el beit
El beit, c’est la tente. On dit de La Mecque « El beit », c’est le lieu de rencontre des pèlerins de tout l’univers. La tente, c’est l’habitation, la maison, c’est le cœur de la collectivité, de la famille bédouine. On y vit, on y grandit, on y meurt ; les bébés y poussent leurs premiers cris, les vieux y laissent leur dernier soupir, c’est le centre de la fourmilière, toute la vie s’y déroule. Dans la tente, on mange et boit et, en elle, le pain et le café, jusqu’aux alentours, s’annoncent par leurs arômes bien désirés et nous incitent à rentrer rapidement à la demeure pour ne pas les manquer. La femme bien habile tisse les vêtements et les tentes (flijes), fabrique tout pour vivre ; encore, la femme bédouine transforme le lait en beurre et petit-lait (chanine). Dans la tente, en ce gîte, y sont élevés les futurs fils, les guerriers de la tribu. En la tente, dans cet antre familial, pendant le gel, y brûle sans cesse le feu pour se chauffer, pour lutter contre le froid qui glace les os et dont la morsure entraîne la mort sûre… Dans la tente, on se cache du soleil brûlant, on s’abrite des neiges et des pluies torrentielles, la mère y cache son enfant et l’emmitoufle pour lui éviter les piqûres mortelles des scorpions et des serpents, qui pullulent en été.
Pendant les rudes hivers, tout le monde s’y entasse et même les agnelets, tels des nourrissons, y sont préservés.
La tente, vue de devant, ressemble à un pic de montagne, qui retombe de chaque côté en formant un arc de cercle tourné vers le ciel ; au centre et par-dessous, elle est soutenue par une grande poutre centrale, sorte de pilier en bois appelée « rékiza ». Puis, toujours au centre, deux autres poutres secondaires la sous-tendent (bibans) ; les autres côtés sont soulevés par des poutres en bois (amades), plus petites, trois ou quatre de chaque côté. La tente a deux parties distinctes, séparées par un rideau (hial) qui isole le côté des hommes de celui des femmes ; à l’extérieur de la tente, des pieux (aoutades) sont plantés et rattachés à celle-ci par des cordes pour l’empêcher d’être arrachée par les vents violents. Près du rideau et côté femmes sont alignés, au centre de l’habitat, des sacs en alfa qui contiennent les denrées alimentaires. La kheima comporte des côtés avant et arrière (star et malakem) qui peuvent être relevés ou rabattus en fonction des besoins de fermer ou d’aérer celle-ci. Côté femmes, devant la tente et conjointement avec celle-ci, est construit avec des branches ou tout autre matériel disponible, une sorte de petit paravent en forme de demi-cercle, raccordé à la tente qui la protège du vent et cache les femmes des regards indiscrets. Le tout forme un semblant de cuisine ouverte vers le ciel, pour permettre aux fumées de s’échapper, cette protection est appelée « rouage ».
À l’intérieur, la femme prépare les repas, elle allume le feu et l’attise en soufflant pour mieux l’oxygéner. Le flije est une partie de la toile formant la tente ; c’est une bande d’environ deux « bras » de large et dont la longueur varie en fonction de l’importance du logis, trente bras environ pour une tente moyenne. La tente ou kheima est composée de plusieurs flijes cousus ensemble dans le sens de la longueur, soit huit flijes dans le sens de la largeur de la kheima, qui recevra notre famille de quinze personnes, hommes, femmes et enfants… si de proches parents sont là, qu’à cela ne tienne, un bivouac « indien » sera vite levé. Les flijes sont cousus entre eux avec du gros fil, à l’aide de grosses aiguilles (ichfa). Les femmes tissent le burnous verticalement. Au contraire, le flije est tissé par terre et horizontalement ; ce dernier est fait avec un mélange de poils de chèvres et de laine de mouton. Il est imperméable à l’eau et constitue un parfait isolant de la chaleur et du froid. La tente est orientée en fonction des vents, généralement l’avant tourné vers l’Est (El kibla), La Mecque. En cas de festivités, une grande kheima est montée, elle ressemble à un chapiteau qui peut recevoir jusqu’à une centaine d’invités, le point le plus haut de l’édifice est nommé pompeusement « gountas », sommet. Devant la tente, il y a toute une zone qu’on appelle « marah », elle permet toutes sortes d’activités des femmes et des hommes, cette surface permet d’y ramener les brebis ou les vaches pour les traire, on y fait aussi la coupe du bois de chauffage ; pendant le jour, cette étendue, les enfants la transforment en aire de jeux. Le soir venu, on attache au plus près de la tente les chevaux, pour les surveiller et empêcher qu’on les vole, ensuite les vaches, après viennent les moutons, qui sont groupés dans la clôture ou zériba, cette dernière comporte une seule issue pour rentrer ou sortir les moutons ; cette enceinte est réalisée avec des branchages et un arbuste aux branches épineuses, le jujubier ou « sédra », dont se nourrissent les abeilles pour donner le meilleur des miels et personne ne refuse de s’en délecter.
Près de la clôture, sont rassemblés et attachés le reste des animaux. Le chameau dort sur le ventre, les pattes pliées ; pour empêcher qu’il ne se lève, il est entravé. Les pattes avant du cheval sont liées ; des chiens méchants dorment près de ladite propriété, ils détectent le bruit de l’étranger à des centaines de mètres. Les femmes apprécient de posséder des poulets, sachant que ces volailles, avec les hérissons, sont les ennemis des serpents. Près de la tente et côté femmes, est stocké le bois de chauffage. Non loin de la kheima du cheikh ou maître des lieux, se trouve une petite tente (ichaa) réservée au fils le plus âgé, qui peut s’y retirer la nuit venue avec sa femme et son bébé. Plus distants encore, se trouvent un ou deux bivouacs en toile, ou des gourbis selon l’importance des troupeaux. Ces petits refuges sont réservés aux bergers qui y vivent chacun avec sa famille et qui toute la nuit surveillent le précieux bétail. Pour ne pas s’endormir, le berger boit du café et discute discrètement avec ses comparses ; les propriétaires, eux, pour éloigner d’éventuels brigands, se parlent à voix très haute et s’entendent d’une tente à l’autre, ils sont omniprésents la nuit, toujours vigilants, ils se reposent plutôt le jour.
La rév

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