La Xe Symphonie
99 pages
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La Xe Symphonie , livre ebook

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Description

La Xe symphonie perdue au poker !


Karl, le neveu de Beethoven, dérobe à son oncle qui est en train de l’écrire, plusieurs pages de la Xe symphonie. Depuis lors les partitions passent de main en main, du début du XIXe jusqu’à nos jours. Elles épousent les vicissitudes de la vie de leurs différents détenteurs jusqu’au jour où par pur hasard, l’un des héros du roman trouve une lettre faisant référence à un secret. Le héros se met alors en tête de percer le secret. Va-t-il y arriver ? Une seule chose est sûre : il va vivre une curieuse aventure qui va modifier le cours de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368329924
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La X e symphonie
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
Nicolas Sorine
La X e symphonie
Roman

 
 
Première partie
Karl et Ludwig
Si sa femme Johanna « La Reine la nuit » n’avait pas été aussi frivole, Kaspar Anton van Beethoven avant sa mort n’aurait jamais confié à son frère Ludwig, son fils Karl pour lui donner jusqu’à sa majorité, l’éducation de la bonne société viennoise. Mais voilà, Kaspar est maintenant mort et malheureusement pour le pauvre Karl les portes de l’enfer s’ouvrent devant lui. Elles s’ouvrent d’ailleurs aussi pour Ludwig. Tous les deux sous le même toit sont comme chien et chat. Les chamailleries quotidiennes leur rendent à l’un comme à l’autre la vie insupportable. La moindre futilité met le feu aux poudres. C’est une exaspération réciproque totale. Alors Karl conçoit petit à petit de la rancune pour son oncle et la rancune appelle la vengeance. Cette vengeance va mûrir lentement pendant plusieurs années, avant de s’accomplir.
Ludwig de son côté, fidèle à sa parole, en dépit de sa pauvreté et de ses difficultés avec Karl s’efforce de lui faire donner la meilleure éducation possible. Pendant que Karl fait semblant d’étudier, il se fait renvoyer de toutes les écoles, et remâche sa haine, Ludwig compose les chefs-d’œuvre que l’on sait.
Nous sommes en avril 1824, cela fait maintenant huit ans que Karl est sous la tutelle de son oncle, Ludwig met la dernière main à la IXe symphonie. C’est pour lui l’œuvre suprême qui doit révolutionner le monde de la musique. Ce monument doit montrer à celui-ci que lui Ludwig van Beethoven, malgré sa surdité totale est le plus grand des musiciens. La tête appuyée sur le piano pour en ressentir les vibrations, les yeux rivés sur le métronome, Ludwig promène ses doigts sur le clavier avec agilité. Il décortique les passages de la partition pour en modifier l’orchestration, la mélodie elle-même ou les contrepoints. Sans cesse, il lâche son clavier pour saisir sa plume. Il écrit, il rature, il modifie, il rerature, revient à son idée initiale, la torture dans tous les sens pour obtenir d’elle la quintessence, la sublimation de la poésie musicale qu’il veut exprimer. C’est frustrant pour Ludwig d’imaginer dans sa tête la musicalité de la phrase et de ne pas l’entendre en réalité, jouée sur le piano. Il se sent lésé de n’avoir que la sensation de la beauté du rendu et de ne pas en percevoir son expression réelle. Ludwig d’un geste rageur corrige ses portées. Les notes se succèdent avec rapidité, il sculpte ses phrases, les embellit, les cisèle, met des indications dans la marge. Il passe et repasse sans cesse sur ces mesures réticentes à exprimer ce qu’il veut leur faire dire. Ce travail de fourmi sera le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, il le veut ! Lorsque Ludwig s’arrête de composer, il lui arrive fréquemment d’ouvrir une vieille chemise en carton, vert délavé, constellée de taches d’encre violette ou noire. C’est dans cette chemise qu’il entasse les bribes de variations ou de tournures musicales qui lui traversent l’esprit. Elles ne sont pas encore utilisées, peut-être ne le seront-elles jamais. Il les a simplement notées sur des feuilles volantes pour ne pas les oublier. Ludwig a ainsi amoncelé, sur des feuillets aux formats disparates, des milliers de notes, jetées à la va-vite sur une portée de fortune. Il prend plaisir à se les remémorer. Quand il est en mal d’inspiration, il fait appel à ce trésor sonore. C’est ainsi que si depuis longtemps l’idée de la mise en musique du poème de Schiller lui trotte dans la tête, depuis peut-être aussi longtemps les prémices de l’Ode à la joie dorment dans la chemise, sans qu’il ait encore eu l’idée de les marier l’une à l’autre. Cela fait quelque temps déjà que Ludwig songe à écrire une dixième symphonie. Cette idée a germé en lui au cours de l’écriture du 4 e  mouvement de la IXe. Elle prend maintenant doucement tournure dans son esprit pendant que laborieusement il fait rimer le texte et les notes de ce final. Ludwig entreprend alors de composer parallèlement à la IXe, les contours de ce nouvel opus. Il lui faudra le créer rapidement, car il est malade et se sent décliner. En plus de sa profonde surdité et de sa mauvaise vue, Ludwig souffre de violentes douleurs. Son corps meurtri ne lui laisse aucun répit. Sa souffrance physique associée à ses déboires avec Karl l’use rapidement. Ce matin-là Ludwig est fatigué, il soupire. Depuis l’aube il est assis à son piano et le besoin de se délasser se fait sentir. Il se redresse sur son siège pour atténuer la douleur qui lui ronge le dos et de ses grosses mains aux doigts si agiles se masse les reins en quête d’un soulagement passager. Karl entre brusquement dans la pièce de musique, il arrache des mains de son oncle le cahier de conversation et d’une écriture hachée y inscrit sa décision de s’enrôler dans l’armée. Karl quitte la pièce d’un pas vif en claquant la porte derrière lui et remonte en courant à l’étage, faisant trembler toute la maison. Abasourdi, outré, ulcéré par ce qu’il lit, suffoqué par un brusque accès de colère, Ludwig hurle dans la cage d’escalier à l’intention de Karl :
— Tu restes ici ! Tu ne peux pas partir, j’ai des droits sur toi ! J’ai donné ma parole à ton père ! Tu dois rester !
De l’étage Karl répond :
— Jamais, plus jamais je ne reviendrai chez vous mon oncle !
Ludwig n’entend pas la réponse. Pour se calmer, Ludwig se précipite à la cuisine boire un verre d’eau. Il tremble de fureur, la rage l’étouffe. Jamais il ne laissera Karl partir !!
— Karl ! Karl ! Viens ! Viens ! Explique-moi ! hurle-t-il d’une voix désespérée.
Mais Karl, pendant que son oncle isolé dans sa surdité est dans la cuisine, redescend en courant son sac à la main. Il s’introduit dans la salle de musique, ouvre la chemise verte. Karl en ce moment attendu depuis huit ans, assouvit alors sa vengeance : animé par une rancœur qui le dépasse, il dérobe le paquet contenant déjà plusieurs pages de la X e symphonie puis s’enfuit.
— Karl ! Karl ! Où es-tu ? crie Ludwig. Seul le silence de sa surdité lui répond. Ludwig, désespéré, explore les quelques pièces du logis, mais pas de Karl ! Plus de Karl ! Karl est parti. L’incompréhension de Ludwig est telle qu’une incommensurable tristesse s’empare de lui. Qu’a-t-il fait toutes ces années, si ce n’est élever dignement Karl ? S’adressant au Ciel, en se serrant les tempes de ses grosses mains, il hurle :
— Dieu ! Pourquoi me poursuis-tu ainsi de ta malédiction ? Ne me fais-Tu donc pas suffisamment souffrir d’être sourd, malade, pauvre, criblé de dettes ? Il faut encore que Tu m’enlèves Karl ! Et le serment que j’ai fait à mon frère, qu’en fais-Tu ? Mais que T’ai-je donc fait, pour me traiter de la sorte ? Suis-je donc si prétentieux de vouloir être le plus grand musicien ? Dois-je payer pour ça ? C’est Toi qui m’y pousses ! C’est Toi qui le veux !!
— Dieu ! Réponds ! Que T’ai-je fait ?
Mais Dieu n’écrit pas sur le cahier de conversation d’un sourd, fut-il Beethoven !
Karl s’est donc enrôlé dans l’armée impériale et vole maintenant de ses propres ailes, pour Ludwig la vie continue, affligée des mêmes maux qu’auparavant. Si la santé de Ludwig décline, minée aussi par la fuite de Karl, en revanche sa force créatrice est à son apogée. Il s’est lancé maintenant dans la composition de quatuors tout en esquissant les principaux thèmes de la X e  symphonie. Un jour, soucieux de retrouver un passage non utilisé d’un quatuor précédemment écrit, il fouille dans la chemise verte à la recherche des mesures convoitées. Il tourne et retourne les feuillets. La sensation d’avoir perdu quelque chose l’envahit. Ludwig n’y voyant pas très bien, ajuste ses besicles sur son nez et met la pile sens dessus dessous. Il trouve bien le feuillet recherché, en revanche où est passé le paquet d’ébauches du 3 e  mouvement de la X e  symphonie. Ce paquet est pourtant reconnaissable : il est enveloppé dans une double page de partition, noué avec une faveur bleu ciel. C’est l’« Immortelle bien-aimée » qui un jour a donné ce ruban à Ludwig, cela fait bien longtemps maintenant. Sous la boucle du nœud, dans l’intervalle entre deux portées raturées, Ludwig a même inscrit en noir, de son écriture rageuse, en lettres anglaises : LvB. X
Ludwig cherche partout son paquet de partitions, il ne le retrouvera jamais. Il meurt en 1827 sans avoir écrit la totalité de la X e symphonie et sans jamais avoir revu Karl. Il ignorera toujours que celui-ci est l’auteur de la disparition des partitions. Peu de temps après le décès de Ludwig, Karl quitte le service de l’armée. Il hérite de ses autres oncles un joli pécule, ce qui lui permet de vivre de ses rentes. Il se marie, a un fils « Johann » à qui, peu avant son propre décès, Karl donne le paquet à la faveur bleue en lui en expliquant l’origine. Plus tard vers 1870, Johann ayant commis plusieurs malversations en Autriche et plus particulièrement à Vienne se sait surveillé par la police, aussi avant d’être emprisonné, émigre-t-il aux États-Unis sous un faux nom. Il y emporte le fameux paquet, témoignage inestimable de son appartenance à la famille du grand Ludwig. C’est en 1905 que ruiné, il revient en Europe, à Paris où il vit d’expédients. En vieil habitué des saloons, il a appris à jouer au poker, aussi joue-t-il maintenant fréquemment avec de riches touristes américains venant en villégiature dans la bonne vieille Europe. La chance lui sourit ou lui fait grise mine. C’est ainsi qu’un jour n’ayant plus d’argent pour se refaire, il jette sur le tapis vert le paq

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