Le Chemin de Bethléem
258 pages
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Le Chemin de Bethléem , livre ebook

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Description

Les civilisations sont mortelles. Comment réagit un individu conscient dans ces moments critiques où tout ce qui a forgé son histoire et son identité s'écroule dans le fracas du doute ? Le héros de ce roman a existé sans qu'on sache grand-chose de lui ; il a vécu au temps du roi Philippe Auguste, principalement en Velay et en Auvergne, au contact de deux mondes qui se tournent alors le dos : un Nord imprégné de traditions germaniques où le Rex Francorum veut se tailler une place dominante, un Sud éparpillé anciennement romanisé et ouvert à l'Orient, ayant en commun la langue d'oc, celle des seigneurs et des troubadours. Cette vieille civilisation vit encore son âge d'or, mais va s'écrouler bientôt sous les coups des Barbares.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414391141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-39217-9

© Edilivre, 2020
Du même auteur :
Deux Ailes, une Plume… Mémoires
et quelques coups de bec
Manoirante 2010
Comment l’homme quitta la Terre Sciences
L’Harmattan 2012
Des chauves-souris dans le beffroi Roman
L’Harmattan 2012
Paroles en l’air Essai
L’Harmattan 2014
Dédicace

En mémoire de ma mère, et de ses ancêtres Vellaves et Arvernes qui, de l’humble gagne-denier jusqu’au flamboyant seigneur, furent les acteurs de ce temps-là.
Exergue

La meilleure philosophie, relativement au monde, est d’allier à son égard le sarcasme de la gaité avec l’indulgence du mépris.
Chamfort
Prologue
Vu de Sirius, l’Homme n’est-il pas un animal vraiment bizarre, unique en son genre (Dieu merci !), une espèce de grand singe, nu à son origine qui, mécontent de sa situation si défavorisée par rapport à ses congénères primates, si vulnérable aux prédateurs de toute sorte, toujours en proie à une peur panique devant l’issue fatale inéluctable autant qu’imprévisible de sa courte existence, a décidé un beau jour de se rebeller contre cette Destinée sans espérance, et une Nature si hostile et si inhospitalière.
Au terme de plusieurs milliers de siècles d’une évolution obstinée, bien que chaotique (mais le temps compte-t-il en la matière ?), il a fini non seulement par dominer cette Nature, y compris tous les autres êtres y vivant, animaux comme végétaux, mais encore et surtout par lui dénier toute existence formelle : il a prétendu se créer pour lui seul, à l’aide d’une imagination sans limites, une Nature à lui, totalement factice, ne répondant qu’à des lois et des règles établies par lui seul en vue d’y établir à la fois sa sécurité, la satisfaction de ses besoins élémentaires, l’apaisement des craintes existentielles de son esprit foncièrement tourmenté, et pourquoi pas jusqu’à son propre agrément, la recherche du Bonheur ! Il a créé ainsi ce qu’il a décidé d’appeler la Civilisation.
Bien sûr, ce très long processus d’élaboration d’un tel système absolutiste formé à partir d’un mélange incohérent de formulations ex abrupto parfaitement conventionnelles mais admises par tous (ou du moins par la plupart des habitants d’une étendue géographique donnée), de procédés empiriques arrachés aux répétitions du quotidien, de recettes pratiques subtiles léguées par les générations successives, ne s’est pas imposé partout ni en même temps sur la surface habitée de la planète : des civilisations diverses sont nées ainsi, ici où là, suivant les conditions écologiques offertes précisément par cette Nature que l’on refusait d’admettre désormais, mais dont on admirait quand même en cachette l’apparente perfection de son arrangement.
Les plus notables se développèrent ainsi soit le long des rives fertiles des grands fleuves nourriciers, soit au milieu des grandes plaines herbeuses où paissent naturellement les troupeaux d’herbivores dociles : héritage des premiers agriculteurs, mangeurs de grains, et des premiers éleveurs, mangeurs de viande… Dans leurs soucis communs de sécurité, elles avaient inventé la Société, un regroupement de forces surpassant la faible structure du clan familial, placé soit sous la direction absolue d’un Chef, héritier du mâle dominant, ou mieux d’un organisme plus composite dont chacun des membres était spécialisé dans son champ de compétences, Rois et Prêtres : car, dans leur refus unanime de voir en la mort un terme définitif, elles avaient toutes forgé de toutes pièces un Monde invisible autant qu’inaccessible, où l’Homme continuait à vivre, après sa mort, une vie ineffable et éternelle, assez difficile à préciser il est vrai… Des Prêtres étaient indispensables pour trouver les moyens d’intervenir dans ce domaine si particulier, peuplé artificiellement de dieux plus ou moins bien disposés, de démons, et d’une foule d’esprits malins ou protecteurs. Enfin, après la Société et la Religion, les civilisations inventèrent l’Humanité, une religion de l’Homme en quelque sorte : ce que l’Homme n’a pu réussir à faire dans le temps limité de son existence, les questions qu’il n’a pas pu résoudre encore, il en confie le soin à la génération suivante, lui laissant son propre bilan en dépôt, un trésor destiné à croître et à embellir au fil du temps, vers une Destinée humaine parfaitement insondable et indéterminée, posant l’Homme en rival de Dieu.
Loin d’être figées, les Civilisations évoluent donc en permanence, chaque génération gommant toutes les idées et tous les concepts reconnus obsolètes pour les remplacer par des formulations jugées plus plausibles, voire vraisemblables. La Science, une méthode de pensée rattachée au concept d’Humanité, et basée sur la seule observation critique de la Nature, s’est établie concurremment, et en opposition, avec les formulations purement intellectuelles des Religions. Une œuvre de nettoyage, de mise à jour permanente, sans s’en prendre cependant aux piliers fondamentaux du système. Car, quand le doute sur le bien-fondé du lien social, sur le rôle utile ou la compétence des prêtres, des savants ou des philosophes (la Philosophie étant une forme de Religion laïque inspirée par la Sagesse, et cousine de la Science), ou quand l’avenir promis à la génération suivante est plus sombre que celui de leurs parents, les jours de ladite civilisation sont comptés, sa chute est souvent brutale, après un temps plus ou moins long d’insatisfaction plus ou moins bien supportée. L’historien américain Henry George l’a diagnostiqué : Chaque civilisation balayée par les barbares a péri en réalité de sa décadence intérieure… Les Civilisations sont mortelles !
Comment réagit donc un individu conscient et responsable dans ces moments critiques où tout ce en quoi il a cru, tout ce qui a forgé son histoire et son identité, tout ce qui a fait de lui un Homme, c’est-à-dire un chaînon dans la marche de l’Humanité vers son destin inconnu et ouvert, s’écroule dans le fracas du doute, le renvoyant brutalement à son unicité originelle du singe nu, définitivement seul dans sa peau ? Mika Waltari en a fait le sujet de son beau livre L’Ange Noir, qui se situe lors de la prise de Constantinople par le jeune sultan débauché Mehmet II grâce à l’efficacité de son artillerie lourde mise au point par ses mercenaires allemands ; son héros imaginaire en est l’empereur légitime mais caché de Byzance qui, ne pouvant supporter de voir s’écrouler ainsi la plus ancienne et la plus brillante des civilisations, revient incognito dans la ville assiégée pour y trouver volontairement une fin anonyme…
Plus modestement, le roman qui va suivre a pris pour cadre historique la longue mais dramatique disparition d’une civilisation moins prestigieuse mais bien plus proche de nous, longtemps sombrée dans un total oubli avant de ressurgir incidemment, d’abord sous la plume des Félibres provençaux, puis par la mise au goût du jour de la fin tragique des Albigeois, un sujet romantique providentiel rebattu par les romanciers, le cinéma et la télévision ; ce que l’on peut appeler la civilisation d’Oc, faute de mieux : une civilisation originale, bien plus ancienne et bien plus étendue que l’étroit théâtre de guerre cathare !
L’histoire romancée qui va suivre se déroule dans ses marches nordiques, au contact du pays des Francs, en Auvergne et en Velay principalement, alors que cette civilisation vit encore son âge d’or, si proche de sa chute : les Barbares, pour parler comme Henry George, ce sont précisément les Francs du nord de la Loire, et leur roi Philippe, deuxième du nom, un Rex Francorum qui osa se proclamer le premier (en 1204) Rex Franciae , anticipant ainsi sur sa victoire finale, acquise au terme de quarante-trois années d’un règne obstiné et méthodique autant qu’incroyablement chanceux… L’autre acteur de cette chute, c’est Lothario, comte de Segni, élu pape à 37 ans sous le nom d’Innocent III, alors qu’il n’était pas prêtre mais un théologien formé d’abord à l’Université de Paris ; la stupeur du monde remit en ordre une Eglise qui en avait alors grand besoin, et excommunia princes et Rois sans ménagements : de même que la Lune reçoit la lumière du Soleil, la dignité royale n’est que le reflet de la dignité pontificale, professait-il.
* * *
Les pays du sud de la Loire ont de tout temps été marqués par une forte identité, due à un substrat autochtone très ancien, et à une attirance naturelle vers la Méditerranée : c’est par la voie du cabotage oriental que le Néolithique y fit relâche il y a de cela quelque 7000 ans, et encore par cette mer qu’à l’âge du bronze les premiers contacts commerciaux s’établirent avec les Grecs, attirés par l’étain des îles Cassitérides, avant leur établissement à demeure sur la côte ligure. César constate cette spécificité dans sa description de la Gaule Transalpine (la Narbonnaise et la Provincia formant déjà un continuum romanisé entre l’Hispania et la Gaule Cisalpine), dont les trois nations (Belges, Celtes ou Gaulois, et Aquitains) diffèrent entre elles par le langage, les mœurs et les lois .
La romanisation des populations du sud de la Loire, au contact de la Narbonnaise et de la Provincia, sera bien plus profonde que chez les autres Gaulois et les Belges, un état de fait consacré par Dioclétien (en 297) avec sa division administrative de la Gaule en deux diocèses, celui de Vienne unissant au sud de la Loire les provinces d’Aquitaine et de Narbonnaise : Auvergne, Velay et Gévaudan forment l’Aquitaine première, capitale Bourges, aux côtés de l’Aquitaine seconde, capitale Bordeaux, et de la Novempopulanie (l’ancienne Aquitaine de César). Un peu plus d’un siècle plus tard, l’implantation des fédérés Visigoths et Burg

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