Le Comte
380 pages
Français

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Description

L'auteur retrace le destin hors du commun d'un personnage historique, le comte Joseph Sulkowski, aide de camp du général Bonaparte de 1796 à 1798. Fervent admirateur de la Révolution française, celui-ci participe à la campagne d'Italie et sera témoin d'événements historiques majeurs. Payant de sa vie son goût démesuré pour l'aventure lors de la campagne d'Égypte, sa brève existence fut pleine de rebondissements. Passionné, il échange des lettres d'amour enflammées avec son épouse Élisabeth. Sous la forme d'un roman épistolaire, entrecoupé de passages narratifs mêlant faits réels et fiction pure, l'auteur reconstitue un moment charnière de la période révolutionnaire qui procure un intense plaisir de lecture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414072842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-07282-8

© Edilivre, 2017
Fiction basée sur la vie du comte Sulkowski, aide de camp de Bonaparte. Ce n’est ni un essai d’histoire, ni une biographie. C’est l’histoire d’un homme, épris de la République, amoureux de l’aventure et d’une femme.
Avertissement
L’ouvrage est une œuvre de fiction. Il n’est en rien un essai d’histoire, ni une biographie. C’est un roman.
Le comte Joseph Sulkowski est né en 1770, d’un Sulkowski et d’une Française. Il passa son enfance et son adolescence au château de Rydzyna au milieu des forêts de bouleaux où il chassait le loup. Il fût aide de camp de Bonaparte. Il mourut au Caire en 1798 à l’âge de vingt-huit ans.
Le roman ne retrace en rien la réalité de la vie du Comte.
L’orient
Lettre 1 Lettre à sa tante
Paris, 2 février 1993
Ma chère tante,
C’est avec plaisir que j’ai lu votre dernière lettre, et appris que la vie s’écoulait paisible au château de Rydzyna… Ici, c’est Paris ! C’est tout dire !
Si vous pouviez me voir, chat affamé de gloire courant les rues et les salons, vous seriez étonnée de me surprendre bousculé par des émotions souvent contradictoires dont je voudrais rester maître. Il me faut apprendre à dénouer de l’erreur, si prompte à conduire nos passions mues par les évènements et par là propre à fausser notre jugement, si ce n’est le possible, du moins le probable – ou mieux : apprendre à déceler dans tout ce mouvement le juste comme étant la chose nécessaire. Bataille de la raison et des émois ! Bataille des idéaux et de l’objet ! Aussi, laissez-moi vous dire comme il m’est agréable à la pensée et au cœur de vous savoir en sécurité chez vous, la paix pour compagne mais l’esprit toujours en éveil, et attentive à ce monde en pleine mutation.
Enfin une bonne nouvelle à vous donner de mes espérances ! Un certain Venture de Paradis, orientaliste de grande renommée rencontré dans ce chaudron républicain, m’a présenté aux Relations extérieures.
Venture de Paradis ! Représentez-vous un homme grand, sec, au visage tout en angles, en forme de triangle renversé car s’élargissant par le haut d’un front large, élevé, derrière lequel s’épanouit une pensée tournée vers l’Orient, sa culture et son histoire ; mais un homme à ce jour arraché à ses intérêts pour être pris dans la tourmente publique et politique qui nous enfièvre tous…, et nous dépasse. Car, ma tante, nous sommes tous débordés, bousculés, acteurs ou spectateurs, par l’enchevêtrement des évènements qui animent Paris depuis la prise de la Bastille.
« Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne ! » Un chant révolutionnaire, ma tante ! Paris chante, Paris danse, Paris pleure, Paris vocifère, Paris tremble, Paris se tait.
Ma tante, l’esprit gouverné par ce bouillonnement, quelques questions taraudent mes pensées. Ainsi, ma chère tante, comment se fait-il que la pensée d’un Montesquieu, d’un Voltaire, d’un Rousseau, des encyclopédistes, faite pour produire des changements en profondeur de l’ordre social par glissements, de réforme en réforme, se trouve au centre d’une telle rupture sociale, d’une telle guerre civile ? Qu’en pensez-vous ? Peut-on dire que tous les systèmes politiques et sociaux, n’ayant aucune souplesse, ne peuvent muer mais seulement être brisés ? Est-ce cela ?
Peu importe, nous faisons la révolution !
Anéantissons, renversons le vieil ordre ! Et chantons.
« Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne ! »
Mais ce Venture de Paradis – l’heureux homme, si bienvenu ! – est aussi père de la belle Égyptienne, sa fille cadette, appelée ainsi puisque née en Égypte, mais aussi en l’honneur de son savant de géniteur.
Il faut dire que j’en étais arrivé à craindre de ne pouvoir faire aboutir mes projets de servir toutes ces idées de Liberté, Égalité, Fraternité, si novatrices pour notre vieille Europe, et qui, vues de Pologne, ne pouvaient qu’être des idéaux sans tache. Ah, ne point gagner une gloire que je ne devrais qu’à mon mérite !
Mais « dansons la Carmagnole » ! Paris danse, ma tante ! Paris danse sa fureur ! Paris danse ses peurs ! Paris !
La Liberté ! Comme vous le savez, ma tante, je suis arrivé à Paris peu de temps après que les révolutionnaires eurent guillotiné Louis XVI. La plus grande part de la population parisienne exultait : le signe de sa liberté, une tête royale ! Une tête dressée contre une Europe réactionnaire accrochée à ses privilèges et à ses reliques ; une tête brandie face à une Europe crochue, hautaine et bornée, sentant la pommade et les parfums ! Une tête, pauvre tête ayant perdu sa couronne dans la sciure, dressée contre la Prusse, la Russie, l’Autriche, les ennemies de ma Pologne natale… « Dansons la Carmagnole… » Dansons !
Mais n’allez pas croire que tout le populaire suivait ce symbole : une partie des Parisiens n’affichait pas autant de certitude. Au milieu de la joie bruyante, vorace, souvent grossière, courant les pavés, sortant des tavernes, glissant le long des rigoles, pataugeant dans la boue, je percevais de l’inquiétude qui n’osait s’exprimer, close dans les salons, les boudoirs, les chambres, et même les galetas. Mais il est des heures où on ne peut que jubiler avec la masse, l’esprit enfiévré, la raison portée au rouge vif, quoi qu’on en pense !
Qu’importent mes questions ! Dansons ! « Dansons la Carmagnole… Vive le son du canon ! »
Car non seulement les mégères et leurs pendards comptent les têtes tombées, mais le pouvoir – ou plutôt les diverses factions avides de pouvoir, devrais-je dire –, apprenti sorcier, flatte leur penchant, et personne n’ose plus s’opposer à eux, même pas leurs maîtres. Faire descendre le populaire dans la rue peut comporter quelques inconvénients : il faut pouvoir le faire rentrer chez lui dès qu’on n’en a plus besoin, et dès qu’il se montre incommode.
« Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne… » Paris s’amuse, Paris rit, Paris gueule et pue le vin.
Pour moi, les inquiétudes étaient ailleurs : servir la Révolution !
La Fraternité ! Arrivé neuf dans ce Paris, si j’ai obtenu la citoyenneté française je la dois essentiellement à feu ma mère et à mes relations avec le parti des Girondins. Le vent tourne, ma tante, et les enfants de la Fraternité, déchaînés, hurleurs et tapageurs, se dévorent entre eux… Dansons la Carmagnole… Il est des heures où le frère doit se méfier du frère de la veille. Les Girondins peu à peu deviennent la proie des appétits des jacobins… Dansons, dansons la Carmagnole… Vive le son du canon ! J’étais devenu trop suspect pour que mes faits d’arme sous notre roi Stanislas Auguste me permissent de m’engager sous les drapeaux de la république. Au lieu de cela, pendant que le peuple en arme se porte avec une joie impatiente au secours des frontières menacées, nos juristes, boutiquiers et ex-ci-devants, le visage grave, les lèvres soucieuses, le nez acéré comme la lame de mon sabre mais le verbe assassin, eux qui n’ont connu comme champ de bataille que celui des idées, de pamphlet en libelle, de feuille de chou en proclamation journalistique, se font la guerre et se disputent le pouvoir par peuple interposé, et gardent la tripe soupçonneuse envers l’étranger que je suis… Et j’étais là, inactif !
Dansons, dansons… Ma danse devenait triste.
Ma tante, quelle déception lorsque j’ai compris que derrière les idéaux affichés, tout flambant neuf, derrière les visions des lendemains heureux, derrière les diverses politiques toutes propices à la nation, au peuple français, au genre humain, se cachaient des intrigues meurtrières : l’avidité des hommes envers le pouvoir, chacun assuré de détenir la vérité quant à la politique à mener pour le bien des peuples…, sauf pour quelques cyniques profitant des circonstances à leur propre convenance ; et je ne sais, ma tante, qui sont les plus dangereux : les cyniques ou les propriétaires de la vérité ? On ne discute pas avec la vérité ; alors les plus dangereux sont ceux qui la détiennent.
L’avidité de certains révolutionnaires vaut-elle mieux que celle des nobles ? Derrière les idéaux, elle change de camp, c’est tout ; et le verbe révolutionnaire masque la chose au peuple.
Dansons, dansons, vive le son du canon !
Aussi, ma tante, vivons-nous ce temps des surprises bonnes et mauvaises, tamis impitoyable, qui, au bout du compte, servira à faire surgir de l’ensemble des prétendants au pouvoir un héros ; car pour l’Histoire, il ne pourra être qu’un héros : le héros de son époque ! J’attends. Il faut bien que le chaos s’apaise et s’ordonne. J’attends.
À bien y regarder, l’histoire des cités grecques, celle de Rome tout comme celle des principautés italiennes, ne nous montrent pas autre chose ; et plus la période est troublée, plus elle est féconde en héros potentiels, mais un seul fini par s’imposer… J’attends.
Pour moi qui n’ai pas de telles prétentions, il me reste l’action pour continuer à garder le cap de ma vie tournée vers une gloire plus simple, si possible militaire… Et je verrai bien surgir à son heure le héros que les évènements vont nous offrir…
L’Égalité ! Certes, devant la machine à épurer de monsieur Guillotin, toutes les têtes se valent : celle de l’ancien constituant, ami d’hier, ami du Jeu de Paume, comme celle de l’ennemi de la Révolution, puis de la nation. Une tête par-ci, une tête par-là, Paris sera la capitale la plus purifiée du monde et la plus égalitaire ; et les seuls qui garderont leurs têtes seront les prudents, les timides, les plus adroits pour suivre le vent, mais aussi les canailles, et bien sûr les vainqueurs, qui auront su se montrer impitoyables dans la prise du pouvoir.
« Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lant

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