Le Douzième Tombeau de l Ouest
122 pages
Français

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Le Douzième Tombeau de l'Ouest , livre ebook

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Description

« Devant le second pylône, Simon s'épanouit car, sur le socle d'un colosse qui semble en garder l'entrée, son œil exercé retrouve les hiéroglyphes déjà aperçus sur les sphinx de l'allée et à Louxor. Revenant sur ses pas en direction du sud, il montre à Jean l'allée de sphinx à tête de bélier conduisant au temple de Louxor. Ces bêtes sont représentées assises, sur un socle sans inscription, les deux pattes de devant repliées ; la sculpture est d'un grand réalisme et d'une grande majesté : les pattes sont munies de leurs sabots et la laine de leur corps est curieusement semblable à des écailles. Mais ce qui surprend, c'est qu'elles ont toutes été décapitées et que leurs belles têtes aux cornes puissantes, d'un arrondi parfait, exprimant une paix et une majesté tout humaines, gisent à quelques mètres d'eux, comme si un ennemi, d'un geste sanguinaire, avait voulu se venger de leur puissance. » Simon part en 1798 en Égypte avec l'expédition de Bonaparte. Rescapé de la bataille navale d'Aboukir, des émeutes du Caire, de la guérilla en haute Égypte, il succombera... aux attraits d'une civilisation dont la clef lui échappe. C'est à corps et âme qu'il se lancera à la recherche du tombeau d'Aménophis III, quitte à y laisser la vie... S'inspirant d'Édouard Devilliers du Terrage, Jean-Baptiste-Prosper Jollois et Édouard René, le trio que réinvente Nicole Barbecot-Thevenet autour de Simon, Antoine et Jean nous embarque avec une passion sans commune mesure au pays des pharaons. Mêlant adroitement fiction et réalité historique, l'auteur signe un roman d'aventures au parfum aussi authentique que mystérieux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342162592
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Douzième Tombeau de l'Ouest
Nicole Barbecot-Thevenet
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Douzième Tombeau de l'Ouest
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Chapitre I. L’arrivée
Simon sort de la vieille bâtisse laissant au courant d’air le soin de claquer la porte, lui n’a pas le temps. Il remonte en courant la rue des Vieux-Fossés, enfile la rue de la Convention ; bloqué un instant par une cohorte de soldats qui se rendent à la manœuvre, il reprend son souffle puis se remet à courir avec cette peur au ventre : s’il était déjà là, si j’allais le manquer ! Cela fait trois jours que Simon attend l’arrivée de son héros. Le cœur battant, il allonge le pas et débouche enfin sur la porte de France. Là, une foule de soldats, d’officiers, de voyageurs se presse et s’agite avec un air de bonheur. Depuis des années Toulon n’a pas été à pareille fête. Tout le monde se précipite à la rencontre du vainqueur d’Arcole et de Rivoli, ce « petit caporal » qui a imposé la paix à l’Autriche à Campoformio et vient prendre le commandement d’une formidable Armada chargée d’anéantir les Anglais, les derniers Européens à être encore en guerre contre la France.
Soudain un cri part du poste de garde.
— Le voilà !
Dans un nuage de poussière une voiture à quatre chevaux ralentit sur le pont du Las et se présente à la porte de France. Chacun se range pour laisser le passage, les officiers font présenter les armes aux soldats et tous crient :
— Hourra ! Vive le général Bonaparte ! Hourra !
Simon ne peut qu’apercevoir les cheveux de son grand homme mais cela ne l’empêche pas de crier de toute la force de ses douze ans :
— Hourra ! Vive le général Bonaparte ! Hourra !
Simon est heureux, une grande joie l’envahit, il a chaud tout d’un coup dans la douce lumière de ce matin de mai 1798. Curieusement il se sent en paix et en amitié avec tout le monde. Pour un instant il oublie les morts douloureuses qui ont souillé son enfance, le grand spectre de la guillotine sur le Champ de bataille, les nuits d’émeute où la moitié de la population prise d’une folie soudaine tuait ou pendait aux lanternes l’autre moitié.
Simon ferme les yeux pour retenir en lui cette sensation toute neuve qui commence à couler dans son corps et l’envahit tout entier comme une source d’eau vive. Quand ses paupières se soulèvent son regard est transfiguré par l’espérance, tout son visage sourit. Alors il se remet à courir mais ce n’est plus la course haletante de quelqu’un qui a peur de ne pas atteindre son but, cette course-là, c’est presque une danse – Simon imagine un instant la foule farandolant aux côtés de la berline jusqu’à l’« Hôtel de la marine » où est attendu l’hôte illustre des Toulonnais. En coupant à travers les ruelles, notre garçon arrive juste à temps pour le voir descendre de voiture. Il est presque déçu : il identifiait son héros aux généraux qu’il avait quelquefois aperçus sur le champ de bataille ; or l’homme qu’il a devant lui ressemble à un soldat : son habit est terne, ses cheveux noirs, presque sales, pendent sur ses oreilles, il est petit et paraîtrait fragile s’il n’y avait ce visage aux traits volontaires et au regard… Ah ce regard ! Ses yeux ont croisé ceux de Simon. Deux yeux aux reflets dorés, enfoncés dans leurs orbites qui lancent des étincelles et dont le regard est à lui seul un commandement.
Simon se sent frémir et crie une fois encore :
— Vive le général Bonaparte !
Cette ferveur, aussitôt partagée par tous les assistants, amène un sourire sur le visage jaune du général qui se retourne, puis, au pas de charge, prend possession de son logis.
Les poings au fond des poches, alourdi par toutes ces émotions, Simon descend lentement vers l’arsenal. Il y travaille du lever au coucher du soleil, c’est devenu sa maison, il connaît tous les coins et recoins de cette immense usine qui sert à construire, armer, réparer les bateaux, nourrir et habiller les marins et les soldats – toutes les matières premières et provisions réunies dans ses magasins en font une véritable caverne d’Ali Baba, organisée et militairement protégée. Depuis trois ans, Simon est apprenti à la corderie. Il a appris à ourdir et commettre les fils de chanvre.
Il aime bien ce bâtiment entièrement voûté qui a la longueur des plus longues cordes employées dans la mâture. À midi, un morceau de pain frotté d’huile en guise de viatique, il furète dans les magasins alentour ou organise des jeux avec les autres apprentis. Quelquefois ils vont traîner vers les cuisines des équipages et il est bien rare qu’un aide-cuisinier n’améliore pas leur ordinaire. Cependant l’endroit que Simon affectionne par-dessus tout est l’atelier du maître sculpteur chargé de découper dans le chêne les figures de proue. Il pourrait rester là des heures durant à regarder aller le ciseau qui d’abord révèle les contours d’une forme humaine ou animale puis, comme par magie, fait sortir du bois l’arrondi d’une épaule, la puissance retenue d’une bête prête à bondir et enfin souligne la profondeur d’un regard ou les palpitations d’une paire de naseaux. Là, jour après jour, Simon se familiarise avec le trait et le soir il essaie de reproduire les dessins que le maître, touché de l’intérêt que ce jeune garçon porte à son art, a bien voulu lui montrer. Il sait qu’il a peu de chance de devenir un artiste ; il est pauvre, il doit avant tout gagner sa vie, mais il continue à s’entraîner avec ferveur. Il rattache ces figures mythiques aux images que lui a suggérées la lecture de la Bible de Jean, seul livre qu’il possède dans lequel il a appris à lire et avec lequel il apprend maintenant à penser.
Ayant passé la porte en arc de triomphe sous l’œil complice de la sentinelle de garde, Simon se dirige vers « son » bateau, le splendide trois mâts flambant neuf qui bientôt va l’emporter avec l’expédition aux ordres de son héros – ce navire dont il a pu suivre toute la construction depuis deux ans est le Franklin armé de quatre-vingts canons.
— Salut Simon, hé, tu rêves ! Je monte au Champ de bataille, tu m’accompagnes ?
Tiré de sa rêverie, le regard de Simon bute sur le visage espiègle de Louis, un de ses bons copains.
— Que vas-tu faire là-bas ?
— Porter ce panier de poisson au cuisinier de monsieur Najac.
— Tu vas à l’« Hôtel de la marine » ? demande Simon étonné.
Sur un signe de tête de son ami, Simon passe de l’autre côté du panier, en saisit l’anse et nos deux amis se mettent en marche.
En débouchant sur la place, ils s’arrêtent à la vue du tambour de ville qui invite les citoyens à venir nombreux, après le coucher du soleil, planter un arbre de la liberté en l’honneur du général.
— Chic ! pense Simon. Je vais pouvoir vendre les poupées de Mamet.
Mamet est la grand-mère de Simon, elle habite une petite maison sous la batterie des Hommes-sans-peur, près de La Seyne. L’hiver, entre semailles et moissons, elle fabrique des poupées de chiffon qu’elle vend les jours de foire ou de fête.
Après avoir déposé leur poisson, les deux enfants se séparent, Louis retourne à son travail et Simon se met en quête d’une barque pour aller chercher les poupées chez Mamet.
Chapitre II. Jean
— Mamet ! Mamet ! Il est arrivé. Je l’ai vu !
Du portillon de bois Simon crie sa joie d’avoir vu le général et celle plus secrète de savoir que le départ est proche.
Perchée sur une chaise, d’où elle se livre à la cueillette des cerises, Mamet hoche la tête. Certes, elle est fière de son petit-fils qui, si jeune, prend à cœur de défendre sa patrie mais… s’il fallait ne plus le revoir, s’il devait y perdre la vie… Ses yeux de grand-mère revoient le bambin de quatre ans que son fils lui a confié un matin de l’été 1792 avant de rejoindre son bataillon à l’armée du midi.
Il était si beau avec ses longues boucles brunes, ses yeux rieurs et cette impression de mobilité qui se dégageait de tout son corps.
Perdue dans ses souvenirs, Mamet oublie qu’elle est perchée sur une chaise, trébuche et toutes les cerises tombent de son tablier.
— Saint Maximin ! (C’était son juron préféré et avouable.) En voilà du beau travail ! Simon ! Prends le couffin et aide-moi à les ramasser.
Ayant tout remis en ordre, ils s’assoient sur le vieux banc de pierre à l’ombre du platane.
— Tu sais, Mamet, il est tout petit, il a l’air sévère mais ça ne fait rien, quelque chose en lui donne envie de le suivre. Tu crois qu’il va les battre, les Anglais ?
— Oh sûrement, petit, sûrement… Il est très fort, tu tais. Personne encore ne l’a vaincu, et en 93, c’est grâce à lui que les Anglais ont été chassés de Toulon. Cette fois, je suis sûre qu’il va les obliger à faire la paix. Que Dieu l’assiste !
Et Mamet se signe.
— Mamet !
— Il n’y a que toi et moi !
— Non, Mamet, c’est trop dangereux, tu le sais bien.
Oh oui, Mamet le sait. Après son roi, la même année, on avait voulu supprimer son Dieu et son curé, mais lui, elle l’a bien caché et il est sauvé maintenant… du moins, l’espère-t-elle.
 
Un soir de novembre 1793, Mamet avait entendu gémir faiblement alors qu’elle fermait le volet de l’ouest, celui qui s’ouvre sur la colline de Six-Fours. Vaguement inquiète, elle s’empressa de le crocheter, prit sa pèlerine, une lampe et sortit dans la nuit opaque de novembre où la faible lumière de sa lampe faisait sortir des ténèbres autant de spectres qu’il y avait d’

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