Le Fabuleux destin d un cahier d écolier
212 pages
Français

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Le Fabuleux destin d'un cahier d'écolier , livre ebook

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Description

Le Fabuleux destin d’un cahier écolier est un roman qui jongle entre mémoire, imagination et surréalisme. L’auteur retrace les évènements d’Algérie entre 1961 et 1962, où chacun est invité à se souvenir, ou bien à découvrir le quotidien d'une famille durant ces années troubles. C’est avec une pointe d’humour qu’un cahier d’écolier doué de conscience nous livre le témoignage fidèle d’une vie passée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332582867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-58284-3

© Edilivre, 2015
Dédicace


A mon père, à ma mère, ma grand-mère, ma tante et mon regretté grand-père,
« L’érudition, c’est la mémoire et la mémoire, c’est l’imagination. »
Extrait de l’ouvrage intitulé : « Conseils à un jeune poète » de Max Jacob.
A ma femme, Valérie,
Car c’est grâce à elle qu’existe ce second roman, aujourd’hui.
Le fabuleux destin d’un cahier d’écolier
 
 
« Oran, le 8 Juillet 1962
Madame, La Radieuse,
Voilà trente minutes que je suis sur le pont de ce navire et vous semblez déjà m’avoir oublié. Que faites-vous donc de ces longues après-midi qui resteront à tout jamais gravées dans l’histoire de mon adolescence et qui ont certainement contribué à ce que je sois ce que je suis aujourd’hui.
Loin de toute réalité, j’avançais pas à pas vers une destinée que je pensais exempte de toute contrariété. Aujourd’hui pourtant, je me souviens de ce voile de gravité qui venait couvrir votre visage certaines après-midi, quand vous nous obligiez à quitter la plage plus tôt. Je ne comprenais pas alors que ma vie ne serait pas ce qu’elle semblait être. Je préférais m’abandonner à mes fantasmes d’adolescent et laisser mon regard et tout mon être vagabonder sur votre blanche peau que je pensais être mienne pour l’éternité.
Aujourd’hui en vous regardant vous éloigner, je prends conscience que vous ne serez jamais plus à moi, et que pire encore, vous rejetterez jusqu’au souvenir de ce que nous fûmes l’un pour l’autre. Je rêvais d’un amour quasi incestueux en votre sein et voilà qu’aujourd’hui vous m’interdisez jusqu’à déposer un simple regard sur vous.
Pourquoi n’ai-je pas compris cela plus tôt ! Pourquoi n’ai-je pas essayé de comprendre les raisons qui vous amenaient à interrompre nos parties de plage en m’obligeant à rentrer en toute hâte à la maison ?
Caché derrière les volets fermés de ma chambre, je regardais passer les manifestants, rue Murat, sans vouloir comprendre ce qui se passait réellement.
Jamais, je ne me suis interrogé sur les pantins de chiffons pendus par la tête aux réverbères de la ville. Jamais je n’ai compris, que ce cri de rage que vous poussiez contre l’envahisseur, m’était aussi destiné. Jamais je n’ai compris que vous, qui m’aviez vu naître, pourriez un jour m’abandonner et faire que vos enfants ne soient plus mes frères.
Comment vous, Madame qui avait éveillé en moi tant de plaisir, pouvez-vous aujourd’hui castrer ainsi ma jeune adolescence ?
Vous madame à qui l’Algérie votre mère a donné ce si beau nom d’Oran, comment pouvez-vous me rejeter et faire de moi un étranger.
Jules »
 
 
Cette page noircie n’a a priori rien de particulièrement intéressant ou pour le moins rien qui puisse justifier qu’aujourd’hui, vous soyez en train de me lire. Pourtant, vous êtes là, devant moi, face à cette page sur laquelle mon auteur a laissé glisser sa plume. Bien qu’au demeurant personne ne vous y ai contraint, vous m’avez ouvert et vous avez lu cette page. Excusez-moi de m’interroger, mais comment se fait-il que vous soyez toujours là ?
J’eus pensé qu’à la lecture de ces quelques lignes, vous m’ayez remisé, moi et mon auteur sur l’une de vos étagères !
Serait-ce par manque de place dans votre bibliothèque que vous continuez à me lire ? Non ! Je n’ose y penser et même si c’était le cas, il y aurait bien une table, une commode ou une armoire qui serait heureuse de retrouver son équilibre d’antan en m’accueillant sous l’un des ses pieds.
Je vous l’assure, vous avez déjà fait preuve d’une grande bonté en m’achetant !
Ôtez-moi d’un doute, vous m’avez acheté ?
De toute façon cela ne me regarde pas !
Mais bon ! Si vous avez été assez malin pour me subtiliser, vous trouverez bien une quelconque utilité à mes deux cent douze pages ?
Ne croyez pas que je vous interdise ma lecture ! Cependant, tout le monde ne peut pas être l’œuvre d’un d’Hugo ou d’un Stendhal.
Faute de ne pas avoir l’assurance d’un nom et ainsi d’être apprécié par vous, je préfère vous inviter à voir en moi le côté pratique de mes pages car je ne connais que trop, le destin de mes congénères qui finissent dans des malles poussiéreuses à la merci de petits rongeurs.
Bon ! Si je comprends bien, vous insistez alors ?
Vous ne voulez pas refermer ma couverture ?
Vous ne m’avez pas trouvé une quelconque utilité domestique et moi je ne veux pas finir dans une malle !
A moi et mon auteur donc, de savoir vous séduire.
 
 
Tout commença, un beau matin de Juillet. Avant d’être ce que je suis aujourd’hui, je fus un cahier d’écolier jeté dans une besace, entre deux, trois BD Marvell, une madeleine émiettée, des coquillages et une petite fiole de verre remplie de sable.
J’aurais pu rester là et vous ne seriez pas en train de me lire. Pourtant sous le brouhaha des moteurs qui nous arrachaient du quai, une main vint m’extraire de cette besace pour me faire atterrir sur les jambes tremblantes d’un jeune adolescent assis sur le pont d’un navire.
Au fur et à mesure que nous nous arrachions de ce quai, la brise qui glissait sur moi telle une caresse se transformait en un vent violent qui faisait claquer ma couverture. C’est alors qu’une main tremblante vint interrompre ce va-et-vient forcé, pour la plaquer et ouvrir mes blanches pages au désir d’écriture de mon jeune auteur.
Ces premières lignes, je vous les ai données dès ma première page et même si elles vous ont déconcertées, elles sont à elles seules l’essence de ce que je suis aujourd’hui. Autrement dit, l’histoire de mon auteur, un jeune adolescent qui je ne sais pourquoi, s’est senti ce matin là, obligé de coucher sur le papier tout l’amour qu’il portait au pays qui s’arrachait lentement à lui.
Il était 7h30 quand les premières bulles d’encre vinrent maculer ma page blanche. J’ai d’abord pensé que je n’étais qu’un brouillon, le brouillon d’une lettre qui serait adressée. Un courrier sans prétention, semblable à mille autres sur lequel j’apprendrais à un inconnu que le soleil brille, que les oiseaux chantent.
Pourtant très vite, je compris qu’il n’en était rien, sous les doigts étrangement crispés de mon auteur, la bille du stylo marquait chacune de mes lignes avec une telle intensité que je m’en sentais incisé. Il s’agissait ici, d’autre chose ! D’un sentiment bien plus profond et la larme qui vint s’écraser et se mêler à l’encre encore fraîchement déposée ne fit que me confirmer que dès maintenant je serais et je resterais peut-être pour lui, l’empreinte de son histoire.
Il fallait qu’il écrive cette lettre que je vous ai proposée dès ma première page. En faisant d’Oran une femme, il espérait certainement pouvoir directement s’adresser à sa ville.
La personnifier, c’était s’assurer un dialogue avec elle, et pourquoi pas des réponses à toutes les questions qu’il se posait. Pourtant, quand il déposa comme un signe de reconnaissance sa signature au bas de cette lettre, je vis dans ses yeux un désespoir profond s’installer.
Certes il avait écrit une lettre, l’avait signée, mais à qui pouvait-il l’adresser ? Cette femme n’existait pas et son courrier en resterait à tout jamais muet.
Tout aurait pu en rester là, mais je ne pouvais m’y résoudre, car chacun des mots qu’il m’avait donnés résonnaient dès à présent entre mes lignes comme autant de souvenirs que je voulais que l’on se rappelle. Par deux fois pourtant, je sentis le pouce et l’index de sa main droite glisser vers les spirales de ma colonne vertébrale résolue à se défaire de cette première page qui allait finir sa courte existence dans le bleu de cette mer qui nous emportait. Et pourtant, après deux tentatives avortées, je sentis glisser sur moi la bille de son stylo. Il avait relu sa lettre et tout son esprit s’en était engourdi, à tel point que je compris que dorénavant, lui et moi ne ferions plus qu’un.
En faisant de moi, son plus fidèle confident, il me donnait la possibilité de rapporter une histoire qui serait aussi la mienne.
* * *
 
 
Je fus acheté dans un magasin. En fait de magasin, je devrais plutôt parler d’un bazar, et quand je dis bazar, il faut l’entendre au vrai sens du terme. Dans cette échoppe d’à peine 20m 2 , on trouvait tout et n’importe quoi. Épicerie, papeterie, librairie, bricolage, mercerie, vêtements, pièces auto, jouets, boulangerie, se partageaient une vingtaine d’étagères dans un agencement que seule la logique d’Hassan, le propriétaire, pouvait raisonnablement justifier.
Pour ma part, je me souviens avoir partagé mon étagère avec une dizaine de boîtes de semoule de couscous, des boîtes de mantecao, une boîte de boutons de culotte et même durant un temps, avec le filtre à air d’une Peugeot 203 coupé.
En fait, aujourd’hui je peux le dire, tel un Leonard de Vinci du négoce, Hassan était un précurseur, il ne le savait pas alors, mais à sa manière, il avait déjà développé un concept particulièrement avant-gardiste…
Ne dit-on pas aujourd’hui : « Quoi que tu cherches, quelle que soit l’information désirée, va sur internet, tu trouveras. » Eh bien, chez Hassan, c’était pareil, vous cherchiez quelque chose, Hassan vous le trouvait.
Ma première rencontre avec mon auteur fut pour le moins singulière, sachant qu’au départ je ne fus pour lui qu’un prétexte.
Je le vis entrer dans la boutique vers seize heures, et ce n’est en fait que près d’un quart d’heure plus tard qu’il se présenta devant mon étagère. Pendant ces longues minutes, il avait parcouru du regard chacune des étagères qui m’entouraient. Hassan lui avait même demandé ce qu’il désirait et lui l’air penaud, avait répondu :
« Heu ! Rien de particulier, je regarde ».
Ce n’est en fait que lorsque Madame Moreno quitta la boutique avec son

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