Le Katanga face à la Belgique coloniale
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Le Katanga face à la Belgique coloniale , livre ebook

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Description

Cet ouvrage décrit les événements qui ont eu lieu au Katanga pendant et après la colonisation belge. Le Katanga était alors une province du Congo belge.



Après la Deuxième Guerre mondiale, il fallait proposer une nouvelle politique coloniale afin de marquer une ère innovatrice dans les relations entre le royaume de Belgique et sa colonie ; pour cela, le ministre des Colonies élabore, en 1947, un plan quinquennal englobant tous les secteurs de la vie coloniale. Le financement de tout cela allait venir du Katanga, seul.



Lorsque la colonie belge organise des festivités immenses en 1956 pour célébrer les cinquantenaires de deux grandes sociétés coloniales, l’Union Minière du Haut-Katanga et la Société de chemins de fer, la BCK, deux filiales de la Société Générale, les Katangais s’aperçoivent que leur province a été, depuis cinquante ans, dupée et est restée uniquement trésorière-payeuse pour tout le Congo belge.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414470884
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson - 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-47087-7

© Edilivre, 2020
Exergue

“Il n’y a qu’une chose qui puisse être pire
que l’hostilité avec les Occidentaux, c’est l’amitié avec eux.”
Anonyme.
Le Katanga face à la Belgique coloniale dans les années avant et après l’indépendance
Chapitre 1 Le Katanga au cœur du plan décennal
En 1949, le ministère des Colonies présenta un plan décennal aboutissant à la loi du 27 mai 1952 laquelle permit au ministre des Colonies de puiser toutes les ressources disponibles, d’ailleurs venues toutes du Katanga, pour exécuter des projets de toutes sortes. Il s’agit, pêle-mêle, de développement économique, social et financier. La loi fixa les domaines où il y avait beaucoup à faire. Les voici :
1. L’extension et la modernisation des moyens de transport,
2. L’extension de l’approvisionnement en eau potable et en électricité,
3. La construction d’habitations décentes,
4. La multiplication des services cartographiques, géologiques et hydrologiques, pour mieux connaître le pays et donc tirer un meilleur profit de ses ressources,
5. L’amélioration des télécommunications et des services météorologiques,
6. Le développement de l’agriculture et de l’élevage,
7. L’encouragement du colonat. La réalisation de tous ces objectifs tendait à créer des conditions favorables au développement de l’économie privée.
Comme toujours dans la politique coloniale belge, il manqua de suites. On procéda aux créations de multiples fonds portant quasi toutes les noms de personnes issues de la famille royale. Il y eut
1. Fonds d’assistance, depuis 1947, le Fond s du Bien-Etre Indigène ou FBI, réalisa dans certaines localités des adductions d’eau.
2. L’Office des Cités Africaines. Il devait construire des habitations en matériaux durables dont les travailleurs les mieux payés devenaient propriétaires.
3. Le Fonds reine Elisabeth pour l’assistance médicale aux Indigènes du Congo belge (FOREAMI). Il mit sur pied des équipes médicales mixtes et itinérantes qui s’occupaient de dépistage des maladies, de vaccinations, du traitement des maladies de tous genres.
4. Le Fonds du Roi ne fut qu’un complément au Fonds d’Avance offrant aux autochtones la possibilité de se construire une maison dans des villes et de rembourser les prêts par mensualités.
5. La création d’une caisse de pensions, d’épargne, de centres de consultation postnatale, de léproseries et même de bibliothèques publiques.
Que peut-on en retenir et quel en est l’impact au Katanga ? Il faut se dire en toute sincérité que ce fut le Katanga qui fournit l’argent qui servit à mettre en marche ce plan décennal. Il y eut très peu de projets réalisés dans la province-même. En y regardant de plus près, les déplacements des populations autochtones katangaises vers les villes ou les centres urbains étaient toujours difficiles. Tandis que les populations venues du Kasaï s’y installaient avec plus de facilités que les Katangais de souche. Ainsi, ces immigrés eurent plus aisément des accès à toutes sortes de prêts lancés par ce plan décennal : les centres extra-coutumiers eurent plus de populations du Kasaï habitant dans de nouvelles maisons. La raison en fut la volonté de l’administration coloniale de contraindre ces populations à demeurer dociles vis-à-vis de la colonie. La majorité de la population katangaise fut contrainte de rester dans les zones rurales astreinte aux travaux agricoles.
Ainsi, exerça l’administration coloniale un contrôle efficace sur les mouvements des villageois d’autant plus qu’elle exigea que les villages fussent déplacés et exclusivement reconstruits au bord de voies carrossables. Ils avaient de cette façon-là subi des préjudices énormes : les écoles et les hôpitaux furent bâtis dans des villes. Ceux qui peuplaient les villes furent les immigrés venus de provinces du Kasaï et du Kivu. Dans leur propre province, ils furent soumis à l’autoritarisme le plus absolu. Il y eut uniquement les missions catholiques et dans une certaine mesure protestantes qui sauvèrent les villages en implantant aussi bien école que dispensaires.
Derrière cette éblouissante façade de bâtiments modernes essaimés dans les villes du Katanga, la colonisation y laissa un abyssal vide intellectuel et le modèle social tant vanté ne permettait aux populations du Katanga travaillant aussi bien dans le privé que dans le public de ne continuer à vivre comme dans les milieux ruraux. Ni les cités extra-coutumières ni les habitations des sociétés dans lesquelles logeaient les travailleurs, telles l’UMHK et la BCK. Ne permettaient pas beaucoup de mieux vivre. Une vie de famille n’y fut jamais possible. Au Katanga, apparut une classe moyenne de commerçants et d’artisans qui vécurent installés à leur propre compte et constamment combattus par l’administration. Celle-ci, subissant les pressions de petits Blancs, freinait les ardeurs des artisans et commerçants indigènes. Ceux-là devaient aussi travailler à l’extérieur pour subvenir aux autres besoins et ceux-ci n’étaient que revendeurs de seconde ou même de troisième main. Les jugements sur la colonisation belge n’ont jamais manqué dont voici un typique :
« Jusqu’en 1957, et ce depuis l’annexion du Congo par la Belgique, le Congo avait vécu, à l’instar de toute colonie, mais d’une manière plus archaïque et paternaliste que les empires français et britannique, sous la coupe pure et simple de la Belgique ; aucune participation à l’exercice du pouvoir, aussi minime soit-elle, n’avait été tentée ; l’administration était belge, l’économie était à sens unique, vers la Belgique. Les Belges avaient d’ailleurs, sous ce rapport, monté en exergue le slogan pas d’élite, pas d’ennuis, ce qui leur paraissait le meilleur gage du maintien de leur souveraineté pour de longues décennies. » 1
Et un autre historien écrivit :
« avec une des plus importantes productions du monde pour les diamants (au Kasaï), de cuivre et d’uranium (au Katanga), avec de grandes plantations de caoutchouc, de palmier à huile, de cacao, de coton, le Congo était un modèle d’exploitation capitaliste, sans autres vues d’avenir qu’économiques ». 2
La colonisation belge avait une autre caractéristique, quoiqu’elle ne fût pas absolument propre aux Belges, la ségrégation raciale plus ouverte et encore plus mesquine qui nourrit le ressentiment des Noirs contre le Blanc colonisateur qui le maintint, sciemment ou non, dans un état d’infériorité. Il devait éclater en juillet 1960 à l’initiative d’un Premier Ministre incompétent.
Sur le plan humain, la politique coloniale belge fut désastreuse quant aux rapports sociaux entre les colonisateurs et les colonisés, entre les colons et les autochtones. Le ministère des Colonies avait une politique d’une incertitude propre aux institutions usurpatrices. Tantôt, elle collaborait avec les autorités coutumières, tantôt, elle les écartait d’autant plus qu’au Katanga, elles avaient une vue plus large et autonome de leurs responsabilités. Dans la confusion générale, c’est-à-dire lorsque les évolués se mêlèrent dans les affaires publiques, l’administration coloniale perdit la boussole. Quand le roi des Belges et, de surcroît, celui du Congo également vint dans la colonie, il y trouva un vide humain parmi les Noirs. Et au Katanga même, qu’est-ce qui avait changé ? En toute sincérité beaucoup de choses. Il serait malsain et quelque peu ingrat de ne pas le reconnaître. La colonisation avait apporté en échange des richesses du sous-sol katangais des hôpitaux, des écoles et même l’évangile. N’en déplaise aux pseudo-nationalistes de tous horizons.
Les luttes intestines belges se cristallisaient sur le Katanga. Il y avait d’un côté les partis politiques qui se livraient une lutte sans merci pour conquérir les cœurs des colonisés ; de l’autre, l’église catholique en confrontation avec les partis de gauche et libéral. Dans les centres extra-coutumiers et dans les cités du personnel noir des sociétés au Katanga, les propagandistes occultes belges ainsi que leurs aides autochtones semaient la zizanie dans les têtes de quelques évolués. Le cas du journaliste socialiste Fernand Demany est le plus éclatant. Il s’en prit justement aux deux institutions coloniales dont l’une renflouait, enrichissait et octroyait à la Belgique un statut certain. L’autre travaillait au maintien du calme dans les milieux travailleurs : les sociétés et les missions. Dans la tête des Belges, de quelque bord qu’ils fussent, le Katanga avait le rôle de trésorier payeur de la Colonie. Il fallait prolonger ce rôle au delà de toute évolution politique dans la colonie. Elle comptait sur les populations transférées en masses dans la province du Katanga. Même parmi les coloniaux, beaucoup sympathisaient avec ces déracinés vivant et jouissant de l’hospitalité katangaise et il apparut plus tard que ces coloniaux votaient à gauche en Belgique. Ce qui eut toute son importance dans les moments décisifs du Katanga car ces Belges se mirent à dénigrer les hommes politiques katangais lesquels rejetaient les orientations idéologiques et le programme métrpolitains. Même les milieux financiers belges avaient pris une attitude hostile au Katanga pour la sauvegarde de l’unité du Congo dont ils ne souhaitaient pas voir la dispersion de leurs intérêts dans six pays qui seraient éventuellement issus de l’éclatement de la colonie belge. Depuis 1956, le Katanga se bat contre les séquelles de la colonisation et se débat dans le chaos que la Belgique avait laissé derrière elle. Malheureusement, le Katanga a perdu il y a belle lurette des hommes courageux et même téméraires.


1 . Leclercq, Claude in Crine-Mavar, Bruno : Histoire du Katanga. Ed. O

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