Le lieutenant Pierre Dumoulin
222 pages
Français

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Le lieutenant Pierre Dumoulin , livre ebook

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Description

Un peu avant la première guerre mondiale un jeune instituteur, Pierre Dumoulin, rencontre une jeune infirmière allemande, Romy Von Stieferd. Ils ont l'un pour l'autre un véritable coup de foudre et se marient pour vivre en France. Dès le premier jour du conflit l'instituteur est mobilisé comme lieutenant, alors que naît l'enfant du couple. Romy, confiant son bébé à la mère de Pierre, se porte volontaire auprès de la Croix-Rouge. Mais l'histoire se complique quand elle est accusée d'espionnage par Léon Maréchal, l'oncle de Pierre. On ne sait pas ce qu'il adviendra d'elle et de son couple... Des personnages apportant chacun leur personnalité (comme Jean Rivaz, l'ami de Pierre Dumoulin, le terrible Léon Maréchal, et d'autres encore) donnent son relief à l'intrigue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414429011
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-42900-4
 
© Edilivre, 2020
Première partie
Chapitre 1
En cette année 1911, le printemps s’invitait sans le moindre signe avant-coureur. Après un hiver rigoureux, la vie s’imposait à nouveau et la lumière donnait au ciel son bleu profond. Dans l’une de ces journées, où un soleil porteur d’espoir brillait, Jean Rivaz rentrait dans la chambrée qu’il partageait avec Pierre Dumoulin et quelques camarades du 1 er régiment d’infanterie. Ils étaient cantonnés dans la garnison de Bourogne, place stratégique, toute proche de Belfort. Pierre, installé sur son lit, lisait tranquillement. Les autres occupaient leur temps à jouer aux cartes dans un dortoir voisin. Tant mieux, se dit-il. Ils avaient sympathisé dès le premier jour en recevant, l’été précédent, leur paquetage pendant que les ordres pleuvaient déjà. Encore enfants ils avaient perdu leur père, au premier regard ils s’étaient reconnus comme orphelins.
– Devine ce que je vais te dire.
– Tu as l’air tout content !
– Oui. Deux jours de perm pour la section : samedi et dimanche. T’inquiète pas, le capitaine Roulier vient de le confirmer.
– Si tu me sors un bobard je m’occupe de toi.
Il laissa échapper un petit rire.
– Je ne blague pas ! Il avança la tête, mains sur les hanches, l’air faussement provocateur.
– Allons vite chercher nos billets de sortie.
– Range ton livre et filons au bureau.
– Deux jours, c’est trop peu pour retourner chez nous.
– Tu ne vas pas te plaindre ! C’est notre première perm, oui ou non ?
– Oui, mais il ne faudrait pas moisir ici.
En deux bonds, il rejoignit Jean qui l’attendait près de la porte.
Sous l’uniforme depuis l’été 1910 la liberté leur manquait. Comme pour tous ceux avec lesquels ils avaient été incorporés, le temps commençait à peser de tout son poids. Mars apportait le désir viscéral d’oublier la torpeur de l’hiver.
– Quand je vois pointer ton petit museau de renard, je sais qu’une idée te trotte dans la tête, poursuivit Pierre.
– Ecoute, j’ai envie de passer la frontière. Ne laissons pas échapper cette chance. Une visite en Allemagne me fait rêver.
– Proposition adoptée. J’ai appris la langue allemande au lycée… Bonne occasion de la pratiquer. Au conservatoire mon professeur de flûte venait de Berlin. Crois-moi si tu veux, grâce à ses conseils, donnés en plus de mes leçons, je parle presque couramment.
– Là-bas, je compte sur toi ! Je te nomme interprète-traducteur.
La cour traversée en trombe, ils pénétrèrent dans les bureaux du régiment pour retirer leurs autorisations. Ils craignaient trop qu’elles se perdent au fond d’un tiroir.
* *       *
A la suite de la loi Bertaux, qui avait imposé, en 1905, un service militaire de deux ans, Pierre Dumoulin, un Ardéchois de 22 ans, et Jean Rivaz, un Savoyard du même âge, s’étaient retrouvés ensemble sous les drapeaux. Cet intermède les reposerait des gardes nocturnes, des manœuvres dans la campagne glacée et des longues marches sac sur le dos.
Le Savoyard gagnait sa vie depuis ses 14 ans dans une importante usine de Chambéry. Orphelin à 9 ans, il vivait modestement avec sa mère ; tous deux travaillaient ensemble. Malgré les difficultés de la condition ouvrière, il montrait un tempérament joyeux. Dès l’enfance, il s’était forgé un caractère courageux. Avec son visage expressif et ses yeux rieurs, il découvrait le monde avec avidité. Il pratiquait la boxe française chaque jeudi soir. Il frappait sans relâche contre un sac, ou montait sur le ring pour dépenser son trop plein d’énergie. Par-dessus tout, il aimait le respect du partenaire enseigné par cette discipline.
L’Ardéchois, lui, avant sa mobilisation, venait de quitter l’Ecole normale. Le métier d’instituteur lui plaisait et lui permettrait de satisfaire ses nombreuses passions. Sa mère, elle aussi, s’était rapidement retrouvée veuve. Dans son enfance, elle avait veillé à l’éducation et aux études de son fils en plaçant son avenir au centre de ses préoccupations. S’il n’en tirait aucune fierté au terme des deux mois de classes, sa hiérarchie l’avait nommé sous-lieutenant de réserve, tandis que son camarade portait les galons de caporal. La conscription amenait souvent à de vraies amitiés. Celle née entre les deux jeunes gens le confirmait. Pierre possédait l’art de faire participer son interlocuteur à la conversation. Il transmettait une partie de son savoir à son nouvel ami, ne cherchant ni à briller ni à l’écraser. Jean améliorait ainsi son orthographe, aide précieuse pour écrire à sa mère. Si l’un boxait, l’autre sprintait sur la piste en cendrée de Privas et jouait de la flûte traversière. Il était le plus grand des deux, environ 1, 80 mètre, belle stature pour l’époque. L’athlétisme lui avait apporté sa prestance. Bienveillant, il regardait ceux qui l’entouraient de ses yeux bleu clair. Réfléchi et déterminé, il possédait une autorité naturelle.
L’adjudant, responsable du bureau, leur tendit les papiers :
– Voici vos permissions.
Sans attendre, ils se rendirent, le pas léger, vers Belfort où ils trouveraient des billets pour l’Allemagne.
* *       *
Le 10 mai 1871, à la fin des hostilités entre la France et la Prusse, le traité de Francfort concluait la défaite française. La capitale de la Franche-Comté se situait désormais en face de la frontière avec les responsabilités qui pesaient sur cette position. A quelques kilomètres du « territoire impérial d’Alsace-Lorraine », sa garnison, en cas de guerre, endosserait à l’instant un rôle primordial et les artilleurs auraient à répliquer dès la première attaque.
Les deux jeunes hommes s’enflammaient à l’idée d’aller, pour la première fois en Allemagne, la « vraie Allemagne ». Très vite un nom s’imposa : Fribourg-en-Brisgau.
– Fribourg Jean ! Ecoute-moi, il s’agit d’une ville importante et toute proche. C’est là qu’il faut aller !
– Alors il y aura des filles à rencontrer ?
– Aucune occasion ne t’échappe !
L’œil de Pierre pétillait et le caporal, approuvant le choix de la destination, rêvait déjà.
* *       *
Les billets achetés, il restait du temps avant de regagner la garnison. Installés dans un café, ils discutaient de leur projet autour d’un verre. Le départ était prévu le lendemain matin et le retour le dimanche soir. Les deux camarades décidèrent avec prudence de ne rien lâcher sur leur escapade. Le commandement, rigide sur la question, déconseillait fermement de se rendre en Allemagne. Les tensions jamais apaisées pouvaient vite resurgir. En réponse aux demandes de leurs compagnons, la version officielle serait : « On va en Haute-Saône où le sous-lieutenant a de la famille. Elle nous accueillera à la ferme et nous mangerons de la bonne viande. »
Si elle avait appris cette cachoterie, la hiérarchie n’aurait pas admis que deux soldats passent outre ses recommandations. Aussi, le lendemain, aux premières lueurs du jour, chacun portant un sac tyrolien, ils gagnèrent la ville à vive allure. Quelques kilomètres à pied ne rebutaient pas les deux conscrits rompus à des distances beaucoup plus longues. L’envie de découvrir le monde les poussait et les rendait encore plus complices dans leur petite aventure.
– Dans le train, Jean, restons discrets et lors du contrôle des papiers ne nous présentons pas comme soldats.
– N’aie pas peur : tu ne finiras pas dans les geôles du Kaiser. Je ne risque pas de dire que nous venons de Bourogne. Imagine-toi que la douane nous prenne pour des espions.
Il chuchota ces dernières paroles, sourire en coin.
– Sois certain que, le jour de notre libération, l’armée ne nous aura pas oubliés et nous jugera pour désertion, surenchérit Pierre, faussement inquiet.
– Bon, on va jouer serrer, dit le caporal en redevenant sérieux. Et pour l’argent ?
– On s’adressera à la première banque.
Huit heures sonnaient à l’horloge d’un clocher. Dans la gare, de nombreux voyageurs se croisaient. Ils parlaient français, allemand et même l’alsacien. Assis sur un inconfortable banc en bois, les deux compères s’apprêtaient à partir pour un itinéraire d’environ cent kilomètres. Le trajet durerait deux heures. Au sortir de la « Trouée de Belfort », il faudrait se soumettre aux douaniers. Heureusement, les jours d’affluence, ils passaient à grandes enjambées, ne posant guère de questions et menant des contrôles sommaires.
Ils se retrouvèrent en Alsace. Le train roulait, tracté par une puissante machine, en direction de Mulhouse, unique étape du trajet. La fumée qui s’échappait de la cheminée laissait derrière elle un panache sombre. Debout dans le couloir, ils observaient le paysage, ils trépignaient et s’impatientaient. Un premier séjour à l’étranger doit laisser des souvenirs qui s’impriment en traces indélébiles dans la mémoire : ils ne voulaient rien manquer. Ils espéraient. A leur âge on espère de toutes ses forces en l’avenir.
Jean demanda :
– C’est quoi cette colline ?
– Le ballon d’Alsace, je suppose.
– Une colline, rien de plus.
– Un point culminant, je te signale.
– Oui… Un jour tu viendras chez moi. Les Alpes, voilà de vraies montagnes !
– Il paraît que si le soleil brille d’ici on aperçoit le sommet du Mont-Blanc.
– Alors ça change tout.
Jean revoyait les images d’une journée passée à Chamonix avec ses amis de Chambéry.
L’arrêt de Mulhouse comptait à peine quinze minutes. Le convoi traversa le Rhin, en empruntant un pont en fer. Malgré la faible vitesse, il vibrait en cadence. Le débit de l’eau impressionnait les passagers qui pointaient leur nez contre les fenêtres. Le fleuve semblait difficilement franchissable.
Le terminus approchait. A dix heures, ils touchaient presque à destination. La Forêt-Noire entourait en partie la

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