Le Livre de Judith - Étude critique et historique
43 pages
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Le Livre de Judith - Étude critique et historique , livre ebook

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Description

Nous avons à exposer, en traitant ce sujet au point de vue du livre de Judith, 1° les relations qui existèrent entre les Assyriens et les Mèdes à l’époque de la prépondérance assyrienne ; 2° le déclin de l’empire assyrien ; 3° la formation parallèle et le développement de l’empire médique ; 4° l’état de la Palestine durant cette période de transformation.Le peuple qui portait chez les Assyriens et les Hébreux le nom de Madai, et dans lequel on a toujours reconnu les Mèdes, est mentionné pour la première fois dans les annales des rois d’Assyrie sous Ramannirar III, qui règna, suivant la chronologie actuellement reçue, de 810 à 781.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346130047
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Alphonse-J. Delattre
Le Livre de Judith
Étude critique et historique
LE LIVRE DE JUDITH
Le livre de Judith, contre lequel l’ignorance et le parti pris ont amassé tant de préjugés, est un des monuments les plus instructifs que nous aient légués les temps anciens ; il est à la fois un précieux monument d’histoire sainte et un précieux monument d’histoire asiatique. Les livres des Rois et les Paralipomènes, l’histoire des Mèdes dans Hérodote, histoire en somme très véridique, et les inscriptions assyriennes en fournissent la contre-épreuve et en reçoivent à leur tour beaucoup de lumière.
Il y a longtemps déjà que les événements du livre de Judith ont été rangés à leur place dans l’histoire. Dès le XVI e siècle, le P. Serarius devina que le roi de Ninive qui envoie Holopherne en Palestine et dans les contrées voisines, était un fils d’Asarhaddon 1 , et sa conjecture approche aujourd’hui de la certitude, grâce aux données nouvelles puisées dans les textes assyriens C’est à établir ce point et à mettre en relief la haute valeur historique du livre de Judith que ces pages sont consacrées.
Mais il faut s’entendre tout d’abord sur le texte à suivre dans l’étude d’un document si important.
Le texte original du livre de Judith, qui fut écrit en hébreu 2 , n’existe plus. On en possède à présent un texte grec 3 , un texte syriaque et un texte latin. Le texte syriaque n’a d’importance que pour la critique du texte grec dont il dérive. Le texte grec ne se trouva pas à la disposition de saint Jérôme lorsqu’il traduisit le livre de Judith en latin, ou, ce qui est plus croyable, il ne lui inspira aucune confiance. Il fit sa traduction sur un texte chaldéen qui existait encore de son temps et qu’il considéra comme l’original. Cependant les manuscrits à l’usage du docte solitaire étaient remplis de fautes, et la version latine qu’il en tira est en plusieurs points bien inférieure à la version grecque, comme on le verra par la suite. Saint Jérôme ne rendit en sa langue que ce qu’il crut lire avec certitude dans le chaldéen ; il ne consacra aussi que fort peu de temps à un travail qu’il entreprit forcé par l’importunité de ses amis 4 . Nous suivrons donc en général la version grecque.
Le livre de Judith détermine avec la netteté suffisante la date des événements qui en sont l’objet. La Médie vient de s’ériger en royaume ; tous les peuples de l’Asie occidentale sont soulevés contre Ninive ; l’échec subi par les Assyriens sous les murs de Béthulie est suivi d’une longue période de paix durant laquelle la Palestine n’a plus rien à souffrir de la part d’envahisseurs étrangers. Donnant une forme nouvelle à la thèse du P. Serarius, nous établissons que cette période est celle de la décadence finale de Ninive et de la formation des empires d’Ecbatane et de Babylone. Nous avons choisi le moyen de démonstration le plus simple. Nous traçons à grands traits le tableau de l’Asie occidentale à l’époque indiquée, et nous en rapprochons ensuite les faits racontés dans le livre de Judith. Notre travail se divise ainsi en deux chapitres distincts.
1 In sacros divinorun bibliorum libros Tobiam, Judith, etc (Moguntiae, 1599), p. 221.
2 Cf. De Wette, Lehrbuch der histor. - krit. Einleitung in die Kanon, und Apokr. Bücher des A.T., 7 e éd., pp. 405, 406.
3 Le texte latin de la vieille Itala diffèrait peu du texte des Septante.
4 Acquievi postulationi vestrae, imo exactioni : et sepositis occupationibus quibus vehementer arctabar, huic (libro) unam lucubratiunculam dedi, magis sensum e sensu, quam ex verbo verbum transferens. Multorum codicum varietatem vitiosissimam amputavi : sola ea quae intelligentia integra in verbis chaldaeis invenire potui, latinis expressi. Praef. in librum Judith. Migne, Patr. lat., t., XXIX, col. 39, 40.
CHAPITRE PREMIER
L’ASIE OCCIDENTALE AU VIII e ET AU VII e SIÈCLES AVANT L’ÈRE CHRÉTIENNE
Nous avons à exposer, en traitant ce sujet au point de vue du livre de Judith, 1° les relations qui existèrent entre les Assyriens et les Mèdes à l’époque de la prépondérance assyrienne ; 2° le déclin de l’empire assyrien ; 3° la formation parallèle et le développement de l’empire médique ; 4° l’état de la Palestine durant cette période de transformation.
I. —  Les Mèdes sous la domination assyrienne
Le peuple qui portait chez les Assyriens et les Hébreux le nom de Madai, et dans lequel on a toujours reconnu les Mèdes, est mentionné pour la première fois dans les annales des rois d’Assyrie sous Ramannirar III, qui règna, suivant la chronologie actuellement reçue, de 810 à 781. Ramannirar III comprend la Médie dans la liste des pays qui reconnurent sa suzeraineté. Il ne dit point si le pays lui fut soumis dans sa totalité, mais le langage des rois postérieurs suppose qu’il le fut seulement en partie.
Après Ramannirar III, les rois d’Assyrie sont muets jusqu’au règne de Teglatphalasar II (745-727). Ce prince visite en personne la Médie occidentale, tandis qu’Assurdaninani, un de ses généraux, va ravager les Mèdes du soleil levant. Teglatphalasar reçoit le tribut des chefs Mèdes jusqu’au pays de Bikni, qui forme la limite de son empire à l’est. Les conquêtes de Teglatphalasar II dans la région du Zagros et en Médie furent suivies d’un remaniement des populations ; une partie des vaincus se virent arrachés à leur sol et remplacés par des colons étrangers, prisonniers de guerre des Assyriens. La colonisation fut continuée par Salmanazar III (726-722), d’après la Bible 1 , et par Sargon (722-704).
Ce dernier raconte qu’il guerroya souvent chez les Mèdes, mais sans dépasser le terme atteint par les armées de Teglatphalasar II. Il marque les Mèdes lointains de Bikni comme occupant l’extrémité de son empire à l’est. Pas plus que les autres monarques ninivites, Sargon ne parle de rois Mèdes. Les Mèdes auxquels il a affaire sont commandés par un grand nombre de petits princes. Sargon parle une fois de vingt-huit, et une autre fois de quarante-cinq chefs mèdes qui lui paient tribut. Georges Smith donne dans ses Assyrian Discoveries (5 e éd., pp. 288 et 289) la traduction d’un fragment d’inscription de son règne, où figurent les noms de vingt-deux chefs et de vingt-quatre principautés médiques.
Cependant la conquête de la Médie n’était point complète. Sennachérib (704-680), successeur de Sargon, parle en effet d’une expédition dans laquelle il reçut un tribut considérable de Mèdes lointains dont ses pères n’avaient jamais entendu parler. Asarhaddon (680-667), successeur de Sennachérib, soumet également quelques chefs de Mèdes lointains, inconnus à ses ancêtres. Évidemment les témoignages ne se concilient que dans la supposition d’une conquête partielle de la Médie sous Teglatphalasar II et Sargon 2 . Rien ne prouve d’ailleurs qu’elle ait été achevée sous Sennachérib et Asarhaddon. Nous allons même signaler un indice positif du contraire.
Asarhaddon eut un jour à repousser l’attaque du chef de Karkassi, marchant à la tête d’une armée de Gimirriens, de Manniens et de Mèdes. Ce fut probablement à la fin de son règne ; car la guerre dont il s’agit n’est pas mentionnée sur ses prismes, dont un est daté de sa huitième année. Des débris de tablettes conservés au British Museum en ont gardé le souvenir. Ces fragments présentent assez peu de suite ; mais tels qu’ils sont, ils méritent de fixer notre attention.
Signalées par M. Boscawen, les tablettes ont été étudiées plus spécialement par M. Sayce qui en a donné une transcription en caractères latins dans ses Conférences sur la littérature babylonienne 3 .
Un des fragments 4 nous apprend

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