Le mystère Aldelstein
260 pages
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Le mystère Aldelstein , livre ebook

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Description

A soixante ans, la vie de Jean est une belle réussite. Il est à la tête d’une grande entreprise florissante et a épousé Seraya, une aristocrate bordelaise. Aisance et harmonie sont les mots qui caractérisent le mieux son existence. Mais la mort de l’être aimée s’abat sur ce bonheur. Il découvre alors les secrets de sa belle-famille. Seraya lui lègue sa fortune en échange d’une promesse : poursuivre la quête de vérité qu’elle a entamée. Ce parcours en forme d’enquête va mener ce témoin de la Seconde Guerre mondiale à l’aube du XXIème siècle. De terribles secrets, enfouis depuis soixante-dix ans, réapparaissent. Dans ce roman, qui prend la forme d’un palimpseste, le présent ne peut se comprendre qu’à la lumière des fantômes du passé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332712035
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-71201-1

© Edilivre, 2014
Citation


« C’est l’oubli, le vide, la mémoire véritable, celle qui nous permet de ne pas succomber à l’oppression du souvenir, des souffrances aveuglantes et que, heureusement on a oubliées. »
Marguerite DURAS
Première partie
Chapitre 1
13 février 2010, 23 h 35
C’était leur demeure au quotidien, mais Seraya aimait l’appeler « l’hôtel », comme si leur vie était une éternelle lune de miel. C’est ce qu’elle avait un jour soutenu à Jean dans un sourire radieux. Les parents de Seraya lui avaient légué cet hôtel particulier, situé au cœur de Bordeaux, en 1975, à l’occasion de leur mariage, cette merveilleuse journée…
« C’est vrai, songea Jean, leur vie avait été une éternelle lune de miel. » Une vague de tristesse infinie le submergea. Chaque pièce était marquée par le sceau de la présence de Seraya. Chaque bouffée d’air qu’il prenait semblait parcourue du souffle de celle qu’il avait aimée, comme si la vie était encore là, comme si sa présence était encore palpable.
Il pouvait presque entendre ses pas dans l’immense demeure. Il passa à la hauteur de la galerie de tableaux que Seraya collectionnait depuis sa jeunesse. Il traversa la cour d’honneur, le porche d’entrée et crut l’entendre, au loin, jouer du piano, un morceau de Chopin, un « nocturne ». C’est ce qu’elle préférait. Elle avait un toucher si délicat. Elle semblait caresser les touches pour en faire jaillir la grâce. Jean sentit le chagrin fondre sur lui au souvenir de ce soir d’été durant lequel elle avait joué pour lui. Une brise légère était entrée dans le salon de musique, portant du parc un effluve de chèvrefeuille. « Oh mon Dieu, pensa-t-il, comment est-ce possible ? Comment pourrais-je un jour de nouveau écouter du Chopin ? » Il se saisit d’un cadre où était insérée une photographie récente. La vie y semblait cristallisée en un instant extraordinaire. C’était il y a deux ans à peine. La mort paraissait tellement hors sujet à cette époque.
Pourtant, Seraya n’était plus.
Jean vécut de nouveau, non sans horreur, le cours des événements. Un gendarme lui téléphona vers 20 heures pour lui annoncer d’une voix blanche que Seraya était décédée. Il se souvenait de chaque mot prononcé par cet homme à l’accent suisse :
« Monsieur, bonsoir, nous vous signalons qu’un accident a eu lieu dans les environs de Genève. Un coupé Mercedes immatriculé 2233 GY 33 est impliqué. Connaissez-vous ce véhicule monsieur ? »
Jean était tétanisé, mais il parvint tout de même à articuler un « oui ».
La voix blanche reprit ses questions étranges :
« Connaissez-vous madame Dauremont ? Seraya Dauremont ? »
Pressentant l’horreur de l’annonce, Jean parvint cependant à répondre un autre « oui ».
« Je suis désolé, monsieur, madame Aldestein vient de décéder à l’hôpital de Genève. »
Ce fut tout. Pris de panique, Jean essaya d’en savoir plus, non pour obtenir réellement des renseignements, mais parce qu’il niait l’idée que Seraya fût morte. Parler avec cet homme était une façon de repousser cette effroyable idée. Il avait l’impression qu’échanger allait la maintenir en vie. Mais il se rendit compte peu après que ce n’était qu’un accès de déraison, aisément compréhensible au demeurant. Il lui fallut effectivement se rendre compte de la disparition de Seraya.
Ce jour-là, elle rendait visite à son amie Lisa Von Mayerling, « la duchesse aux pieds nus », comme elle l’appelait, car cette femme avait pour habitude de vivre nue dans son immense appartement genevois. Fantasque, cette femme claquait la fortune de son défunt mari en écumant les boîtes branchées. Elle adorait aussi le champagne millésimé et les hommes, jeunes de préférence.
Jean appréciait la comtesse. Il trouvait, comme Seraya, qu’elle était une femme libre. Puis il repensa à l’accident, injuste, inexorable.
« Mon Dieu, comment est-ce possible ? »
Il serra les poings, et prit une inspiration profonde en observant la photographie de Seraya. La lumière qui baignait le beau visage de celle qu’il aimait n’en était que plus précieuse. Elle avait ce sourire étincelant qui l’identifiait aussitôt.
Il traversa le porche et entra dans un vestibule, chargé lui aussi de souvenirs. Combien de ministres, d’artistes et d’écrivains de renom avaient traversé ce lieu autrefois ? Seraya n’était pas seulement cette adorable épouse qui l’avait accompagné durant presque quarante ans. Elle était aussi Seraya Aldelstein, l’héritière d’une des plus importantes fortunes de la ville. Lui qui était issu d’un milieu plus modeste aimait écouter Seraya lui parler de son enfance et de sa jeunesse passées dans le luxe distingué de l’hôtel. Un ministre des finances l’avait fait sauter sur ses genoux, lorsqu’elle avait trois ans. Un musicien mondialement connu l’avait initiée au piano durant tout un automne et tout un hiver. Elle avait croisé en ce lieu les artistes les plus célèbres, des cantatrices de renom, des acteurs en vogue et des metteurs en scène maintes fois honorés par la profession. Seraya avait appris la philosophie avec un intellectuel, qui avait ensuite fondé un des journaux les plus influents du pays. Son quotidien était semblable aux rêves les plus fous des gens ordinaires. Jean avait d’abord été impressionné par ce mode de vie, puis s’y était fait, se délectant lui aussi de ces conversations brillantes avec les plus grands esprits de leur temps.
Un écrivain, prix Nobel de littérature, avait même demandé Seraya en mariage lorsqu’elle avait vingt-trois ans. Mais elle ne donna pas suite. La raison de ce refus était simple et tenait en un seul mot : Jean. Lorsque cet homme, jeune, beau et talentueux, faisant l’admiration de tous, proposa à Seraya de l’épouser, celle-ci ne pensait déjà qu’à Jean. Elle l’avait dans la peau, comme une fièvre délicieuse, et rien ni personne n’aurait pu empêcher cette union. C’est ce qu’elle lui avait dit avant de l’embrasser pour la première fois. La scène se passait sur la plage du cap Ferret. Le vent, particulièrement fort ce jour-là, avait emporté son chapeau au loin, mais elle renonça à le poursuivre pour ne pas interrompre le baiser. C’était un chapeau très onéreux, mais elle n’en avait cure. Dans un éclat de rire, elle dit à Jean :
« Un chapeau ! C’est là le prix à payer pour t’avoir ! »
Seraya aimait la voix de Jean par-dessus tout, mais aussi son allure et ses beaux yeux verts, son assise, sa droiture, sa façon de la faire fondre en lui susurrant des mots doux. Il lui offrit un nouveau chapeau, plus beau que le précédent et elle l’épousa avec la certitude qu’il était l’amour de sa vie. Elle avait l’impression de l’avoir attendu depuis toujours. Quant au prix Nobel, reconduit et meurtri, il s’en retourna dans son pays, où il écrivit un livre sur l’amour impossible, largement autobiographique, le meilleur de sa carrière disait-on à l’époque dans les milieux littéraires.
« Oui, pensa Jean, Seraya était une muse, et pas seulement depuis qu’il s’était essayé, non sans succès, à l’écriture romanesque. » Il savait ce qu’il lui devait. Elle inspirait sa vie, tout simplement. « C’est exactement cela, songea-t-il, Seraya faisait de nous deux des artistes de nos vies. » Aussi belle soit-elle, cette pensée raviva une souffrance qui, pressentait-il, allait sans doute ne plus le quitter. Il essaya de se ressaisir en traversant la grande salle donnant sur le parc. Par l’immense baie, il aperçut la végétation : les ifs, les haies de cotonéasters, le verger, les tulipiers… Tout semblait désolé, comme abandonné des hommes. Au loin, les chênes deux fois centenaires paraissaient dormir éternellement. Le ciel était obstinément sombre. Les statues semblaient porter le deuil, elles aussi. Les massifs de buis, sous les colonnades, lui arrachèrent une larme. C’est ici, dans ce parc, qu’ils aimaient se promener tous deux aux premiers jours du printemps, lorsque les soirées s’allongeaient et que la vie leur faisait les plus belles promesses. « Notre amour est inaltérable, songea-t-il, mais il vit sous une autre forme, une forme absurde qu’il me faut accepter. » Il aurait voulu pouvoir shunter la mort, son caractère arbitraire et brutal. Elle était à ses yeux la marque d’un échec considérable. Il crut entendre la voix de Seraya, ce son familier qui emplissait de vie les pièces de l’hôtel. Mais ce n’était qu’une illusion, un réflexe amoureux.
« Oh mon Dieu », répéta-t-il à haute voix, prenant un peu plus conscience de sa solitude. Sous le coup de la peine, il fut contraint de s’asseoir sur la méridienne où Seraya aimait lire et se reposer. « Oh mon Dieu », répéta-t-il encore sur le ton de la supplication. Il prononça à plusieurs reprises le prénom de celle qu’il avait tant aimée, puis enfouit son visage dans ses mains et laissa enfin venir les larmes.
Lorsqu’il se ressaisit, il n’aurait pu dire combien de temps il était resté là, à se souvenir du passé. Il regarda sa montre, mais ses yeux s’embuèrent de nouveau. Il se souvenait du bassin d’Arcachon, de leur maison dans la ville d’hiver, des croisières jusqu’à l’île aux Oiseaux… Le banc d’Arguin, le cap Ferret, la plage du Mouleau… Ces noms résonnaient comme des lieux familiers, où ils avaient peu à peu bâti leur amour. Dans sa mémoire, le bassin était indissociable de Seraya, de sa belle robe blanche, de sa peau mate et de son beau visage régulier. Sa beauté était grecque et son charme italien. C’est ce que Jean aimait lui dire dans le creux de l’oreille. Elle rougissait un peu, dissimulant son plaisir dans un petit sourire complice. Pourrait-il revenir au bassin d’Arcachon à l’avenir ? Il se posa la question sans parvenir à y répondre. Ce lieu lui semblait condamné, sous sc

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