Le Souffle de Novembre
148 pages
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Le Souffle de Novembre , livre ebook

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Description

Alors que l’Algérie est en guerre, Larbi, un jeune insouciant de Louza, petit hameau d’Ouled Ameur, brave les règles du couvre-feu. Condamné à se cacher, il gagne les rangs de l’armée française. À l’indépendance, il traverse la Méditerranée pour échouer au camp de Rivesaltes. Sans nouvelles de lui, sa grand-mère Maazouza, une bergère analphabète de l’Ouarsenis, se lance à sa recherche. Habitée d’une témérité peu commune, elle ira jusqu’à interpeler le grand Raïs d’Algérie, sans résultat.
À l’heure actuelle, et bien qu’à la veillée les anciens se fassent un plaisir de raconter l’une ou l’autre version de l’histoire épique de Maazouza à leurs petits-enfants, elle restera à jamais le « symbole » de l’Algérie profonde, celui du peuple !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332692917
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69289-4

© Edilivre, 2014
Quelques mots de l’auteur
« Le Souffle de Novembre » véhicule, tout au long de ses lignes, de nombreux messages et questionnements qui interpellent les acteurs politiques et militaires de la guerre d’Algérie quant à la gestion désastreuse du volet humanitaire concernant les rapatriés « français d’Algérie » et les harkis « supplétifs algériens ayant servi dans l’armée française », pris dans la tourmente des premiers mois de l’indépendance acquise au prix du sang.
La Nuit coloniale, sévèrement brusquée par le souffle de Novembre, a enfanté dans la douleur un Jour chétif, livide, trébuchant qui a finalement, non sans maladresse, su prendre son destin en main. Mais, il n’est toujours pas à la mesure des aspirations de Maazouza, symbole de l’Algérie profonde.
Aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, des voix s’élèvent pour évoquer les injustices et les massacres commis par l’armée coloniale contre les populations indigènes et le pillage des ressources naturelles qui n’ont pas profité au bien-être du peuple, allant jusqu’à revendiquer repentance et réparations à la France, où d’autres voix trouvent à dire que la colonisation a été bénéfique et civilisatrice pour un pays qui vivait dans l’ignorance et le sous-développement socio-économique.
Les artisans des guerres coloniales et des indépendances disparaissent, laissant sans un éclairage suffisant et sans une Histoire fiable, un débat lourd et belliqueux aux nouvelles générations des deux rives de la Méditerranée. Pourtant, ils doivent ouvrir un vaste horizon de vérités et de réconciliation, allant dans le sens d’une coopération multiforme profitable pour tous.
L’esprit de : « Le souffle de Novembre », n’est en aucun cas une page de l’Histoire de la révolution algérienne. Il s’agit d’une histoire, en partie réelle, enrobée dans une fiction transcrite par deux auteurs, l’un algérien, l’autre belge. Ceci, dans le cadre de l’amitié Nord-Sud des peuples. Une ligne directrice d’une écriture à quatre mains et à distance, via le Net, déjà riche de trois autres œuvres.
Abdelkader Boucharba
Chapitre I Les dominos
Louza, un petit hameau de la tribu d’Ouled Ameur, s’enlisait peu à peu dans la nuit. Un pesant silence régnait. Seules quatre ou cinq demeures, accolées les unes aux autres, étaient encore éclairées à quelques minutes de l’entrée en vigueur du couvre-feu. Il faut dire que depuis le dernier attentat dirigé contre le convoi militaire et la sanglante répression qui s’en était suivie, Ouled Ameur connaissait la peur. De temps à autre, on entendait les aboiements lointains de chiens errants dans la torpeur du soir. De molles rafales de vent venaient mourir contre la vaste pinède qui, comme un nid d’oiseaux, abritait ce misérable douar.
Larbi rentrait de plus en plus tard du village. Il continuait de fréquenter le café où des jeunes de son âge, chômeurs pour la plupart, s’adonnaient à d’interminables parties de dominos. La terreur qui s’était installée aux douars avoisinants, dès octobre 1957, semblait ne pas l’en avoir dissuadé. Le risque encouru était grand, mais son inconscience et sa fougue juvénile étaient sans mesure. À défaut de Maazouza, il trouvait toujours à qui confier la garde de son troupeau de chèvres et prenait la route des dominos pour revenir à la tombée de la nuit. Maintes fois, en vain, Kaddour, son père, l’avait durement sermonné. Nora, sa mère, s’inquiétait terriblement des aventures de son fils, mais la pauvre femme n’avait aucune emprise sur lui. Naturellement, c’était toujours elle qui lui ouvrait et lui servait le repas à l’insu de son mari.
Arrivé à l’orée de la forêt, Larbi remarqua au loin des lumières tardives qu’il parvint à situer approximativement dans l’espace de Louza. Il sentait qu’un malheur venait de se produire chez lui, durant son absence. Soudain, il entendit des bruits de pas pressés, des voix confuses et haletantes dans l’obscurité : « Tu n’aurais pas dû le tuer Hakim. Ce n’est pas de sa faute. Il ne pouvait pas le retenir contre son gré ». « Tant pis pour lui, je l’avais averti ! Je ne peux pas avoir confiance en eux. Notre consigne était claire. Et puis, je n’ai pas le choix, il y va de notre vie et de celles des autres ». « Oui, mais ça ne nous avance à rien. Maintenant, son fils va nous échapper et rejoindre l’ennemi ». « Tu ne comprends rien ! Tu ferais mieux de te taire ! Cela servira d’exemple à ceux qui ne respectent pas nos ordres. Ne t’en fais pas, on l’aura, lui aussi ». Puis ce fut le silence. Les silhouettes fantômes s’éloignèrent dans le bois et se fondirent dans le noir. Larbi avait clairement compris le sens de la conversation houleuse de ces étrangers au hameau. Il ne tarda pas à prendre conscience de la gravité de la situation. C’étaient des moudjahiddines. Ils venaient d’éliminer quelqu’un. Et ce quelqu’un pourrait être son père.
Quelques semaines auparavant, des moudjahiddines avaient investi, de nuit, le douar d’Ouled Ameur. Sans attendre, ils avaient réuni l’ensemble des chefs de famille pour un meeting où ils avaient expliqué le fondement de leur combat contre le colonialisme français, en priant la population d’adhérer massivement à leur juste cause. Leur chef, un homme apparemment instruit âgé d’une trentaine d’années, parlait avec un accent algérois prononcé. Il s’étala longuement sur la résistance des populations autochtones depuis le début de l’invasion militaire de l’Algérie. Il expliquait les injustices, les expropriations commises par le colonisateur, les raisons de la misère du peuple, de son exclusion politique et économique, avec une éloquence d’instituteur. Avant de terminer son discours, il recommanda à ses auditeurs d’éviter les déplacements inutiles et de régler les éventuels contentieux qui pourraient s’élever entre eux, sans avoir recours à la justice de l’occupant. Il désigna un collecteur de fonds et de vivres. Et bien sûr, discrètement, il rallia des informateurs au F.L.N, le front politique qui dirigeait la révolution. Après quoi, il somma la jeunesse, au nom de la patrie, de rejoindre son camp. Et à ceux qui, pour des raisons évidentes devaient rester sur place, il intima l’ordre de ne plus communiquer avec l’ennemi et les traîtres de la révolution. Ainsi, le lendemain dès l’aube, une dizaine d’adolescents vint grossir le groupe des insurgés sous les youyous et les larmes de leurs mères.
Larbi arriva tout essoufflé au seuil de son gourbi. Il y trouva sa mère en sanglots. Les idées confuses, elle peinait à expliquer aux voisins l’enlèvement de son mari par un groupe de quatre personnes armées, vêtues de gandouras. Elle avait juste entendu : « Suis-nous. Ne crains rien. Tu vas expliquer au chef. Ton fils… », puis plus rien. Ils étaient déjà trop loin.
Pensant qu’il n’avait rien à se reprocher, Kaddour les avait suivis sans résistance. On ne pouvait l’incriminer de rien.
– Mon père ! Mon père ! Où est mon père ? criait Larbi, dans toutes les directions.
Aucune réponse. Sa mère s’accrocha à son cou et déversa les larmes qui lui restaient. Il se débattit pour se libérer de son étreinte. Quand il y parvint, il s’élança dehors à toute vitesse comme s’il savait où retrouver son père.
« Reviens ! Reviens, Larbi ! Où vas-tu comme ça ? C’est trop dangereux ! » criaient des voix, alors que le bruit d’une série de détonations déchirait la nuit, faisant penser à un accrochage entre des soldats français embusqués et les ravisseurs de son père.
Le lendemain, à la première lueur du jour, des bergers découvrirent le corps de Kaddour gisant dans une flaque de sang coagulé, les yeux ouverts mais vides, le teint bruni par l’effet du froid et la laideur de la mort. Arrivé sur les lieux, Larbi transporta la dépouille de son père jusqu’à la mosquée sur le dos d’une jument prêtée pour la circonstance. L’imam procéda à la grande ablution rituelle du corps. Peu après, il appela à la Prière du mort.
Kaddour était parti sobrement comme il avait vécu. La nouvelle de son assassinat avait couru prudemment dans tout le maquis de l’Ouarsenis et avait été entourée d’un mutisme insensé, pareil à celui qu’on lisait avec peine sur les visages hébétés.
Perdus dans de sombres pensées, les hommes assistant à l’enterrement étaient traumatisés et silencieux. Kaddour étant aimé de tous, son inexplicable disparition suscita un douloureux questionnement dans l’esprit des habitants du massif de l’Ouarsenis.
Le jour même, aux environs de seize heures, le Caïd Boualem arriva suivi de ses goumiers. Il descendit d’un cheval luxueusement sellé et ordonna d’abord à sa troupe d’inspecter les lieux. Ensuite, il rassembla la population pour prononcer une allocution. Un autre meeting, animé d’un discours allant à l’opposé de celui du chef des moudjahiddines.
– Que vous arrive-t-il hommes d’Ouled Ameur ? Ou est votre fierté ? Où est votre honneur ? Ainsi, vous permettez aux hors-la-loi de violer votre intimité. Vous les nourrissez, vous les abritez, vous laissez vos enfants s’engager dans leur misérable armée de bandits ! Je ne vous reconnais plus, hommes d’Ouled Ameur ! La France est notre patrie ! Croyez-vous que cette poignée de rebelles vous mènera à l’indépendance ? Quelle indépendance ? Une Algérie sans la France ? Quelle utopie ! Je suis là pour vous aider ! Vous voulez la paix ? Alors, aidez-nous à faire la paix. Armez-vous ! Défendez-vous ! L’armée française est prête à vous fournir des armes… Montrez-nous un peu de votre bonne volonté. Demandez à vos enfants de se rendre ! Ils n’ont rien à craindre. La France, notre patrie est clémente ! Je vous le garantis sur mon honneur. Les fellagas accentuent votre misère. La France veu

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