Les enfants des ténèbres rouges
242 pages
Français

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Les enfants des ténèbres rouges , livre ebook

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Description

Juillet 1830. Charles X publie des ordonnances qui réduisent la liberté de la presse, dissolvent la Chambre des députés et modifient la loi électorale. Consécutivement, des enfants disparaissent dans Paris.
Les enfants des ténèbres rouges nous fait découvrir les destins croisés de Clément Lemercier, jeune journaliste au National, organe d'opposition au pouvoir, et du Marquis de Naudreuil, un proche du Roi. Le vent de l'Histoire souffle sur ce premier roman, avec en toile de fond, la Révolution de 1830, le monde de la presse, les actes désespérés d'un père pour sauver son fils et les sombres arcanes d'un gouvernement au bord du gouffre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332699954
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69993-0

© Edilivre, 2014
Dédicaces


À maman,
À Alain, pour l’étincelle de ce roman…
Citations


Les faits sont imaginaires mais s’inscrivent dans une vérité historique.
« Une révolution est un jubilé : elle absout de tous les crimes en en permettant de plus grands. »
Mémoires d’outre-tombe
François-René de Chateaubriand
Les enfants des ténèbres rouges


Le garçon blond était parcouru de frissons. C’était un enfant d’une dizaine d’années. Il était en sueur et se tordait de douleur. Il appelait sa mère et semblait tenir des propos incohérents.
Puis tout à coup, il eut un râle et se tut définitivement.
Sur le lit d’à côté, un petit brun aux vêtements rapiécés, d’une blancheur à faire peur, criait et pleurait. Il voulut se lever mais les chaînes qui entravaient son pied et sa main l’en empêchèrent.
Un homme chauve entra précipitamment et s’approcha du premier enfant. Il ne savait que faire. Seules quelques bougies éclairaient la pièce. Des ombres mouvantes dansaient sur les murs et rendaient la scène encore plus effrayante.
Le petit brun se mit à crier plus fort. L’homme vint vers lui et le gifla violemment. Sa tête heurta la barre du lit dans un bruit sourd, un filet de sang s’échappa de sa bouche. L’enfant ne bougea plus.
Un silence absolu envahit l’espace.
Le chauve, les bras ballants, regarda les deux enfants à tour de rôle sans comprendre.
1
Samedi 24 juillet 1830
Clément Legendre s’habilla avec soin. Il sortit du placard une chemise blanche neuve, mit un pantalon cosaque et le gilet mauve que ses parents lui avaient donné avant son départ. Le jeune homme sourit en se regardant dans le miroir. Il était content de lui, il se trouvait assez séduisant. Les traits réguliers, il possédait un visage harmonieux qui plaisait aux filles, même si aucune n’était encore parvenue à accrocher son cœur. Clément admira son gilet, il venait de la boutique de drapier du père d’Armand Carrel, à Rouen. Peut-être que son ami reconnaîtrait la coupe ou le tissu.
Clément était né en 1810, dans la même ville que le célèbre journaliste, juste dix ans après lui. Comme Sautelet, l’ancien gérant du National . Mais ce dernier s’était malheureusement suicidé moins de deux mois avant l’arrivée de Clément à Paris. Sa disparition avait fait du bruit en Normandie.
Sa ville, ce matin, lui paraissait lointaine. Une boule lui tenait lieu d’estomac depuis son réveil. Il avait encore du mal à réaliser qu’il allait travailler au National , ce quotidien créé en janvier de cette année 1830, par Adolphe Thiers, Auguste Mignet et Armand Carrel, et parrainé par Talleyrand. Emblème de la résistance à Charles X, il prônait une monarchie parlementaire et était soutenu financièrement par toute une classe de la bourgeoisie : des médecins, des avocats, des négociants qui s’impatientaient d’un libéralisme qui tardait trop à venir à leurs yeux.
Clément se pencha à sa fenêtre et inspira profondément l’air tiède du matin. Il resta quelques secondes concentré sur sa seule respiration. Sa fenêtre donnait sur la cour, et le bruit de la rue, les cris des enfants, les sabots des chevaux sur les pavés lui parvenaient comme étouffés par des nuages, serrés les uns contre les autres, et glissés entre lui et l’extérieur. D’un coup sec, il referma la fenêtre, ouvrit la porte de sa modeste chambre et descendit l’escalier.
Il trouva sa logeuse sur le pas de l’immeuble. Caroline Gramont était une jolie femme, encore jeune, veuve d’un commis de l’État, mais qui semblait marquée par la vie. Elle avait hérité par son père de ce petit immeuble et l’avait transformé en pension de famille. Elle pouvait loger cinq pensionnaires, mais n’en avait que trois actuellement. Clément avait trouvé cette adresse par l’intermédiaire d’un ami de son père, dont le fils avait habité une année à cet endroit. Il logeait dans une petite chambre, à l’inverse d’une veuve d’un officier de Napoléon qui habitait au premier étage et bénéficiait d’un deux-pièces qui traversait tout l’immeuble. Celui-ci était meublé avec goût, et quelques beaux tableaux, évoquant notamment l’Empire, agrémentaient les pièces communes. Quant à Caroline et son fils, ils s’étaient réservé le deuxième étage.
La salle à manger était le lieu de rendez-vous des locataires, qui pouvaient y venir puiser un livre dans la bibliothèque assez fournie que lui avait laissée son mari. Il était mort d’une grippe, après seulement cinq ans de mariage. Elle l’avait épousé à vingt ans. Lui en avait trente et travaillait au ministère de la Guerre. C’était un homme bon, discret, au physique passe-partout. Il lui manquait. Elle regrettait sa présence à ses côtés, même silencieuse, lorsqu’elle brodait pendant qu’il lisait son journal. Elle regrettait surtout que son fils, Nicolas, n’ait connu son père que fugacement et que ses derniers souvenirs furent ceux d’un homme malade, alors que le petit avait tout juste quatre ans.
– Alors c’est le grand jour ! lança-t-elle à Clément.
– Oui ! Vous aurez ce soir un vrai journaliste sous votre toit !
Elle avait préparé le petit-déjeuner mais Clément était incapable d’avaler quoi que ce soit. Malgré tout, pour lui faire plaisir, il trempa ses lèvres dans une tasse de café et mordit sans conviction une tartine de pain.
Le fils de madame Gramont, âgé d’une dizaine d’années, aux yeux bleus et boucles brunes, vint à sa rencontre ; son chien, Titus, un bâtard noir et feu, collé à ses jambes. Il lui tendit un petit objet en bois.
– J’ai fait Titus, c’est pour vous. Et l’enfant joignit le geste à la parole
– Merci Nicolas, dit gentiment Clément. C’est tout à fait lui !
En fait, l’objet ressemblait plus à un ours qu’à un chien, mais le jeune homme n’allait pas décourager un talent prometteur.
– Je le mettrai sur mon bureau.
« Aurai-je droit à un bureau… », songea tout à coup Clément avec inquiétude, « ou devrai-je me contenter d’un coin de table ? »
Il posa sa main sur la tête du jeune garçon et caressa Titus qui approuva en remuant la queue.
Il quittait la cour lorsqu’il se cogna à un vieil homme qui rentrait ; voûté, s’appuyant sur une canne, les cheveux filasse sur les épaules, il avait un air fatigué mais ses yeux semblaient animés par une grande vivacité.
– Pardonnez-moi monsieur, je ne vous avais pas vu, s’excusa Clément.
– Ce n’est rien, jeune homme, vous habitez à la pension ?
La voix chevrotait. Legendre répondit par l’affirmative. Le vieillard cherchait une chambre.
– À mon âge, je veux quelque chose de bien, comprenez-vous. Et ce jeune garçon, c’est le fils de la maison ? demanda-t-il en désignant Nicolas qui s’amusait avec Titus.
– En effet !
– Comment est-il ? Sage ? En bonne santé ?
– Tout à fait, c’est un enfant magnifique. Il ne gêne en rien les pensionnaires, bien au contraire, il est très gentil. Mais entrez voir sa mère, elle vous donnera plus de renseignements.
– Oui, merci.
Clément salua l’homme et le quitta pour s’enfoncer dans la rue Neuve-des-Mathurins et rejoindre le boulevard des Italiens.
Il se retourna une fois, le vieillard n’avait pas bougé. Il fixait Nicolas qui faisait semblant de lancer un bâton à Titus. Le chien s’élançait pour attraper le bois qui n’était pas parti. Dépité, il revenait vers l’enfant qui recommençait son manège.
Clément se dit qu’il devait aimer les chiens et les enfants et qu’il serait sans doute un futur pensionnaire pour madame Gramont.
2
Le marquis de Naudreuil était satisfait. Le roi l’avait fait mander pour une entrevue en cette chaude matinée de juillet.
Il ressentait toujours un léger pincement de fierté quand il se trouvait en face de Charles X. Celui-ci aimait la compagnie du marquis, et bien qu’il n’eût aucune fonction officielle, il était considéré par tous comme son conseiller scientifique – certaines mauvaises langues lui donnaient le surnom de « charlatan du roi ». Ce rôle de conseiller occulte lui valait de sérieuses inimitiés et jalousies au sein de la Cour, d’autant plus qu’il était de notoriété que le marquis était rémunéré pour des fonctions qu’il n’était pas censé exercer ! Le véritable médecin de la Cour, le docteur Antoine Portal, lui vouait une haine tenace. Mais il n’en avait cure, il savait que le souverain le soutiendrait.
Charles X avait en effet bien connu le père de Jean. Ils avaient fui ensemble aux premiers jours de la Révolution et s’étaient retrouvés à Bruxelles, à Coblence… C’est dans cette ville qu’était né Naudreuil. Passionné par les sciences et la médecine, Charles X aimait la compagnie de cet esprit brillant qui avait un avis sur tout.
Le marquis avait revêtu sa chemise blanche à jabot et son habit bleu. Il se regarda dans le miroir et soupira en voyant ses cheveux grisonner de plus en plus. Il n’avait pas encore cinquante ans, mais se trouvait vieilli depuis quelques mois. Des rides marquaient son visage et ses paupières étaient gonflées. Une immense lassitude de la vie l’assaillait parfois.
Avant de partir, il entrebâilla la porte de la chambre de son fils. Celle-ci était plongée dans l’obscurité, les volets clos, les fenêtres grandes ouvertes. Une femme aux traits tirés, d’une beauté banale, était assise au chevet de l’enfant.
Elle tourna la tête vers son époux.
– Il s’est endormi, il a passé une mauvaise nuit, murmura-t-elle.
– Je vais voir le roi.
Il referma la porte, puis la rouvrit :
– Bientôt, je trouverai un traitement, lança-t-il brusquement, et il quitta la pièce.
La voiture l’attendait dans la cour. Bastien, le cocher, était déjà en place et son frère jumeau, Ernest, lui ouvrit la porte. Les deux hommes croisèrent leurs regards.
– Nous l’aurons ce soir, monsieur le marquis.
Naudreuil

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