Les Fils de Gorgone
246 pages
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Les Fils de Gorgone , livre ebook

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Description

Au début de la deuxième phase de la guerre du Péloponnèse (fin du Ve s. av. J.-C.), des soldats athéniens sont assassinés alors qu'ils assistaient de nuit (et c'était interdit) à une cérémonie du temple de Déméter. L'archonte Mégaklès va choisir un enquêteur doté de certains dons pour résoudre ce cas étrange. Les premières constatations vont conduire Démétrios (qui constituera une équipe plus ou moins volontaire) d'abord vers Delphes et sa Pythie, puis en Sicile où une « secte » nommée « Les fils de Gorgone » ourdit un complot pour se venger d'Athènes alors que celle-ci a déclaré la guerre à Syracuse. Les dieux sont impliqués dans cette problématique, et aussi certains acteurs non Grecs ; ces derniers apportent des réponses grâce à leur culture (Carthage, un esclave juif, les Sikèles autochtones).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414326716
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-32672-3

© Edilivre, 2019
Exergue


Ô toi dont les yeux lancent des éclairs, viens à mon aide, héros au panache de Gorgone, apparais.
Lamachos sort de chez lui armé de pied en cap, avec son casque à aigrettes et à plumes, son bouclier à tête de Gorgone, et son glaive.
Aristophane ; Les Acharniens ; 426 B.C.
Avertissement
Cet ouvrage est une fiction. Si le contexte géopolitique est bien réel (seconde partie de la Guerre du Péloponnèse, dernier tiers du V° siècle avant notre ère), et si certains personnages ont bel et bien existé, j’ai pris beaucoup de liberté avec la chronologie, en la ramassant.
Les lecteurs trouveront en fin d’ouvrage un récapitulatif des personnages, classés par chapitres, un lexique et une table des saisons, mois et fêtes.
Première partie
α
Les Thesmophories sont une fête célébrée en Attique au moment des semailles d’automne, en l’honneur de Déméter et de Perséphone. On y vénérait les deux déesses comme législatrices ( Thesmophores ), en souvenir des lois sur l’agriculture et la propriété, qu’elles passaient pour avoir données au monde, et qui mettaient fin aux Temps barbares . C’étaient les femmes, et exclusivement les femmes qui, dans cette solennité, célébraient leurs cultes.
Après l’accomplissement de rites préliminaires, elles se rendaient en procession au bourg d’Hadinous sur le littoral. Là, tout le long du rivage, où vivait la tribu Léontide, les danses avaient lieu, entremêlées de solennelles prières ; le soir on dormait dans des tentes, dressées autour de l’autel jonché d’exvotos figurant la mère et la fille.
Puis les femmes revenaient à Athènes où, réunies dans le temple de Déméter, le Thesmophorion , elles observaient un jeûne rigoureux, et célébraient les Mystères sacrés. Tels étaient les principes de ces cinq jours de drame religieux où les hommes n’étaient jamais admis.
Interdits, oui ! Mais ce qui est interdit n’est pas respecté pour autant, loin s’en faut avec la jeunesse. Quoi de plus tentant, de plus excitant, que d’aller jeter un œil sur ces Vestales porteuses de flambeaux et de branches de saule. Le phantasme est porté à son comble quand elles passent en ronde devant ces lumières, vêtues d’un simple chiton de lin, sans coutures et cintré en haut de la taille. Donc, malgré l’interdit, quelques éphèbes ont fait cette nuit le mur de la caserne, pour honorer un pari risqué ; ils savent bien évidemment que celui ou ceux que l’on reconnaitrait serait jugé pour sacrilège et, sans doute, flagellé, voire ostracisé ; du moins telle est la menace répétée de bouche à oreille. Alors, forcément, il n’y avait rien de plus viril que de braver cet interdit, et les jeunes hommes qui s’étaient monté la tête au créneau à force de vin de caserne, profitaient ce soir du léger éclairage de la lune, heureusement gibbeuse et descendante. Seule Athéna aux yeux de chouette, aurait pu les distinguer dans la demi-obscurité, tapis derrière le talus qui leur servait d’observatoire. Ils s’invectivaient l’un l’autre :
– Tu proposes quoi Anacharsis ?
– On retourne une tente pour leur foutre la trouille et on met les bouts !
– Et si on tombe sur une de leurs amazones ?
– Tu vas pas te dégonfler maintenant Pataecos ! On piquera une barque et on rentrera au camp avant qu’elles réalisent voilà tout ! Tu es bien marin non ? Ramer ça t’connait… Arrête ton popoi 1 tu vas nous faire repérer !
– Pêcheur ! Pas marin… ça fait une différence s’il te plait !
– Me souffle pas dessus, tu empestes l’ail ! Et toi Hermippos, tu dis rien… Ça va j’ai compris : tout le monde se défile alors !
– Non on s’défile pas. On les a vues, c’était le pari non ? Pour ma part j’tiens pas à finir aux mines.
– Tu crois pas qu’t’en fais des tonnes ; d’abord on a trop besoin d’nous pour en perdre un seul… quoique des « trembleurs » comme vous c’est pas fort utile !
– Baissez-vous, elles sortent !
– Que Dionysos me change en outre… vous voyez c’que j’vois ?
– La ferme Anacharsis !
Les trois larrons à plat ventre étaient de toute façon médusés par le spectacle. Les femmes sortaient deux par deux du temple, nues, et brandissant des torches. Des bandelettes rituelles enserraient leurs cuisses et le pli d’un coude. Quelques pas en avant des autres, la prêtresse levait les bras au ciel, les paumes des mains repliées en conque, comme si ce réceptacle attendait un don programmé de la déesse. Elle se figea de profil, éclairée par les halos des processionnaires, les cheveux longs et en grande partie tressés, retenus en chignon bas ; le reste tombait en cascade de boucles sur ses épaules fines. Les jeunes soldats étaient paralysés de stupeur, même s’ils brûlaient d’un feu intérieur devant la beauté réincarnée d’Hélène. Des couleuvres s’enroulaient autour de ses bras, et seul un tintement de tambourin rompait, selon un cycle déterminé, le silence devenu sidérant et glacial. Une fumée grise se répandit au dehors ; les cuissots d’une biche sacrifiée grillaient pour répandre leurs exhalaisons vers les narines délicates des déesses. La prêtresse fit volte face vers le temple, suivie dans ce mouvement par les autres femmes. Les jeunes hommes admiraient sacrilègement leur nudité, hypnotisés par la sublimité de la déesse de la fertilité habitant le corps (de grande taille) de son double aux seins blancs. Sa taille était d’ailleurs largement au dessus de la moyenne.
Pataecos et Hermippos sentaient un frisson leur parcourant l’échine en profondeur jusqu’à la moelle ; sans oser parler, ils rampèrent à reculons, précautionneux comme des félins, jusqu’au premier buisson. Anacharsis totalement pétrifié ne perçut pas la reculade de ses compagnons ; il avait perdu toute conscience de la gravité de l’interdit. Ses yeux écarquillés absorbaient le spectacle, son épiderme piquait ; il n’entendit pas les deux jeunes hommes qui chuchotaient pour qu’il les rejoigne. Ceux-ci n’en pouvaient plus, tiraillés entre le besoin impératif de s’enfuir vers la côte, et l’absolue impossibilité de laisser leur camarade sur place. Seul un élément extérieur pouvait les faire pencher dans une direction ou dans une autre.
Les Athéniennes reprirent le chemin du temple, avec lenteur, torches vacillantes ; deux colonnes se formèrent, et la prêtresse aux longues jambes s’insinua dans cette escorte de Cariatides. C’est l’image vivante des statues de l’Érechthéion qu’Anacharsis absorbait par tous les pores, et une image de son père l’accompagnant en procession vers l’Acropole traversa un moment ses pensées. Cet instant fugace le fit également revenir progressivement de l’extase paralysante qui l’entrainait vers la probable malédiction de l’épouse d’Hadès, Perséphone. Un grand courant d’air lui fit reprendre presque totalement ses esprits. Les femmes avaient presque toutes rejoint l’abri des colonnes du temple, jetant au brasier les branches de saule en signe de fin d’abstinence. Le jeune homme remarqua enfin sa solitude présente ; il tourna la tête, alerté par des sons humains. Il jeta encore un coup d’œil en direction de la cérémonie sacrée et constata que la femme surréelle n’était pas encore entrée dans le bâtiment ; elle semblait regarder dans sa direction et ses bras pivotèrent en deux temps, d’abord allongés du sud au nord, parfaitement en équerres, puis lentement allongés vers l’ouest et de façon parallèle dans sa direction. Anacharsis commençait à glisser vers ses compagnons qui l’attendaient le menton enfoui dans le sol, quand il entendit un grondement, puis une vibration. Enfin le sol trembla fortement l’espace de quelques instants. Quand il releva la tête la prêtresse avait disparu et seules de faibles lueurs dansaient à l’intérieur de l’édifice ; le vent avait quasiment éteint les feux à l’extérieur. En un instant il prit conscience d’être seul devant la situation, puis il reprit sa marche arrière, descendant le faible talus en rampant dans la direction du bosquet où les éphèbes devaient l’attendre. Il les trouva étendus à plat ventre ; chacun des corps était percé d’une lance corinthienne. La peur et l’incompréhension le firent frissonner, mais il se contenta pourtant de retourner les corps encore tièdes sur le côté, et vérifia leur souffle de vie, en vain. Consterné, Il ne lui resta qu’à rabattre leurs paupières sur des yeux vides. Étant donné qu’il ne pouvait seul porter les corps, et qu’à l’évidence des étrangers les avaient assassinés, il fut d’abord tenté de prendre une barque et de s’enfuir ; mais son caractère bien trempé, et plus encore la perspective honteuse de fuir sa cité pour toujours – en pleine guerre – lui firent repousser cette idée. Il faudrait avouer leur présence en ce lieu interdit ! Il chercha une autre solution ; et si personne n’avait remarqué leur absence ! Cette dernière hypothèse l’emporta ; il décida finalement de rentrer à la garnison et de feindre l’ignorance ; après-tout, un ennemi avait très bien pu faire une incursion et tuer les deux jeunes gens sans l’apercevoir, lui ! Ainsi fut fait.
Anacharsis se concentra tant bien que mal sur la route du retour, épiant chaque forme qui pouvait se révéler dangereuse ; seul un coq se fit entendre. Escalader le rempart de bois et éviter la sentinelle ne posa pas vraiment de problème ; la nuit s’achevait. Deux lits de la cabane où ils dormaient restaient vides. Il eut honte et pensa à son père récemment disparu. Que lui aurait-il conseillé ? Que se passerait-il quand les corps auront été découverts ? Y avait-il un rapport entre la cérémonie interdite et l’assassinat de ses deux camarades ? Les quelques heures qui le séparaient encore de l’appel furent remplies de pensées démoniaques et de sueurs froides.


1 . Claqu

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