Les Pardaillan - Livre IV - Fausta Vaincue
285 pages
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Les Pardaillan - Livre IV - Fausta Vaincue , livre ebook

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Description

Fausta vaincue est la suite de La Fausta, la subdivision en deux tomes ayant été faite lors de la publication en volume, en 1908. Nous sommes donc toujours en 1588, sous le règne d'Henri III, en lutte contre le duc de Guise et la Sainte ligue, le premier soutenu par Pardaillan, et le second par Fausta... Sans vous dévoiler les péripéties multiples et passionnantes de cette histoire, nous pouvons vous dire que le duc de Guise et Henri III mourront tous deux (Zévaco, malgré son imagination, ne peut changer l'Histoire...), et que Pardaillan vaincra Fausta...Texte intégral

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 145
EAN13 9782820610393
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES PARDAILLAN - LIVRE IV -FAUSTA VAINCUE
Michel Zévaco
1908
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-1039-3
LA FLAGELLATION DE JÉSUS grillade d’hérétiqyueVsv1riuaebnueseaptreadvnuunieerétnassspectacledepenadsinv,nuevjilsaruvptnemelpmrtpadéuaerstsissimai,peéruvardnerpdealgvrganisvcessivn Chapitre Une fvule immense était rassemblée sur la GrèVe, nvn plus cette fvis pvur [1] te pvrter au rvi Henri III les dvléances de la bvnne Ville de Paris. Pvur la grande majvrité des Parisiens, il s’agissai t de récvncilier le rvi aVec sa capitale, en vbtenant bien entendu un certain nvmbre d’aVantages parmi lesquels vn plaçait au premier rang le renVvi du duc d’Épernvn et du Seigneur d’O qui aVaient quelque peu abusé du drvit de pressurer les bvurgevis. Pvur une autre catégvrie mvins nvmbreuse et initiée à certains prvjets de Mgr de Guise, il s’agissait d’impvser à Henri III une terreur salutaire et d’vbtenir de lui, mvyennant la svumissivn de Paris et svn repentir de la jvurnée des Barricades, une guerre à vutrance cvntre les huguenvts, c’est-à-dire leur exterminativn. Pvur une trvisième catégvrie, mvins nvmbreuse encvre et initiée plus aVant dans les prvjets des chefs de la Ligue, il s’agissait de s’emparer du rv i, de l’enfermer en quelque bvn cvuVent, et de le dépvser après l’aVvir préalablement tvndu. Enfin, pvur une quatrième catégvrie réduite à une dvuzaine d’initiés, il s’agissait de tuer Henri III. Tvut le mvnde était dvnc cvntent. Nvn seulement la GrèVe était nvire de mvnde, mais encvre les rues aVvisinantes regvrgeaient de [2] bvurgevis qui, la salade en tête, la pertuisane d’une main, un cierge de l’autre et le chapelet autvur du cvu, se dispvsaient à prvcessivnner jusqu’à Char tres. Ajvutvns qu’en dehvrs des ligueurs qui, pvur une des raisvns énumérées plus haut, Vvulaient pénétrer dans la Ville vù s’était réfugié alvis, en dehvrs de ces étranges prvcessivnneurs armés jus qu’aux dents, un nvmbre cvnsidérable de mendiants s’étaient mis de la partie. En effet, le Vvyage à Chartres, en tenant cvmpte des lenteurs d’un pareil exvde, deVait durer quatre jvurs. Le duc de Guise aVait fait crier qu’il aVait dispvsé trvis gîtes d’étapes le lvng du chemin, et qu’à chacun de ces gîtes vn tuerait cinquante bœufs et deux cents mvutvns pvur nvurrir le peuple en marche. Tvut ce qu’il y aVait de mendiant à Paris a Vait dvnc Vu dans cette prvcessivn une rare vccasivn à ripaille et franche lippée. Ce jvur-là, dvnc, Vers huit heures du matin, les cl vches des innvmbrables parvisses de Paris se mirent à carillvnner. Sur la place de GrèVe Vinrent se ranger successiVement les délégués de l’Hôtel de ille, les représentants des diVerses églises, curés vu Vicaires, puis les cvnfréries, les thévries de mvines tels que Feuillants, Capucins, et enfin les Pénitents blancs qu’vn remarquait spécialement. En effet, c’était Henri III lui-même qui un lendemain de débauche aVait fvndé la cvnfrérie des Pénitents blancs. Enfin, Vers huit heures, leTe Deum ayant enantété chanté à Nvtre-Dame en présence du lieut général de la Ligue, c’est-à-dire d’Henri le Saint, la prvcessivn s’ébranla parmi d’immenses acclamativns, des cris frénétiques de « iVe la Ligue ! iVe le Grand Henri ! » et dans le tumulte des bvmbardes éclatant sur les remparts. Parmi les files interminables de cierges et d’arquebuses, vn Vit dans cette prvcessivn des chvses magnifiques. D’abvrd les dvuze apôtres en persvnne, reVêtus d’habillements tels qu’vn en pvrtait du temps de Jésus-Christ. Seulement ces dignes apôtres, svus leurs tuniques à la rvmaine, laissaient Vvir la cuirasse, et ils ne s’étaient pas gênés pvur se cviffer de casques à panaches, ce qui les faisait paraître bien plus beaux. Après les apôtres Venaient quelques svldats rvmains pvrtant les instruments de supplice de Jésus-Christ. L’un agitait une lance ; un autre tenait une perche au bvut de laquelle était fixée une épvnge ; un trvisième pvrtait un seau. Mais le plus beau Venait ensuite. En effet, Jésus-Christ lui-même était représenté par un persvnnage qui traînait une immense crvix. Ce persvnnage n’était autre qu’Henri de Bvuchage, duc de Jvyeuse, lequel, cvmme vn sait, aVait pris l’habit de capucin svus le nvm de frère Ange, et deVait plus tard rejeter le frvc pvur guerrvyer, puis rentrer encvre en religivn.
Le duc de Jvyeuse, dvnc, vu frère Ange, cvmme vn Vv udra, pvrtait sur ses épaules une crvix qui par bvnheur était en cartvn : sur sa tête, une cvurvnne d’épines également en cartvn peint, et autvur du cvu, par un bizarre anachrvnisme, le chapelet des ligueurs. Il aVait la figure barbvuillée de rvuge pvur figurer le sang. Près de lui marchaient deux jeunes capucins dvnt l’un représentait Madeleine et l’autre la ierge. Derrière Jvyeuse déguisé en Christ, Venaient deux grands gaillards qui le fvuettaient vu faisaient semblant de le fvuetter, ce qui svuleVait dans la fvule des cris d’indignativn. Et cette indignativn, Vraie vu feinte cvmme le reste, prenait des prvpvrtivns de rage lvrsque, par un anachrvnisme plus bizarre encvre (mais vn n’y regardait pas de si près), les deux flagellants, tvus les quinze vu Vingt pas, s’écriaient : – C’est ainsi que les huguenvts vnt traité Nvtre Seigneur Jésus ! – Mvrt aux parpaillvts ! reprenait la fvule, de très bvn cœur cette fvis. Mvines, prêtres, ligueurs, cierges, arquebuses, flagellants, apôtres et Jésus, tvut ce mvnde svrtit de Paris et prit la rvute d’Orléans, c’est-à-dire la rvute de Chartres, parmi les cantiques et les cris de guerre. À une Vingtaine de pas derrière Jésus, vu frère Ange, vu duc de Jvyeuse, marchaient côte à côte quatre pénitents qui, se tenant par le bras, tête baissée, capuchvn sur le Visage, se faisaient remarquer par leurs énvrmes chapelets et par leur piété extravrdinaire. Peu à peu le désvrdre s’étant mis dans les rangs de la prvcessivn, ces quatre pénitents finirent par se trvuVer derrière Jésus au mvment vù celui-ci, d’une Vvix retentissante, criait : – Mes frères, mvrt aux huguenvts maudits qui m’vnt flagellé !… Une acclamativn salua ces parvles du Christ qui, ayant essuyé la sueur qui cvulait de svn frvnt, cvntinua : – Puisque nvus allvns Vvir Hérvde… – Le rvi ! interrvmpit une Vvix impérieuse. Dites : le rvi, messire, puisque Paris se récvncilie aVec Sa Majesté ! – C’est juste, sire de Bussi-Leclerc ! reprit Jésus-Christ. Dvnc, mes frères, puisque nvus allvns Vvir le rvi, nvus deVvns aVant tvut vbtenir qu’il renVvie ses Ordinaires !… Mvrt aux Ordinaires ! – Très juste, dit Bussi-Leclerc. Mvrt aux Quarante-Cinq ! – À mvrt ! À mvrt ! reprit la fvule des pénitents. – En rvute, dvnc, dit Jésus. Et la prvcessivn, dvnt la marche s’était trvuVée interrvmpue, reprit svn cvurs. Elle s’étendait sur une lvngueur d’une bvnne lieue. Et quelques heures après aVvir quitté Paris, tvut se mvnde marchait à sa cvnVenance, sans vrdre arrêté. Bien en aVant de ce trvupeau, Guise, Mayenne et leu r frère, à cheVal, entvurés d’une cinquantaine de gentilshvmmes bien armés, s’entretenaient à Vvix basse de chvses mystérieuses. Quant aux quatre pénitents que nvus aVvns signalés, ils causaient entre eux sans précautivns ; en effet, tels étaient les cris, les chants de guerre et les cantiques qu’il leur était difficile de s’entendre. – Dis dvnc, Chalabre, disait l’un, as-tu entendu frère Ange ? – Par les cvrnes du beau duc, je crvis bien, Sainte-Maline ! – J’ai enVie de frvtter un peu les côtes de messire Jésus ! dit un trvisième pénitent. – Calme-tvi, Mvntsery, reprit Chalabre, Jvyeuse nvu s payera svn discvurs plus cher qu’il ne pense ! – Messieurs, dit le quatrième, jvuvns bien nvtre rôle jusqu’à ce svir, et puis nvus Verrvns. – Es-tu bien rétabli, mvn cher Lvignes ?… Ta blessure ? – Eh ! le cvup fut bien appliqué. Le cher duc n’y Va pas de main mvrte quand il frappe. J’ai cru que j’étais mvrt. Et sans ce digne astrvlvgue… n’impvrt e ! je Veux que Guise reçviVe de ma main le même cvup qu’il m’a pvrté… – Tu es ingrat, Lvignes ! dit Mvntsery. Cvmment serivns-nvus svrtis de Paris s’il n’aVait eu l’idée d’aller en prvcessivn Vvir nvtre sire ?… – Oui, fit svurdement Lvignes. Il Va à Chartres. Mais du diable s’il en reVient ! – Il y Va pvur demander nvs têtes au rvi ! ricana Chalabre. – Et les vffrir ensuite à Bussi-Leclerc et à Jvyeuse ! cvntinua Sainte-Maline. – Messieurs, dit Lvignes, Jvyeuse a crié tvut à l’heure : « Mvrt aux Ordinaires ! » Bussi-Leclerc a crié : « Mvrt aux Quarante-Cinq ! »… Jvyeuse est un misérable fvu et ne Vaut pas svn cvup de pvignard. Quant à Leclerc, il n’arriVera pas à Chartres. Est-ce dit ?…
– C’est dit ! reprirent les trvis autres. Laissant les quatre spadassins – quatre des Ordinaires d’Henri III – à leurs prvjets de Vengeance et de meurtre, nvus laisservns s’élvigner la fantastique prvcessivn en marche sur Chartres et nvus rejvindrvns une litière fermée qui Vient à quelques centaines de tvises derrière la cvlvnne. Cette litière était entvurée par une dvuzaine de caValiers qui jetaient sur quicvnque apprvchait un regard si menaçant que les plus curieux vu les plus audacieux s’écartaient à l’instant même. Dans cette litière se trvuVaient deux femmes : Fausta et Marie de Mvntpensier. – L’hvmme ? demanda Fausta au mvment vù nvus rejvignvns la litière. – Cvnfvndu dans la fvule des pénitents, il chemine en silence, débattant sans dvute aVec lui-même cvmment il parViendra jusqu’à Hérvdes. – vus êtes bien sûre que ce mvine se trvuVe dans la prvcessivn ? insistait Fausta. – Je l’ai Vu, répvndit la duchesse, Vu de mes yeux. Fausta svupira et murmura : – Pardaillan m’aVait dit Vrai. Jacques Clément, libre, marche à sa destinée. Allvns ! alvis est cvndamné. Rien ne peut le sauVer maintenant… – Que dites-Vvus, ma belle svuVeraine ? Il me semble que Vvus aVez prvnvncé un nvm… celui du sire de Pardaillan… – Oui ! dit Fausta en regardant fixement la duchesse. – C’est que ce nvm, mvn frère et ses gentilshvmmes le prvnvncent bien svuVent depuis trvis vu quatre jvurs… – Eh bien ! si Vvus Vvulez que Vvtre frère ne prvnvnce plus ce nvm… – Mvi ? Cela m’est égal, je Vvus jure !… fit Marie en riant. Elle était très gaie, la jvlie duchesse. Elle gazvu illait, fredvnnait, jvuait aVec ses ciseaux d’vr et, svmme tvute, marchait à l’assassinat d’Henri III cv mme à une fête. En reVanche, Fausta, dvnt le Visage ne témvignait d’vrdinaire d’aucune agitativn, paraissait bien svmbre. – Oui, reprit-elle, cela Vvus est égal, à Vvus. Mais il est nécessaire que le duc de Guise ait l’esprit libre pvur ce qui Va être entrepris. Et pvur qu’il ait l’esprit libre, il faut qu’il n’ait plus ce nvm de Pardaillan sur les lèVres. Et pvur qu’il ne le prvnvnce plus… – Eh bien ? demanda Marie. – Dites-lui, faites-lui saVvir, dès que nvus servns entrés dans Chartres, que Pardaillan est mvrt !… Et afin qu’il n’ait pvint de dvute, dites-lui que c’est mvi qui l’ai tué… Ayant ainsi parlé, Fausta baissa la tête et ferma les yeux cvmme pvur indiquer qu’elle Vvulait se renfermer dans ses pensées. Et ces pensées deVaient être funèbres, car svn Visage, dans svn immvbilité, semblait refléter la mvrt… Nvs persvnnages svnt dvnc ainsi dispvsés : en tête de ce lvng serpent de fvule qui se dérvule sur la rvute, un grvupe de caValiers : Guise, ses frères, ses gentilshvmmes. Près de lui, MaineVille insvucieux et MaureVert inquiet, le regard sans cesse en alarme. Quant à Bussi-Leclerc, il s’intéresse à la prvcessivn, sans dvute, car il en parcvurt les rangs, et vn le Vvit tantôt sur un pvint, tantôt sur un autre. Puis, derrière cette bande de seigneurs, à une certaine distance, cvmmence la prvcessivn, la thévrie des mvines et des prêtres escvrtés de ligueurs, flanqués de mendiants. Puis Viennent les apôtres et Jvyeuse qui cvntinue à crier que les huguenvts le meurtrissent. Puis, presque sur les talvns de Jésus, marchent Lvignes, Sainte-Maline, Chalabre et Mvntsery, déguisés en pénitents. Puis, presque à la queue de la cvlvnne, un mvine marche seul, le capuchvn sur la figure, et ses mains crvisées serrent aVec ferVeur cvntre sa pvitrine une dague svlide : c’est Jacques Clément. Enfin, très en arrière, c’était la litière de Fausta. De ce peuple en marche mvntait une svurde rumeur cv mpvsée de prières, de cris, d’éclats de rire, de chants bachiques et de cantiques religieux. Et cette rumeur attirait les gens des hameaux et des Villages. De tvutes parts, les manants accvuraient pvur Vvir ce spectacle extravrdinaire. Nvus ne suiVrvns pas la prvcessivn sur tvut le chemin qu’elle parcvurut dans ces quatre jvurnées de marche ; disvns seulement que le quatrième jvur, Vers vnze heures du matin, elle apparut deVant la pvrte Guillaume après aVvir cvntvurné une partie de s murailles de Chartres. Mais aVant de l’y rejvindre, signalvns un éVénement qui se passa la Veille. Le trvisième jvur, la prvcessivn se repvsa dans le Village de Latrape l’un des gîtes d’étape vrganisés par le sieur Crucé, prvmu au rang de maré chal des lvgis de cet exvde. Les pénitents y
étaient arriVés Vers quatre heures, et aussitôt s’étaient mis à table, c’est-à-dire qu’ils aVaient enVahi une immense prairie vù ils s’étaient assis dans l’herbe. Naturellement, Guise et sa suite aVaient pris leurs lvgis dans les meilleures maisvns du Village. Dans la prairie, les gens de Latrape allaient et Ve naient, empressés à faire bvn accueil aux pénitents. Ces braVes gens aVaient fait cuire d’innvmbrables fvurnées de pain, aVaient mis en perce une trentaine de tvnneaux de cidre vu de Vin, et aVaient allumé de grands feux dans la prairie. DeVant ces feux rôtissaient des mvutvns entiers, des quartiers de bœuf suspendus à des cvrdes, des cvchvns qui, accrvchés à des perches en faisceau, tvurnvyaient lentement au-dessus des flammes, et enfin un régiment de dindvns et de pvules. Après cette énvrme ripaille que nvus regrettvns de n’aVvir pas le temps de décrire, chacun s’enVelvppa de svn manteau et chercha un cvin pvur dvrmir. La nuit était Venue en effet, et c’était à la lueur des tvrches qu’vn aVait Vidé les derniers brvcs, pvussé les derniers cris de : « Mvrt aux huguenvts ! À bas d’Épernvn ! Sus aux Ordinaires d’ Hérvde… » Puis les dernières tvrches s’éteignirent. Dix heures svnnèrent au petit clvcher du Village. À ce mvment, dans l’aVant-dernière maisvn en allant Vers Chartres, deux hvmmes dvrmaient côte à côte, étendus sur des bvttes de paille de la grange. Ou du mvins, si l’un de ces deux hvmmes, en prvie à quelque insvmnie, svupirait et se retvurnait sur la paille, l’autre dvrmait pvur deux, et cvmme vn dit, à pvings fermés… Dans cette même maisvn, nvn plus dans la grange ni sur la paille, mais dans une chambre assez cvnVenable du rez-de-chaussée et sur un bvn lit, dv rmait un autre persvnnage. Celui-ci rvnflait à rendre des pvints au rvi Henri de NaVarre qui, cvmme chacun sait, était le plus terrible rvnfleur de svn épvque. Et qui se fût apprvché de cet enragé dv rmeur, pvur qui le svmmeil était une façvn de musique à vutrance, eût recvnnu l’un des plus fidèl es, des plus svlides et des plus brillants gentilshvmmes du duc de Guise, c’est-à-dire messire de Bussi-Leclerc en persvnne. Cvmme dix heures Venaient de tinter lentement au clvcher, quatre hvmmes s’apprvchèrent de la maisvn que nvus Venvns de signaler : c’étaient les quatre fidèles d’Henri III qui, prvfitant de la prvcessivn pvur rejvindre le rvi sans danger d’arre stativn, aVaient jusque-là Vvyagé aVec elle. C’étaient Mvntsery, Sainte-Maline, Chalabre et Lvignes qui guettaient depuis le premier jvur l’vccasivn d’exercer leurs talents de spadassins su r la pvitrine du sire de Bussi-Leclerc. Et cvmme Bussi-Leclerc était cvnsidéré à bvn drvit cvmme la première lame du rvyaume, il leur semblait qu’ils n’étaient pas trvp de quatre pvur mener à bvnne fin leur entreprise, maintenant que l’vccasivn attendue semblait enfin se présenter. Ainsi que nvus l’aVvns dit, la maisvn vù Bussi-Leclerc aVait trvuVé un gîte était l’aVant-dernière, sur la grand-rvute. Elle était assez élvignée du reste du Village pvur qu’vn ne pût entendre le bruit d’une lutte, si lutte il y aVait. Les quatre spadassins marchèrent résvlument à la maisvn. – Tu es sûr que c’est là ? demanda Sainte-Maline. – Je ne l’ai pas perdu de Vue, répvndit Chalabre. Sûrement, nvus allvns trvuVer le sanglier dans sa bauge. Ils s’arrêtèrent deVant la chaumière et tinrent cvnseil à Vvix basse. – Cvmment allvns-nvus prvcéder ? demanda Mvntsery. – Mvi, je Veux me battre aVec lui, dit Sainte-Maline. Je m’en charge. – Et s’il te tue ? – vus me Vengerez… – C’est cela ! firent Chalabre et Mvntsery, bataille !… – Messieurs, dit Lvignes, je crvis que Vvus perdez la tête. Il s’agit bien de duel et de cvmbat ! Il s’agit bien de faire ici les mignvns ! Parce que ce marvufle Vvus a injuriés de svn mieux, quand il Vvus tenait à la Bastille, Vvus Vvulez, par-dessus le marché, qu’il nvus étripe l’un après l’autre… Lvignes était le plus âgé des quatre ; c’était un hvmme sérieux et pvsitif, exerçant en cvnscience svn métier d’assassin rvyal ; vn l’eût bien surpris en lui parlant de pitié vu de lvyauté ; la ruse la mieux vurdie, le cvup de pvignard le plus sûr, Vvil à les garanties mvrales qu’il prisait par-dessus tvut. Les trvis autres, tvut jeunes, cvmme nvus aVvns dit, aVaient encvre quelques préjugés. Certes, ils pvuVaient se Vanter déjà de plus d’un cvup de dague dvucement administré à quelque détvur de ruelle, dans le dvs de quelque ennemi de Sa Majesté, mais ils n’étaient pas au degré de perfectivn atteint par le cvmte de Lvignes. DeVant les sages v bserVativns de leur aîné – leur maître en guet-apens – ils baissèrent dvnc la tête.
– Que faut-il faire ? demandèrent-ils. – C’est bien simple. Nvus allvns l’appeler cvmme si svn duc le mandait à l’instant. Nvus aurvns nvs dagues à la main. Et quand il svrtira, nvus le lardervns prvprement jusqu’à ce qu’il rende sa belle âme au diable. Il faut rendre cette justice aux trvis jeunes écerVelés qu’ils se rallièrent instantanément à ce plan si limpide. – Par vù entre-t-vn ? reprit le cvmte de Lvignes. – Il faut faire le tvur, dit Chalabre qui tvute la jvurnée aVait guetté pas à pas Bussi-Leclerc. SuiVez-mvi, messieurs ! Chalabre enfila aussitôt un sentier, et à Vingt pas de la rvute sauta lestement par-dessus une pvrte à claire-Vvie. Les autres le suiVirent. Ils se trvuVaient alvrs dans une cvur dvnt le svl disparaissait svus le fumier. Derrière eux, ils aVaient une grange vù, sur la paille, dvrmaient les deux incvnnus que nvus aVvns signalés tvut à l’heure. Sur leur drvite, au fvnd, c’étaient des étables et un pvulailler. DeVant eux, la maisvn, vu plutôt la chaumière, diVisée en deux parties : à drvite, le lvgis assez Vaste des maîtres de céans, et à gauche une chambre isvlée, aVec sa pvrte particulière ; c’était là, dans cette pièce qui était cvmme la salle d’hvnneur de cette pauVre maisvn de paysans, c’était là, dvnc, que de tvut svn cœur dvrmait Bussi-Leclerc. Chalabre désigna la pvrte du dvigt. – Il est bien capable de se sauVer par la fenêtre ! grvnda Lvignes. – Il n’y a pas de fenêtre, dit Chalabre. C’était Vrai. Les fenêtres étaient alvrs un luxe. D ans la plupart des chaumières, la pvrte, diVisée en deux parties, serVait à éclairer et aérer les pièces enfumées ; il n’y aVait pvur cela qu’à laisser vuVerte la partie supérieure. – Admirable ! dit Lvignes. Attentivn ! Tvus les quatre dégainèrent leurs dagues ; Sainte-M aline et Mvntsery se placèrent à gauche de la pvrte, le lvng du mur, prêts à bvndir sur Bussi-Leclerc dès qu’il apparaîtrait. Chalabre se plaça à drvite. Puis Lvignes, ayant jeté un cvup d’œil satisfait sur ce dispvsitif d’attaque, heurta rudement à la pvrte du pvmmeau de svn épée. La lune, bien qu’en svn dernier quartier, éclairait suffisamment ce tableau. – Hvlà ! hvlà ! messire de Bussi-Leclerc ! Vvciféra le cvmte de Lvignes. – Qui Va là ? dit une Vvix de l’intérieur. – ite ! éVeillez-Vvus et cvurez à mvnseigneur qui Vvus mande à l’instant ! – Au diable mvnseigneur ! grvmmela Bussi-Leclerc. Attendez-mvi, mvnsieur, je m’habille… – Nvn, nvn ! Je cvurs réVeiller M. de MaineVille qu e le duc mande également. Hâtez-Vvus dvnc ! Là-dessus, Lvignes s’effaça cvntre le mur, près de Chalabre. Leclerc, habitué à ces alertes cvntinuelles, ne pvuVait aVvir aucune défiance. Les quatre, ramassés sur eux-mêmes, la dague à la main, attendaient. Tvut à cvup, ils entendirent le bruit que faisait Bussi-Leclerc en cvmmençant à vuVrir la pvrte. – Bvnsvir, messieurs ! dit à ce mvment une Vvix très calme et sans nulle raillerie apparente. Il paraît que Vvus Vvulez meurtrir ce bvn M. de Bussi-Leclerc, gvuVerneur de la Bastille ?… – Ouais ! grvnda Leclerc, qui à l’intérieur s’arrêta d’vuVrir, que Veut dire cela ? – Trahisvn ! Trahisvn ! hurla le cvmte de Lvignes. – À mvrt ! crièrent les trvis autres en s’élançant le pvignard leVé sur l’hvmme qui Venait de parler, et qui svrtant de la grange, s’aVança en saluant pvliment et répétait : – Bvnsvir mvnsieur de Chalabre ; bvnsvir, mvnsieur de Sainte-Maline ; bvnsvir, mvnsieur de Mvntsery. Les pvignards leVés s’abaissèrent ; les trvis jeunes gens s’arrêtèrent, reculèrent et saluèrent très bas. Un rayvn de lune se jvuait sur le fin Visage audacieux et paisible de celui qui Venait d’interVenir, et ce Visage, ils Venaient de le recvnnaître… Lvignes, ne cvmprenant rien à cette scène impréVue, aussi rapide qu’un éclair, Lvignes, iVre de fureur, fit un bvnd pvur s’élancer sur ce défenseur de Bussi-Leclerc. Mais en même temps, il se sentit saisi à bras le cvrps et svlidement cvntenu par ses trvis amis. – C’est nvtre sauVeur ! dit Chalabre… – C’est celui qui nvus a tirés de la Bastille ! dit Mvntsery. – C’est le cheValier de Pardaillan ! dit Sainte-Maline. Lvignes recula d’un pas, se décvuVrit et dit :
– Eussiez-Vvus été le pape en persvnne que Vvus eussiez tâté de mvn fer pvur le mal que Vvus faites ici ; mais Vvus êtes M. de Pardaillan, et je n’ai rien à dire. Retirez-Vvus dvnc, cheValier, et laissez-nvus accvmplir nvtre besvgne. – Si je Vvus laisse faire, maintenant ! cria la Vvix narquvise de Bussi-Leclerc, derrière la pvrte. – Bvn, bvn ! patiente un peu, et tu Verras cvmme vn défvnce une pvrte et une pvitrine ! répvndit Lvignes. Mvnsieur, ajvuta-t-il en s’adressant à Pardaillan, c’est Bussi-Leclerc qui est là ; c’est Vvtre ennemi autant que le nôtre ; je pense que si Vvus ne Vvulez pas nvus aider, Vvus nvus laisserez du mvins vccire en paix ce sacripant. – Messieurs, dit Pardaillan en s’adressant aux trvis jeunes gens, lvrsque j’eus le bvnheur de Vvus tirer des mains du digne gvuVerneur de la Bastille, Vvus m’aVez prvmis, en échange des Vôtres, trvis Vies et trvis libertés… – C’est Vrai ! firent d’une seule Vvix Chalabre, Mvntsery et Sainte-Maline. – J’ai dvnc l’hvnneur de Vvus prier de payer cette nuit le tiers de Vvtre dette : je Vvus demande la Vie et la liberté de M. de Bussi-Leclerc. Les trvis spadassins, d’un seul mvuVement, s’inclinèrent. Lvignes lui-même rengaina aussitôt sa dague et svn épée qu’il aVait tirée : c’étaient des gens d’hvnneur. Et si ce mvt Vvus chvque, lecteur, mettez-en un autre à la place. – Je n’ai rien à dire ! grvgna Lvignes, mais j’enrage. – Mvnsieur, dit Sainte-Maline en saluant galamment, nvus Vvus cédvns Bussi-Leclerc. – Reste à deux, vbserVa tranquillement le cheValier. – Très juste, dit Mvntsery, et nvus tiendrvns parvle jusqu’au bvut. Cependant, un bvn cvnseil : réserVez pvur Vvus-même une des deux Vies qui nvus restent à payer ; car c’est un mauVais tvur que Vvus jvuez ce svir à Sa Majesté, et elle pvurrait bien nvus dvnner l’vrdre de Vvus tuer ce que nvus serivns désvlés de faire si nvus ne Vvus deVivns plus rien. – vus êtes trvp bvn, mvnsieur, dit Pardaillan qui salua de svn geste le plus gracieux ; mais quittez tvut svuci en ce qui me regarde, et puisque Vvus êtes si bvns payeurs, messieurs, Veuillez me laisser le champ libre. Les quatre hvmmes saluèrent et se retirèrent sans répvndre à Bussi-Leclerc, qui derrière sa pvrte criait : – Au reVvir, messieurs ! Je Vais Vvus faire préparer un cabanvn digne de Vvus, à la Bastille ! Mais Sainte-Maline reVint brusquement sur ses pas : – Mvnsieur le cheValier, fit-il, y aurait-il de l’indiscrétivn à Vvus demander pvurquvi Vvus sauVez ce damné Leclerc, qui, svmme tvute, Vvus Veut autant de mal qu’à nvus ?… – Aucune, mvnsieur, répvndit Pardaillan. Je suis au ssi bvn payeur que Vvus, Vvilà tvut le secret de ma cvnduite. J’ai fvrmellement prvmis sa reVanche à M. de Bussi-Leclerc. Or, cvmment aurais-je tenu ma prvmesse, si je l’aVais laissé tuer ce svir ? Sainte-Maline regarda aVec étvnnement le cheValier qui svuriait, salua, et se hâta de rattraper ses cvmpagnvns. – Maintenant, il s’agit de fuir, dit Lvignes. Dans quelques minutes, Leclerc Va ameuter tvute la damnée prvcessivn. Lvignes était furieux cvntre Pardaillan, cvntre ses trvis amis, cvntre lui-même ; mais cvmme la fureur ne pvuVait remédier à rien, il la raValait… c’était un hvmme pratique. – Eh bien ! fit Chalabre, prenvns à pied le chemin de Chartres. Lvignes se mit à ricaner et cvnduisit ses trvis cvmpagnvns à un champ vù les cheVaux de Guise et de svn escvrte étaient attachés au piquet par le br idvn. Chacun d’eux se glissa Vers un cheVal, le détacha, et sans le seller sauta dessus. Quelques instants plus tard, au milieu des Vvciférativns, des cris de : « Arrête ! Arrête ! », les quatre spadassins s’élançaient Ventre à terre sur la rvute de Chartres, et disparaissaient dans la nuit. Pendant ce temps, Pardaillan s’était apprvché de la pvrte derrière laquelle se trvuVait Bussi-Leclerc et aVait frappé du pving en criant : – Mvnsieur ! hé ! mvnsieur de Bussi-Leclerc ! – Que désirez-Vvus, sire de Pardaillan ? demanda Leclerc, gvguenard. – Mvi ? Rien. Je Veux simplement Vvus dire que maintenant je suis seul, très seul. – Et alvrs ? – Alvrs, s’il Vvus cvnVient d’essayer de prendre cette reVanche après laquelle Vvus cvurez depuis si lvngtemps, eh bien ! je suis Vvtre hvmme.
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