Les Prévôts des marchands antérieurs à Étienne Marcel
32 pages
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Les Prévôts des marchands antérieurs à Étienne Marcel , livre ebook

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Description

« Avant que d’entrer dans le récit des troubles qui suivirent la prison du roi Jean, nous ne pouvons refuser notre attention à un grand objet, qui se présente et qui est le principal de cette histoire : l’Hôtel de Ville. »C’est en ces termes que Félibien et Lobineau, arrivés à la Prévôté révolutionnaire d’Étienne Marcel, annoncent qu’ils vont interrompre leur récit, pour remettre sous les yeux du lecteur le tableau du gouvernement municipal de Paris, et faire connaître en quel lieu, de quelle façon, dans quelles limites ce pouvoir s’est exercé.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346129201
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Lazare-Maurice Tisserand
Les Prévôts des marchands antérieurs à Étienne Marcel
INTRODUCTION
« Avant que d’entrer dans le récit des troubles qui suivirent la prison du roi Jean, nous ne pouvons refuser notre attention à un grand objet, qui se présente et qui est le principal de cette histoire : l’Hôtel de Ville. »
C’est en ces termes que Félibien et Lobineau, arrivés à la Prévôté révolutionnaire d’Étienne Marcel, annoncent qu’ils vont interrompre leur récit, pour remettre sous les yeux du lecteur le tableau du gouvernement municipal de Paris, et faire connaître en quel lieu, de quelle façon, dans quelles limites ce pouvoir s’est exercé. Le développement anomal qu’il prend, à partir des États généraux de 1355, les inquiète visiblement ; et, en rappelant ce qu’a été jusqu’alors la Prévôté bourgeoise, administration paisible, subordonnée, gouvernement de marchands et de pères de famille, ils montrent assez combien ils désapprouvent l’extension abusive que Marcel lui a donnée ; ils indiquent suffisamment leur peu de sympathie pour ce magistrat devenu, malgré lui peut-être et par la force des choses, le grand agitateur de la cité.
Le besoin qu’éprouvaient les deux savants annalistes parisiens, nous le ressentons aussi, dans une certaine mesure, en présentant au public une histoire, fort intéressante d’ailleurs, de la courte et orageuse Prévôté d’Étienne Marcel. Plus l’administration de ce chef de la bourgeoisie parisienne a été insolite, plus il nous semble à propos de dire ce qu’était régulièrement, avant lui, le vieux et traditionnel régime de la Marchandise de l’eau, ce qu’il est devenu après la crise aiguë que Marcel lui a fait traverser, et quels souvenirs cette gestion exceptionnelle des affaires municipales a laissés dans les esprits, à une époque aussi profondément troublée.
Cette sorte d’introduction historique aurait dû être écrite par l’auteur lui-même, et elle y eût certainement beaucoup gagné. Mais M. Perrens s’est senti plus particulièrement attiré vers Etienne Marcel, et il n’a pas jugé nécessaire de le rattacher administrativement à ses prédécesseurs. Cette physionomie étrange, presque unique dans les annales de Paris, l’a absorbé tout entier ; ce marchand parisien, devenu le représentant énergique et redouté d’une bourgeoisie qui connaissait sa richesse et devinait sa puissance, lui a semblé résumer, prématurément peut-être, mais au juste et au vrai, les aspirations d’une ville, d’un pays, et personnifier ainsi toute une époque. Les Prévôts débonnaires auxquels Marcel a succédé n’ont point fixé l’attention de M. Perrens : il n’a vu en eux que de petits bourgeois, confinés dans les affaires de leur commerce et de leur échevinage, occupés, en temps normal, d’assurer l’approvisionnement de la cité, le pavage des rues, l’établissement des fontaines et la police des ports ; de répartir la taille, d’assister le Roi de leurs deniers dans les moments difficiles, et de mettre la Ville en état de défense, sauf à demander plus tard un octroi ou une aide ; de gouverner enfin les gens de métier et de maintenir le bon ordre, avec le concours et sous l’autorité du Parlement et du Châtelet.
Les prédécesseurs d’Etienne Marcel, il faut bien en convenir, n’ont guère fait autre chose, excepté lorsqu’ils allaient eux-mêmes ou lorsqu’ils envoyaient leurs Echevins remplir bravement le devoir de gardes du corps, et tomber sous les coups de l’ennemi en défendant la vie du souverain 1 . Toutefois, cette gestion municipale, ainsi bornée, a bien quelque importance, et elle mérite qu’on s’y arrête un instant, alors même qu’on obéirait à des préoccupations différentes, et qu’on se laisserait entraîner à un autre courant d’idées. Nous comprenons qu’un historien du Tiers Etat et de la Révolution, tout occupé de raconter les vicissitudes du pouvoir bourgeois et populaire à Paris, passe rapidement sur les noms des Bignon, des Turgot, des Pont-carré, des Caumartin, des La Michodière, qui représentent si dignement l’Edilité parisienne au dernier siècle, et qu’il aille droit à Bailly, parce que Bailly, c’est le serment du Jeu de Paume, c’est le lendemain de la prise de la Bastille, c’est la Fédération, le Champ de Mars et la place de la Révolution. Mais cette lacune volontaire, un autre historien la comblera peut-être, et les prédécesseurs de Bailly, rejetés dans l’ombre par l’éclat extraordinaire dont cette figure, ainsi que celle de Marcel, est entourée dans l’histoire, auront, eux aussi, leur jour de lumière. Les prédécesseurs d’Etienne Marcel n’ont-ils pas, dès aujourd’hui, droit à la même justice, et n’est-ce pas le moment d’esquisser, à grands traits, la physionomie de ces vénérables représentants du pouvoir municipal ?
 
Avant « les troubles qui suivirent la prison du roi Jean, » pour parler le langage de Félibien, le gouvernement municipal est presque impersonnel. Les Bourgeois s’assemblent au « Parlouer » et administrent collectivement, sous la présidence un peu effacée d’un des leurs, à peu près comme les magistrats consulaires décident en chambre du conseil : on les appelle alors les Marchands ( Mercatores ), les Bourgeois ( Burgenses ). C’est en cette double qualité qu’ils reçoivent du roi Louis le Gros, en 1121, concession du droit de soixante sous, qui se levait à Paris sur chaque navée de vin : « Sexaginta solidos quos de unaquaque navi vino onerata Parisius capiebamus, » et qu’ils s’entendent, en 1141, avec Louis le Jeune, pour l’acquisition de la place de Grève et du Monceau Saint-Gervais, terrain complétement dégagé où s’éleva plus tard le palais municipal : « De Grevia et Montcello planitiem illam, prope Secanam, totam ab omni edificio vacuam, nullisque occupacionibus impeditam, vel impedimentis occupatam, sic in perpetuum manere concessimus 2 . »
Quels sont donc ces Bourgeois et ces Marchands, qui traitent ainsi directement avec l’autorité royale ? Ce sont les continuateurs des Nautœ Parisiaci, les représentants successifs de ces antiques corporations de bateliers, qu’on retrouve, pendant toute la période gallo-romaine, sur les bords de la Loire et du Rhône, comme sur les rives de la Seine 3 , et qui, par les services qu’ils rendent aux villes en les approvisionnant, par le développement continu de la richesse acquise, par la puissance inhérente à toute collectivité, arrivent promptement à constituer le noyau de la bourgeoisie, et se placent naturellement à la tête des populations urbaines.
Sans être, aussi immédiatement peut-être que le prétendent Le Roy et Félibien, les successeurs des curateurs et des défenseurs de la cité, ils sont, par excellence, en situation de le devenir, puisque, aux termes des lois romaines, passées dans la coutume de Paris, les magistrats municipaux doivent être choisis « inter municipes et honoratos, » et que nulle corporation n’est plus ancienne ni plus respectée que la leur. Marchands et Édiles tout à la fois, ils font habituellement le commerce par eau, remplissent dans l’intervalle les fonctions municipales les plus essentielles, et sont encore magistrats lors même qu’ils semblent ne s’occuper que de leur négoce, puisque l’approvisionnement et, par suite, la tranquillité de la Ville en sont le principal objet.
Le pavage des rues, en particulier, attribution fondamentale des corps municipaux, l’entretien des chaussées, des quais, des ponts et des fontaines, leur incombaient dès la plus haute antiquité, comme représentants de la-Communauté parisienne. Tout le monde connaît le passage des Gestes de Philippe-Auguste, dans lequel Ri

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