Les secrets de son royaume
182 pages
Français

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Les secrets de son royaume , livre ebook

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Description

« ... Ils furent à la vue de tous écorchés tout vivants sur la place publique. On leur coupa les parties viriles et génitales, et leur tranchant la tête, on les traîna au gibet public... »

De jeunes hommes inconscients et des princesses à la conduite honteuse... La révélation d'un scandale ou une machination ourdie entre le roi de France Philippe Le Bel et sa fille, Isabelle, reine d'Angleterre ?
Comment un père peut-il surmonter la mort atroce de ses fils ? Ruminer une vengeance sanglante mais vaine, ou atteindre leur assassin dans son orgueil démesuré en fauchant son rêve le plus fou ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414398256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-39847-8

© Edilivre, 2020
Bien que reposant sur un fait historique, la condamnation pour adultère des brus du roi Philippe Le Bel, ce récit reste une chimère, née de l’imagination passionnée et délirante de son auteure. Certains personnages de mon roman ont réellement vécu cet événement tragique. Je m’excuse auprès d’eux d’avoir bousculé leur repos.
Mais peut-être me sauront-ils gré de leur prêter une nouvelle vie.
« Jamais corps n’auront tant souffert. » (Chronique médiévale, tiré du livre de Didier Audinot, Histoires effrayantes, éd Grancher, 2006)
« Que ils furent vifs ecorchiez
Puis fu lor nature copée
Aux chiens et aux bestes jetee » (Chateaubriand, Les Etudes historiques)
« Ah, nous l’avons chéri comme un fils. Mais qu’il ne nous pousse pas à bout… Nous savons les secrets de son royaume. » (Pape Boniface VIII).
1
– Sale gosse !
Elles avaient beau balancer le berceau, à l’envoyer jusqu’au ciel, le bambin, petits poings serrés, se tortillant dans ses langes, bouche béante, s’époumonait à qui mieux-mieux. Qu’avait-il, cette fois-ci ? Mal au ventre, mal aux oreilles, mal aux dents… On avait pendu récemment une jeune mère qui avait tué son fils en le claquant trop brutalement sur un banc de pierre. Présentement, Dame Isabelle, maîtresse des lieux, épouse de Gauthier V D’Aunay, seigneur de Moussy-le-Vieux et du Grand Moulin, si elle ne se retenait pas, aurait bien passé l’héritier par-dessus les remparts. Elle ne pouvait même pas l’éloigner avec la nourrice dans une autre aile du château pour qu’elle même puisse fermer les yeux, rien qu’un instant. Tout était rempli à ras-bord ; plus un coin de libre, plus un lit, plus une paillasse de disponible, même l’écurie était encombrée de ronfleurs.
Elle avait reçu le message de son mari tôt le matin et avait dû tout organiser en un temps record, l’arrivée de l’escorte, l’accueil de la Cour, la réception dans la grande salle du donjon, et bien entendu tous les problèmes d’intendance qui vont avec, entretien, repas, divertissement, repos… Avec sourire, bonne humeur et déférence envers ses convives.
Épuisée mais assez satisfaite. Elle s’était montrée flattée de l’honneur que des princes de sang daignaient lui accorder, respectueuse du désir de ses invités, charmante avec le roi, renchérissant avec habileté dans la discussion, éclatante de jovialité à ses plaisanteries. Elle avait failli lui confier, d’un ton innocent, les tracasseries d’un procès à propos d’une terre que se disputaient son époux et un cousin, mais elle se contint d’aborder cette requête. Ce n’était ni le lieu ni le moment. Et elle espérait bien trouver une occasion pour en glisser un mot avant le départ de la Cour pour Paris.
Son mari sera content d’elle.
– Madame, je vais à la cuisine lui préparer une décoction d’herbes ! Avec un peu de miel ! Ça l’aidera à s’endormir !
La châtelaine souffla un grand coup et acquiesça de la tête. La nourrice ajusta sa cape, et jetant un œil de miséricorde sur sa maîtresse, lança avant de sortir :
– Je fais aussi vite que je peux !
Ces mères de maintenant, aucune patience.
La baronne continuait à secouer nerveusement le berceau, et à travers les cris du satané marmot, cherchait comment amener la conversation le plus naturellement possible, demain matin, avant le départ du roi, sur ce sujet épineux de la terre de la discorde à son avantage. Pas facile. La porte grinça.
– Tu as oublié quelque chose, Jeannette ?
Elle tourna la tête et vit l’homme sur le seuil. Elle se leva, arrangea ses vêtements de nuit, instinctivement tapota ses cheveux pour leur redonner un peu de maintien et salua, s’avançant vers lui, la mine désolée mais souriante :
– Il vous a réveillé ? Veuillez m’en excuser ! La nourrice lui prépare un remède, j’espère que tout le monde pourra dormir tranquille après !
L’homme ne répondit pas, entra et referma la lourde porte. Interloquée, elle se figea, les yeux écarquillés, bouche ouverte, un peu bête. La châtelaine n’était plus une jouvencelle effarouchée. Qu’on tente sa chance auprès des dames ne l’offusquait pas. Faire celle qui ne comprend pas, feindre la candeur de l’innocente, bref, jouer à la vertueuse idiote, suffisait à dissiper les malentendus. Une seule fois, elle dut remettre sèchement à sa place un soupirant qui outrepassait les règles du jeu. Elle poursuivit donc, comme si de rien n’était, et, sur le ton de la plaisanterie, d’une voix qu’elle voulait la plus sereine et la plus enjouée possible :
– Je sais que votre fils Louis a le même âge que Gauthier ! Les hurlements d’enfant, vous devez y être habitué !
Ce n’était qu’une méprise. Peut-être avait-elle été trop avenante. Cet homme, de haute naissance, par la grâce de Dieu, se rendrait compte bientôt de son erreur, reviendrait à la raison et avec un demi-sourire galant, se retirerait en homme courtois. La dame du château croyait avoir le sens des réalités. Pas assez sans doute. Tout à coup, il l’enlaça par les épaules et l’attira vers lui, cherchant ses lèvres. Elle s’arc-bouta vivement en arrière, et de toute la force de ses bras tendus, repoussa l’homme, décontenancé par la vivacité et la fermeté de la réaction. Elle commençait à paniquer. Ne pas lui montrer. Réprimer le tremblement. Elle força la voix :
– Nous avons eu une rude journée, Sire, et nous sommes tous les deux bien fatigués.
Et ajoutant, espérant encore le voir reprendre ses esprits et ses responsabilités :
– La nourrice va revenir et vous savez comme les gens sont prompts aux médisances ! Il me serait insupportable qu’elles atteignent votre épouse que vous chérissez tant !
En parlant, elle le contourna, sans hâte, lui tourna le dos pour gagner la porte. Elle faillit l’atteindre tendant ses doigts crispés vers le loquet. Tout à coup, elle se sentit emprisonnée par deux bras nerveux qui la ceinturaient à l’étouffer. Elle voulut reprendre son souffle pour crier. L’homme la pressa contre lui, accentuant son étreinte d’un bras, lui écrasant la bouche de l’autre main. Elle suffoquait. Son fils hurlait toujours dans le berceau. Mais impuissante, il lui semblait qu’elle ne s’appartenait plus, et comme une loque, se laissait traîner loin de la porte. L’homme, instinctivement, desserra sa pression. Se contorsionnant comme un animal pris au piège, elle fit volte-face et voulut lui balancer ses griffes en pleine figure. Elle eut à peine le temps de voir des yeux fous dans un visage possédé. Il riposta immédiatement, lui meurtrissant les poignets, la projeta et l’envoya valdinguer à travers la pièce, où un corps qu’elle ne contrôlait plus se cognait contre une colonne du lit, trébuchait sur un escabeau, et se renversait sur le grand coffre. Elle s’écroula, et resta comme sonnée, haletante, tenta de se relever malgré les douleurs partout et l’envie de vomir à la gorge. Il se plaqua sur elle, et lui enserra les mâchoires d’une main sous le menton pour l’immobiliser et réprimer les cris, tandis que l’autre main forçait les cuisses, fouillait les chairs. L’écœurement la fit se raidir ; elle essaya vainement de desserrer la poigne de l’homme qui lui broyait le bas du visage. Tout à coup, elle se rendit compte que son fils ne pleurait plus. Dans un sursaut pour se dégager, elle lâcha le poing de l’homme et visa les yeux. Mais, plus rapide, il releva le torse, et les doigts contractés de sa victime se refermèrent sur un col de fourrure et s’accrochèrent à l’armature d’une parure. Le coup de poing l’atteignit sur le côté du visage ; sa tête claqua sur les dalles de pierre. La chambre se pointilla de neige noire et s’assombrit peu à peu.
– Madame, Mon Dieu, Madame…
Elle est allongée sur le sol, la chemise remontée, les jambes ouvertes, le bas-ventre douloureux, le crâne lancinant. Le nez saigne, un œil est complètement fermé, elle a du mal à bouger. Par réflexe, elle se tourne avec peine sur le côté, et s’appuyant sur les mains écorchées, tente de se soulever. Et retombe lourdement, reste là, inerte, comme abrutie. Machinalement, elle lève les yeux vers les cris. La nourrice sanglote et tremble comme une démente en crise ; ça l’énerve.
– Tu vas rester plantée là longtemps !
Elle a cru crier mais la voix rauque s’étrangle, gênée par tout un côté du visage tuméfié et la mâchoire endolorie.
Éperdue, la nourrice se précipite ; s’accrochant aux bras de la servante, la châtelaine, le corps engourdi, vacille, mais réussit pourtant à se mettre debout. Elle reste hébétée, rigide. Tout à coup, semblant se dégager de cette torpeur, elle rejette l’étreinte protectrice de la nourrice, et malgré une démarche incertaine, se dirige vers la porte. Une colère terrible la submerge, et, s’agrippant aux aspérités de la muraille, descend l’escalier sombre, résolue à dénoncer son agresseur et à hurler son dégoût.
– Bonsoir, Dame.
Elle sursaute, lève les yeux et aperçoit au pied des marches le Capitaine des gardes du roi qui la salue poliment. Un instant interdite, oppressée, comme prise de court devant cette apparition, elle reprend pourtant sa respiration et s’apprête à clamer sa détresse,
– Je vois, Madame, que vous avez fait une fort vilaine chute.
Il monte lentement vers elle, sa stature d’homme de guerre obstruant complètement l’escalier étroit. Il la dévisage calmement :
– Quelques légères blessures sans gravité et des bleus qui partiront avec le temps. Croyez-en Madame, un soldat.
Elle reste muette, ne sait plus quoi répondre. Une chute… Qui croirait ça… Il se moque d’elle. Il sait. Elle le toise, et sans élever la voix, détache bien chaque mot :
– Ce soldat est un lâche.
Elle vit juste la pomme d’Adam bouger et le poing ganté serrer le pommeau de la dag

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