Libre comme le vent du désert
316 pages
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Libre comme le vent du désert , livre ebook

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Description

Les militaires du 8ème escadron de Garde Républicaine quittèrent le Fort de la Bonnelle situé au sud-ouest de la citadelle de Langres, le 05 juillet 1952 à 22 h 00, à destination de Marseille où ils arrivèrent le 07 juillet.



Le lendemain, ils embarquèrent sur le Florida pour un voyage en mer de deux jours et débarquèrent à Bizerte.



Après un court passage par la Caserne de la Garde à Tunis, ils furent transportés par camions jusqu'à Gabès.



... Sans être un vieillard, l'homme des abords d'Aïn Tounine n'était plus très jeune. Il était dans la fleur de l'âge. Selon ses dires et pourquoi mettre sa parole en doute, il descendait d'une illustre famille de bédouins dont l'histoire - la sienne et celle de ses aïeux - était à jamais enfouie sous les dunes...



... L'homme des abords d'Aïn Tounine prenait son temps. Il ne se pressait pas car en cet endroit du monde, se presser n'avait aucun sens. Lorsqu'il parlait, il n'existait plus de frontières. Il les dépassait toutes, les faisant toutes disparaître, ignorant celles qui se dressaient encore. Son talent était immense. Il avait en lui, une force tranquille que peu d'hommes possédaient. Fermant les yeux, écartant les bras, rejetant la tête en arrière, il s'écria soudain qu'il était libre comme le vent du désert et entendait le rester...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414442546
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44253-9

© Edilivre, 2020
Libre comme le vent du désert
Fake
La voix d'Asma résonna curieusement. Adil ne la reconnut pas et la prit pour celle d'un étranger qui serait entré dans sa maison alors qu'il avait le dos tourné. La distance qui les séparait rendait pourtant la confusion peu probable. Asma releva la tête et Adil sentit son regard se poser en plein sur lui. Bizarrement, il en perçut le poids. Pris d'une crainte soudaine, il eut un imperceptible mouvement de recul. Que lui voulait-elle encore ? Pourquoi insistait-elle autant ? Depuis qu'ils étaient levés, elle n'arrêtait pas. Jamais, elle ne s'était comportée de la sorte. Sa propre femme...Que devait-il en penser ?
– Adil !
L'énervement la gagnait et elle ne semblait pas disposée à y renoncer. Adil qui n'en comprenait pas la raison, ne se sentit plus à sa place dans sa propre maison. Il lui sembla toutefois qu'Asma n'avait pas remarqué ce commencement de faiblesse qui s'était emparé de lui. A l'idée qu'il aurait pu perdre la face, il fut pris de vertige alors que ce n'était pas dans les intentions d'Asma de lui manquer de respect.
– Oui, Asma, dit-il.
Il avait répondu en s'efforçant de paraître indifférent. N'était-ce pas la meilleure attitude à adopter dans une situation comme celle-ci ? Asma  ne le regardait plus. Ses yeux étaient fermés et il lui parut évident bien qu'au fond, ce ne fut pas une certitude, qu'elle avait légèrement rejeté la tête en arrière, avec une certaine coquetterie, même si c'était avec la grâce un peu lourde qui la caractérisait. Il n'en était pas certain car avec Asma, rien n'était jamais vraiment certain. Son foulard avait glissé, libérant une épaisse mèche de cheveux d'un noir de jais qui tomba sur son front et qu'elle ne chercha pas à repousser. Le temps n'avait pas eu de prise sur elle, au contraire de la plupart des femmes de son âge dont les cheveux grisonnaient déjà. De quel stratagème avait-elle usé pour maintenir le temps à distance ? se demanda Adil. Les cheveux d'Asma étaient restés aussi noirs que le jour de leur rencontre. Il y avait longtemps mais il n'avait pas oublié. A cette époque, Asma ne portait pas de foulard et elle se laissait admirer. Il l'avait trouvée différente de toutes les filles qu'il connaissait. Elle l'avait attiré comme un aimant. En y pensant, il sourit. Elle ne pouvait que le séduire. Il n'y avait rien à dire des autres filles, sinon qu'aucune n'avait l'effronterie d'Asma.
– Adil !
Il se crispa malgré lui. Quoi encore ? Elle n'allait donc jamais s'arrêter. Les belles pensées d'Adil s'envolèrent. La jeunesse d'Asma qui était aussi la sienne, disparut à son tour.  
– Oui, Asma.
Ses yeux étant toujours fermés, Asma ne vit pas Adil se détourner. Si elle l'avait vu, elle en aurait pris ombrage. Que cherchait-elle au juste ? Où voulait-elle en venir ? Asma était devenue insaisissable et Adil avait beau s'en défendre, elle le mettait de plus en plus mal à l'aise.
Yassine, leur fils aîné, se trouvait dans un angle de la pièce, adossé tant bien que mal, au mur qui n'était pas droit, les bras ballants, n'osant rien, ni mouvements ni paroles qui auraient rappelé sa présence. Il était resté à l'arrivée de son père malgré l'insistance de sa mère qui voulait l'obliger à sortir. Il avait réussi à se faire oublier et maintenant, il était inquiet de la tournure que prenait la confrontation. Car il s'agissait bien d'une confrontation. Ce n'était pas la première joute entre ses parents mais cette fois Asma avait le dessus et Yassine savait qu'elle ne reculerait pas. C'était en cela que résidait l'inhabituel. La détermination d'Asma. Jusqu'à présent, Adil avait toujours régné en maître sur sa maisonnée. Se conformant depuis sa naissance, aux rites et coutumes qui lui avaient été inculqués, Asma avait toujours accepté  les choses telles qu'Adil les désirait, en s'interdisant toute opposition. Le mariage lui avait ôté son effronterie. Les enfants étaient venus rapidement, faisant la fierté d'Adil et aussi la sienne.
Seul Yassine était présent. Les autres enfants étaient ailleurs, non loin, à une courte distance de la maison mais ailleurs cependant, dans l'ignorance des évènements  qui se tramaient à l'intérieur, à l'exception peut-être de Mariam, la soeur presque jumelle de Yassine. Ils étaient nés le même jour, l'un au début, l'autre à la fin. Mariam était assise sur le muret, devant la maison, jambes pendantes. Le regard fixé sur les pierres disjointes, les mains croisées sur les genoux, elle attendait patiemment que son frère vienne lui raconter.
Asma soupira, de lassitude et de bien d'autres choses. Savait-elle seulement où sa confrontation avec Adil la conduirait ? Elle ouvrit les yeux et se heurta à la pénombre. Il n'y avait pas de fenêtre, juste une petite ouverture creusée au milieu du mur à l'angle duquel Yassine était adossé et obstruée par une toile brune et peu épaisse. Lorsque le vent soufflait trop fort, un courant d'air glacé pénétrait dans la pièce, obligeant la famille à se recroqueviller dans un coin. Yassine qui redoutait une issue contraire à celle qu'il espérait, se colla un peu plus contre le mur dont la rugosité pourtant familière, le surprit.
Les mains d'Asma tremblaient. Asma ignorait à quel moment ses mains s'étaient mises à trembler. Elle n'y avait pas prêté attention. Elle soupira à nouveau, de détresse et aussi de peur de s'être confrontée, de sa propre initiative, à une tâche au-dessus de ses forces.
– Adil !
Il n'était pas question de lâcher prise. Adil eut un mouvement de mauvaise humeur. Asma insistait trop. Elle allait trop loin.
– Asma. Tais-toi.
Adil se tourna vers Yassine qu'il ne vit pas mais dont il venait de se rappeler la présence, à l'angle du mur. Son regard glissa vers la toile brune qui obstruait l'ouverture. Il se demanda quelle heure il pouvait bien être. Malgré le soin apporté par Asma, la toile tombait en lambeaux, comme le tapis qui recouvrait le sol et avait été beau. Le temps apportant son usure, les motifs s'étaient estompés. Il avait également perdu de son épaisseur et était devenu nettement moins confortable. Seul, le plafond décoré par Adil au début de son mariage avec Asma et avant la naissance de Yassine, son premier enfant et aussi son premier fils, de rosaces vertes et rouges comme le foulard d'Asma, avait conservé un peu de sa superbe.
Asma se redressa et fit face à Adil.
– Adil, tu dois y aller.
Elle avait haussé le ton. Adil la dévisagea, perplexe, tandis que Yassine fermait les yeux et les rouvrait aussitôt. Il pensait comme Asma. Dans un moment comme celui-ci, en bon fils qu'il supposait être, il se devait de penser comme elle.
– Pour les enfants, poursuivit Asma, d'une voix infatigable. Tu dois y aller pour eux. Pour qu'ils aient une vie meilleure.
Yassine opina de la tête. C'était décidé. Il ne reculerait pas. Si son père n'y allait pas, lui, il irait et plutôt deux fois qu'une. Il n'avait pas peur. La peur ne l'habitait pas. Elle ne faisait pas partie de lui.
– Pour les enfants, répéta Asma.
Les mots étaient venus d'eux-mêmes. Les enfants étaient sa priorité. Pour eux, elle voulait une vie meilleure que la sienne, même si avec Adil, elle n'avait jamais été malheureuse. Sa vie avait parfois été difficile mais pas plus que celle de beaucoup d'autres. Il lui suffisait de regarder autour d'elle pour s'en persuader.
– Adil ! C'est ton devoir d'homme. Tu dois y aller.
Elle se tenait droite et s'entêtait. Elle avait retrouvé la fierté de ses lointains ancêtres. Adil comprit que rien ne la ferait plier. Il pensa la repousser mais ne le fit pas. Quelque chose l’en empêchait. La présence de Yassine ? Sans doute pas. Il connaissait les pensées de Yassine. Yassine était un révolté. Il savait ce qui l'animait. Il savait aussi que rien ni personne ne parviendrait à le retenir. Il avait le tempérament bouillant des jeunes gens de son âge. Il était prêt à en découdre, ce qui n'était pas le cas d’Adil.
– Tu m'écoutes, Adil ?
Asma s'impatientait.
– Je ne fais que ça, répondit Adil.
Yassine choisit ce moment pour sortir de l'ombre.
– Toi aussi, tu es un ouvrier, dit-il, d'une voix calme.
Adil regarda son fils.
– Non, répliqua Adil. Pas un ouvrier. Un potier.
– C'est pareil.
– Non. Ce n'est pas pareil.
Yassine sourit.
– Quelle différence ? demanda-t-il.
– Moi, je suis libre. Pas eux.
– C’est ce que tu crois, se moqua Yassine.
– Je ne suis pas enfermé toute la journée dans une usine, répliqua Adil, vexé.
– Non ? Tu es enfermé dans ton atelier.
– Je peux en sortir quand je veux.
– Si tu en sors, tu ne gagnes pas d'argent et si tu ne gagnes pas d'argent...
– J'en ai toujours gagné suffisamment pour nourrir ma famille, le coupa Adil.
– Ne te fâche pas, rétorqua Yassine. Je ne voulais pas te manquer de respect. Je sais ça et je t'en remercie.
Un silence s'installa, qui fut vite interrompu par Yassine qui avait trop de choses à dire pour se taire plus longtemps.
– On dit que... commença-t-il.
– On parle trop et toi, tu n'es pas obligé d'écouter, s'insurgea Adil.
– Je n'écoute pas mais j'entends. Et je suis content d'entendre.
Un nouveau silence s'installa qui dura davantage et fut lui aussi, interrompu par Yassine qui bouillait d'impatience.
– As-tu vu à quoi nous sommes réduits ? demanda-t-il. As-tu vu comment nous vivons ? Nous n'avons rien à espérer d'eux. Ils ne nous donneront rien.
Eux, c'était les Français.
Il regarda son père droit dans les yeux.
– Tu dois y aller, poursuivit Yassine. Tu dois défendre tes droits. Les tiens et les nôtres ! Tu as assez plié l'échine. Il est temps de te réveiller.
Yassine baissa les yeux. Il n'aurait pas dû par

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