Lola Montès, un scandale pour chacun
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Lola Montès, un scandale pour chacun , livre ebook

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Description

Femme audacieuse, aventurière sans scrupule, sa beauté provocante inspira les poètes, les peintres et les romanciers. Sans grand talent à l’exception de son charme indéniable et d’une grâce parfaite, elle essaya d’atteindre la gloire sur scène avec la danse espagnole, puis la comédie, et jusqu’au cirque où elle joua sa propre histoire, après avoir mené le roi Louis 1er de Bavière, tombé fou amoureux d’elle, à son abdication.
Coléreuse, capricieuse, levant ses jupons à volants si haut et si voluptueusement qu’elle se fit renvoyer de l’Opéra, elle parcourut l’Europe, la Russie et les États-Unis. Ne brillant que par ses scandales, elle se fit connaître sur ces trois continents, avant de s’éteindre dans la misère.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374532486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jocelyne Godard
Les Amours des femmes célèbres
LOLA MONTES Un scandale pour chacun
Collection Histoire
1 Lola Montès
Dans la fraîcheur moite et parfumée du soir, Marie-Dolorès réfléchissait. Ou plutôt, elle rêvait. Née en 1821, elle pouvait déjà ressasser les huit dernières années qui composaient son enfance.
Les bruits ambiants du logis familial parvenaient à ses oreilles qu’elle laissait vaguement traîner lorsqu’elle ne s’éloignait pas trop pour se laisser le temps de fuir plus loin quand sa mère l’appelait.
Petite brunette délurée, hardie, audacieuse, emportée, fantasque, inventive (peu importait si le mensonge prenait souvent le pas sur son inspiration), car à défaut de vérité, elle mystifiait toujours.
Et c’était le cas en cet instant où elle se trouvait à demi allongée sous l’ombrage d’un lilas des Indes, un beau buisson arbustif à la floraison d’un rose éclatant si abondante qu’elle formait un immense bouquet dont les fleurs à l’extrémité des tiges venaient lui caresser le visage.
Un peu plus loin, elle voyait s’épanouir les rhododendrons et, plus écartés encore, s’étalaient quelques palétuviers dont les immenses racines surgissaient du sol et la cachaient en partie.
Quant aux deux mangroves qui se trouvaient non loin d’elle, les branches étaient si desséchées par manque d’eau ‒ c’étaient des arbres issus des marais et il fallait aller dans la forêt la plus proche pour les y trouver ‒ qu’elles faisaient la joie des petits macaques qui s’aventuraient jusque-là. Ces petits singes à longue queue, envahissants et chapardeurs, nullement impressionnés par les bruits de la ville avoisinante, y jouaient, s’y agrippaient en faisant mille pirouettes que, parfois, Marie-Dolorès observait.
Mais ce jour-là, la fillette ne voyait rien d’autre que son rêve en partie élaboré. Elle avait bouché ses oreilles avec deux petites fleurs de lilas, et abaissé ses paupières en laissant ses yeux à demi clos. Isolée de la sorte, elle ne se préoccupait plus que de ce qu’elle était en train d’échafauder.
C’était simple et compliqué à la fois. Facile parce qu’elle n’avait qu’à le décider, embarrassant parce que le choix était vaste.
Le nom de son père, que sa mère avait forcément adopté en l’épousant, ne lui plaisait pas. « Gilbert » ! Edward-William Gilbert ! Il n’y avait aucune originalité dans ce nom, ni fantaisie, ni romantisme. D’ailleurs, pas plus que dans le nom de sa mère qui s’appelait Margaret Oliver. C’était d’un commun !
Elle releva les paupières et respira l’odeur du lilas des Indes qui chatouillait ses narines. Le ciel était encore d’un bleu dur, mais le soir allait tomber et il se teinterait vite des premiers rayons du soleil couchant.
Des senteurs de fruits exotiques lui venaient directement de la ville. Elles étaient parfois si persistantes qu’elles se mêlaient irrémédiablement à tout ce qui touchait au voisinage. Les litchis, les akis et les divers agrumes avec un goût mélangé de concombre, de citron, de banane, s’accordaient avec le parfum du paprika qui traînait dans tous les coins des maisons et des jardins.
Marie-Dolorès Gilbert releva cette fois haut le nez, respira une forte bouffée d’air parfumé et se sourit à elle-même. Elle venait de trouver le futur nom qu’elle garderait toute sa vie. Et voilà, c’était fait ! Elle s’appellerait Lola Montès.
Quand elle partirait de chez elle après l’avoir décidé, puisqu’elle était encore beaucoup trop jeune pour le faire, elle enterrerait cette Marie-Dolorès Gilbert qui lui déplaisait tant.
Puis, elle ajouterait à ce nouveau nom tout l’exotisme qu’il fallait pour attirer l’attention et ne pas tomber dans la banalité d’un quotidien dont elle avait déjà horreur.
Mais à présent qu’elle avait choisi son nom futur, ce qui, pour elle, était un grand pas de franchi, elle devait penser à autre chose. Et c’était de la plus grande importance, autant que de se donner un nouveau nom et se vêtir d’une autre peau.
Marie-Dolorès soupira de nouveau. Elle eut une pensée pour son père. Lui manquait-il ? À force d’y réfléchir, elle se demandait s’il elle ne le regrettait pas simplement parce qu’elle se disputait souvent avec sa mère alors qu’avec son père, grand absent déjà de son vivant, elle se heurtait forcément beaucoup moins.
Sa mère Margaret Oliver, épouse du sous-officier Gilbert devenue veuve récemment, était à présent toujours derrière elle à la commander, à lui dire ce qu’elle devait faire et ne pas faire. La fillette s’inquiétait. La mort du capitaine Gilbert risquait fort de lui ôter la liberté qu’elle s’octroyait auparavant.
Elle ne se raccrochait qu’à une seule idée. Le temps du veuvage de sa mère serait d’une courte durée. Car elle se doutait qu’elle allait réagir et rebondir très vite.
La mort de son père ! Cela valait bien qu’elle s’y attarde un peu puisque cela entraînait de fâcheuses conséquences pour elle.
Elle revoyait l’interminable voyage en bateau qui avait demandé quatre mois de traversée où sa mère et elle étaient restées malades et enfermées dans leur cabine, ne sortant que lors des escales, encore qu’elles ne s’éloignaient pas trop pour éviter de se perdre. Se promener sur les quais d’un port parmi les caisses, les ballots, les paquets, toutes les marchandises que les vaisseaux véhiculaient, n’était guère agréable comme lieu de flânerie et de détente.
C’était encore l’époque de la marine à voiles. On s’entassait sur les navires dans des conditions assez inconfortables. On mangeait mal et on dormait peu, balancé en permanence par le mouvement des vagues fréquemment soulevées par des vents forts.
Le canal de Suez n’avait pas encore été creusé. La seule escale agréable avait été au Cap-Vert. Mais après, de grosses bourrasques de vent et de pluies étaient tombées sur le golfe du Bengale, les heurtant sans arrêt contre le bastingage, les parois de la cabine, les cordages sur le pont, les mâts, les voilures. Tout ce qui se trouvait sur le bateau était l’occasion d’une secousse, d’un coup, d’un choc et du vomissement qui ne tardait jamais à venir.
Puis ils étaient arrivés à Calcutta, plus secoués et ahuris que reposés.
Le pays des rajahs ! Marie-Dolorès une fois installée s’était reprise. Cela ne lui aurait pas trop déplu si une plus grande liberté lui avait été laissée. Petite fille, elle voulait déjà s’évader ! Elle y arrivait pourtant, mais elle ne dépassait pas la limite autorisée. Du moins pour l’instant.
Dans les débuts, lors des quelques promenades en ville avec sa mère, elle avait cherché la présence des jolies Européennes, encore assez rares dans l’Inde de cette époque, jeunes filles qui, pour beaucoup, étaient à la recherche d’un bel officier anglais célibataire. Elle n’en avait guère trouvé, tout au plus quelques fillettes comme elles.
Puis, la garnison s’était installée. Le lieutenant Gilbert en prenant des galons et en devenant capitaine, passait plus de temps à la caserne ou au mess et le soir en compagnie de ses chefs et de ses amis officiers.
Tout ceci laissait du temps libre à Margaret et aussi à Marie-Dolorès, souvent abandonnée aux mains des ayas , les femmes hindoues qui étaient au service des Occidentaux. La mère sortait en ville et la fille partait rêver dans la campagne des alentours.
Mais hélas, le capitaine Gilbert n’avait guère été chanceux en arrivant à Calcutta. À peine fut-il incorporé dans son nouveau régiment au sein de l’Armée des Indes, mis en place depuis les derniers combats qui dataient de la campagne de 1817, soit une décennie plus tôt, qu’une épidémie de fièvres paludéennes se déclara.
La fièvre des marais, l’impitoyable dysenterie amibienne, ravageait beaucoup de soldats anglais peu habitués au climat microbien des Indes.
À cela était venue s’ajouter une épidémie de choléra soignée comme on pouvait, et l’on pouvait peu avec les moyens en cours, laudanum, quinine et révulsifs. Hélas, le capitaine Gilbert avait fait partie de ces centaines d’hommes et de femmes emportés par la maladie.

***

Sa mère ne s’imposa que trois mois de veuvage, temps déjà long pour elle durant lequel elle devait rester à son domicile, ou bien sortir avec le traditionnel voile de crêpe cachant son visage. Marie-Dolorès subit elle aussi le désagrément d’être bloquée à l’intérieur du logis des Gilbert.
Pourtant, elle savait que sa mère supportait mal cette liberté brisée, même s’il ne s’agissait que de quelques mois.
Il fallait dire que Margaret était une très jolie jeune femme. Mariée à dix-sept ans, elle paraissait être la sœur aînée de sa fille. Sa grâce et sa beauté créole, car elle venait des îles, ne laissaient pas indifférents les regards qui se posaient sur elle.
Son fin visage modelé à la perfection, ses gestes et ses manières un peu sophistiquées, certes, mais élégantes et charmeuses, n’étaient pas non plus sans attirer, parfois, la jalousie des femmes croisées ou rencontrées, et souvent la convoitise des autres officie.
Marie-Dolorès, qui s’était à nouveau échappée pour vivre ses grands rêves, leva les yeux. Le soir tombait. C’était un embrasement total. Le ciel était à l’unisson de ses désirs, de ses plus intimes convictions et des résolutions qu’elle avait prises et qui finiraient bien par aboutir.
Lola Montès bougeait en elle et risquait de surgir plus tôt qu’elle ne le pensait.
Après un long et dernier regard jeté sur le ciel flamboyant, elle soupira doublement à l’idée qu’il fallait rentrer.
Il y aurait à nouveau confrontation entre la mère et la fille. Margaret dirait à Marie-Dolorès qu’elle ne devait pas fuguer aussi souvent et aussi longtemps, qu’elle devait obéir, se soumettre et se conformer aux règles de la bonne éducation qu’on essayait de lui inculquer.
Marie-Dolorès crierait, se rebifferait, jouerait à l’enfant mal-aimée, pleurerait s’il le fallait et finirait par se retirer dans sa chambre qu’elle fermerait à clé. Alors, devant son grand miroir au cadre de bois sombre, elle observerait les formes de son jeune corps en attendant avec une folle impatience qu’elles se modèlent dans des proport

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