Maintenant tu sais...
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Description

Fils d’Ahmed Ben Mohamed, un analphabète mais néanmoins homme d’affaires averti, et de sa cinquième épouse, l’auteur nous raconte son enfance dans un Maroc traditionnel. Les épisodes de la vie quotidienne jalonnent la vie d’une famille soumise au patriarche. Pour respecter les us et coutumes locaux et familiaux, les gestes s’imprègnent d’une certaine solennité... Le récit de cette vie marocaine est décrit avec une telle vivacité qu’il rend proche et attachant chaque membre d’une famille au sein de laquelle on aimerait parfois être convié pour rire et pleurer avec elle. On accompagne avec plaisir ce jeune Marocain qui s’éveille à la vie dans le Maroc des années 40.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376722
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maintenant tu sais...
Claude Diouri
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Maintenant tu sais...
 
 
 
L'ensemble des photos de ce livre ont été prises par l'auteur.
 
 
 
À ma mère .
 
Merci à toi pour tout l’amour que tu m’as prodigué dès ma conception. Chez nous, il y a un adage populaire qui prend tout son sens dans le cas présent :
« Même si je devais te porter sur mes épaules de la maison jusqu’à La Mecque, cela n’équivaudrait même pas au millionième de la souffrance que je t’ai fait subir pendant ma gestation jusqu’au jour de ma naissance, où j’ai entraîné avec moi une partie de tes entrailles. »
 
 
 
À mon père .
 
Merci de m’avoir conçu, afin de découvrir la Terre et les terriens, et particulièrement, les terriennes, qui portent la vie.
Je n’oublierai pas non plus ce que dit la sagesse populaire et que tu m’as répété à profusion :
« men lamhed hata la lahde »
« Les hommes souffrent depuis leur berceau jusqu’à la tombe. »
 
 
 
Préface
 
 
 
Une mémoire en partage. Et quelle formidable mémoire ! Dans le premier des trois volumes d’une autobiographie passionnante, Claude Diouri nous raconte son enfance marocaine et nous fait l’offrande d’un regard unique, à la fois ému et lucide. D’une sensualité radieuse, d’une précision très évocatrice, l’écriture directe nous fait percevoir les goûts, les odeurs, de ce pays qui a vu naître et grandir l’auteur. Les parfums, la senteur des épices, la saveur des mets, sont portés par une voix croquant aussi, de savoureuse façon, chacun des nombreux personnages qui animent le récit.
Chronique d’une enfance, et d’un apprentissage, le livre est écrit au présent, un choix décisif qui nous fait vibrer constamment, en même temps que l’auteur, aux découvertes du jeune narrateur curieux de tout, et plus particulièrement des mystères du sexe et du monde des femmes.
Un univers féminin dont il va faire la découverte cruciale, tout en éveillant sa conscience critique vis-à-vis d’une tradition et d’une religion centrées sur le pouvoir du mâle et celui des tabous.
Dans un style fait de justesse et de simplicité, où le mot le plus juste trouve harmonieusement sa place, Claude Diouri emmène le lecteur dans une réalité palpable, celle d’une enfance qui s’épanouit pour préparer un envol. L’envol que racontera le deuxième volume de cette chronique émouvante, puissamment évocatrice, drôle et aussi belle que rebelle.
En plus de ses talents d’écrivain et de photographe, Claude Diouri est une figure majeure du monde du cinéma en Belgique. Distributeur, exploitant, réalisateur, infatigable animateur des écrans bruxellois, son parcours est passé par Paris, et trouve sa source vive au Maroc où il vécut toute son enfance et où il se rend encore régulièrement pour rendre visite à sa mère.
 
 
Louis Danvers
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Ce conte légèrement autobiographique, romancé, est une mise en bouche longue au palais, parfois trop, parfois pas assez salée.
Il raconte les péripéties d’un enfant qui découvre la vie, remplie de surprises et d’aventures. Il se déguste comme un hors-d’œuvre.
 
Il sera suivi d’une deuxième partie, l’entrée truculente dans la vie adulte d’un adolescent à Paris, livré à lui-même sans garde-fou dans la Ville lumière, qui a de tout temps prodigué amours et folies, du Roi Soleil aux sans domicile fixe.
 
La troisième partie du conte est le plat de résistance , alternance entre apparence de vie rangée et appétit de folies créatrices, une existence mouvementée ponctuée de turbulentes relations avec les hommes et les femmes.
 
Toute ressemblance avec… n’est que simple coïncidence ou fruit de l’imagination personnelle.
 
 
 
Quelque part au Maroc…
 
 
 
Au début des années quarante, je vois le jour dans une famille nombreuse. À cette époque, mon père règne sans partage sur cette famille modeste mais nullement dans le besoin. Ma mère est sa cinquième épouse. Plusieurs frères, demi-frères et demi-sœurs me précèdent.
 
Il m’a été rapporté qu’à l’occasion de mon baptême, une rivalité naquit entre mes grands-parents maternels et mon père qui avait en charge ses propres parents. Mon père, qui manipulait déjà une belle quantité de louis d’or, se prit la tête et se mit à considérer ses beaux-parents comme s’ils étaient impécunieux. Néanmoins, il gratifiait de temps à autre son beau-père d’un présent, afin de s’attirer son respect.
 
En réalité, mes grands-parents ne manquaient de rien. Et ils avaient au moins deux fois plus d’amour-propre que cet orgueilleux « jeune » marié qu’était mon père.
Cette rivalité les conduisit à organiser chacun de leur côté l’offrande de mon baptême, à telle enseigne que je fus baptisé par deux fois et au même moment, avec un mouton à chaque fois, l’un plus impressionnant que l’autre.
 
Selon les rites de notre religion, il est impératif de baptiser un enfant le septième jour qui suit sa naissance en égorgeant un mouton. Ce rite est généralement accompli par le père qui dit le syntagme de circonstance : « Au nom de Dieu et de cette présente offrande, je nomme mon fils X et te prie, mon Dieu, d’accepter le présent prénom comme celui de l’un de tes serviteurs. »
 
Égorger deux moutons est un événement rare qui se produit généralement dans les grandes familles lors d’une première naissance afin de permettre aux deux grands-pères et à toute leur famille de participer à la fête marquant le premier événement majeur dans la vie du jeune couple que forment leurs enfants.
 
Dans ma famille, je suis le seul à avoir été baptisé de la sorte. Cette particularité est la conséquence de la mésentente qui régnait entre mon père et ses beaux-parents, et aussi du fait que je n’ai pas vu le jour tout de suite en venant au monde. En effet, en quittant le ventre de ma mère, ma couveuse, dont j’ai sucé aussi bien l’énergie que le sang, j’ai entraîné avec moi une partie de ses entrailles, constituées principalement du placenta, la poche protectrice. L’adage populaire dit que si un enfant vient au monde avec cette poche, c’est afin de rester le plus longtemps possible à l’abri de l’agressivité, de l’hostilité et de l’arrogance de la Terre et des terriens. Cette poche de chair garantit sa sécurité et sa protection dans la vie. D’autres disent que le nouveau-né arrivé de cette manière vient au monde avec la baraka (l’opulence). Un morceau de ce placenta, une fois séché, n’a plus jamais quitté la chakara de mon père qui le portait en guise de porte-bonheur.
Cette baraka méritait bien un double baptême.
 
J’ai quitté cet antre douillet bien évidemment malgré moi, le troquant contre la vie âpre qui est l’essence même de l’évolution de l’homme. Naître, être… Dès ce moment je suis. Je fais partie de la communauté des terriens, sans pourtant l’avoir jamais demandé.
Chakara  : sac en cuir brodé à bandoulière, que portent les hommes sous la djellaba, sur le côté gauche ou droit selon qu’ils sont gauchers ou droitiers.
Mon père
 
 
 
Mon père, patron d’une entreprise moyenne occupant plus ou moins une centaine d’ouvriers, est un grand artiste créateur dans tout ce qui touche à la mosaïque. Malgré son jeune âge, sa notoriété artisanale est grande et s’étend même à l’étranger.
 
Avant même l’âge de quinze ans, il fut obligé de faire face aux dures réalités de la vie. Très rapidement, il fut contraint d’assumer des charges professionnelles de plus en plus importantes et de diriger un effectif considérable d’ouvriers mosaïstes. Sa perspicacité l’amena à créer et à initier d’autres formes de mosaïques et à entreprendre des chantiers chez les notables du pays, allant même jusqu’à assumer le plus impressionnant des chantiers : la décoration d’une aile du palais royal.
 
L’assise professionnelle et matérielle de mon père poussa sa mère, ma grand-mère, à le marier avec la complicité des femmes de la famille, et ce malgré son jeune âge. À ce propos, j’entends encore ma mère – sa cinquième épouse – conter avec malice que lors de son premier mariage, mon père se mit à geindre, agrippé au cou de sa mère, en lui demandant refuge dans sa chambre afin d’échapper à ce mariage. Je veux et je peux bien croire qu’il ne savait que faire avec une femme – surtout pendant la première nuit de noces – et que dans son esprit, il n’y avait de femme que sa mère. N’oublions pas que cela se passait au cours des premières décennies du vingtième siècle, et que la libération sexuelle était encore bien lointaine.
 
Je découvre mon père, Ahmed Ben Mohamed Jilali. C’est un patriarche, la cinquantaine, prenant en charge proche et lointaine famille. Sa générosité est sans borne. La maison ne désemplit pas toute l’année durant. Il n’inspire pas seulement du respect, mais aussi énormément d’égard et d’estime. Il est perçu par les habitants du quartier et particulièrement par ses plus proches voisins, d’abord comme un bon père, ensuite comme un patriarche, mais un patriarche venu tout droit du siècle dernier, protégeant petits et grands en leur apportant un réconfort aussi bien moral que religieux, et parfois matériel.
 
Mon père, sans être un tyran, est un homme sévère, droit et juste, dont le principal souci est de faire de ses fils des hommes de demain et de sa famille une entité respectable. Il édicte les règles et il les fait également respecter personnellement, sans intermédiaires. Ni ma mère, ni les autres membres de la famille n’ont le droit de parler à sa place, et certainement pas de tempérer ses décisions. Je dois en perm

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