Marie Roland et Sophie Grandchamp
102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Marie Roland et Sophie Grandchamp , livre ebook

-

102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Eté 1795, Paris, rue Guénégaud, quartier du Pont-Neuf. Près de dix-huit mois après la mort de Marie Roland sur l'échafaud, place de la Révolution, de l'autre côté de la Seine. Sophie Grandchamp relit le volume des mémoires qu'elle lui vit écrire durant ses mois d'emprisonnement sous la Terreur. Elles avaient été liées brièvement et sur le tard, d'une amitié que Sophie donne pour une passion. On doit à Sophie un portrait, subjectif et parfois amer, qui modifie sensiblement celui des historiens. "Sa" Marie est une femme attachante, intelligente et vive, impatiente des contraintes du quotidien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 121
EAN13 9782296689725
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marie Roland& Sophie Grandchamp
Deux femmes sous la Révolution
 
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet
 
Dernières parutions
 
Luce STIERS, En route vers le Nouveau Monde. Histoire d'une colonie à New York au 17° siècle, 2009.
Michel FRANÇOIS-THIVIND, Agnès de France. Impératrice de Constantinople, 2009.
Petru ANTONI, Corse : de la Pax Romana à Pascal Paoli, 2009.
Christophe CHABBERT, La Belle Clotilde. Le crime du comte de Montlédier, 2009.
Michèle CAZANOVE, La Geste noire L La Chanson de Dendera, 2009.
Tristan CHALON, Sous le regard d'Amon-Rê, 2009.
Yves CREHALET, L 'Inconnu de Tian'Anmen, 2009.
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d'or en Patagonie, 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, «  marraine » de Musset, 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée, 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban, 2009.
Bernard BACHELOT, Raison d'État, 2009.
Marie-Hélène COTONI, Les Marionnettes de Sans- Souci, 2009.
Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIIIe siècle, 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao, l'empire perdu, 2009.
OLOSUNTA, Le bataillon maudit, 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur de chouan, 2008.
Jean-Christophe PARISOT, Ce mystérieux Monsieur Chopin, 2008.
Paule BECQUAERT, Troubles. Le labyrinthe des âmes, 2008.
Jean-François LE TEXIER, La dernière charge, 2008.
Robert DELAVAULT, Une destinée hors du commun. Marie-Anne Lavoisier (1758-1806), 2008.
Thierry AUBERNOIS, Le passage de I 'Aurige. Combattre pour Apollon, 2008.
Tristan CHALON, L'Eunuque. Récit de la Perse ancienne au XVIIIe siècle, 2008.
Tristan CHALON, Le Lion de la tribu de Juda ou un Destin de femme dans I 'Ethiopie ancienne, 2008.
Dominique MARCHAL, La Porte du côté de l'Orient, 2008.
 
Danièle ROTH
 
 
Marie Roland& Sophie Grandchamp
Deux femmes sous la Révolution
 
 
roman
 
 
L’H ARMATTAN
 
Du même auteur
 
Vladimir Nabokov, l'enchantement de l'exil,
L'Harmattan, 1994.
Dis-moi comme tu enseignes, je te dirai qui tu es,
L'Harmattan, 1997.
Bloomsbury, côté cuisine,
Balland, 2001.
La Mouette juive,
Arléa, 2003.
L 'Année de fête, l'année de Lou,
L'Harmattan, 2006.
La Fontaine, poète du temps où les bêtes parlaient,
Drosera, 2008.
 
 
À paraître
 
Balzac, la vertu de l'excès,
Drosera, 2009.
 
 
 
© L'HARMAITAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
ISBN : 978-2-296-10654-3
EAN : 9782296106543
 
« Séparez madame Roland de la Révolution,  
elle ne paraît plus la même. »
 
Le comte Beugnot,
Mémoires
 
– Si j’ai connu madame Roland ? Oui et non.
Je vois bien que la réponse évasive irrite mes interlocuteurs, de vagues connaissances qui, depuis la parution de tes mémoires , veulent te connaître mieux. Mais je m’y tiens, quelle que soit la nature de leur intérêt. J’ai à présent l’oreille et l’œil exercés, au ton de la question et à l’expression du visage, je la sais. Me regarde-t-on avec une certaine douceur non jouée, tout en évitant comme par décence de donner dans le larmoyant, j’en conclus à la compassion sincère pour la victime que tu fus ; tu étais sur le chemin des tyrans, tu les gênais, ils ont condamné mon amie courageuse. Et des milliers encore, le sang répandu par la Terreur a toujours sa couleur rouge vif, il n’est pas près de sécher. Tous ne surent pas mourir comme toi, qui les blâmerait ?
Un ton insidieux, un regard coulé de biais trahissent à ne pas s’y méprendre la volonté de satisfaire une curiosité malsaine, souvent soulignée par le « m’a-t-on dit » de la rumeur : une femme s’était départie de cette réserve propre à son sexe, elle était sortie de la sphère du privé, qu’on dit être son espace naturel, elle s’était mise en avant, avait lutté parmi les hommes et avec leurs armes, c’est assez pour qu’on la condamne et reprenne les calomnies du Père Duchesne , avalées naguère par le peuple comme une mauvaise eau de vie.
Une neutralité sèche, enfin, un air de détachement serein, voilà une personne animée par le souci de vérité historique : c’est assurément déjà de l’histoire, cette poignée d’années qu’on vient de vivre depuis 1789, histoire écrite à la hâte, dans la fébrilité : l’enthousiasme révolutionnaire d’abord, ardent et généreux, brouillon aussi ; la violence froide bientôt, à des fins de domination absolue et personnelle.
 
– Oui et non ?
On me regarde d’une façon appuyée, diversement interprétable : je voudrais cacher ma relation dans le proche passé avec la patriote martyre et ce groupe de révolutionnaires quasiment de la première heure, ces girondins nombreux à avoir payé de leur vie leur foi républicaine ? Qu’avais-je à craindre, les horreurs terroristes n’avaient-elles pas pris fin avec Thermidor et la chute de Robespierre ? et si l’on guillotine encore, c’est pour arrêter le carnage, n’est-il pas vrai ? Je ferais bien remarquer que cela fait près de quatorze cents personnes en moins de deux mois depuis la mi-juin… la Terreur n’aurait-elle pas changé de côté ? Cela je le garde pour moi, il m’a semblé entendre comme une menace. C’est que je n’ai pas ta force d’âme, Marie. Même si tu m’as, vers ta fin et par cette fin même, exhaussée de quelques pouces.
 
– Oui et non…
Je me fais violence et poursuis un peu :
– J’ai connu, oui, connu intimement, une femme des plus séduisantes, une femme rare, que je n’ai, moi, jamais appelée autrement que Marie.
Pourquoi en dire plus, la qualité de notre relation est toute là. Toi-même avais donné le ton, tu m’avais appelée « Sophie  », laissant d’emblée tomber le « Grandchamp » du même coup que le « madame ». Je ne m’y trompai pas, il ne s’agissait pas pour toi de te conformer aux nouvelles injonctions en vigueur, mais de me faire savoir sur quel pied d’amitié tu me mettais. Je ne t’entendis jamais prononcer le mot de « citoyen » ou de « citoyenne », ni tutoyer quelqu’un qui ne fût pas un ami ; ton goût signalé pour le bien-parler et les usages policés et, pour tout dire, aristocratiques, goût compatible à tes yeux avec la détestation de l’Ancien Régime et la vertu patriote, te faisait répugner à te soumettre à ces codes imposés comme autant de marques dites égalitaires. De nouveaux despotes avaient substitué de vaines images aux libertés pour lesquelles le peuple avait renversé quelques années plus tôt un pouvoir absolu. Berné, soumis, comme jamais par le passé, le peuple était rentré chez lui.
 
Quelques importuns, aussi sots que malveillants, insistent :
– Quand on habite le même quartier comme vous-même et madame Roland, et qu’on est du même sentiment sur bien des choses, il est naturel que la relation devienne suivie et intime… Vous seriez restée rue Guénégaud, à ce qu’on dit… et auriez accueilli chez vous monsieur Grandpré et son fils…
Voilà bien nos détestables curieux friands de commérages, délateurs en puissance bientôt pourvus d’emploi, il y a toujours de la besogne pour cette espèce-là. L’indiscrétion est flagrante, c’en est assez, je les quitte sur un « Pourquoi questionner, puisque vous êtes au fait des choses ? », fort sec. Ce traitement te paraîtrait doux, même les amis, tu ne les ménageais guère.
 
Debout près du pupitre où est posé ton Appel à l’impartiale postérité , je tourne le dos à la fenêtre, ouverte sur la chaleur de l’été et le bruit des embarras de la rue. La r

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents