Phoenix et martyr
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Phoenix et martyr , livre ebook

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Description

Le royaume croisé de Jérusalem se fragilise par la perte du comté d’Edesse en 1144. Le 31 mars 1146, à Vézelay, Bernard de Clairvaux prêche la 2e croisade.



Le chevalier Renaud de Châtillon s’enrôle dans cette aventure. Il deviendra prince d’Antioche avant de croupir 15 ans dans les geôles de la citadelle d’Alep, puis sera intronisé seigneur d’Outre-Jourdain par le roi Baudouin IV. Sa formidable énergie guerrière et son inébranlable foi seront, sa vie durant, vouées au service des chrétiens d’Orient. Destin exceptionnel qui n’aurait pu être sans le soutien de ses deux épouses : Constance d’Antioche puis Étiennette de Milly, dame du Krak.



Celui dont la légende hante encore l’imaginaire musulman ne savait pas que Saladin se dresserait sur sa route et que la bataille de Hattin lui serait fatale.

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Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414524105
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-52411-2

© Edilivre, 2021
Dédicace

A Marie-Claude, Conseillère attentive,
Lectrice bienveillante
A Louis Bernou, Mon Maître d’école
Avant-propos
Hafez el Assad l’a voulu ainsi. Depuis 1993, face à la Citadelle de Damas, trône en majesté, une statue de bronze de Saladin. Le glorieux sultan ayyoubide, magnifique et conquérant, chevauche une monture dont l’élan emporté trouve son prolongement dans le sombre éclat d’épées brandies par les hommes de sa garde rapprochée. La croupe de ce cheval, puissante et énergique, domine deux personnages qui semblent abattus et démunis, à la merci des sabots arrière de la bête. Ce sont les grands vaincus des Cornes de Hattin. Deux francs. L’un a déposé sa couronne à ses pieds : c’est Guy de Lusignan, Roi de Jérusalem, figure obligée de la défaite chrétienne. Mais l’autre est plus inattendu. Il est assis, a le regard vide et l’allure lasse : c’est Renaud de Chatillon, ex Prince d’Antioche et Seigneur d’Outre Jourdain. Ainsi donc, en cette fin de XX° siècle, plus de huit cents ans après les faits, le sculpteur en service commandé du puissant président alaouite ne pouvait commémorer une des grandes figures historiques du monde musulman sans faire référence à cet enfant du Gâtinais, ce « Brins Arnat » honni, cet « Arnaout » félon qui faillit s’emparer de Médine et La Mecque et qui, depuis, hante l’imaginaire du monde musulman.
Renaud de Chatillon. De quoi est-il le nom pour le monde chrétien ? Qui a bien voulu s’intéresser aux multiples faits et gestes, aussi fantasques que glorieux, de sa longue vie de Croisé ? L’homme n’a pas éveillé grande curiosité. Certes, Gustave Schlumberger, dans la biographie qu’il lui consacra il y a plus d’un siècle et René Grousset dans sa monumentale « Histoire des Croisades », le tirèrent de l’oubli. Le premier, qualifié de « pachyderme désabusé » par un Marcel Proust qui n’avait pas supporté sa candidature à l’Académie Française, et cependant auréolé de son titre de membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, fit de Chatillon un aventurier cupide et sanguinaire, un guerrier incontrôlable sans aucun sens politique. Quant au scrupuleux respect des faits, à l’impressionnante érudition et à la hauteur de vue du second, immenses qualités d’un historien exhaustif jusqu’à la minutie, ils n’ont pu éviter que le destin de Renaud ne soit plié aux exigences implicites d’une ligne idéologique. Pour Grousset, l’époux de Constance et Etiennette est le fossoyeur de la monarchie chrétienne dans l’Orient déjà si compliqué du XII° siècle. Tout ce qui est à son avantage est minoré, marginalisé ou passé au crible des opinions qui le dévalorisent, telles celles de Guillaume de Tyr. Tout ce qui peut le déconsidérer est lourdement appuyé, circonstancié au maximum, prend le poids d’un procès à charge. Chatillon cultive l’indiscipline et l’insubordination, l’esprit retors lui sied à merveille et il alimente et attise les divisions en un temps où la survie du Royaume exige l’unité. Les vertus monarchiques de Jérusalem et la recherche de leur pérennité ne doivent souffrir d’aucune entorse, ne serait-ce que supposée, à la fidélité. A cet égard, Grousset a jeté sur Renaud l’ombre de la suspicion. Grâces soient cependant rendues à JF Michaud qui ouvrit des perspectives en peignant un Chatillon dont la violence provocatrice s’habillait parfois de tempérance ou de décence pieuse, à Pierre Aubé qui, tout en n’éludant pas la part sombre du personnage, souligna ses indéniables réussites comme sa bravoure sur le champ de bataille de Mongisard et son efficace collaboration avec les deux Ordres religieux, et surtout à Joël Gourdon qui, très soucieux de dépoussiérer une image convenue, vit en lui l’allégorie d’un cygne et d’un éléphant légendaires, élevant ainsi ce singulier chevalier du contingent trivial à la hauteur d’un mythe. La voie avait été ouverte, il y a bien longtemps, par Pierre de Blois, archidiacre de Bath. Dans sa « Passio Reginaldi », ce féru de théologie et de droit très en cour auprès des Plantagenêt, de Guillaume II de Sicile et des clercs de Cantorbéry, chanta les louanges d’un Renaud résistant sacrificiel au djihad musulman, martyr grandi par la pratique des oraisons et des jeûnes, la culture de l’endurance et de la justice, l’utopie revendiquée d’un état de sainteté ascétique. C’est dans les pas ce Renaud-là qu’on peut avoir envie de cheminer. Ce qu’il a été pourrait parler à notre temps.
Les séismes qui ébranlèrent les territoires syriens au XII° siècle ont en effet leurs répliques contemporaines. La Citadelle d’Alep vacille, les chrétiens de Maaloula sont condamnés à l’exil, les temples et colonnes de Palmyre s’effondrent et des trésors culturels millénaires sont détruits ou pillés. C’est le retour de l’extrémisme religieux islamique et de ses fratricides guerres intestines. Les lieux saints se protègent des couteaux et d’Alep à Bagdad les ruines succèdent aux ruines. L’ennemi ancestral n’est pas épargné : il doit apprendre à vivre avec une terreur qui s’exporte jusqu’au cœur de ses villes. Chatillon a affronté ce choc culturel. Il l’a combattu les armes à la main et ce qui nous reste de son aventure parle pour lui. Mais, s’intéresser à Renaud, l’évoquer pour que le récit de sa vie et de celle des siens interpelle nos consciences, ne peut se limiter au recensement des faits majeurs de sa Chanson de Geste. L’Histoire est certes première et ne saurait être trahie mais elle ne peut prétendre, dans le fracas de son factuel, embrasser la complexité d’un affrontement relevant aussi de la diversité des rapports sociaux et humains, des aléas du passé et de la géographie des lieux, des mœurs de chacun et de différences culturelles oscillant sans cesse entre pulsion de brutalité nihiliste et recherche mystique du sacré. C’est pourquoi il fallait un roman.
Dans cette forme, raconter, c’est reconstruire une vie en donnant de l’existence au fragmentaire, de la cohérence au désordre et aux lambeaux ponctuels d’un parcours en apparence erratique. Sortir le personnage de la confusion et des interprétations subjectives, le sauver des vicissitudes d’un enlisement programmé pour lui trouver une crédibilité, maîtriser d’éventuelles distorsions et, sans mentir pour le faire exister, parvenir à lui insuffler un profil d’authenticité. On peut alors créer cet « être de papier » dont parlait Paul Valéry, personnage de fiction certes, mais espéré plus réel que le vrai. Avec toutes les dimensions de sa vie. Un rêve plus que plausible et, dans l’idéal, parfaitement fiable. Il y aura donc des paysages et des jeux, des combats et des lectures, des amours et des débats, des bêtes et du sacré, du sang, des prières et des croix, de la gastronomie et de la médecine, des arts et du soleil, des matins flamboyants et des nuits d’une angoisse infinie. Un monde et une époque dans l’absolue fidélité d’une invention. Les recréer pour les transmettre.
Cette visée globale du roman pose en effet la question de l’héritage. L’héritage vu comme une dette morale, un devoir de cession. Question largement évacuée par la plus grande partie de la production narrative d’aujourd’hui centrée sur les petites misères d’un Moi envahissant vaniteusement élevées à hauteur de nombril. Danger d’un miroir affecté de myopie, petitesses de l’égo, déni de l’Autre. Et, bien entendu, en matière d’écriture, toutes les restrictions qui vont avec : lexique rabougri à la sphère intime, descriptions évacuées ou réduites à des énumérations figées de listings, dialogues évasifs prenant l’oral au pied de l’écrit comme on dit « au pied de la lettre », mépris absolu de la polysémie suggestive de l’adjectif et de l’adverbe, enterrement en grande pompe des richesses infinies de la syntaxe qui n’existe que comme peau de chagrin dont le risque ultime serait de parfois et presque par erreur, maigrement étoffer une phrase simple. Ces écrits dits épurés (s’est-on assez interrogé sur les différentes acceptions du mot et ce qu’elles laissent supposer en matière d’exclusion, de rejet, d’élimination voire de purge moraliste) condamnent les potentialités de la langue au jeûne et à l’anémie. Ils organisent une économie de phrase transpirant une avarice d’Harpagon et qui s’aligne tristement sur les nécessaires cures d’austérité ressassées jusqu’à satiété par les Papes du discours économique libéral. On entend déjà le concert des indignés : c’est voulu, c’est travaillé, on n’obtient pas facilement une phrase lacunaire, une écriture blanche. La sècheresse chirurgicale, l’asthénie et l’absence de chair auraient leurs vertus. Sans nul doute ; à condition d’éviter l’élagage au forceps. Tout le monde n’est pas Beckett. Rappelons-nous le mot de Julien Gracq dénonçant ces plumes en forme de clé unique et qui n’ont pour tout souci que de produire un texte qui soit le format de serrure adapté. On veut bien admettre que cette austérité de régime soit porteuse de suggestion, amène ou force le lecteur à combler, à imaginer sa lecture pour générer son propre livre. Mais précisément : qui oserait prétendre qu’un auteur qui nomme dans le détail, qui ouvre ses mots sur l’infinie objectivité du monde, qui caractérise dans la nuance, qui inflige la riche complexion des méandres de la syntaxe à son lecteur, bride et même étouffe l’imaginaire ? Ce n’est pas parce que les choses sont nommées qu’elles se fossilisent et font du lecteur une conque passive. Le mot volontairement énoncé est toujours et encore porteur d’imaginaire. Il nécessite lui aussi sa représentation songeuse, implique un écho onirique aussi porteur que son absence voulue. La siccité des moyens n’est pas seule à

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