Pousse d ivraie ou Une leçon de vie
206 pages
Français

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Pousse d'ivraie ou Une leçon de vie , livre ebook

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Description

Né au début du XXe siècle dans une famille richissime du Bordelais aux principes faussement religieux, cet unique héritier va être rejeté par une mère dénaturée, qui va aller jusqu’à spolier son fils ! Comment survivre à cette tyrannie et devenir un homme, malgré tout ?
Ce roman est basé sur des faits réels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332804013
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-80399-3

© Edilivre, 2015
Du même auteur
Du même auteur :
– POÈMES INÉDITS DE CHANSONS
– NOUVELLES BRÈVES
Série Policière « Al Stabritt, Détective Privé » :
– LE RIRE DE LA PEUR
– LA MAIN DU DIABLE
– VIOLENCES FEUTRÉES
– INCENDIE AU GRANT HÔTEL
Romans :
– GORGONIE (ou LA MAISON À BÉQUILLES)
– LE BARON SAMPAIN (ou LES MONDANITÉS)
– POUSSE D’IVRAIE (ou UNE LEÇON DE VIE)
– DERNIER DE LIGNÉE (ou NOBLESSE OBLIGE)










Œuvre basée sur des faits réels.
Seuls, les patronymes et les noms de lieux ont été modifiés.
Tous droits réservés
Copyright Géraud de MURAT
Pousse d'ivraie ou une leçon de vie
 
« Votre mère vous informe que votre père est gravement souffrant ».
Brutal, le texte du télégramme ne comportait aucune signature. Simplement un lieu et une date d’expédition : Bordeaux, 15 Mai. L’adresse :
« Docteur Philippe Delory-Chambenoist, Ordre des Médecins, Paris » était complétée par une suscription manuscrite précisant le domicile du destinataire.
Philippe, dont le visage prématurément marqué avait aussitôt trahi une surprise et une réflexion intenses, se dirigeait vers son Cabinet cependant que sa secrétaire, attentive, s’inquiétait :
– C’est sérieux, Monsieur ?
– Personnel, Mademoiselle. Voulez-vous veiller à ce que je ne sois pas dérangé jusqu’à ce que je vous appelle ? Merci.
Il avait besoin d’être seul. Il voulait comprendre et, surtout, se comprendre. Effectivement, c’était un choc…
Vingt et une années s’étaient accumulées sans qu’il ait eu le moindre contact avec ses parents et, depuis ce temps, il ignorait de la même façon tous les autres membres de la famille. Vingt et un ans… Un énorme morceau d’existence vécue en dehors des principes humains les plus élémentaires.
Était-il possible qu’il eût nié, volontairement et aussi longtemps, ce qu’il considérait cependant comme devant faire partie des bases fondamentales de la Société ? Quelque chose de monstrueux ressortait de cette considération soudaine puisqu’il était obligé de convenir que son accession à l’indifférence à l’égard de ses parents avait pris une forme définitive dès qu’il avait décidé de la rupture.
Bien que tempéré par la certitude de son bon droit, un certain trouble l’envahissait brusquement. En admettant qu’il n’avait jamais pensé à revenir en arrière, à tenter d’effacer le souvenir du drame que lui faisait revivre ce petit papier bleu, il arrivait à douter de la véritable efficacité de la force si longuement utilisée à étouffer des sentiments dont il se savait capable. Disposé à la condamner, il analysait l’attitude de l’homme qu’il avait fait l’effort de devenir.
N’eût-il pas dû, depuis longtemps, se pencher vers ce père et cette mère, les siens après tout, qui souffraient peut-être en silence du poids de toutes ces années ? Pourquoi, en effet, n’auraient-ils pas changé ? Reconnu des erreurs dont il était maintenant enclin à penser qu’une forme inconsciente de dédain l’avait empêché d’essayer de les aplanir ?
Et lui, contempteur qui s’ignorait, avait-il réellement souffert de l’absence d’une chaleur familiale dont les autres étaient entourés ? Honnêtement, il pouvait aussi bien répondre par oui que par non.
Oui, parce qu’il admettait avoir parfois envié cet inestimable bien que possédaient tous ceux qu’il avait approchés.
Non, car chaque fois que cette constatation lui avait fait ressentir son isolement, il s’était immédiatement souvenu des circonstances qui, à l’âge de quatorze ans, l’avaient fait fuir un foyer où il n’était pas admis.
D’ailleurs, si cet isolement l’avait marqué par la somme des efforts consentis pour la conquête de sa dignité, ne lui avait-il pas permis de se réaliser pleinement alors qu’il n’eût certainement pu y parvenir sans avoir opté, à l’époque, pour la solution d’une révolte aussi silencieuse que libératrice ?
Et puis, en acceptant cette fuite sans le faire rechercher, ses parents avaient-ils avoué que cela ne pouvait que lui être bénéfique ou bien s’étaient-ils considérés comme débarrassés ?
Décidément, la réception de ce télégramme avait semé le trouble dans ses pensées. Pour la première fois, une idée mordant l’autre, il échappait à la rigueur dont il s’était fait une règle. Bien que la sachant méthodiquement cultivée, acquise par la contrainte et la discipline, il se défiait de cette réaction spontanée qui lui permettait depuis toujours la plus claire vision des choses, le plus sûr jugement.
Volontairement, en n’ignorant pas qu’il ne le conduirait à nouveau qu’à l’indifférence, il refusait le chemin de la facilité. Il préférait fouiller des buissons d’hypothèses pour savoir comment et par qui, avait été prise l’initiative de cet appel insolite et pourquoi il en éprouvait une telle émotion.
Il était évident qu’on le prévenait au dernier moment. Sans doute après avoir obtenu, auprès de la Direction de son ancien Collège, l’information qu’il devait exercer à Paris. L’Ordre des Médecins avait fait suivre…
Quoiqu’il en soit, cette résolution avait dû être assortie de bien des difficultés ! Ne devait-il pas voir dans cet acte l’unique et souverain souci de se plier aux convenances ?… Et s’il s’agissait, vieillesse aidant, de la manifestation d’un appel plusieurs fois différé… d’un appel dont on aurait attendu qu’il fût justifié par un état désespéré ?…
… Qui donc en avait eu l’idée… ou l’exigence… ? Son père aurait-il souhaité composer avec de possibles remords ? Sa mère, aux sentiments chrétiens si soigneusement exposés, aurait-elle jugé que le fils devait faire présence aux obsèques du père ? Ne serait-ce pas, plus simplement, pure observance d’une tradition faisant se réunir les proches au grand complet à chaque décès pour, toutes jalousies ou haines rentrées, donner au monde le spectacle d’une union sacrée alors que le défunt était lui-même généralement exécré ?
Dressant sa haute taille d’une détente souple, Philippe allumait une cigarette. Un peu pour s’ébrouer, un peu pour que cette relative activité accompagne le parti qu’il venait de prendre ; un parti ne procédant pas de la seule notion du devoir mais également destiné à effacer cette confusion désagréable quant au véritable accomplissement du rôle qu’il s’était attribué.
Pourrait-il supporter que ses sentiments altruistes fussent entachés par une restriction intime ?… Que de cette sollicitude, de ce dévouement sans cesse prodigués, seuls ses parents fussent exclus ? Après tout, l’attitude qu’ils avaient eue dans le passé ne devait en rien conditionner celle qu’il se devait d’adopter dans le présent ; le temps ne fait-il pas perdre la plus grande partie de leur importance aux fautes, même les plus graves ?
Brusquement, l’injonction télégraphique ne revêtait plus le caractère de défi imposé par son laconisme. Pourtant, bien qu’en partie soulagé par le résultat de ses réflexions, Philippe n’en était pas moins gêné par une sensation subtilement double d’inquiétude et d’angoisse. D’inquiétude au sujet de son père, d’angoisse en ce qui concernait sa mère.
Il allait retrouver l’un ; cet homme dont la faiblesse avait rapidement détruit sa naturelle confiance, vraisemblablement mourant après une longue période d’oubli réciproque… un étranger ! Il ne pourrait éviter l’autre. Cette femme qui l’avait traumatisé à tel point que la seule évocation de son existence le replaçait dans l’effroyable atmosphère de sa prime jeunesse… une ennemie !
Assez ! Débattre du passé n’avancerait à rien et ne pouvait que faire mal… Dédaignant de continuer à rechercher la raison ayant poussé quelqu’un à le prévenir, il se concentrait sur l’appel pathétique pour en conclure que, d’une façon ou d’une autre, on avait besoin de lui. Non seulement il ne se déroberait pas mais il était, désormais, impatient de répondre au message. Il sonnait :
– Mademoiselle, renseignez-vous, je vous prie, et retenez ma place…
Wagon-lit… Je pars ce soir pour Bordeaux… Passez-moi le Professeur Brodart au téléphone. Dès demain, vous vous rendrez chez lui avec ces radiographies et ces fiches. Soyez aimable d’y rester jusqu’à mon retour. N’oubliez pas de faire dériver mes rendez-vous et les communications téléphoniques… Il ne s’agit que de quelques jours, je vous préviendrai.
Oui, comme toujours, la solution était dans l’action.
– Allô ?… En effet, Camille, je t’ai appelé pour t’informer que je suis obligé de m’absenter… La réalisation de nos projets n’en sera guère retardée… Ma secrétaire sera chez toi demain matin, avec les radios et les fiches… Excuse-moi pour ce surcroît de travail. Il n’y a que deux cas présentant un caractère d’urgence…
– D’accord, bien entendu. Mais qu’y a-t-il ? Est-ce grave ?
– Mon père… très souffrant, paraît-il…
– Tiens… je te croyais orphelin… Tu ne m’en as jamais parlé…
Et c’était vrai ! Même à Camille Brodart, son seul ami auquel il devait tant et tant, il avait celé ce désolant chapitre de son passé. Contrit, il s’apercevait qu’il n’eût pas agi différemment avec la femme aimée et il se demandait tout à coup si cette discrétion était vraiment due à la délicatesse ou bien à la honte qu’il eût éprouvé à se confier…
– C’est un peu cela, vois-tu… depuis si longtemps… Je te raconterai.
– Non, mon cher Philippe, il ne sera pas nécessaire de me dire quoi que ce soit… Je te comprends… Pars tranquille, tout sera fait…
Je t’attends.
– Merci, merci encore, je t’appellerai.
Cher, très cher Camille, dont la chaude affection savait se faire aussi discrète qu’elle était fervente ! Aucune nuance ne lui échappait, il comprenait tout… Lui ayant confié ses responsabilités professionnelles, il pouvait calmement passer au crible les événements d’un passé redevenu infi

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