Sur la route de Milovska Milankovic
246 pages
Français

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Sur la route de Milovska Milankovic' , livre ebook

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Description

Dans les années 1990, Zlatko un réfugié de Croatie se retrouve en France après avoir fui la guerre dans les Balkans.

Accablé par la perte de ses proches et en particulier celle de Milovska, avec laquelle il a récemment établi une relation amoureuse, il est profondément déprimé.

Une belle rencontre avec Pierre-Jean, un retraité Bordelais dont la vie est en quête de sens, va changer les choses et amorcer un favorable processus de résilience.

Milovska est morte lors du génocide de Vukovar, c'est pour Zlatko une terrifiante réalité.

Pour son nouvel ami Pierre-Jean va se démener avec opiniâtreté pour savoir comment ce drame s'est réellement passé en se mettant « sur la route de Milovska Milankovi ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414536139
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-53614-6

© Edilivre, 2021
L’Insoumis et la fureur du monde
Biographie historique romancée
La Société des Écrivains, 2012

Anonymes objections
Roman policier
Éditions Baudelaire, 2014
Exergue

Un processus de résilience peut naître d’une belle rencontre. Quand la personne affectée par ce traumatisme psychologique parvient à se reconstruire grâce à celle-ci, d’aucuns en attribuent la cause à la chance, d’autres à un signe du destin, c’est selon.


Si la caractéristique du présent est de ne pouvoir en rien changer le passé, il offre en retour à chacun, à tout instant de sa vie, celui de modifier l’avenir.


Heureux qui a au fond de son cœur de merveilleux souvenirs, car, au besoin, il peut y faire appel tout au long de sa vie.
1 La belle rencontre
Bordeaux le 20 octobre 1991
Pierre-Jean est sur son pas de porte, il observe le ciel pour sortir.
Il fait encore 14, ou peut-être 15 degrés, et un doux soleil suffit à donner un relief et une couleur à la nature que seul l’automne peut apporter. Mais il n’y a pas de vent, l’air est sec, et ça c’est essentiel.
On ne peut pas dire que mettre le nez dehors est un bonheur, non, mais c’est quand même un petit plaisir, un petit plaisir simple mais authentique.
Il laisse s’échapper de sa poitrine un long soupir de satisfaction. Une expiration profonde, suivie d’une longue inspiration pour que cet air délicieusement parfumé de cette si caractéristique odeur de résine de pins, à Bordeaux, pénètre au plus profond de ses poumons.
Donc aujourd’hui ça va plutôt bien… Son petit sourire accroché au coin de ses lèvres en témoigne.
Nous sommes dimanche et son carnet d’invitations (!) est vide. Pas de rencontre avec des amis de prévue, pas plus que toute autre personne de sa connaissance. Cependant, il a quand même parfaitement planifié sa journée, car il aime les choses bien organisées. Pour lui, c’est une condition nécessaire pour qu’elle soit réussie.
Vers 13 heures, il va se rendre au restau très sympa situé sur la rive droite de la Garonne, quai de Braza, où il a ses habitudes.
Ensuite, dans l’après-midi, il sortira sa bicyclette qui s’impatiente de se dégourdir à nouveau les pédales dans son garage. Une balade sur les pistes cyclables, de préférence peu fréquentées, hors de la circulation automobile et parcourues à petite vitesse, lui procure à chaque fois un très grand plaisir.
C’est tellement mieux que le vélo d’appartement qu’il va devoir utiliser entre les quatre murs de son bureau lorsque les conditions météo vont inévitablement se dégrader à l’arrivée de l’hiver.
Mais il n’est encore que 10 h 30 et il doit donc occuper son temps avant qu’arrive l’heure du déjeuner.
C’est ainsi que pedibus cum jambis , il déambule paisiblement dans les rues les plus fréquentées du centre historique de sa bonne ville de Bordeaux.
Après une heure trente de marche, une pause s’impose. C’est place Gambetta qu’il choisit de la faire.
Comme il n’y a pas grand monde aujourd’hui, le banc qu’il choisit, le mieux exposé car face au soleil, est entièrement pour lui. Il en profite pour prendre ses aises, en adoptant une position relax.
Il est semi-allongé, les jambes tendues, la tête penchée en arrière, les yeux mi-clos, et ses bras écartés sont posés de part et d’autre du dossier de bois.
« Sympa, ma salle d’attente », se dit-il.
Balayant d’un regard panoramique ce qui l’entoure, il s’arrête sur un homme assis de l’autre côté de l’allée, à quelques mètres de lui.
Il fait au moins un mètre quatre-vingts et il est d’une maigreur qui laisse à penser qu’il n’est pas au mieux de sa forme. Il a les paumes de ses mains plaquées sur ses joues et ses coudes posés sur ses cuisses.
Rien de bien original, c’est presque monsieur Tout-le-monde !
Il porte un blouson trois quarts en laine à maille épaisse « Big Pull », équipé d’une capuche et de boutons de type brandebourg.
Ce vêtement peu courant n’est certes pas d’une élégance folle, qu’il aurait acheté dans une boutique de mode lors de la dernière collection de printemps. Mais il est propre et l’homme est tout à fait bien mis.
Il porte aussi une casquette marron avec des cache-oreilles relevés, en velours, et dont l’un des côtés est apparemment en similicuir.
Ses cheveux sont raides, mi-longs, et une barbe fournie couvre la partie inférieure de son visage, du bas de ses pommettes jusqu’à la base de son cou. La seule partie qui émerge vraiment de sa figure, ce sont ses yeux. On dirait qu’il s’est affublé d’un masque pour se cacher du regard des autres.
Si c’est bien ça, c’est clair, c’est gagné !
Une simple paire de lunettes de soleil en plus, et n’importe quel système de reconnaissance faciale serait totalement pris en défaut.
Il a bien une bouteille près de lui, mais ce n’est pas de l’alcool, c’est de l’eau gazeuse !
Un long moment s’écoule sans qu’il ait bougé d’un millimètre. Pierre-Jean en vient à penser qu’il a sûrement un problème de santé.
Il semble avoir vu juste, car brutalement, il le voit s’effondrer en avant sur le sol. D’un bond il se précipite pour lui porter assistance.
Comme sa respiration et son pouls semblent normaux, il en déduit qu’il doit être victime de son état de faiblesse et qu’il vient juste de faire seulement un malaise vagal.
La suite lui donne raison, puisque à peine l’a-t-il pris sous les aisselles pour le relever et l’asseoir qu’il reprend des couleurs et revient à lui.
— Ça va aller ? Vous voulez que j’appelle un médecin ?
— Non, non, ça va. Je n’ai pas besoin de médecin, lui répond-il d’une voix cassée.
Après quelques instants d’attente auprès de lui pour s’assurer qu’il a bien repris son équilibre, Pierre-Jean se lève du banc pour ramasser son petit carnet qui est tombé sur le sol. Dans sa chute, il s’est retourné, ouvert à la première page.
Sans le vouloir, son regard tombe sur trois mots manuscrits d’une très belle et très distinguée écriture : « Abyssus abyssum invocat. »
Il est intrigué.
« Mince ! C’est quoi ! Du latin ? », se dit-il.
Comme s’il n’avait rien vu, Pierre-Jean lui tend le livret et s’adresse à lui.
— Vous allez dire que je m’occupe de choses qui ne me regardent pas, mais je crois qu’une bonne côte de bœuf avec un petit saladier de frites, accompagnés d’un bon verre de bordeaux, vous feraient le plus grand bien.
Il poursuit.
— Vous n’avez pas pris un repas correct depuis quand ?
— Je ne sais plus…
— Je vois… Bon, je n’ai pas de côte de bœuf sous la main, mais j’ai sur moi une barre chocolatée, ça vous dit ?
— Je veux bien, mais je préfère quand même la côte de bœuf ! rétorque-t-il en esquissant un sourire.
Pendant qu’il déguste sa confiserie, Pierre-Jean s’écarte de quelques mètres avec son téléphone portable. Il veut comprendre ce que veut dire l’expression « Abyssus abyssum invocat ».
Il faut dire que pour lui, le latin, c’est de l’hébreu !
Mais comme il met un point d’honneur à ne jamais se retrouver à cours de ressources et qu’il dispose d’Internet sur son téléphone mobile, il a la solution.
— Allô Google ® , que signifie la citation latine « Abyssus abyssum invocat » ?
Une douce voix féminine lui répond :
— « Abyssus abyssum invocat » est une expression figurée empruntée à un psaume de David, dont le sens peut être interprété par : « l’abîme invoque l’abîme ».
Cette réponse rend Pierre-Jean encore plus perplexe. Cet homme, c’est clair, est au bout du rouleau.
« Étrange référence et plutôt cultivé pour un bonhomme d’apparence aussi commune », se dit-il. Revenu sur le banc, il est interpellé par le pauvre hère.
— Sachez que je ne réclame ni la charité ni l’assistance de personne.
— Soyez sans inquiétude, cela ne m’a même pas effleuré l’esprit, répond Pierre-Jean.
Il est sincère car, par principe, il s’est toujours refusé à répondre à l’aumône.
D’abord par respect, car la mendicité est selon lui un acte des plus humiliants. Il l’est pour celui qui la pratique, mais aussi pour celui qui y répond, par la posture de dominant que cela lui confère et pour ce relent de condescendance qui s’en dégage.
Et puis zut, l’argent, dont l’essence est la dématérialisation du troc, ça se gagne !
Cela sous-entend une contrepartie, et ça ne se quémande pas en misant sur la pitié que l’on arrive à inspirer aux autres.
Une question de fierté oui, mais d’abord par ce en quoi on est digne sur le plan moral.
C’est en tout cas les valeurs qui sont les siennes et qui lui ont été inculquées par son éducation familiale.
Comme il voit que ses pommettes se sont maintenant bien rosies, Pierre-Jean se lance.
— Je m’excuse d’être si direct, mais vous avez des problèmes financiers en ce moment ?
— Qui n’en a pas ! Mais ce n’est pas le plus important.
— J’espère que vous ne m’en voulez pas et je ne veux surtout pas être indiscret, mais j’ai lu l’expression latine que vous avez écrite sur votre carnet. Je peux vous demander ce qu’elle représente pour vous ?
— Cela n’était pas destiné à être lu ! Vous avez une idée de sa traduction ?
— Euh, pour être franc, comme je suis nul en langues mortes, j’ai questionné Internet.
L’homme lève les yeux vers lui et lui répond avec un sourire forcé :
— Ah, je suis tombé sur un geek ! On ne peut pas dire que vous perdez du temps, vous !
Pierre-Jean poursuit.
— Il semble que cela signifie « l’abîme appelle l’abîme » et que ce soit une expression figurée pour exprimer qu’une catastrophe en appelle une autre. Exact ? Je peux vous paraître curieux, mais je ne peux pas rester face à une chose que je ne comprends pas sans réagir.
— Ce ne doit pas être facile pour vous tous les jours, tant le nombre de choses que nous vivons et qui n’ont aucun sens sont légion !

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