Un rescapé de Brazzaville
276 pages
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Un rescapé de Brazzaville , livre ebook

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Description

Ce roman historique et tragique raconte l’histoire de la guerre de 1998 au Congo-Brazzaville, et la désagrégation de ce pays, à l’instar de plusieurs autres nations du continent dans la fameuse décennie 1990.
L’auteur, jeune et frêle adolescent à l’époque, a lui-même été victime de cette guerre. D’une manière neutre, il raconte les affres de cette guerre farouche que se livraient les différentes factions armées manipulées, qui n’ont pas seulement semé la terreur mais qui étaient aussi animées par le souci constant d’effacer la population dans une épuration diabolique.
Horreurs de guerre, mysticisme, magie noire, tribalisme, interventionnisme relevant du néocolonialisme, tels sont les paramètres qui jalonnent cette histoire au suspense haletant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782334159180
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-15916-6

© Edilivre, 2017
Dédicace
A la mémoire de tous ceux qui ont été tués pendant les guerres en République du Congo.
Avant-goût des événements
L’année touchait à sa fin et on s’apprêtait à franchir, comme on sait bien le faire à Brazzaville, la ville-verte, le cap de la nouvelle année. Cet après-midi, Wangu-Wangu et ses amis s’entrainaient sur le terrain de sport quelque part dans le quartier sud, avec la même décontraction et la même passion du sport-roi qu’à l’accoutumée. On ne s’imaginait pas du tout que les bruits de bottes venant du nord du pays dont on parlait depuis quelque temps, rattraperaient si vite et facilement l’ambiance affairiste et ludique de la Capitale. Ce soir-là, pourtant, la guerre avait atteint non seulement la métropole joueuse, mais aussi les si fameux quartiers sud…
Tout avait commencé un peu plus tôt dans le nord. La nouvelle s’était répandue dans les rues anonymes de la capitale, que de simples citoyens s’entretuaient, sans qu’on en explique les vraies raisons. Lorsque plus tard on lui expliqua qu’il s’agissait de la guerre, Wangu-Wangu se demanda le plus sérieusement du monde quels pays voisins ou quelles puissances impériales avaient juré de nuire à la quiétude de son beau pays ou à le replonger dans la barbarie de l’esclavage en ce deuxième millénaire finissant. Avec une attitude aussi innocente qu’enfantine, il eut toute la peine du monde à se représenter que des civils, c’est-à-dire ceux qui par définition ne font pas la guerre, s’entretuaient notamment avec des armes de guerre, sans que les professionnels c’est-à-dire ceux dont on apprend à l’école qu’ils ont pour tâche de faire la guerre pour protéger l’intégrité du territoire national ainsi que les populations et leurs biens, n’interviennent pour leur arracher les armes de guerre et faire la paix.
Il savait, il avait vu des hommes se battre pour s’arracher ou conquérir de belles nanas, mais cette fois-ci, il ne savait pas laquelle on allait s’arracher à grande échelle. On faisait l’amour, désormais on va faire aussi la guerre. Et la dispute peut durer plus longtemps quand on se bat pour conquérir la plus belle fille du monde…
C’était la « guerre du 5 juin 1997 ». Cette peste venue d’Owando et qui infesta aussi Oyo avant de contaminer les quartiers nord de la ville-verte avait jeté sur les rues déjà grouillantes des quantités de déplacés aux abois comme des chiens filant sans voix. Des refugiés sans visages ou aux visages confondus déferlaient vers les quartiers sud comme des pèlerins en direction de Lourdes ou de la Mecque sans que l’on pût identifier où ruisselait la Fontaine Miraculeuse ni où trônait la Pierre Noire. A elle seule la murmure grondait comme des onomatopées sismiques audibles à mille lieues quand la trêve des hostilités balistiques permettait de les entendre.
Quelques mois plus tard, il y a eu la cessation des hostilités. Plusieurs refugiés regagnèrent leurs domiciles. Certains restèrent aux quartiers sud car ils craignaient l’insécurité qui s’était emparée de la cité, d’autres par contre connurent l’errance sans savoir où poser leurs matelas, la guerre ayant détruit l’investissement immobilier de toute une vie sans que s’entrevissent des ressources financières pour la reconstruction.
Un climat de paix semblait donc reprendre. Mais était-ce un répit, un repos, une accalmie ou une stratégie ? En tous les cas, le pire n’était pas loin, dans les têtes comme dans les faits. Il suffisait d’une simple étincelle pour attiser un grand feu. Le conflit était toujours là… La prudence était donc de mise en tout. Les parents veillaient à ce que les enfants rentrassent à temps à la maison, il fallait surtout éviter les heures tardives, elles étaient très dangereuses. Les enlèvements se poursuivaient, ils étaient même devenus monnaie courante. On vivait dans les soupçons et les rues étaient des couloirs des rumeurs. Ici on annonce des infiltrés, là des traitres. Les chuchotements des « Kambo », les balbutiements des « Yandimetuba ou Bametuba » et les marmonnements des « Alobi ou Balobi » passaient pour des vérités indéniables ou des faits probants alors qu’il n’était question que des « on dit » aussi volatiles qu’invérifiables dans les rues bavardes de Brazzaville, la ville-verte. Mais cela suffisait pour suspecter que quelque chose de terrible se tramait et allait effectivement surgir. C’était la brise qui annonçait la tempête. Mais qui pouvait s’imaginer que cette fois, la cible allait être les quartiers sud de la ville-verte ?
L’ambiance était celle d’un troupeau émietté. Alors que certains vivaient encore dans la peur de l’après-guerre, d’autres se mettaient à voyager tant par peur que par nécessité. Vivre ailleurs pouvait s’avérer une solution de sécurité, quand bien même cela ne serait pas toujours l’idéal. Les pays et contrées voisins devenaient si proches qu’on s’y rendait comme si c’était une transhumance ordinaire. Les habitués au déplacement poursuivaient leurs voyages comme si de rien n’était. On se rendait seulement compte au bout d’un temps que certains ne rentraient plus de si vite, comme s’ils avaient été avertis qu’un événement monstrueux allait s’abattre sur la ville. Les navettes devenaient des longs séjours. Mais ceux qui restaient dans la ville semblaient se replonger dans les plaisirs de la vallée de l’insouciance, car nombreux pensaient que la guerre n’était plus qu’un mauvais souvenir surtout celle de 1993 et de 1997.
C’était un temps favorable aux oracles et prophéties. Des dévots revenant des séances de prière ou de déblocage distillaient un autre son de cloche, plus alarmiste. Plus par curiosité que par conviction, Wangu-Wangu entra un jour dans une église aux sons endiablés. Le verdict ne se fit pas attendre. Du milieu de cette foule surchauffée, suant à grosses gouttes, l’homme de Dieu déclama sa recette : « Voici le message urgent venu du Ciel : Priez, priez beaucoup, car le sang menace de couler plus abondamment qu’il n’en a été le cas jusqu’à présent… »
Il y avait de quoi paniquer quand bien même chacun interprétait ces oracles à sa manière. Les plus prudents mais moins croyants s’affairaient à réunir des provisions pour se préparer au cataclysme annoncé. Les dévots sans moyens de subsistance ne trouvaient rien de mieux qu’intensifier les prières tant pour ne pas perdre l’espoir que pour ne pas avoir à affronter la réalité en face. Les intellos, avec leur air toujours sérieux et se voulant supérieurs à la moyenne, pour ne pas dire au-dessus de la mêlée, rigolaient sur la capacité des miliciens de changer le monde. Les railleurs se moquaient de tout le monde, tant de ceux qui croyaient trop à ce que eux considéraient comme des contes de fée ou du « poisson d’avril » que de ceux que la fréquentation des universités du monde entier avait fait perdre le clin d’œil pratique de l’homme de la rue, devenu maître de la situation. Enfin, il ne manquait pas de crétins, s’alimentant à toutes les sauces. Portés à croire à tout ce qui se disait, ils étaient pourtant insouciants pour prendre vraiment en considération tout et se mettaient à vivre l’instant sans trop penser à demain.
« A chaque jour suffit sa peine », dit un vieil adage venant sans doute de la Bible. Ici, chacun vivait selon sa position ou sa façon de voir les questions du pays. Il semblait que c’était ça la politique ! Dans certains coins de la ville bavarde, des lecteurs de journaux s’amassaient devant des points de vente pour commenter les événements à longueur des journées. Dans d’autres, des parieurs se pressaient pour trouver la combinaison gagnante et espérer ramasser le gros lot ou à défaut gagner même en désordre. Partout, commerçants et fonctionnaires, mais aussi buveurs et « ambianceurs » n’étaient pas en reste.
Les rues de la ville-verte étaient bien ce qu’elles étaient, avec toujours trop de « on dit ». Qui dit vrai ? Qui dit mieux ? Qui ment ? Sans doute chacun et tous ! On ne comprenait rien. On aurait dit que tout le monde était devenu politicien. On parlait, on bavardait, on criait ; on argumentait, on critiquait, on discutait, on se disputait, on injuriait. On blaguait, on riait, on se moquait de tout, on ironisait. On s’inquiétait, on se lamentait, on pleurait… Les rues étaient remplies de bruits et de rumeurs.
Il y avait de quoi se distraire en tout cas. Mais au fond, dans cette mêlée de paroles et de rumeurs contradictoires, couvait une vérité, une réalité implacable qui allait bientôt éclater et faire imploser complètement les quartiers sud. Qui dans la rue aurait pu le déceler ? Personne ! La qualité des discussions de ces petits parlements de rues ou les analyses de ces bureaux d’expertise populaires portaient difficilement à des prédictions évidentes. Même certaines personnes souvent mieux informées et averties préféraient accompagner la population dans cette ambiance bon-enfant plutôt que de jouer à la panique sans avoir aucun moyen de gérer par la suite des réactions imprévisibles. Déjà un simple regard sur la société ville-verdienne en ces temps suspects et une observation du grognement de rues auraient pu facilement faire remarquer l’existence de nombreux problèmes, parmi lesquels ceux se rapportant au langage.
On était dans l’imbroglio ! Le mauvais usage courant du langage qui traduisait en réalité une légèreté de vie et des comportements avait vite fait de conduire la société à des malentendus qui, à leur tour, étaient l’effet dévastateur d’un langage mal compris. Au lieu d’être l’instrument très utile dont l’homme se sert pour se faire comprendre, le langage était devenu totalement biaisé et extrêmement ravageur. Chacun rac

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