Voici vos chirurgiens, Sire !
308 pages
Français

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Voici vos chirurgiens, Sire ! , livre ebook

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Description

« Voici vos chirurgiens, Sire ! »
Cette petite phrase, Catherine de Médicis la prononcera à plusieurs reprises au chevet de son époux le roi Henri II puis pour deux de ses trois fils qui ont régné successivement. Nous sommes dans l’entourage immédiat de Maître Ambroise Paré, chirurgien du XVIe siècle, précurseur de la chirurgie moderne. Il a été le chirurgien de quatre rois. Il a eu de nombreux élèves, certains sont devenus célèbres, d’autres non moins valeureux sont restés dans l’ombre. Nous suivons l’un d’eux, Gabriel, un jeune apprenti barbier-chirurgien dont le parcours singulier nous emmène de l'Hôtel-Dieu de Paris jusqu'au lit de mort des derniers Valois.
Roman historique basé sur des faits réels et documentés, comportant en annexe un rappel des connaissances médicales de l’époque ainsi qu'une description détaillée des lésions et blessures de ces rois. Ce récit, écrit par un chirurgien du XXIe siècle, relate le renouveau de la chirurgie de la Renaissance. Chirurgie héritée de l’antiquité, redécouverte à partir des ouvrages anciens, traduits en français, puis divulgués grâce à l’essor de l’imprimerie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332776570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77655-6

© Edilivre, 2014
Citations


« Quand on s’est pénétré de la science contemporaine, alors il est temps de se tourner vers la science passée…
… la médecine ne peut revenir sur son passé sans y recueillir des leçons pour l’avenir… »
Émile Littré, Œuvres complètes d’Hippocrate, tome 1 chap. XIV, chez J. B Baillière, Paris, 1839.
« … faut sçavoir que par l’espace de trois ans, j’ay résidé en l’Hôtel-Dieu de Paris où j’ay eu moyen de voir & cognoistre… tout ce qui peut estre d’alteration, &maladie au corps humain, & ensemble y apprendre sur une diversité de corps morts, tout ce qui peut se dire et considérer sur l’anatomie… »
Ambroise Paré, Œuvres complètes, Buon, Paris 1585 .
Chapitre 1 Le pont Saint-Michel
Il fait encore nuit noire sur Paris. Les flocons de neige, qui ont commencé à tomber, s’accrochent aux reliefs pour tracer un décor fantomatique. On distingue à peine le contour massif des maisons agglutinées sur le pont Saint-Michel. Elles paraissent encore plus petites, blotties les unes contre les autres comme pour se protéger de la neige et du froid. À cette heure, le passage entre les deux rangées de maisons est désert. Le sol du pont, fait de planches et de bastaings, est d’ordinaire piétiné par des centaines de passants, de badauds déambulant devant les étals des échoppes, sans se rendre compte qu’ils sont en train de franchir la rivière. Des seize maisons réparties de chaque côté, seize étals s’ouvrent tous les jours proposant des variétés infinies de produits. L’apothicaire côtoie la boutique du ferblantier, de l’orfèvre, du marchand de vin, de l’enlumineur, du pâtissier, sans compter les bonimenteurs de tout poil, les joueurs de bonneteau piégeant les badauds avec leur boule muscade puis pliant précipitamment leur tréteau dès que leurs complices annoncent l’arrivée des archers du Châtelet. Pour l’heure tous les volets sont relevés, dissimulant toutes les marchandises. Le vent balaie des tourbillons de la neige qui n’arrive pas à coller au sol.
Dans une de ces maisons un jeune homme, Gabriel, ne dort pas, il s’apprête à partir dès que le jour poindra, dès que les portes de la ville s’ouvriront. Son bagage est prêt, quelques hardes dans un sac de toile. Le reste, il préfère le garder sur lui, au plus près du corps. Le froid, qui traverse les murs de planches et de torchis, et la hâte de quitter la ville font qu’il a passé la nuit presque totalement habillé. Il enfile ses bottes confortables, pas trop belles pour ne pas inciter de convoitise, faites d’un cuir grossier mais souple. Le rabat du haut-de-chausses contre la cuisse laisse un espace caché où il peut dissimuler une courte dague ou plutôt une espèce de rasoir en prévision de son voyage. Les trajets même courts peuvent être dangereux.
Le plancher grince au moindre mouvement. Il n’ose pas encore allumer la bougie ni trop se déplacer de peur de réveiller la « maisonnée » qui se résume, à cette date, à sa seule tante, le souvenir de son oncle étant encore présent ainsi que les cris des enfants disparus. Un brin de nostalgie. Il écarte le rideau de la fenêtre. En aval les premières lueurs de l’aube se reflètent sur les eaux et les nappes de glace de la Seine, jouent avec les filigranes du givre accumulé sur les petits carreaux.
Un office est sonné au couvent des Augustins dont il aperçoit l’église.
L’escalier qui descend de l’étage craque légèrement.
– Je vois que tu ne renonceras pas à partir malgré ce temps glacial ?
– Non ! tante Justine. C’était prévu de longue date. Je te l’avais dit. Mon absence ne durera que quelques jours, je serai revenu pour Noël pour que tu ne sois pas seule. Au printemps je m’en retournerai en Provence. Pas avant. Par sécurité. Trois gars du pays, trois solides compagnons s’en retournent aussi et me feront escorte.
– Tu n’auras pas trouvé à Paris le moyen d’exercer ton métier ?
– Mais je n’ai pas de métier ! Quelques compétences tout au plus dont personne ne se soucie.
– Pourtant…
– Je me suis renseigné. Pour être simple barbier-chirurgien, il faut être présenté par un maître, suivre les cours que je ne peux pas payer et en plus être un bon catholique !
– Ton oncle est mort au service de notre bon Roi François, Dieu ait son âme, pendant les batailles d’Italie. C’est quand même une référence.
– Certes, mais mon père a été assassiné par les papistes. J’ai dû fuir pour ne pas être soupçonné d’être hérétique. Même si je n’ai pas embrassé la nouvelle religion. Je ne pouvais pas dénoncer mon propre père.
– Pourtant tu as suivi pendant des mois ce chirurgien de Provence ?
– Un grand maître, oui ! Un très grand, mais solitaire, non reconnu par la Faculté, ni par les services du Roi, même si ses opérations étaient miraculeuses. Malheureusement il n’avait aucun diplôme, aucune reconnaissance ni à Montpellier, ni à Lyon, ni à Paris.
– Cependant, tu sais ce métier, tu l’as déjà pratiqué.
– En partie. Quelques opérations faciles pour gagner quelques sols. Il me faudrait un vrai maître ici ou ailleurs, bien établi et qui m’apprenne plus de procédés, plus de détails. Que je puisse voir instruments et opérations, m’exercer sous son autorité.
– Il existe pourtant le collège Saint-Côme qui est fait pour cela, qui forme les chirurgiens et les barbiers-chirurgiens ?
– Encore faut-il pouvoir y entrer !
– La vraie raison tu ne veux pas la dire ?
– Pour toi elle est évidente. Si elle se savait je risquerais d’être pendu haut et court.
Justine fit un signe de croix, baisa le petit crucifix qui pendait à son cou.
– Dieu te garde et te pardonne ! dit-elle. Tu as raison, parle bas. Les murs sont si fins qu’on entend presque la respiration des voisins.
Après un silence elle reprit :
– Et pourquoi alors ne veux-tu pas accepter l’évidence et être qui tu es ? Pourquoi cet accoutrement ? Sur les routes je comprends mais quand tu es ici, tu peux oublier un instant ton personnage.
– Ce n’est pas un personnage tante Justine ! C’est une nécessité de survie. Je l’ai décidé à la mort de mon père. J’ai été obligé de me déguiser pour fuir. C’était pour ma mère et moi le seul moyen d’échapper aux persécutions et surtout d’échapper au massacre de Mérindol. Ma mère aidait déjà ce chirurgien de Provence, Pierre Franco 1 . Elle le suivait dans ses nombreux déplacements, elle l’assistait pour ses opérations. Néanmoins il nous a aidés à nous cacher. Lui-même, protestant, sauvait sa propre vie. On l’a suivi et aidé pendant quelques temps puis il est parti à Berne en Suisse. Je sais que ma mère aurait aimé être chirurgien plutôt qu’une simple aide. Je ne veux pas, comme elle, être sous les ordres des autres, être une femme bien sage et obéissante.
– Tu étais pourtant une si belle jeune fille !!
– Je t’en prie, tante Justine, pas ça ! Je n’ai jamais été vraiment une femme. J’étais un garçon manqué. Je n’ai jamais été belle comme pouvaient l’être les autres filles du village. J’ai un visage dur, à ce que je peux voir dans un miroir. Un visage qui ne va pas avec l’idée qu’on se fait d’une femme. Si je n’ai jamais été une femme, cette femme est morte ! Je l’ai anéantie en moi. Je n’ai même pas eu à changer de nom. Gabriel, à la consonance, cela peut être un homme ou une femme ! Tous les documents de ma naissance ont péri dans les incendies qui ont ravagé Mérindol et les villages avoisinants. Gabrielle n’existe donc plus. Je choisis d’être un homme. Un homme qui peut devenir chirurgien. Car comment une simple femme pourrait-elle devenir chirurgienne ou modeste barbier-chirurgien ? Qui accepterait de m’instruire puis de me présenter devant le jury des chirurgiens à robes longues ou même courtes 2 ? Tous ces hommes qui tiennent les femmes pour des souillons et des ignorantes ! La preuve, c’est que ce métier n’est pas autorisé pour les femmes à moins qu’elles soient veuves d’un barbier-chirurgien… 3
– Comment sauraient-elles, sans l’avoir réellement appris, le métier de leur époux ? C’est totalement idiot !
– Je ne te le fais pas dire !
– Tout de même, le travestissement est une abomination pour Dieu ! C’est écrit dans la Bible.
– Tu lis la Bible ?
– A vrai dire non ! car je ne sais lire que quelques mots en « françois », or elle est écrite en latin. De toutes manières elle coûte trop cher. Mais l’abbé de Saint André des Arcs dit que le travestissement ou tout changement d’« accoustrement » est un péché grave contre Dieu, une hérésie qui mérite le bûcher.
– Et avoir fait massacrer dix mille pauvres gens à Mérindol au nom de la sainte foi catholique, ce n’est pas une abomination peut-être ? Avoir fait raser villages et hameaux, avoir passé au fil de l’épée femmes et enfants, tué ou déporté aux galères ceux auxquels on avait déjà dérobé leurs terres ? Ce n’est pas une abomination ? Une abomination encore pire, si c’est possible, avoir interdit sous peine de mort d’aider les quelques rescapés qui erraient dans les campagnes. Des femmes et des gamins sont morts de faim et de soif sous le regard des bons catholiques, on trouvait leurs corps gonflés de vermine au bord des sentiers. Si ce n’est pas une abomination, qu’est-ce que c’est ? Tout ça avec la sainte protection de l’Eglise et du Roi parce que c’étaient des soi-disant hérétiques. Mais quels hérétiques ? C’étaient des humains !
– Chut ! On va finir par nous entendre, par nous dénoncer !
– Tu n’en as pas assez d’aller te montrer à l’église tous les jours pour prouver que tu es une bonne et dévote catholique ?
– Sinon on est dénoncé et on risque la corde !
– Tu vois, je préfère cet accoutrement ! Je pense que ce n’est pas un crime mais plutôt une bénédiction. Chaque fois que j’ai mis des vêtements de femme on

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