Vous ne m avez pas demandé mon avis !
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Vous ne m'avez pas demandé mon avis ! , livre ebook

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Description

Vous ne m’avez pas demandé mon avis ! « C’est fou cette manie que vous avez, vous, les Français à vouloir faire le bien des autres sans leur demander leur avis, pas plus que leur consentement d’ailleurs. Vous vous ingérez dans la vie d’autrui, sous prétexte que vous estimez que c’est pour son bien. »
2012 La révolution ? La révolution Est-ce une évolution ? Ou est-ce une régression ? Qu’obtiendrions-nous aujourd’hui d’une telle situation ? Au fil des mots, chacun pourra se forger sa propre opinion : Ira-t-on sur les barricades ou préférera-t-on attendre et voir venir ?

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312006598
Langue Français

Extrait

Vous ne m’avez pas demandé mon avis !
Gerald Moutet
Vous ne m’avez pas demandé mon avis !
Suivi de 2012 La révolution




Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
Du même auteur Gérald Moutet dit Geketou

L’étranger de Saint-Pierre , Éditions Bénévent

Les Jumeaux

Moon Guany

Fondraille

Vous ne m’avez pas demandé mon avis !

2012 La Révolution

Recueil de poèmes Tomes 1 et 2, Cris du cœur

















© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00659-8
Livre I Vous ne m’avez pas demandé mon avis !
La France terre d’asile, sommes-nous tous des aliénés ?
Vous ne m’avez pas demandé mon avis !
C’est fou cette manie que vous avez, vous, les Français à vouloir faire le bien des autres sans leur demander leur avis, pas plus que leur consentement d’ailleurs.
Vous vous ingérez dans la vie d’autrui, sous prétexte que vous estimez que c’est pour son bien.

Regardez, moi, par exemple !
Qu’est-ce que je vous avais demandé ? Je n’ai pas le moindre souvenir d’avoir crié au secours, et encore moins, d’avoir appelé pour venir me chercher !
Et pourtant…

Je suis né à Port-au-Prince, le 25 août 2008, en plein milieu de la tempête " Gustav ".
La semaine précédant ma naissance, une première tempête, qui répondait au joli nom de Fay, avait ravagé une partie de mon île, avec son lot habituel de victimes et de dégâts.
Ma mère, qui habitait avec le reste de la famille une des nombreuses cases d’un bidonville d’Haïti, avait cru échapper à la vindicte des cieux, espérant accoucher dans de bonnes conditions.
Mais ce 25 août, n'y tenant plus, il me fallait sortir !
À l'intérieur du ventre de ma mère, je tempêtais aussi fort que " Gustav " sur les tôles de notre fragile abri.

Mon père, mais aussi père de ma mère, jurait par tous les saints, qu'elle pourrait au moins attendre une accalmie ! Elle le supplia pourtant de l'emmener à l'hôpital, ou au dispensaire, pour me mettre au monde.
Arrivé en salle d’accouchement, comme je me présentais mal, mon père décida de repartir, pour rejoindre le reste de la tribu. Cette idée lui fut fatale : les rafales de vent, dépassant parfois cent kilomètres-heure, arrachèrent, comme c'est souvent le cas, une tôle de toiture ; cette dernière vint trancher net la tête de l'homme qui aurait dû être mon père et mon grand-père à la fois.

Voilà comment je me suis retrouvé orphelin de père, avant même d'être venu au monde !
Il fit partie des plus de six cent soixante morts occasionnés par " Fay ", " Gustav ", et leur petite sœur " Hanna " la semaine suivante. Eh oui, chez nous en Haïti, lorsque nous faisons les choses, nous ne les faisons pas à moitié ! Trois tempêtes en un mois, et l'on échappa de justesse à la quatrième, " Ike ", quelques jours après.

Dès mon premier souffle, je ne sais pas pourquoi j'eus ce pressentiment : ma mère ne me voulait pas !
S’il est dit qu'un nouveau-né ne comprend pas, moi je dois être du genre précoce, car aujourd'hui, tout ici se confirme.
Nous sommes restés un peu plus d'une semaine à l'abri du dispensaire. Le temps pour ma génitrice de se remettre de son épreuve, et aussi de laisser passer la tempête " Hanna", qui finissait le travail de "Fay" et "Gustav".

Notre maison, si je puis appeler cet endroit " maison ", se retrouvait entrelacée avec d'autres constructions, toutes aussi hétéroclites que la nôtre.
Une porte d'entrée, enfin, un rideau tressé en palmes de cocotier, une table, ou plutôt, une planche sur pied, quelques ustensiles des plus rudimentaires pour la cuisine, genre boîtes en fer blanc et bidons plastique. Un foyer, avec deux trois bouts de bois que la mer avait rejetés… Et dans un coin, au fond, sur ces quinze mètres carrés de sol, un empilage de chiffons, morceaux de mousse ou, peut-être, de matelas, tout pour le couchage…

Maman fit les présentations ; j'eus droit, en premier, au baiser de ma grand-mère, une jeunette, pas encore trente ans, puis à ceux de mes oncles et tantes, qui devenaient du même coup mes frères et sœurs. ..
Allez savoir pourquoi, soudain, je me suis senti en trop !
Ma mère, trop jeune pour l'être du haut de ses treize ans, éprouvait toutes les peines du monde à m'assumer.
Si me donner le sein, ne lui posait aucun problème, pour le reste, on trouvait à redire. Ma grand-mère, experte en la matière avec ses huit enfants dont ma mère est l'aînée, avait beau la rassurer, lui affirmer que tout irait bien, elle n'y croyait pas.
Chaque jour, comme en pèlerinage, ma mère passait par le dispensaire pour récupérer soit une couche, soit la crème destinée à mes petites fesses.

Les conversations avec les sages-femmes, ou les infirmières, tournaient toujours autour de ma modeste personne, et aussi, et surtout, cette lancinante question, « qu'allait-elle pouvoir faire de moi ? ».
Plutôt que d'agir comme chez vous en France, de me placarder dans un congélateur, dans la cuvette des toilettes ou de m'expédier par la fenêtre d'un sixième étage, il fut décidé de me laisser au dispensaire. Ma mère n'aurait qu'à passer tous les jours pour les tétées, jusqu'à ce que je sois sevré.

Je dois reconnaître, n'avoir rien perdu au change.
Certes, nous étions plusieurs nourrissons dans le dortoir, pourtant nous possédions chacun un lit, des draps et un matelas. De loin en loin, je perdis de vue celle qui m'avait offert la vie. La dernière fois qu'elle m'a embrassé, elle est également entrée dans le bureau du directeur : elle a, je crois, enfoui de l'argent au fond de son sac, puis signé des imprimés.
Depuis, j'attends qu'elle vienne me rechercher.

Avant mes premiers pas, j'ai déménagé pour habiter une grande maison, où vivaient beaucoup d'autres enfants comme moi, qui ne recevaient jamais de visite.
Alors, chacun s'accroche à ce qu'il peut, moi c'était une espèce de chiffon poilu, qui à l'origine devait être un singe.
Non, pas un vrai singe ! Mais une peluche.
Et puis je m'étais donné une petite sœur, Katia.
Le même âge que moi, et voisine de berceau. Nous avons composé nos premiers pas ensemble, réalisé main dans la main nos premières chutes, et autres expériences de la vie, qui vous laissent parfois une petite bosse sur le front.
Nous étions inséparables.
Enfin presque.

Un matin, on a vu arriver dans la salle de jeu, un couple de Blancs accompagné de la directrice adjointe. Ils nous ont longuement regardés, Katia et moi, puis ils sont repartis. Deux jours plus tard, ils sont revenus, et ils ont enlevé Katia ! Elle hurlait, moi aussi, mais nos cris et nos pleurs n'ont rien changé !
Depuis je ne l'ai plus revue, alors je m'accroche désespérément à mon bout de singe, dans l'espoir que personne ne vienne me l'arracher, lui aussi.

Pour mes deux ans, beaucoup de couples nous rendaient visite, dont certains partaient en emportant à nouveau un enfant. Ce n'était que larmes et déchirement.
Un après-midi, alors que nous jouions dans le parc, la terre s'est mise à trembler.
C'était le 12 janvier 2010.
Tout autour de nous s'effondrait. Les arbres, les cases… des gens criaient, couraient en tous sens. Moi, perché sur ma balançoire, je n'osais plus bouger. Du haut de mes deux ans, presque et demi, je n'ai rien compris à ce que nous vivions. Plusieurs fois encore, la terre a tremblé durant notre sommeil.
Comme notre bâtiment avait subi de nombreux dégâts, nous dormions sous des tentes dans le jardin. Plus tard, nos soignants ont été pris d'une frénésie de propreté. Il fallait tout laver, tout nettoyer, plusieurs fois dans la journée. Dès que l'un d'entre nous allait aux toilettes ou se faisait dessus, on le passait à la douche. Si tu faisais caca mou, tu étais foutu, c’était l’hôpital d’office !
Deux ou trois camarades l'ont attrapé, eux aussi, ils ne sont pas revenus.
« Choléra de choléra ! » ne cessait de répéter l'infirmière. « Il va tous nous tuer… », se lamentait-elle.

Enfin

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