36 Quai Jean-Jaurès
162 pages
Français

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36 Quai Jean-Jaurès , livre ebook

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Description

Un Amédé qui surgit hors de la nuit, court vers l’aventure au galop. Son nom, il le signe à la pointe de sa canne leste, d’un « M » qui veut dire « Modeste ».

Et non, vous ne rêvez pas, Ignace Amédé is back. À nouveau à pied d’œuvre pour en débattre avec les vipérins du cap Sizun. Qu’on se le dise : ça va saigner dans les chaumières portatives des serial-campeurs-killers venus opérer en baie d’Audierne.

Après L’Affaire Caradec, premier volet loufoque du 36 Quai Jean-Jaurès, la saga continue avec ce Pas de pitié pour les campeurs ! pas piqué des vers !

Vous m’en direz des nouvelles...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mars 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414335688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

David Leterme
36 Quai JeanJaurès
Pas de pitié pour les campeurs !
Roman
Du même auteur :
À pas d’homme…Paris : Édilivre, 2015 Mouv’.Paris : Édilivre, 2017
Dans la série 36 Quai Jean Jaurès :
L’Affaire Caradec.Paris : Édilivre, 2018 Contacts :Facebook, sous les noms et prénoms de votre aimable serviteur… Blog :Chroniques d’un lambda écrivantsur Overblog
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Un
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Chapitre I
– Ignace Amédé Modeste, accepteriez-vous de prendre pour épouse Alice Bel, ici présente ? Fuis!… Heu… comprenez «truie», naturellement… – … ?… – … Je ne saurais dire non,quoiqu’elle en moi… qu’il en soit, bien sûr. – … ?… Je vois, oui… Hum ! Et vous, Alice ? Souhaiteriez-vous prendre les poux de… Hum !! Prendre pour époux, pardonnez-moi, Ignace Amédé Modeste, ici présent ? – Éperdument, oui ! – Je vous déclare donc, par les pouvoirs qui me sont impartis, mari et femme, pour le meilleur et pour le pire.
Non, non, vous ne rêvez pas : à peine trois mois après avoir brillamment dénoué le sac à embrouilles abâtardi d’un sombre mafieux varois et sans vergogne, dans la désormais célèbre « Affaire Caradec », voilà-t-y pas qu’Amédé se mariait. Alors évidemment, vous me direz que nous l’avions déjà repéré, la belle Alice, à exceller dans son malicieux
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manège voué à dévergonder notre détective de choc et à l’initier aux jeux de l’amour et du plumard. Mais de là à envisager de lui passer la bague au doigt, il y avait tout de même du chemin. D’autant qu’il partait de loin l’Amédé ! Demandez à Anka, son fidèle compagnon de vadrouille, pour voir ! Il n’en revenait toujours pas. À croire que la Bretagne l’avait transfiguré de la tête aux pieds son Amédé. Lui, l’éternel poupon croisé pacha, érudit certes, mais copieusement décalé des réalités de tous les jours, consistant notamment à gagner sa croûte, sortir, faire des rencontres, gérer un budget, et j’en passe… qui se retrouvait d’un coup à assumer un vrai job de barge et tout son lot de tintouin qui va plus ou moins bien, plus une vie de famille avec la panoplie chien, gosse, régimes et grosse villa ; la totale, quoi. Car la belle Alice ne débarquait pas seule dans l’existence d’Amédé, loin de là. Elle avait en charge la tutelle d’Adam, le fils handicapé d’Antoine Caradec, sans parler de la gestion de sa fortune personnelle, composée de terrains côtiers, à préserver des assauts pervers des promoteurs de tous poils souhaitant transformer le littoral en poulaillers à humains sur-bétonnés. Un bien joli programme, en effet, dicté par les dernières volontés du défunt élu. L’hallu complète, soyons clairs. Fallait le voir l’Amédé, vêtu de son queue-de-pie des années vingt, d’un siècle que seuls les sans chicots pouvaient connaître, s’échinant à retrouver ce bon dieu d’anneau à passer au doux doigt de sa belle, en esquissant son fameux tic des grands jours, l’amenant à se gratter frénétiquement le haut du crâne avec le pommeau de sa canne. Jamais, en trente cinq ans de carrière, le maire d’Esquibien n’avait uni pareil spécimen. Tout rentra finalement dans l’ordre au moment où Anka, entre deux crises d’un rire résolument
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carabiné, se souvint que c’était lui qui gardait les alliances. Oups ! Étourderie, quand tu nous tiens… Faut dire qu’à côtoyer Amédé, on finissait forcément par lui ressembler un brin. Y’avait qu’à entendre la bouillie verbale proférée par l’administré en écharpe, destinée à féliciter les heureux mariés, pour se rendre compte des effets du loustic sur une assemblée lambda : un carnage, ni plus ni moins. La suite se joua dans le parc arboré de la villa des deux tourtereaux, autour d’un déjeuner multi-étoilés. Brochettes de gambas flambées à l’écossaise, tournedos Rossini accompagnés d’une poêlée de morilles et d’un confit de figues dont vous me direz des nouvelles, cœur de frisée aux trois vinaigres, servi sur un lit de roquette et agrémenté d’un toast au chèvre et au miel de bruyère, sans parler des amuses-bouches et autres coquetteries gustatives, arrosées de grands crus, aptes à faire fondre les papilles les plus revêches. – Jamais vu autant de sorte de pinards que dans cette turne ! Hein Lucien ! J’suis sûr qu’y’en a même plus que chez toi ; et rien que du nectar encore en plus. Prends-en de la graine, si tu veux pas que je change de crémerie. – Pétard ! C’est sûr que là, ils nous gâtent. Té, tu devrais goûter aux plats, aussi. Ils sont fameux. – Mouais… J’ai pas spécialement faim, moi. Et pis y’a pas : un bon pif se suffit à lui même. Qu’est-ce tu veux rajouter à cette merveille, toi ? – Peuchère ! Pas étonnant que tu sois taillé dans une allumette ! Tu manges jamais rien ! – Quand je vois ton bide, ça me donne pas spécialement envie de bâfrer, figures-toi. Sauf qu’entre les deux zigues, y’avait sans doute une sacrée trâlée de nuances pondérables, tout à fait acceptables
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à porter sous la chemise. D’un côté Alan, le fluet de service, trente-cinq kilos tout mouillé, sabots compris, et de l’autre Lucien, son acolyte toulousain à la panse adipeuse, qu’on aurait du reste jamais pu imaginer si débordante, derrière le comptoir de son échoppe licence IV. La marge entre les deux était phénoménale. N’empêche qu’Alan, leur charpentier chétif préféré, aurait effectivement mieux fait d’avaler un soupçon d’aliment solide histoire d’éponger un tant soit peu les hectolitres qu’il éclusait sans répit, depuis le début de la réception. Malgré son entraînement intensif aux choses de la picole, il est des doses incompatibles à la décence. Qu’on se le dise ! Le résultat fut sans appel : à la minute même où l’on présenta la pièce montée, chef d’œuvre incontestable de ce divin repas, l’homme, en voulant attraper une coupe de champagne fraîchement servie, s’écroula théâtralement sur le buffet, entraînant dans sa chute l’ensemble de la tablée supportant l’édifice pâtissier. BRAOUM !!! Ce fut à peu près le son de la cata. Je vous laisse imaginer le blanc qui s’en suivi. Anubis, le terre-neuve nouvellement adopté par Amédé, profita du flottement général pour plonger ses crocs au cœur de la merveille. Un régal ! – Ignace ! Je vous en conjure : faites quelque chose, mon tendre amour !!! Votre ami ne tient plus debout… Quant à Anubis… Mon dieu !!! – C’est àpireque… – Sauf votre respect, M’aame, hic ! C’est plutôt votre table qui tient plus la hic !! route… J’y ai à peine touché, hein Lucien ! Quelqu’un peut me dire où qui reste du champ’, à ce propos ? Ça donne grand soif de… hic !!!…
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– C’est bon Alan, on a compris. Je prends une bouteille et je te ramène. M’est avis que t’as fais assez de conneries comme ça pour aujourd’hui. Allez viens mon grand… – Ah bon ? Hic !!! Tu crois ? – Certain ! Tu nous accompagnes Gros Chien ? La réponse, copieusement barbouillée à la crème pâtissière, fut oui ! Et c’est ainsi qu’Anka prit les choses en main, laissant sa part de dessert aux fourmis. Il traîna Alan jusqu’à la DS, aida gros chien à monter dans le coffre, et fila vers l’appart’ du poivrot, pas si mécontent que ça de pouvoir se défiler de la sorte de cette cérémonie à rallonge. Anka était du genre à vite se lasser des situations. Il ne supportait pas l’inactivité. Et pour que ça bouge, autour de lui, que ça pétille, il avait découvert qu’il lui fallait sans cesse animer sa carcasse, la déployer, au petit bonheur la chance, afin d’aller se confronter aux mondes des autres, dans le but de chambouler ses repères. C’était vital. C’est du reste dans cette optique qu’il avait suivi Amédé dans cette folle épopée, les amenant à ouvrir une agence de détectives privés, à Audierne. Rien qu’un jeu, au début. Une simple mise en scène burlesque, digne d’une série B divertissante, certes, mais à la crédibilité nulle. Sauf que voilà, il s’était prêté au rôle et, étonnamment, tout avait fonctionné comme sur des roulettes. Un délire de plus à afficher à son palmarès d’acteur anonyme. Lorsqu’il eut couché Alan, il décida de pousser la balade vers les sentiers côtiers de Plouhinec, histoire de souffler un brin et de se dégourdir les guiboles. Gros Chien fut ravi. Bouteille de champ’ en poche, il laissa une nouvelle fois aller sa gamberge vers ce qu’il allait bien pouvoir entreprendre dans sa vie d’éternel insatisfait, de marginal impénitent, sans cesse à l’affût d’une combine pour fuir les
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responsabilités imputables à son état de trentenaire bien tassé. Une page venait de se tourner, il en était conscient. Amédé marié ne serait sans doute plus aussi drôle qu’avant. Quoique… Et dire qu’ils continuaient à se vouvoyer, ces deux-là ! Il fallait admettre qu’ils s’étaient bien trouvés. Azimutés au dernier degré, chacun dans sa spécialité, surnageant dans le monde des grands avec des airs de princesse et de gentleman fantasques, fondamentalement hors du temps. Un cocktail foutrement explosif. Pour le reste, quoi faire de cette carrière de détective qu’ils avaient entamé à l’arrache ? Quoi penser d’une vie loin de Paris, loin du théâtre, sa passion par dessus tout ? Comment se placer vis-à-vis de cet amour insensé qu’il éprouvait pour Charlotte, sa copine du moment ? Que faire de ces paysages à couper le souffle, balayés par les marées, ces amerrissages express de cormorans affamés, cette lumière sauvage et irréelle, à tomber par terre… ??? – Ouuuaaahhh !!! – Pourriez pas faire gaffe, non ! – Oups ! Pardon, l’ami. Je vous avez pas vu. Pas de bobo, au moins ? – Plutôt à vous que faudrait demander ça, vu le gadin… La bouteille n’a rien, au moins ? C’est que ça m’a l’air d’être chouettos, en plus, comme breuvage. – Je veux ! C’est du champ’. Je cherchais justement quelqu’un avec qui la partager ; ça vous tente ? – Un peu mon neveu ! – Tenez, j’avais prévu le coup, j’ai même les gobelets qui vont avec. – Royal ! Moi c’est Gab’, enchanté, mon pote. Yehed mad !
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