6ème Heure
48 pages
Français

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Description

« KatreCar » ou, tout simplement, « 4/4 », est une collection d’ouvrages composés de Quatre nouvelles policières de Quatre auteurs différents, offrant, chacune, un bon Quart d’heure de lecture.


Quatre gros Quarts d’heure... donc, plus d’une heure de détente par livre, proposée par de grands noms de la littérature policière ainsi que par des auteurs confirmés dont le nom ne résonne désormais plus qu’aux oreilles des amateurs...



  • 1/4 : La rançon de Joseph MONTET

  • 2/4 : Coup double de Henry MUSNIK

  • 3/4 : L'assassinat de la rue Berthe de Rodolphe BRINGER

  • 4/4 : Sous le masque de René DUCHESNE


À dévorer sans modération, les opus de la collection « KatreCar » sont parfaits pour combler divers moments de la vie quotidienne, aussi bien dans les transports en commun que dans une salle d’attente, mais aussi pour les petites fringales littéraires qui peuvent se déclencher à tout instant de la journée.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070030943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION

KATRECAR

6 ème HEURE
LA RANÇON

Nouvelle

par
Joseph MONTET
*1/4*
 
— Monsieur le commissaire, ce n'est pas possible, vous n'allez pas me laisser assassiner comme ça, moi, Léonidas Rascassou, un brave citoyen de la bonne ville de Marseille. Si ça devait être, j'en ferais plutôt un rapport au Conseil municipal !
— Après votre mort ?
— Non, avant... Tenez, tout de suite ! Du papier, de l'encre, une plume... Voilà. Je m'installe, j'écris ma lettre, et vous êtes un homme flambé, monsieur le commissaire. Notez bien ce que je vous dis, je tiens votre sort entre les cinq doigts de ma main !
Et, dans la bouche de Léonidas, où le plus pur accent marseillais déchaînait ses sonorités truculentes, le mot de main éclata comme un coup de cymbales.
À ce moment, la porte s'ouvrit, et un long personnage, sec et brun, entra dans le cabinet du commissaire de police. À la vue de Léonidas Rascassou, assis sur sa chaise et brandissant sa plume comme un poignard vengeur, il fit mine de se retirer.
— Entrez, signor Manzoli, vous n'êtes pas de trop. C'est justement d'un de vos compatriotes qu'il s'agit.
— Un de mes compatriotes, fit le nouveau venu avec un fort accent italien ; lequel ?
— Ah ! lequel ? Si nous le savions, nous ne serions pas aussi embarrassés, et M. Léonidas Rascassou, que je vous présente, ne serait pas ici dans les transes où vous le voyez. Mais nous en avons tant d'Italiens, à Marseille — sans reproche pour vos compatriotes — qu'autant vaudrait chercher une aiguille dans une boîte de foin.
— Pour trouver ces aiguilles-là, dit sentencieusement l'Italien, il y a un aimant : l'or.
— C'est vrai, mais tous les bandits ne s'y prennent pas aussi aisément. Pour un qui se fait pincer, comme celui que vous êtes venu arrêter hier, au guichet de la Société Générale, avec ses traites fabriquées à Milan, dix autres sont plus audacieux ou plus malins. Exemple, celui dont notre excellent concitoyen, M. Rascassou, est en ce moment victime. M. Rascassou rentrait chez lui l'autre soir, sur le coup de dix heures, lorsqu'au tournant de sa rue, il se trouve nez à nez avec un gentilhomme qui, dans un patois mi-français, mi-toscan, lui tient ce langage : « J'ai besoin de cinq mille francs d'ici quarante-huit heures. Si vous ne me les donnez pas, dans trois jours vous êtes un homme mort ! » . Et il indique de quelle façon la somme doit lui être livrée : en or, dans un petit sac de toile, qui devra être déposé cette nuit, à deux heures, à un endroit déterminé de la rue du Rouget-d'Or. Et tout est prévu d'avance : pas de fausse monnaie dans le sac ; toute supercherie serait punie de mort ; pas d'agents apostés ; le voleur le saurait, ne viendrait pas, et le résultat, pour M. Rascassou, serait le même — la délation est aussi punie de mort !... Ah ! ils ne sont pas chiches de belles promesses, vos compatriotes !...
— Et... les tiennent-ils ? demanda Léonidas Rascassou d'une voix pleine d'angoisse.
— Pour les coups de couteau, toujours, affirma le signor Manzoli d‘un ton grave.
— Eh bien, vous le voyez, monsieur le commissaire, s'écria le déplorable Rascassou, je suis un homme mort !
— Pas encore, fit l'Italien, toujours très sérieux. D'abord, vous avez la ressource de payer.
— Cinq mille francs ? Jamais ! protesta le bon Marseillais avec l'accent d'une conviction farouche. Plutôt mourir... non...
— Voyons, voyons ! reprit l'Italien. Il y a peut-être moyen de tout arranger. Il s'agit d'un de mes compatriotes. C'est une raison pour que je vous prête main-forte, pour que je mette à votre service l'expérience que j'ai des mœurs de nos brigands nationaux. Monsieur Rascassou, c'est peut-être votre bonne étoile qui a voulu que je fusse délégué de Milan à Marseille, pour arrêter un voleur de chez nous !
— Je me raccroche à cet espoir, articula faiblement le Marseillais.
— Eh bien, pour que la branche soit plus solide, donnez-moi quelques renseignements complémentaires. Où devez-vous déposer l'argent ?
— Rue du Rouget-d'Or, cette nuit, à deux heures.
— Sur le pavé ?
— Parfaitement. En face de la porte du numéro 58 de la rue.
— Sur le trottoir ?
— Non, sur la chaussée, à un demi-mètre du trottoir.
L'Italien se frappa le front.
— Messieurs, s'écria-t-il, je crois tenir votre affaire.
— Vraiment ? firent le commissaire et Rascassou tout d'une voix.
— Foi d'agent de police ! Voulez-vous me conduire rue du Rouget-d'Or ?
— Certainement, fit Rascassou. Je vous offrirai même un bock en face du 58, au café de la Dorade.
— Non, pas vous. Il ne faut pas qu'on nous voie ensemble. Mon cher collègue, vous avez bien un agent en costume bourgeois, pas trop compromis, qui pourra me conduire ?
— Dix, plutôt qu'un ! s'écria le commissaire, qui était aussi de Marseille.
— Merci, un seul me suffira.
Et le signor Manzoli sortit du cabinet, escorté par son collègue.
Une demi-heure après, il rentrait dans le bureau, où il retrouvait le commissaire et Rascassou, ce dernier rongé par une impatience fiévreuse.
— Messieurs, leur dit-il d'un ton calme, ou je ne suis qu'un âne, ou votre homme s'appelle Lorenzo... et je vous le pincerai moi-même cette nuit.
Il est deux heures moins un quart. La nuit est noire. La rue du Rouget-d'Or est déserte. Le dernier ivrogne a passé en titubant, interpellant de loin en loin les becs de gaz espacés qui jettent sur le pavé les reflets tremblants de leur lumière parcimonieuse. Plus rien que le silence et l'ombre, les deux témoins invoqués justement ce soir-là au Grand-Théâtre, par la basse chantante, dans le duo du Chalet.
Si, pourtant. Au bout, tout au bout de la rue, une ombre se profile, une silhouette s'accuse : celle de Léonidas Rascassou.
Il vient, défaillant de peur, flageolant sur ses jambes, résigné, pourtant, et analysant en un monologue navré les sentiments confus qui s'entrechoquent dans son âme.
Venir ? Il le fallait. Il le faut. Chose promise, chose due. C'est égal, tout à l'heure, chez lui, il avait une fière envie de rester, de se coucher, et de s'enfoncer dans son lit, son bonnet de coton par-dessus les oreilles.... Mais quoi, Rascassou ? C'est l'histoire des autruches, ça, mon bon, l'histoire de ces imbéciles de bêtes qui se croient quittes du reste parce qu'elles ont la tête fourrée sous un buisson. Léonidas n'aurait-il pas plus de prévoyance qu'une autruche ? Allons donc ! Il...

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