Abélie
83 pages
Français

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Description

Dans cette novella poétique et subtile, passé et présent s'entrecroisent avant de se rejoindre, pour nous parler d'un amour impossible.



"Tu repars sur ton chemin bordé d'abélies. Tes pieds te font moins mal, tes yeux picotent, et tu penses à l'âne de Buridan."


Béatrice Hammer est romancière, scénariste et réalisatrice. Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, qui lui ont valu régulièrement des prix de lecteurs, notamment le prix Goya, le prix Tatoulu et le prix Livre mon ami.
L'homme-horloge, un recueil de ses nouvelles, est toujours disponible au Mercure de France.


Les éditions d'Avallon ont republié récemment l'intégralité de ses romans : Kivousavé (prix Goya), Cannibale Blues (Attention talent des libraires de la Fnac), Soleil glacé, Lou et Lilas, Green.com, Les violons de Léna, Ce que je sais d'elle, Une Baignoire de sang (polar) ainsi qu'un inédit, La petite chèvre qui rêvait de prix littéraires.


Plusieurs nouvelles de Béatrice Hammer sont disponibles en format numérique aux éditions de la Combe (Camille, Toug, Blanche, Matthias, Princesse et Salvadora), ainsi que trois de ses ouvrages pour la jeunesse Le Fils de l'Océan, Cet hiver-là, et Comment j'ai rééduqué mes parents (enfin, surtout ma mère).



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782491996727
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION « NOUVELLES DE LA COMBE »
 
 
 
 
 
Éditeur : Les éditions de la Combe
 
Distribution numérique : Immatériel
 
 
Photo de couverture : Redd (Unsplash)
Couverture et composition : éditions de la Combe
 
ISBN : 9782491996727
1ère édition
 
Dépôt légal : octobre 2021
 
© 2021 Les éditions de la Combe
Abélie
 
 
 
Du même auteur
(en version numérique)
 
 
Romans
Soleil glacé , les éditions d’Avallon, 2022, réédition le Serpent à plumes, 1999
Une Baignoire de sang , les éditions d’Avallon 2022, réédition Alter Real, 2020
La petite chèvre qui rêvait de prix littéraires , les éditions d’Avallon, 2022
Les Violons de Léna , les éditions d’Avallon, 2021, réédition Le Quatuor de Mélodie , Pocket, 2006
Lou et Lilas , les éditions d’Avallon, 2021, réédition Pétrelle, 2000
Kivousavé , les éditions d’Avallon 2021, réédition La Princesse japonaise , Critérion, 1995 et Kivousavé , Rouergue, 2008 (Prix Goya du premier roman, prix du Festival du premier roman de Chambéry, prix du premier roman de l’Université d’Artois, prix Tatoulu)
Ce que je sais d’elle , les éditions d’Avallon 2021, réédition Arléa, 2006
Green.com , les éditions d’Avallon 2021, réédition L’édifiante histoire de Green.com , A Contrario, 2004
Cannibale Blues , les éditions d’Avallon 2020, réédition Pétrelle, 1999

 
 
 
Nouvelles
Camille , nouvelle (prix des Inédits RFI – ACCT), les éditions de la Combe, 2021
Toug , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Matthias , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Blanche , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Salvadora , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
Princesse , nouvelle, les éditions de la Combe, 2021
 
 
 
 
Romans jeunesse
Comment j’ai rééduqué mes parents (enfin, surtout ma mère) , les éditions de la Combe, 2022, réédition Rageot, 2008
Cet hiver-là , les éditions de la Combe, 2022, réédition Oskar jeunesse, 2008
Le Fils de l’océan , les éditions de la Combe, 2022, réédition Rageot, 2006
Superchouchoute , éditions Alice jeunesse, 2014
Miss Catastrophe , éditions Alice jeunesse, 2014
 
 
 
plus d’informations sur l’auteur :
https://linktr.ee/Beatrice_Hammer
 
Béatrice HAMMER
 
 
 
 
Abélie
 
N O V E L L A

 
 
 
 
 
C'est une histoire de rire, c'est une histoire de rêve. Il n'y a plus d'histoire, les cloches sonnent et l'eau jaillit.
C'est une marche longue sur un sentier poudreux. Les pieds font mal, comme si tout le sang refluait pour venir y bourdonner. Le soleil s'installe sur le sommet du crâne, comme le chat s'installe sur tes genoux, d'office. Mais ce qui rend surtout longue la route, c'est qu'on ne distingue pas l'horizon, il y a simplement des collines de broussailles, et des tournants qui débouchent sur d'autres tournants.
C'est une histoire de rire. Comme un enfant, peut-être, mais tu n'aimes pas les enfants, ni leur innocence ni leur rêves, ni leurs jeux ni leur cruauté, parce que tu n'aimes pas les miroirs fidèles. Pour toi, il n'y a jamais eu d'enfance, il y a simplement l'amnésie, l'anesthésie et l'angoisse.
C'est une histoire de rêve. Comme deux planètes autour du même soleil, ou deux soleils dans le ciel d'une planète, ou peut-être trois planètes, ou peut-être trois soleils.
Tu voudrais être plus, être plusieurs, et mener des existences antagonistes en te retrouvant parfois, savoir si tu es toi ou simplement l'empreinte de ta vie. Il te semble qu'alors, peut-être, tu te sentirais moins seule dans la tempête de tes rêves, dans la chaleur de tes rires.
Le soleil – celui du monde – s'évapore dans l'eau, le chat est parti sur un balai, un chat noir avec une robe blanche comme les princesses dans les contes, et tu repars sur ton chemin en espérant les poutres d'une auberge avec des carrelages de nacre.
Tu sens la nécessité des mots, ils sont comme toi, nul ne peut dire s'ils trahissent ou s'ils sont fidèles, ils se contentent d'exister et se lovent dans ta bouche, aveugles comme des fleurs.
Il n'y a pas de poutre dans l'auberge, d'ailleurs peut-être n'est-ce pas une auberge, mais un simple café de banlieue, un bar branché ressassant des vidéo-clips au néon, un débit de boisson simple comme une cuisine d'O.S.
Tu t'es dit parfois que l'amour était un chèque en blanc qu'on signait dans la nuit et qu'on donnait à un inconnu. Tu n'as jamais rien voulu, rien su comprendre aux paradigmes de la comptabilité.
Pour l'amour tu te sens forte, et cette force te surprend, on pourrait même dire qu'elle t'affaiblit.
Le patron du café, l'aubergiste, le serveur, est un champion de boxe. Il a gagné dans sa jeunesse des coupes, des médailles, des femmes. Ou peut-être n'a-t-il été qu'un petit boxeur minable, un amateur qui roulait au tapis à tous les combats amicaux ; ou même un sportif de chambre, qui rêvait de puissance devant sa télé couleur, qui s'achetait des gants de boxe toujours plus gros sans jamais s'en servir. Maintenant, il élève des canaris dans une cage en verre, et les regarde se cogner la tête aux parois, chaque jour pareillement, parce que c'est cela, leur vie.
Tu me demandes comment tu as découvert tes amours, tu sens que tu les as découverts souvent, une seule fois.

 
 
 
 
 
C'était dans un chalet, à la montagne. Au bord de la mer. Dans un parc. Dans un caveau, avec du jazz. Dans un restaurant indien. À l'ombre d'un bananier, tes pieds s'enfonçaient dans la terre rouge. Sur le sable, qui faisait des ondes humides. Sur un sentier dans la bruyère, au milieu des abeilles. Dans une ruine blanche, près d'un puits. Dans une salle de cinéma. Dans une voiture, dans un train. Sur un bateau, un long paquebot blanc dans la nuit, un bateau de pêche sentant le mazout, avec des cageots de poissons morts, dans une barque sous le soleil. Dans une taverne où l'on chantait, dans un lit au centre d'une clairière, dans une forêt entre les arbres miroitants de soleil, dans un train de banlieue, sur un quai sale, sur un trottoir.
Tu ne l'avais jamais vu, tu ne le connaissais pas. Il buvait, il dansait, il pensait, il riait, il parlait, il nageait, il dormait, il chantait, il lisait, il souriait, il marchait, il rêvait ; toi, tu étais là par hasard. Le désir s'est agrippé à ton ventre et tu es restée, immobile, submergée par une lame de fond. Peut-être alors es-tu tombée sur le carrelage froid où ta tête a cogné, ou bien tu as serré ta main entre tes dents et bu ton sang, ou tu es restée pétrifiée, sans y croire, en attendant l'impossible. Le désir pénétrait plus profond dans tes chairs, il s'amplifiait à chaque regard que tu lui portais.
Tu étais jeune, brisée ou blasée, tu ne connaissais pas de désir si puissant, si immédiat. Tu as cru ce moment unique dans ta vie, dans le monde, c'était l'alpha sans oméga, le big bang, le péché originel.

 
 
 
 
 
Tu repars sur ton chemin bordé d'abélies. Tes pieds te font moins mal, tes yeux picotent, et tu penses à l'âne de Buridan.
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