Affaire de famille
53 pages
Français

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Description

Le commissaire Garnel n’aurait su dire pourquoi il avait mis dans sa poche cette lettre anonyme au lieu de la classer. Celle-ci avançait que la mort jugée naturelle par embolie de monsieur Mildieu cachait en fait un meurtre.


Le policier ne pouvait non plus expliquer ce qui le poussa à assister aux obsèques de feu Mildieu puis à interroger les proches du défunt ainsi que la concierge.


Par contre, Garnel avait une bonne raison de poursuivre ses investigations après qu’une autre missive le traita de fieffé enquêteur.


Mais si le but était d’identifier et d’arrêter le corbeau, il ne se doutait pas qu’il allait fourrer son nez dans une tragique affaire de famille...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385011642
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I
UNE LETTRE ANONYME
 
C'était un rite. À peine arrivé dans son bureau, le commissaire Garnel, un peu poète, bien qu'il s'en défendit, se plantait devant la fenêtre et s'accordait deux minutes de rêverie avant de prendre connaissance des rapports posés sur son buvard. Il ne se lassait pas de ce décor qu'il saluait quotidiennement avec un amour toujours neuf : le pont Saint-Michel, la place, la Seine et ses petits remorqueurs aux cris rageurs.
Ce matin-là, Paris suffoquait. On était à la fin juillet et les journaux relatant une vague de chaleur en Espagne prévoyaient un mois d'août torride. L'air sentait les vacances. Les taxis trimballaient des cargaisons baroques d'engins de pêche et de transatlantiques. Dans les gares, la foule envahissait les trains doublés ou triplés. Aux portes de la capitale, des milliers de voitures surchargées se soudaient en longues théories impatientes.
Garnel ne put tenir plus d'une demi-minute à sa fenêtre. En bas, le bitume du Quai des Orfèvres, liquéfié, collait aux pneus des véhicules. À regret, il baissa le store. Puis il alluma une cigarette. Pour se donner du courage ou pour retarder d'un instant encore l'examen du dossier jaune sur lequel son nom s'étalait en belle ronde ?
En soupirant, il s'installa dans son fauteuil, attira à lui un rapport, au hasard :
 
Auguste Lafroid a été arrêté hier soir dans un hôtel de la rue de Charenton. Il était porteur de dix sachets de cocaïne et de faux papiers…
 
— Des broutilles ! Du travail de commissariat !
Il rit.
— Des devoirs de vacances !
 
...La filature de Moreno m'a conduit au « Lapin bleu », rue Fontaine...
 
Pardi ! Puisqu'il s'agissait d'une affaire de drogue ! Le Lapin bleu pouvait être considéré comme le G. Q. G. des trafiquants de stupéfiants et sans certaines interventions mystérieuses... Mais, ça, c'était une autre histoire.
 
...Une descente effectuée actuellement rue Fontaine nous permettrait de mettre la main sur le reste de la bande...
 
Bien entendu, Moreno et ses complices ramasseraient chacun six mois et, dans trois semaines, les patrons du Lapin bleu retourneraient à leur besogne d'empoisonneurs, après avoir remplacé les rabatteurs momentanément indisponibles.
— Quelle sinistre comédie ! marmonna Garnel.
 
... C'est la bouquetière qui vend la coco aux habitués. Il suffit de lui demander « trois roses blanches ». Les tiges des fleurs sont entourées de mousse, laquelle mousse dissimule le sachet de drogue...
 
Pas très original. Audacieux, par contre. Ces gens-là étaient si sûrs d'eux qu'ils estimaient inutile de s'abaisser à jouer les petits saints, inutile et peut-être même indigne de leur classe de gangsters patentés. Ils opéraient au grand jour, ou presque.
On frappa à la porte.
— Entrez ! Tiens, c'est toi, Laurent ! Je lisais justement ton procès-verbal… Très bien, mon petit. Tu as eu raison de ne pas « sauter » Moreno tout de suite. Grâce à lui…
Laurent, un jeune inspecteur dont Garnel avait entrepris la formation, rougit de plaisir. Les yeux brillants, il questionna :
— Alors, patron, on les cueille ce soir ? C'est le moment.
— D'accord. Je te laisse le soin de diriger l'opération.
— Ça, c'est chic !
— Méfiance ! souligna le commissaire. Si tu réussis, c'est l'avancement à coup sûr. Dans le cas contraire, nous nous expliquerons. Pas besoin d'insister, hein ?
— Je réussirai.
— Parfait. Tu prendras quatre camarades solides avec toi... Ah, un conseil : en cas de bagarre à l'intérieur de la boîte, veille à ne pas malmener les clients. Au Lapin bleu, il vient des types de tous les milieux. Attention au monsieur qui connaît quelqu'un de haut placé ou à la dame qui a le bras long, c'est quelquefois vrai, surtout quand la dame est jolie !... Sur ce, bonne chance. C'est l'heure du rapport, je file...
Le rapport... Tous les matins, à dix heures, le directeur de la Police Judiciaire rassemble ses chefs de service. Il examine avec eux les affaires en cours, encourage, critique, distribue les consignes qu'il a reçues lui-même du Ministre ou du Préfet de Police, répartit le travail. Réunion d'état-major, en somme.
— Calme plat, remarqua le directeur.
Un collègue de Garnel rendit compte de l'arrestation d'une bande de voleurs à la tire, spécialisés dans le pillage des magasins à prix uniques. Un autre entretint son chef d'une disparition.
— Une fugue. Une jeune fille qui a quitté le domicile familial il y a deux jours. On croit qu'elle s'est enfuie avec un gigolo qui lui fait une cour pressante. On les retrouvera dans un meublé discret. J'ai passé une note à la Brigade des Garnis.
Un troisième raconta, en s'efforçant de ne pas sourire, l'aventure d'une soubrette de maison bourgeoise éblouie par la gloire des vedettes de l'écran.
— Elle a rencontré un individu très élégant, à l'accent étranger, un producteur américain, évidemment, qui lui a proposé de l'engager pour tourner des bouts de rôles dans un film qu'il devait réaliser en France. Vous devinez la suite : la traditionnelle bande d'essai pour laquelle la jouvencelle avait revêtu le manteau de vison de sa patronne...
— Bref, coupa le directeur, le grand producteur court encore. Avec le manteau de vison et les illusions de la naïve.
— Ses illusions... et sa vertu, monsieur le Directeur, car... J'ai le signalement du personnage. C'est un récidiviste, un Roumain qui s'occupe d'exportation... Il travaille beaucoup avec l'Amérique du Sud...
Le chef de la Brigade des Mœurs hocha la tête...
— Je vois ce que c'est. Un client à moi !
Puis il y eut un silence général que le directeur interpréta aussitôt :
— C'est bien ce que je pensais : calme plat. Vacances ! Et vous, Garnel ? L'affaire de la rue de Charenton ?
— Épilogue ce soir, monsieur le directeur. L'inspecteur Laurent a arrêté un nommé Lafroid qui a mangé le morceau. Il travaillait, ainsi qu'un soi-disant Moreno et quelques autres...

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