Babylone
186 pages
Français

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Description

Fran et Ed se sont rencontrés au Ghana en 1983. Après quinze ans en Afrique, Fran est mutée à Londres où il faut affronter les embûches de la grande Babylone des chanteurs de reggae et y faire son nid, contre vents et marées... et ce n'est pas tâche aisée pour ce couple mixte et leurs trois filles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 décembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332848048
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-84802-4

© Edilivre, 2014
Citation


« Life is walking tip toe over land mines… »
Siri Hustvedt
« La vie parcourt sur la pointe des pieds un champ de mines… »
Siri Hustvedt
I Un nouveau monde
1. Les blanches falaises de Douvres….
Le sillage du ferry jouait avec les couleurs de la Manche au mois d’Août. Délicates nuances de jade ourlées d’écume qui éveillaient les échos d’autres sillages, sous d’autres cieux, ombres aux reflets ultramarins bordés d’argent… Freetown-Lungi. L’âme de Fran se perdait dans le jeu de l’eau. Accoudée au bastingage, elle tenait fermement la petite Yulja qui babillait à ses côtés. L’autre menotte de la fillette s’agrippait à la main de son père, Ed qui, lui, scrutait l’horizon comme pour y déchiffrer l’avenir. Fran se perdait dans ce regard lointain, énigmatique, cette expression qui avait dû être celle des premiers esclaves devant l’Atlantique sur le seuil de la porte de non-retour. Elle avait envie de prendre la main de son ami, de lui dire les mots dérisoires qui pourtant réconfortent : « Ne crains rien, tout ira bien ! ». Il n’avait pas peur, il jaugeait l’avenir, de pied ferme.
Afrique, adieu ! Ils tournaient le dos au Ghana où ils s’étaient connus, à la Sierra Leone où ils avaient passé trois ans et abordaient la Grande-Bretagne où Fran venait d’être mutée, au sein de la prestigieuse Ambassade de France, au secrétariat du ministre-conseiller, titre impressionnant porté à Londres par le bras droit du Chef de Poste.
Après deux mois passés dans l’euphorie et l’insouciance de la maison de Doudouce à Lons-le-Saunier, Fran devait maintenant quitter sa mère et le cocon familial pour affronter un nouveau chapitre de sa vie, avec courage, comme elle l’avait toujours fait, mais non sans appréhension. Son amie de longue date, Emma, vice-consul à Londres depuis quelques temps, avait proposé de prendre ses deux filles aînées Densua et Kwaanor à Nice avec elle et ses fils pour la fin des vacances. Le père d’Emma possédait une petite maison à Toudon, petit village traditionnel accroché au flanc des contreforts des Alpes de Haute-Provence. Ed et Fran auraient ainsi le loisir de trouver un logement et de se familiariser avec cette nouvelle page de leur vie. Fran avait déjà inscrit les deux aînées au Lycée Français Charles de Gaulle. Il faudrait trouver un logement et une personne de confiance pour garder Yulja. Le mari d’Emma, Kwabena, était de nationalité ghanéenne. Il avait été embauché très rapidement par les postes britanniques à son arrivée. A Accra, il jouissait d’un prestige certain conféré par un emploi de haut-fonctionnaire. A Londres, il avait obtenu sans mal un travail stable qui lui permettait sinon de retrouver un niveau équivalent au sien, de remplir un service très honorable au sein de « Royal Mail » et de contribuer au bien-être de la famille. Fran ne doutait pas que Londres offrirait à Ed un grand éventail de possibilités, mais il leur fallait avant toute chose, s’installer.
C’était la fin de l’après-midi. La ligne blanche des falaises de Douvres se rapprochait lentement… Fran boutonna le manteau de Yulja.
– « Il est peut-être temps de rentrer maintenant,
– Ce n’est pas le ferry de Freetown, Francie, il n’y aura pas de bousculade. On peut attendre ici. Ils nous appelleront pour rejoindre nos véhicules, répondit Ed ».
La jeune femme se disait que son compagnon était beaucoup plus à l’aise qu’elle. Elle s’en émerveillait et elle pensait qu’elle avait eu bien tort de se faire du souci pour son ami qui dégageait une telle aura de force tranquille. Elle se sentait en sécurité à cet instant, comme si jamais rien de fâcheux ne pouvait leur arriver. Yulja chantonnait et sautillait d’un pied sur l’autre. Fran sortit un biscuit qu’elle cassa en deux et une petite bouteille d’eau pour la fillette. Elle goûta le petit beurre et lui trouva un goût d’embruns.
Le ferry accostait. Les falaises avaient perdu de leur brillance et encadraient le port de Douvres encombré de grues, de navires et d’entrepôts. Fran se sentit toute petite au milieu de cette activité portuaire. A ce moment là un haut-parleur intima aux passagers de rejoindre leur véhicule. La petite famille suivit automatiquement le mouvement dans les coursives étroites et les escaliers. La voiture était sur le pont D3. La jeune femme installa Yulja à l’arrière et s’assit à côté du conducteur. L’intérieur de la Renault sentait encore la France et l’atmosphère des deux mois passés chez Doudouce s’y était attardée. Fran était chez elle dans ce véhicule. Le bateau ronronnait. Il faudrait attendre l’ouverture de la passerelle avant de suivre le convoi et de prendre la direction des services d’immigration. A cet instant le ferry eut un sursaut et s’immobilisa soudain dans un bruit de chaînes. L’avant s’ouvrait et la lumière du jour pénétrait dans la soute. Une odeur de diesel et le ronflement des moteurs furent le signal du départ. Ed démarra et suivit la file de véhicules vomie par le ferry. La jeune femme sortit leurs deux passeports. Elle mit le sien bien en évidence, un passeport de service français où figurait Yulja, et celui de Ed en seconde position. Ils n’étaient pas mariés et il arborait un titre de voyage ghanéen ordinaire. Fort heureusement, il avait obtenu quelques visas à l’occasion de ses visites en France et la petite fille qu’il avait reconnue avant même sa naissance portait son nom. Ed se gara le long du bâtiment des services de l’immigration à la demande de l’homme en uniforme. Ils se saluèrent civilement comme il sied à un fonctionnaire britannique dont la politesse est partie intégrante de la fonction. Cependant, l’homme éplucha leurs titres de voyage avec la plus grande attention, surtout celui de Ed qu’il emporta à l’intérieur de l’édifice pour un contrôle complémentaire. L’Afrique était bien loin, c’était la grande Babylone des chanteurs de reggae où la méfiance était de mise pour qui ne montrait pas patte blanche. Le fonctionnaire reparut et leur rendit les documents avec le sourire en nous souhaitant un bon séjour en Grande-Bretagne. Tout était en ordre.
Ed démarra et ils quittèrent Douvres pour rejoindre Londres. La voiture filait à vive allure. Les bocages de la campagne anglaises, toute cette verdure contre les briques rouges des petits pavillons jumelés défilaient de chaque côté de la route. C’était une autoroute qui ne ressemblait en rien à ses sœurs de France. On aurait dit tout simplement une super nationale à plusieurs voies où les véhicules semblaient même se déplacer plus lentement. Les aires de stationnement paraissaient moins spacieuses et certainement plus discrètes qu’en France. La jeune femme pensait à ce qui l’attendait la semaine suivante : sa prise de fonctions au secrétariat du ministre-conseiller au sein de la prestigieuse Ambassade de France nichée au creux de l’un des quartiers les plus huppés de la capitale : Knightsbridge.
Kwabena leur a tout de suite offert une hospitalité temporaire. C’est donc vers le quartier de Hammersmith que Ed se dirigea, très sûr de lui au volant de la jolie Renault Nevada gris métallisé, toute neuve, qu’ils avaient récupérée hors taxes à Paris à leur arrivée de Sierra Leone. Fran s’émerveillait de voir Ed conduire à Londres comme s’il y avait toujours habité. Concentré sur l’itinéraire qu’il avait préparé, il avait roulé de Douvres à Londres sans appréhension et il se dirigeait vers leur destination sans hésiter. Fran aperçut les premiers panneaux signalant la proximité du quartier de Hammersmith. Elle posa sa main sur le genou du conducteur et le félicita. Le jeune homme lui glissa un regard en coin où brillait une étincelle de malice. – « Tu vois, fais-moi confiance ! – dit-il ». Il avait raison. A l’arrière de la voiture, Yulja s’était endormie dans la douceur de ses nouveaux habits douillets. Fran lui avait trouvé un petit manteau rouge. En France, le mois d’août était chaud mais au Royaume-Uni, il faisait plus frais, surtout après tant d’années passées en Afrique.
La maison de Kwabena et de Emma faisait partie d’un petit lotissement de brique rouge comme on en trouve en ville en Grande-Bretagne. Il fallait bien trois étages pour abriter le couple et leurs cinq enfants. Un jardinet devant et derrière la maison, très vert grâce aux pluies fréquentes donnait une impression de nature omniprésente en plein centre urbain. Ed gara le véhicule devant le minuscule portail de fer forgé. Kwabena avait ouvert la porte et venait à leur rencontre avec un grand sourire. Il avait terminé tôt son service et il voulait s’assurer du bien-être de ses amis. Il leur assura qu’ils pourraient séjourner avec lui autant de temps qu’il leur serait nécessaire. Ed et Fran le remercièrent chaleureusement. Un tel accueil leur était précieux et ne pourrait que leur insuffler davantage de courage.
2. Le ministre-conseiller
Ce fut par un frais matin ensoleillé du mois d’août dont Londres a le secret que Fran rencontra le ministre-conseiller. Le titre ronflant de cet homme l’impressionnait déjà. Elle enfila un tailleur classique bleu marine et blanc avec une veste trois quart de jersey assortie au reste de sa tenue. Chaussée de ballerines noires, elle se sentait prisonnière de son élégance comme une pensionnaire du siècle dernier. Un chignon très net, à l’espagnole fut la cerise sur le gâteau. Elle se mordit les lèvres de contrariété. Non, Fran ne se reconnaissait pas dans ce reflet que lui renvoyait la psyché de la chambre. Il fallait pourtant arborer un sérieux digne de ses futures obligations. Elle avisa un foulard vert dans sa valise qu’elle noua négligemment autour de son cou et la montre-gousset de son g

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