Belle vengeance de femme
578 pages
Français

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Description

« La fille dit à sa mère : — Amirali m'a fait une scène. Il ne veut plus de moi. Il m'a mise à la porte et a renoncé à m'épouser. Je vais le tuer, ensuite je me tue. Je ne vais pas lui permettre d'être heureux avec une autre femme alors qu'il m'a fait perdre du temps pour rien. Sous l'œil attendri, Savana serra sa fille : — Ne dis pas ça, ma fille. Ne t'affole pas. Le temps apaisera ta peine. Les plaies d'amour peuvent être guéries par un autre amour. Une fois transplanté, l'amour peut se renouveler ailleurs. Quand il y a de la vie, il y a de l'espoir. Tant qu'une femme n'est pas morte, rien n'est complètement perdu. Prends soin de toi. Tu finiras par accrocher l'attention d'un homme. Elle n'entendit pas raison, préféra suivre son propre conseil et tint sa parole. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 septembre 2013
Nombre de lectures 9
EAN13 9782342012071
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Belle vengeance de femme
Gilbert Aonga Ebolu
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Belle vengeance de femme
 
 
 
À ma fille Gloire
 
 
 
 
 
 
Le mot « vengeance » a une signification active (vengeance exercée) et passive (vengeance subie). Dans le sens actif, l’encyclopédie libre la définit comme un mal que l’on fait à quelqu’un pour le punir d’un dommage ; c’est la peine causée à un offenseur pour la satisfaction personnelle de l’offensé.
Dans certaines sociétés, la victime d’un dommage a le droit de causer à l’auteur de celui-ci un autre dommage, autrement dit, la personne offensée, outragée ou lésée inflige en retour et par le ressentiment un mal à l’offenseur afin de le punir, elle se dédommage d’un affront ou d’un préjudice et accomplit dans la plupart des cas sa vengeance de façon plus cruelle et plus raffinée.
« Une belle femme et le vin font de doux poisons », dit un proverbe oriental.
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Toutes les belles histoires sont des histoires d’amour, que ce soit dans la littérature, dans la musique, dans la correspondance, dans les beaux-arts, dans les conversations, dans les messages et même dans les distractions. L’amour est une source inépuisable d’inspiration des écrivains, des musiciens et des artistes. Chacun l’exprime comme il le sent, comme il l’imagine, comme il le vit, comme il le souhaite. Comme la foi, l’amour est tellement fort qu’il peut soulever les montagnes. C’est bien le cas dans ce livre d’une jeune fille qui, par amour, se prive de tous les plaisirs de son âge et attend – mais, en vain – pendant quinze ans sans avoir de ses nouvelles un jeune homme qui lui a promis le mariage. Elle n’obtiendra que du vent.
Par ailleurs, toutes les histoires d’amour ne sont pas belles, surtout celles de l’amour déçu comme dans l’autre volet de cette histoire qui tourne court où une jeune femme déçue se retourne contre son fiancé.
Ce livre décrit justement certains aspects, ô combien contradictoires de l’amour. Il blesse et guérit, bâtit et renverse, couvre et dénonce, punit et pardonne, etc. Au début commence un amour fou avec des déclarations d’amour enflammées, puis surgit la rupture qui vient détruire tout ce qu’on avait bâti. Pire encore, cet amour devient violent et conduit à la vengeance souvent disproportionnée, qui entraîne la mort comme vous allez le découvrir dans ce récit.
Pour illustrer cette ambivalence mystérieuse de l’amour, les sages ont exprimé à travers les âges cette vérité dans des proverbes. Par exemple, un ancien proverbe dit : « personne plus que la femme ne trouve de joie à se venger. » Un autre dit encore : « l’amour et la vengeance sont propres à la femme, sans exception. » Ces proverbes se justifient-ils encore aujourd’hui ? Friedrich Nietzsche, philosophe allemand, abonde dans le même sens : « dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l’homme. » Vrai ou faux ? Sans prendre parti, je laisse la parole au Coran : « si vous vous vengez, que la vengeance ne dépasse pas l’offense. 1  » Dans ce récit, la vengeance de la jeune femme a dépassé l’offense comme cela arrive souvent dans la plupart des cas. Ils étaient fiancés, c’est-à-dire que l’un et l’autre étaient encore libres. C’est selon. Dès lors, pouvait-on traîner le jeune en justice ou le tuer pour rupture de fiançailles ?
Le véritable sens de ce récit est de faire voir que la vengeance fait naître une spirale de violence qui récolte la prison ou la mort.
Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Parce que je m’intéresse au pardon. C’est quelque chose d’extrêmement important. J’ai voulu traiter du pardon en écrivant sur son contraire, la vengeance et le mal qu’il fait et ses retombées : dépression, stress, psychose, peur de la justice humaine, peur du tribunal, des conséquences sur les proches, etc. En se vengeant, la jeune femme a-t-elle trouvé la paix ? Sûrement pas. Bien au contraire, elle vivait dans la psychose permanente qui se traduisait par des insomnies, par les douleurs gastriques. Elle tressaillait au moindre bruit, croyant la police à ses trousses. C’est là qu’on voit l’excellence du pardon. Il procure la paix intérieure. Lorsque nous avons subi une offense, nous désirons naturellement nous venger. La colère nous pousse à punir encore la personne qui nous a causé la douleur. C’est humain. Un homme a le droit de se venger, si peut que ce soit 2 . Mais lorsque nous pardonnons à quelqu’un qui nous a offensés, nous nous libérons de notre colère et de notre haine. C’est là qu’intervient la véritable notion du pardon. Substituer la vengeance par le pardon. Le pardon est plus noble. « Le sang ne se lave pas avec le sang, mais avec de l’eau », dit un autre proverbe. On ne répare pas une injustice par une autre injustice.
Pour régler une offense, faut-il nécessairement prendre le chemin de la vengeance ?

Dans la Bible, nous lisons : « tu ne te vengeras point. 3  » Plus loin : « la vengeance appartient à Dieu. 4  » Plus loin encore : « ne vous vengez pas vous-même, mais laissez agir la colère de Dieu. 5  »
Enfin, l’Évangile a remplacé la vengeance par la grâce, le pardon et l’amour. Ci-après, quelques citations et instructions au sujet du pardon : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » 6  ; « Prenez garde à vous. Si ton frère a péché, reprends-le ; s’il se repent, pardonne-lui » 7  ; pour ce citer que celles-là.
 
À la fin de chaque chapitre, un proverbe ou une citation nous enseignera combien les dimensions du pardon sont nobles. Toutes les sociétés et toutes les religions le reconnaissent. Seul le pardon est grand ; tout le reste est faiblesse.
 
Il y a plus d’honneur à pardonner, que de plaisir à se venger. 8
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. Mobile
 
 
 
1
 
 
 
Matadi, ville portuaire sur le fleuve Congo à trois heures de route au sud de Kinshasa, la capitale, qui est le chef-lieu de la province du Bas-Congo. Réputée pour son port, c’est une véritable porte ouverte sur l’extérieur. Les navires de mer en provenance d’Europe, du Moyen-Orient, d’Asie et d’Amérique y accostent. Comme son nom l’indique, Matadi signifie « pierres » en kikongo. Cette petite ville s’étend à flanc de colline et les rues sont en pente. C’est l’endroit de la province où, pour se déplacer, on ne conjugue que deux verbes : monter et descendre à cause de son relief accidenté.
C’est dans cette ville que naquit Viviane. Elle était la cadette des trois filles de Vital, belle comme les autres sœurs mais ne leur ressemblait pas du tout. C’était la moins instruite. Après quatre ans post-primaire, elle avait décroché. Dès lors, elle avait un caractère secret que ses parents comprenaient mal. Au début, ils ne voulaient pas ébruiter son comportement de sorte que personne, en dehors du petit cercle familial, ne le saura avant longtemps. Sa rencontre avec un marin le jour de ses dix-sept ans avait radicalement changé sa vie. Elle était éperdument amoureuse de lui et ne voyait plus personne d’autre dans sa prime jeunesse. Cette liaison avait duré l’espace d’une semaine, mais l’avait marquée longtemps. À vingt-six ans, elle aurait dû logiquement se marier. Curieusement, elle était encore célibataire et ne s’en souciait guère alors que Vital avait réussi à faire marier honorablement ses deux sœurs aînées.
Il y avait Kiesse, la fille aînée du couple, celle qui, dans sa jeunesse, marchait toujours tête baissée comme sa mère lui avait appris à le faire quand elle était dans la rue pour éviter les sifflets et les clins d’œil des garçons qui taquinaient les filles.
Il y avait aussi sa sœur Mbenza, la cadette qui n’avait pas été difficile à éduquer et ne faisait jamais le mur.
Et elle, Viviane Kiala, la benjamine pour qui les parents semblaient avoir au départ une préférence.
Kiesse était belle et douce. C’était un ange. Elle avait gagné l’estime de ses parents, d’autant qu’elle avait épousé un enseignant, un homme qui avait les pieds sur terre, qui se comportait en éducateur modèle et bon père de famille. Ils formaient une famille harmonieuse et étaient heureux dans leur foyer, du reste équilibré. Elle s’était taillé une réputation de femme vertueuse et modèle dont le mari n’avait vraiment pas à se plaindre, c’est peu dire, au contraire, il la cajolait. Il allait même plus loin : il l’adorait. En plus, elle avait un beau nom : Kiesse. Quel plus beau nom à porter que celui qui signifie « joie » ? Elle portait donc un nom joyeux. Son mari aimait beaucoup ce nom à connotation poétique et positive dont sa femme était fière et adorait la façon dont son mari prononçait ce nom. Elle avait de l’aplomb. Rien qu’à la voir, on avait toutes les raisons de dire qu’elle respirait la santé. Mais, pas seulement. La joie aussi comme le disait son nom. C’était une femme comblée, pour tout dire. Quatre ans après leur mariage, c’était le même amour. Son mari avait une affection particulière pour elle. Il avait trente-deux ans, elle n’en avait que vingt-quatre, c’était une épouse délicieuse. Ils offraient au public l’image d’un couple uni et idéal, s’il en existait un, nanti de deux enfants qu’ils câlinaient.
Quant à la petite fille, la plus jeune de la famille, hélas, malgré sa beauté, les parents ne voyaient aucun homme tourner autour d’elle et se demandaient si elle ne s’ennuyait pas. Le seul homme qu’elle avait rencontré dans sa vie, le premier amour de sa vie qui lui avait tourné la tête et lui avait fait tout oublier, étai

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