Brown sugar
153 pages
Français

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Description

Dans le courant des années 90, des policiers évoluent au sein de la brigade des « stups » du commissariat de Montpellier. Ils enquêtent sur l’univers glauque des drogues et de la toxicomanie ainsi que la face cachée de notre société.


À travers la loi de la jungle humaine, ils vont connaître les affrontements avec le mal et les petites victoires face au lourd fléau.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782383511205
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BrownSugar
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ilsproduisent à la demande et pour le compte d’un auteur oud’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
RafaëlMireal
BROWNsUGAR
Enimmersion chez les stups
Préface
Jene sais plus si j’avais pleuré en quittant Paris, jecrois que oui, mais le doute persiste dans ma mémoire. Aurevoir « Le petit poulet ».
Oui,je me plantais, je commettais une erreur, de jugement,d’appréciation, sûrement de jeunesse aussi. Jepartais vers mon destin, avec ce personnage que je m’étaiscréé de toute pièce et qui avait bien fonctionnédurant mes années de capitale. Le petit voyou de quartierétait devenu un flic imaginé, un acteur de la rue,cette scène faite de chair et de sang sur laquelle il voulaità tout prix rester, surfer comme on dit.
Non,pas de planches, pas de bois, il servira pour le cercueil plus tard.Le goudron, les trottoirs, le tapin, mais pas comme les prostituées,celui que l’on foule pour écraser du dealer, pour« bouffer » de la dope à plein temps.Montpellier et la nuit m’accueillent, quelques années ausein de la brigade anticriminalité qui me sert de tremplinpour accéder enfin treize ans plus tard, à mon graal.Je suis à la brigade des stupéfiants du serviced’investigations et de recherches (SIR) du commissariat, uneconsécration pour un garçonnet. Treize ans de patience,de volonté, d’envie et détermination.
Jesuis un missionnaire, un peu comme un croisé, obsédépar une foi aveugle, je pars au combat d’un ennemi invisible,qui se tapit dans l’ombre pour vendre sa merde. Je ne sais passi je connais quelqu’un de plus motivé que moi pour selancer dans cette bataille, je sais que la guerre est à jamaisperdue, mais je voudrais des petites victoires qui font vivre etrêver, peut-être à un monde meilleur. Oui, je suisdans mon rêve, je crois qu’on en a besoin pour survivre.La poudre brune ne m’a jamais quittée aprèsParis.
Monpassage à Marseille avait été trop long,vingt-huit mois de disette où l’héroïneétait presque absente, comme sortie provisoirement de ma vie.Pourtant, au détour d’une improbable rencontre avec unindic parisien, tout en portant le logo CRS sur mon uniforme, j’avaispermis la saisie de deux kilogrammes de Brown Sugar (Héroïnede couleur brune appelée communément par les initiés :Sucre brun). La cité phocéenne avait vu débarquerun drôle d’individu qui réalisait qu’ils’était trompé dans son choix professionnel, maisqui avait trouvé quand même le moyen de courir aprèsles bandits.
Lehasard m’avait fait retrouver Samir, l’un de mesprincipaux délateurs de Montmartre, nous n’étionsplus à Pigalle mais dès qu’il m’a vu, il acompris que je pouvais le débarrasser d’un colis gênant.Il m’a filé son fournisseur qui venait lui fourguer deux« kils » d’héroïne brune,celle qui se vend toujours le plus, la plus abordable, la pluspourrie aussi. C’est beau l’amitié quand même,j’étais gare Saint-Charles quand j’ai croisémon ancien indic, deux heures plus tard, bizarrement il prenait lafuite et je faisais un « mec chargé »sous les yeux ahuris de mes deux collègues CRS, paumésdans ces cas de figure. Je suis parti « au cul »de l’acheteur en sachant que je n’allais jamais lerattraper. Lui se séparait définitivement d’un« colis » à qui il devait un max depognon.
C’étaitmon petit épisode « stups » de Marseilleoù un connard de petit gradé avait voulu être« rédacteur » de cette interpellation,il s’est mis le doigt dans le… J’ai vécud’ailleurs quelques épisodes bien juteux avec cetimbécile qui pourrait éventuellement se reconnaîtreen lisant ces quelques lignes de préambule. Dont une autre« arrestation », celle d’un truandnotoire, recherché par la justice et trouvé porteurd’une arme de poing de gros calibre qu’il avait essayéd’utiliser contre ma pomme. Idem, le « trou duc »de petit brigadier minable avait insisté pour rédigerce qui était à l’époque, un rapportd’interpellation. Deux fois en peu de temps il avait ravaléson orgueil déplacé de responsable à la noix ets’était pris une bonne « care »(honte) avec ses pairs. Autant dire que je m’étais faitun sacré copain qui durant tout mon séjour marseillaisavait cherché à me « planter », àme faire des crosses. « Machin » restera àl’échelle de mes maigres souvenirs phocéens, unbon coup de mistral plus tard c’est durant un incendie auxportes de la ville que j’allais encore m’illustrer dansnotre tête-à-tête. Là, avec trois autrescompagnons nous avons sorti des flammes plusieurs personnes quirefusaient de quitter leurs maisons encerclées. On va dire unpetit acte de bravoure sans l’aval du galon jaune. On a faitl’objet dans un premier temps d’une sanctionadministrative, puis d’une félicitation du « pacha »,commandant de compagnie. Entretemps les nouveaux sinistréss’étaient présentés spontanément àla compagnie républicaine de sécurité N° 54,pour témoigner de leurs satisfactions.
Marseille,ah Marseille où je me suis fait tellement chier, heureusementque les soldats (gardiens de la paix) étaient marrants, eux.Enfin j’avais quitté le bagne de ma privationprofessionnelle, ma résurrection est Montpellier où jepose mes baskets en me disant que rapidement, mes cheveux vontrepousser. J’ai connu la brigade anticriminalité de nuitqui avait un petit air de Paname puisque mes collèguesd’équipe me répétaient constamment que lemot délit n’était pas systématiquementattribué à la recherche et à la détectiondes produits stupéfiants, dont mon amour de jeunesse,l’héroïne.
D’entréeje n’ai vu qu’elle et j’ai recommencé àdécouvrir les endroits où elle se trouvait et àpousser mes collègues à la chercher.
Monhistoire d’amour reprenait, mais avec un gros changement quandmême, une famille, une épouse et mes deux premièresfilles. Effectivement, queue de cheval et boucle d’oreille sontapparues, en plus du personnage, je m’étais fabriquéun nouveau look qui allait me suivre très longtemps. De bellesannées où j’ai reconstruit un réseau commeà Paris, en Police et hors bleu marine. J’adoptais latenue civile à plein temps, elle ne me quittera plus jamais.Et il y avait Jean-Claude, JC, mêmes initiales que moi, un mecsuper, une force de la nature, qui m’a appris Montpellier etpropulsé à la brigade des stupéfiants. Cet hommenous a quittés il y a peu de temps, on s’en est farcides dealers tous les deux et grâce à lui j’aicommencé à tisser ma toile d’araignée, cepiège où j’accrochais mes « balances ».Ce guerrier de la paix urbaine m’a communiqué tout sonsavoir topographique, en échange je « rédigeais »les rapports circonstanciés à sa place et en son nom,juste pour qu’il gagne son galon, si mérité.
Cinqans plus tard, je le quittais et bon nombre d’autres courageuxfonctionnaires qui luttaient toutes les nuits pour que la ville deMontpellier puisse dormir d’un paisible sommeil et se réveillersans des images de guerre urbaine, comme maintenant. JC qui avaitcompris que je ne vivais que pour une cause !
Jene vais pas quitter l’humour pour narrer cette histoire, parcontre je vais durcir mon écriture et enlever mon petit côté« sentimentique et romental », parce qu’enintégrant la brigade des stups, je vais pénétrerdans un monde très glauque, exploré de nombreusesannées, de joies, mais aussi d’un panel d’autressentiments. Je ne suis pas un adepte du « très »,mais là, pour moi quinze ans, ce sont de nombreux soleils quise sont couchés et levés au rythme de la violence et dela haine. L627 c’est un article du code de la santépublique (CSP) mais aussi le titre d’un film dans lequel j’aireconnu parfaitement mon premier chef de groupe TD alias « Duff »pour les intimes.
1996et je suis l’un des premiers gardiens de la paix enquêteursà être admis aux stups, au début de la réformede la Police Nationale, au milieu de vieux de la vieille, des anciensinspecteurs de Police. Ce léger préambule estnécessaire, il explique que dans la « GrandeMaison » pour atteindre un objectif, avant, il fallaitvraiment montrer de l’attirance, de la croyance pour unematière. Les choses ont changé depuis, titres etdiplômes ont pris le relais, « faillotage »et cirages de pompes ont remplacé les élémentsde valeur d’un dossier professionnel, d’origine, nonfalsifié.
Michel,le maître-chien stups, avait lâché son animal,pour devenir apprenti enquêteur, un autre guerrier urbain issudu monde de la tenue nous rejoint rapidement. Avec Éric, ilsdeviennent mes premiers partenaires de la base au sein de cetteéquipe de professionnels aguerris qui nous accueillent, tousdeux sont restés des amis que je côtoie encoreaujourd’hui. Je plante mon décor, six anciensinspecteurs, un enquêteur (grade qui existait avant la réforme)et trois petits gardiens de la paix titulaires depuis pas mald’années. C’est la nouvelle formule d’unePolice remaniée où les ouvriers comme moi, vont prendrede l’importance judiciairement. Les autres groupes de travailsuivront, brigade criminelle, celle des mineurs, des cambriolages,des violences urbaines, des mœurs, financière, tous vontse mettre au diapason.
Jesuis enfin aux stups, j’y ai toujours cru, Paris m’observede loin, je t’aime, je ne t’oublierais jamais. J’aimis Marseille aux oubliettes par contre, une nouvelle vie commence,dans le civil aussi ça bouge !
Chapitre 1
L’hôtel de police
J’aieu la chance de connaître le vieux commissariat de Montpellierlorsque j’y suis arrivé en janvier 1991, tout le mondel’appelait « Clémenceau », du nomde l’avenue Georges Clémenceau. C’étaittrès rustique mais j’y avais trouvé rapidementmes marques, dans ce que la corporation qualifiait de « policeà l’ancienne ». Honnêtement, moi je nevoulais pas être ce mouton qui se repose sur le vécu desautres, je voulais du neuf, pas forcément collectif et pascomme les autres. Un an dans l’ancien couvent deve

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