C est moi l assassin
122 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
122 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

À Quimper, dans la famille Lermite, les histoires d’argent, de cœur et de rancœurs, forment le terreau propice à un drame à venir.


Entre des sœurs aigries par l’âge et la solitude, un frère qui délaisse l’étude pour écrire des romans policiers et la nièce, orpheline petite, qui ne peut se marier à l’homme qu’elle aime faute d’une dot suffisante, tous les ingrédients sont présents pour que le crime parfait se mette en place...


Mais, une chose est certaine : comme toujours, le commissaire Martial LE VENN sera celui qui verra clair dans l’obscurité d’une affaire composée principalement de faux-semblants...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070039922
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS

Le polar terroir a le vent en poupe depuis quelques décennies.
Et, si de nombreuses régions sont concernées par le phénomène, certaines sont mises en avant par l'ampleur de leur production, la ferveur du public ou parce qu'elles ont été précurseurs en la matière.
Parmi celles-ci, comment ne pas penser à la Bretagne qui, l'une des premières, suscita à ce point l'engouement des lecteurs, des auteurs et des éditeurs, que le roman policier breton constituerait presque, désormais, un sous-genre à lui seul.
Mais, certains écrivains n'ont pas attendu cette « mode » pour clamer haut et fort, dans leurs intrigues, tout l'amour qu'ils portaient à leur Terre et à ceux qui la foulent.
Jean-Marie LE LEC (1902-1951) est indéniablement l'un de ceux-ci. Né le 11 octobre à Treffiagat dans le Finistère, Jean-Marie LE LEC a commencé très tôt à prendre la plume pour conter des histoires s'ancrant dans les villages qu'il connaissait et chérissait.
C'est au début des années 1940, sous l'influence de Edgar Allan Poe, Stanislas-André Steeman, Pierre Véry, Agatha Christie… qu'il décide de se lancer dans le roman policier sous le pseudonyme de Yann LE CŒUR.
En moins de trente mois, il en écrira une demi-douzaine, tous se déroulant dans les Cornouailles et tous mettant en scène Martial Le Venn alias Mars, inspecteur qui deviendra, par la suite, commissaire.
Yann LE CŒUR ne se contentera pas, dans ses histoires, de dépeindre les paysages l'entourant, il s'évertuera, également, au sein de ses intrigues, de faire des études de mœurs en proposant, à chaque fois, des portraits fouillés de Bretons et de Bretonnes. Il n'oubliera pas d'évoquer les coutumes et les folklores locaux et de parsemer ses textes d'expressions du cru…
Dès sa première tentative, avec « Treize dans l'île », il démontrera son amour de la Bretagne et des Bretons, et, surtout, ses inspirations, ses motivations et ses intentions…
Malheureusement, Jean-Marie LE LEC mourut avant d'atteindre ses cinquante ans, laissant la Bretagne orpheline d'un de ses plus ardents représentants.
Vous avez l'opportunité, maintenant, de découvrir le plus breton des écrivains bretons et ses romans qui ne sont pas que des romans policiers… qui sont plus que des romans policiers…
K.

DRAMATIS PERSONAE
Toussaint Lermite Notaire Blanche Lermite Sa sœur Berthe Lermite Sa sœur Thumette Lermite Sa sœur Procureur Goasmeur Mari de Thumette Lermite Violette Charmaz Épouse de Toussaint Lermite Soazic Goasmeur Fille de Thumette Catherine Mao alias Katel Bonne des Lermite Yvette Mao Fille de Katel Félix Andro Docteur Armelle Andro Fille de Félix Andro Gildas Andro Procureur fils de Félix Andro Sylvestre Baron Premier Clerc de l'étude Lermite Abbé Sévellec Vicaire Finette Sévellec Sœur de l'abbé Sévellec Martial Le Venn dit Commissaire Mars Commissaire de police Ariane de CHARMAZ Écrivain. Femme de Martial Le Venn

L'action se passe à Kemper (Quimper), en Bretagne.

I
TEMPÊTE DANS UN VERRE D'EAU

Le crachin qui, depuis trois jours, oppressait la ville se résorba subitement. Un rayon de soleil glissa timidement sur la double flèche de la cathédrale dorée par le lichen, puis sur les toits d'ardoises dont les teintes plombées s'éclairèrent en reflétant les bleues déchirures du ciel, puis sur le pavé luisant où les fers des chevaux sans cesse dérapaient.
En un instant, la ville fut délivrée de l'étreinte de l'eau et les mille bruits du marché Saint-Korentin retrouvèrent leur juste diapason.
On était au premier samedi d'octobre, l'une des plus grandes foires de l'année. Les chars-à-bancs montaient en longue file vers le champ de foire, se frayant avec peine un passage dans la foule massée autour de la cathédrale. Les forains avaient planté leurs baraques jusque sur le parvis et le flot des coiffes bourleden, bigouden et Kiz Fouën les assiégeait de toutes parts.
Toussaint Lermite, d'une des fenêtres de son étude, regardait ce spectacle d'un œil absent.
Petit, le teint bilieux, le front haut et dégarni, les moustaches tombantes et jaunies par la nicotine, il offrait le type du notaire desséché par un ingrat ministère. Mais, dans ce visage momifié, l'œil d'un bleu gris allumait une étrange flamme derrière la glace nette des lorgnons et contrastait singulièrement avec le pli tombant des lèvres enserrant une éternelle cigarette.
Toussaint Lermite, par la force des choses, avait succédé à Simplice Lermite, lui-même successeur de son père. L'étude Lermite était la plus importante du chef-lieu. Sur ses cartons, on pouvait lire les noms des plus anciennes familles de la région. Les « Ker » y dominaient : Kergoël, Kermeur, Kerlec'h, etc. Toute la petite noblesse et la vieille bourgeoisie.
Ce n'était cependant pas par goût qu'il avait continué cette dynastie de notaires. Loin de là. Il avait eu d'autres ambitions lorsqu'il soutint, trente ans auparavant, sa thèse de doctorat en droit. La magistrature assise l'attirait et il pouvait aspirer à coiffer un jour la toque retroussée d'hermine.
La mort prématurée de Simplice Lermite avait brisé net son élan. L'étude représentait en effet un patrimoine indivisible dont vivaient, outre lui, ses trois sœurs, Blanche, Félicie et Thumette. Lui seul pouvait maintenir l'œuvre du notaire. Il s'était résigné. Mais mal.
D'autant plus mal que son mariage avec Violette de Charmaz avait abouti à l'impasse d'un rapide veuvage. Après treize mois d'union, Violette était morte, emportée par un mal inconnu. La même année, Thumette et son mari, le procureur Goasmeur avaient disparu tragiquement en mer, au large de Morgat, lui laissant, ainsi qu'à ses sœurs, la charge d'élever leur enfant, Soazic.
Il y avait vingt-quatre ans de cela.
C'était par un jour pareil à celui-ci, un jour où le crachin noyait toutes choses.
Depuis...
Non, depuis, il n'avait pu s'évader du malaise qui s'était incrusté dans sa maison. Faute d'une dot suffisante, Blanche et Félicie avaient dû renoncer aux brillants partis qui s'étaient présentés. À tort ou à raison, elles tenaient Toussaint pour responsable de leur existence ruinée et une sourde hostilité régnait entre eux.
Soazic, malgré toute sa fraîcheur d'âme et sa spontanéité, n'arrivait pas à créer un climat de vie supportable dans le vieil hôtel orné des panonceaux d'or.
Blanche Lermite, affligée d'une surdité commençante, s'était créé une vie de serre chaude où la musique et les œuvres avaient seules de l'importance.
Félicie s'était jetée corps et âme dans l'affection de sa nièce. Elle avait été pour Soazic le seul refuge possible et son cœur inemployé avait trouvé dans l'éducation de la jeune fille l'unique moyen de se dépenser, d'ailleurs à tort et à travers. Il en était résulté, pour ces deux âmes excessives, une vie à part, faite de passion et de puérilité et de laquelle Toussaint s'irritait chaque jour.
Non qu'il n'aimât sa nièce qui était aussi sa filleule. Mais cet homme presque sexagénaire, par son caractère brusque et sa froideur, ne trouvait pas, comme il eût fallu, l'audience d'un cœur désemparé par cette vie anormale entre de vieilles gens.
Ainsi, mois après mois, la famille Lermite se désagrégeait comme une maison battue des vents dont les pierres, peu à peu, perdent leur ciment et qu'envahit l'humidité du large. La vie en commun était empoisonnée par une atmosphère de rancune et de méfiance qui vous prenait à la gorge comme la fumée des fours à goémons qui rampe sur les paluds tout le long de la côte.
Chacun faisait de son mieux pour s'évader de cet air irrespirable, mais, bon gré mal gré, il y était ramené par les nécessités de la vie commune. Il y avait bien, de-ci de-là, quelques éclaircies, mais bientôt les nuages se reformaient à l'horizon et l'étreinte se resserrait plus étroite et plus âpre.
Cela ne pouvait plus durer. Il eût fallu trouver une issue. Mais laquelle ?
Toussaint sentait s'approcher le spectre de la vieillesse. Ses tempes depuis longtemps grisonnaient. La surdité le menaçait lui aussi. Sa main, naguère si ferme, commençait à trembler sur le papier quand, seul dans son bureau, il écrivait interminablement ces romans absurdes que jamais personne ne lirait, mais dans lesquels il se réfugiait comme en une tour d'ivoire.
Ses manuscrits avaient parcouru en vain des milliers de kilomètres à la recherche d'un éditeur. On les lui renvoyait invariablement avec une note polie dont les éloges masquaient mal un refus obstiné. Il en avait plein deux tiroirs ! Mais cela ne le décourageait pas. Il s'accrochait à sa vanité d'auteur et à sa littérature de pacotille. C'était sa bouée de sauvetage. Il s'y cramponnait désespérément, la rage au cœur.
Ses romans ! Blanche et Félicie les lui lançaient à la tête à toute occasion. Est-ce qu'il était fou pour perdre ainsi son temps à écrivailler à longueur d'année ? Il ferait mieux de s'occuper de son étude et de ses clients. Quelle extravagance pour un homme de son âge et de sa situation ! Les reproches du même ordre pleuvaient sur lui. Il les recevait sans broncher, mais il continuait.
D'abord, il avait tâté du roman psychologique à la Stendhal. On les avait trouvés bien écrits, mais ennuyeux. Après deux ou trois échecs, il avait tenté sa chance dans le roman d'imagination, en prenant toujours pour cobayes Sylvestre Baron, son premier clerc, qui était « bon public » et le docteur Félix Andro qui, comme Baron, avait été son condisciple chez les Jésuites, à Bon-Secours. L'un et l'autre l'avaient dissuadé de poursuivre ses essais dans ce domaine. Il avait cherché autre chose et s'était mis à dévorer — ô déchéance ! — tous les romans policiers qui lui tombaient sous la main afin de découvrir la subtile technique du roman criminel. Cela fait, il s'était cru à même d'en écrire lui aussi.
Du coup, il s'était acquis la curieuse complicité de Soazic qui avait trouvé dans cette pâture d'un nouveau genre, un moyen de fuir la platitude de son existence. Elle avait offert à Toussaint de lui « taper » ses manuscrits, l'avait aidé, même, à en bâtir l'intrigue et, de ce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents